Comme chaque année, le maillot jaune est bien précieux convoité par une meute de fauves. Qui pour s’emparer de la toison d’or sur la grande boucle 2021 ? Zoom sur les favoris du Tour de France 2021.
Favoris du Tour de France 2021 – Vers un duel Pogacar – Roglic, comme en 2020 ?
Leur saison : Avantage Pogacar
Héros et protagonistes du Tour de France 2020, Primoz Roglic et Tadej Pogacar sont les deux grands favoris de cette édition 2021. Les deux ont connu leur lots de succès en 2021. Primoz Roglic a régné sur le Tour du Pays Basque, un mois après avoir joué de malchance sur Paris-Nice, où deux chutes l’ont privé de la victoire finale, le tout dernier jour, alors qu’il avait la course en main. Il est passé tout proche de la victoire sur La Flèche Wallonne, avant de couler sur Liège (13e). Depuis, il n’a plus couru, décidant de tout miser sur le Tour, sans course de préparation au préambule. Une formule qui avait marché, lors de son premier succès sur la Vuelta en 2019.
Tadej Pogacar réalise une saison tout simplement impressionnante ! Il a écrasé sa course de rentrée à l’UAE Tour. Avant de dominer un impressionnant Wout Van Aert sur Tirreno Adriatico, en étant exceptionnel sur l’étape vallonnée reliant Castellalto à Castelfidardo. Victime d’un choix douteux de son équipe au Pays Basque, le faisant attendre pour protéger un McNulty finalement défaillant, il n’a pu remonter sur le groupe Roglic, se contentant de la troisième place au général ! Mais il a remporté un succès de prestige à Liège Bastogne-Liège, dominant des “Ardennais” comme Alaphilippe, Woods où encore Valverde. Sur sa course de reprise, il a dominé une faible concurrence sur son Tour de Slovénie. Et s’est montré décevant sur ses championnats nationaux (3e du chrono, 5e en ligne).
Pogacar, c’est 23 top 10 en 27 jour de course. Excusez du peu !
L’équipe : Avantage Roglic
Si Roglic n’a pas remporté l’édition 2020, son équipe Jumbo-Visma a brillé par son emprise sur la course, le sauvant peut-être d’une déconvenue plus tôt ! La sélection 2021 est presque la même. Avec quelques garçons qui semblent avoir franchi des cap sur des parcours difficiles. Comme Wout Van Aert, impressionnant 2e du très difficile Tirreno-Adriatico. Son récent état de forme peut poser question, le Belge est en proie à quelques soucis physiques. Jonas Vingegaard a également montré de gros progrès, prenant la 2e place, derrière son leader Roglic, du Tour du Pays Basque.
Il ne faut pas oublier Steven Kruijswijk, 3e du Tour en 2019, même s’il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant le Covid, il demeure un redoutable équipier de luxe. Il y a d’autres garçons solides, comme le vétéran Robert Gesink, Sepp Kuss (capable du meilleur comme du pire cette année). Et deux garçons solide dans la plaine. Mike Teunissen et Tony Martin.
La UAE s’est indéniablement renforcée en 2021, par rapport à 2020 où Pogacar était souvent seul dans les moments clés. Il devrait être mieux accompagné en montagne, avec des garçons comme Davide Formolo et Brandon McNulty. Mais aussi avec le Polonais Rafal Majka, dont l’était de forme reste une inconnue, mais qui s’est rassuré également sur le Tour de Slovénie, alors qu’il n’avait pesé sur aucune course jusque là. Pogacar peut compter sur des garçons complets comme Rui Costa et Marc Hirschi, capables de faire le travail sur tous les terrains. Et également sur des gros rouleurs, comme Mikkel Bjerg. Une équipe solide sur le papier, sans doute un peu moins que la Jumbo-Visma. Mais les forces se sont rééquilibrées.
Qui est le favori des deux ?
