THIBAUT FAUCONNET — JE VAIS DEVOIR M’ADAPTER À VIVRE L’INSTANT DU CÔTÉ DE L’ENTRAINEUR

Thibaut Fauconnet se lance dans un nouveau défi après une belle carrière en short-track. Il part entrainer l’équipe Américaine pour les prochains JO d’hiver !

Thibaut Fauconnet – Patineur de vitesse

Crédit Photo Une: DR

Enfant, je voulais juste faire du sport avec mes amis, sans penser compétition. Je ne rêvais pas à faire les Jeux ni à devenir un grand champion. Mon unique envie était de faire des courses et de gagner.

Le sport c’est toute ma vie, je pense que tout le monde devrait en faire, pour le bien de la santé publique. J’ai un lien particulier avec les sports « outdoor », j’en ai pratiqué quelques-uns comme le trampoline, du VTT, du roller et même de la natation.

Évidemment, ça aide d’être issu d’une famille de sportifs, car mes parents et ma sœur ont toujours fait énormément d’activités sportives. Nos sorties familiales étaient souvent axées autour de ça, j’allais régulièrement courir avec mon père notamment. Mais en ce qui concerne le haut niveau, je ne m’étais jamais fixé d’objectifs. Ce sont des choses qui se font naturellement. Au début je faisais des courses départementales ensuite régionales et ainsi de suite, jusqu’au Graal : les Jeux Olympiques. On suit naturellement le chemin qui se présente à nous.

Sans toutes ces personnes de l’ombre, je ne serais pas arrivé au plus haut niveau.

Gérer ce genre d’évènements planétaires n’est pas une mission facile. J’ai été encadré par un staff spécialisé. J’ai tout travaillé en préparation mentale ou en sophrologie pour gérer la pression.

Après je n’ai jamais eu de pression démesurée par rapport à ça, j’ai toujours aimé patiner et m’entrainer par plaisir.

Les succès étaient là, mais les sollicitations sont assez faibles pour un sport comme le short track.

Aujourd’hui j’ai arrêté ma carrière et je suis content qu’on parle de moi et de mon sport. J’ai eu quelques sollicitations, mais ça serait bien d’en avoir plus. Le véritable problème c’est qu’il n’y a aucune retransmission télévisuelle. Après je ne suis pas là pour parler de ça, mais il est vrai que ce manque de médiatisation est dommageable pour mon sport.

UN MENTAL D’ACIER GRACE AU SPORT

Le sport m’a beaucoup apporté mentalement, ça m’a construit. C’est toute ma vie. J’ai vécu un beau rêve avec la pratique et les compétitions.

En tant qu’athlète je m’intéresse à de nombreux sports comme l’alpinisme, le ski-rando… Les grands champions me fascinent comme Nadal, Federer ou Teddy Riner. Mais ça me dérange qu’on évoque seulement l’envie ou la mentalité avec ce type de champions. Ce sont des phénomènes à part entière. Aujourd’hui on simplifie beaucoup de choses pour que les gens s’identifient à des sportifs. Mais ce n’est pas si simple que ça, les gens ne se rendent pas compte des concessions que l’athlète doit faire. La famille passe souvent au second plan, car on dédie notre vie à cette passion.

Un sportif connait toujours des moments de doute, une carrière est rarement linéaire. Il faut savoir anticiper et gérer toute cette pression. Ce n’est jamais évident mais c’est ce qu’il fait la beauté du sport.  La différence elle se fait ensuite lors des grandes échéances, c’est la qu’il faut tout donner pour gagner.

EN ROUTE POUR LE RÊVE AMÉRICAIN… EN TANT QUE COACH

J’ai arrêté ma carrière en n’ayant jamais eu cette envie d’entraîner. C’est une opportunité que j’ai eue avec les États-Unis qui m’ont contacté, rien de tout cela avait été prévu ou imaginé de mon côté. C’était donc une décision assez difficile à prendre. Mais après de nombreuses discussions avec ma copine et mes amis, j’ai décidé de tenter l’aventure.

Et puis je pense que j’avais fait le tour de ma pratique en tant que patineur. Il me manquera toujours cette médaille olympique à Pyeongchang. Les JO de 2018 c’est mon plus beau, mais aussi mon plus mauvais souvenir sur la glace. Le pire moment de ma carrière car je suis lourdement tombé sur la glace après avoir été touché au visage par la lame du patin de Hwang Dae-heon qui m’a causé une coupure au-dessus de la lèvre et par la même occasion la perte de la médaille d’or. Mais le meilleur, car je suis en finale olympique et je suis à deux doigts de cette médaille.

Aux États-Unis, je vais être numéro deux. Je vais essentiellement m’occuper de la partie masculine. Mon rôle sera de préparer l’équipe du mieux possible, pour les mettre dans les meilleures conditions. Les préparer mentalement et physiquement à la compétition. Aujourd’hui il y a beaucoup de concurrences et certaines nations se démarquent comme la Corée du Sud, le Canada, Les Pays-Bas et la Hongrie qui se développent de plus en plus. Les États-Unis n’arrivent pas loin derrière mais il y a moins d’athlètes. Le niveau en France est aussi intéressant. En ce qui concerne les infrastructures, il en faudrait plus, mais cela coute assez cher. Sans plus de médiatisation c’est difficile d’évoluer dans ce sens.

La manière de vivre les championnats du monde sera différente pour moi désormais, car mon rôle n’est plus le même. Je pense que ça sera plus stressant. Mais je vais tout faire pour que mes athlètes soient dans les meilleures conditions et je serais