Le duel risque d’être serré, mais on mettrait bien une pièce sur le cadet des deux Slovènes. Tadej Pogacar a parfaitement su digérer son premier succès majeur sur la Grande Boucle et son début de saison est juste impressionnant. Quasi invincible sur les courses à étapes. Son équipe est plus solide que l’an passé et devrait mieux l’épauler. Il faudra un Roglic plus fort que l’an passé, pour faire trembler Pogacar.
Favoris du Tour de France 2021 – Ineos : Un rasoir à plusieurs lames !
Geraint Thomas, vainqueur du Tour 2019, 2e en 2019. Richard Carapaz, vainqueur du Giro 2019, 2e de la Vuelta 2020. Richie Porte, 3e du Tour 2020. Tao Geoghegan Hart vainqueur du Giro 2020. A cela s’ajoute les fidèles Jonathan Castroviejo et Michal Kwiatkowski, la machine Dylan Van Baarle, le roule toujours Luke Rowe et vous obtenez la composition impressionnante de l’équipe Ineos, pour ce Tour 2021. Sans doute l’équipe la plus impressionnante de ce Tour. Les Anglais qui se paient même le luxe de se priver d’un Adam Yates, vainqueur du Tour de Catalogne, 2e de l’UAE Tour et 4e du Tour du Pays Basque, excusez du peu !
Avantage Carapaz
Comment va t’elle procéder. Longtemps habituée, sous l’ère Froome, à jouer la carte du leader solo, Ineos a su prouver qu’elle savait gérer les égos, en atteste le doublé sur le Tour de France 2019. Car là, il y va y avoir de la gestion interne ! Car, à minima, Geraint Thomas et Richard Carapaz auront un rôle de leader sur la course. Geraint Thomas, après une année 2020 pourrie, a montré un bel état de forme, en remportant le Tour de Romandie. Cependant, il n’a pas été si aérien que cela sur le Dauphiné, troisième du général et dominé par son coéquipier Richie Porte.
Richard Carapaz, lui monte sérieusement en puissance. En atteste sa démonstration de force sur le Tour de Suisse, remportant une étape et le classement général. C’était la première course où il était vraiment dans le rôle de leader, après avoir été coéquipier sur ses précédentes courses, comme le Tour de Catalogne (pour Adam Yates) et sur le Pays Basque (pour Adam Yates également). Il a prouvé à son équipe qu’on pouvait lui faire confiance si on lui donnait des responsabilités. La confiance, chose qui est tellement difficile à acquérir dans une équipe aussi exigeante qu’Ineos, où chaque détail est poussé à la perfection.
Quid de Porte et Geoghegan Hart ?
Richie Porte a annoncé, au moment de son retour au sein de la structure de Dave Brailsford, revenir en tant qu’équipier. Mais on parle du 3e de la Grande Boucle 2020, après avoir vaincu la malédiction sur les Grands Tours. On parle aussi du vainqueur sortant du Dauphiné Libéré. Or, un Ineos/Sky qui remporte le Dauphiné à toujours remporté le Tour, à l’exception de Bradley Wiggins en 2011. On a du mal à l’imaginer en simple coéquipier. Mais ce sera bien son rôle dès ce week-end.
Voir un vainqueur sortant du Giro en tant qu’équipier n’est que peu banal. Pourtant, c’est la deuxième année consécutive que ce cas de figure se présente chez Ineos. Après Carapaz équipier de Bernal en 2020, voici Tao Geoghegan Hart équipier (de qui d’ailleurs ?) sur le Tour 2021. C’est dire la puissance collective de cette formation britannique. Le jeune Anglais sera équipier sur son premier Tour. Une forme d’apprentissage comme une autre.
Favoris du Tour de France 2021 – Le Français : Julian Alaphilippe va t-il jouer le général ?
C’est la grande inconnue avant le départ du Tour de France. Que va faire Julian Alaphilippe ? Le Français, vainqueur de la Flèche Wallonne et 2e de Liège Bastogne-Liège cette année, semble avoir axé sa préparation, pour briller sur les classements généraux. Plusieurs indices tendent à penser qu’il va arriver sur la Grande Boucle, dans le but de viser le classement général.
Le Tour de Suisse a apporté des indications précieuses. Notamment sur ses progrès en contre-la-montre. Certes, Alaphilippe en a déjà remporté deux en carrière. Paris-Nice 2017 et surtout le chrono de Pau sur le Tour 2019. Mais, à chaque fois, c’était des parcours à sa convenance, avec l’arrivée au Mont Brouilly et les vallons autour de la capitale du Béarn. Or, sur l’épreuve suisse, il a pris la 5e place d’un chrono court et totalement plat. De plus, il semble avoir franchi un cap en montagne, étant davantage capable de lisser son effort et de tenir sur des efforts à haute intensité, sur un temps plus long. Il a également perdu un peu de punch, sa giclette caractéristique. Une similitude avec le Tour 2018, où il n’avait pas su briller sur des étapes pour lui en Bretagne, avant de remporter deux étapes de haute-montagne et le maillot à pois.
Notre avis : Il peut faire un top 5, mieux serait un sacré exploit.
Maintenant est-ce une bonne idée de sacrifier d’autres ambitions sous l’autel d’un classement général ? On en saura un peu plus en amorce de la troisième semaine. Mais Julian Alaphilippe est un cycliste qui commence à avoir une certaine maturité, du haut de ses 29 ans. Il a déjà eu une expérience solide de gestion du classement général, avec le Tour 2019 et ses 14 jours en jaune. Il sait les erreurs à ne pas refaire. Et ce ne serait pas une immense surprise de le voir rester tranquille dans les étapes bretonnes. Même si elles sont taillées pour lui. Mais, s’il ne lui arrive rien, il devrait être très bien placé à Laval, au soir du contre-la-montre individuel.
Le parcours n’est pas à son désavantage, avec uniquement trois arrivées au sommet, mais deux en troisième semaine, là où c’est la plus grande inconnue pour lui. Quelques arrivées en descente qui vont lui convenir. D’autres piégeuses à son avantage aussi. Incontestablement, il est armé pour briller. De là à déstabiliser les mastodontes déjà en place, cela risque d’être un peu juste. Un Top 5 est tout à fait envisageable ! Mieux, ce serait un sacré exploit. Mais c’est incontestablement notre meilleure chance française.
Mais des outsiders ?
Movistar avec une belle équipe
Enric Mas, 5e du Tour 2020, avec une excellente troisième semaine ne sera pas seul. D’ailleurs il ne sera sans doute pas leader. Car l’Espagnol a été rejoint cet hiver par le Colombien Miguel Angel Lopez. Qui a impressionné dans le Mont Ventoux Dénivelé Challenge, après un début de saison sans aucun jour de course avant fin avril et une anonyme 35e place du Tour de Colombie. Un pari risqué mais qui semble être le bon, car Lopez aborde le Tour avec beaucoup plus de certitudes qu’on aurait pu le penser, ne serait-ce qu’au début du mois de juin. Les deux seront épaulés par le vétéran Alejandro Valverde, auteur d’une belle saison, avec une victoire (entre autres) sur le Dauphiné. Mais aussi une 4e place à Liège Bastogne-Liège. Il impose le respect.
Attention à Uran, toujours régulier
Le Colombien n’a certes pas gagné le Tour de Suisse. Mais son impressionnante victoire sur le dernier chrono a surpris plus d’un observateur. Le 2e du Tour 2017 sait arriver en forme au bon moment. L’an passé, il a longtemps été sur le podium avant d’exploser aux Glières. Dans un contexte particulier. Le parcours lui convient pas si mal, ressemblant quelque peu à celui de 2017. Il sera épaulé par un Sergio Huguita qui n’a cependant pesé sur aucune course disputé (meilleure classement 11e de l’UAE Tour en début de saison). Mais aussi des solides Magnus Cort et Michael Valgren. Pas si mal la Education First.
Etienne GOURSAUD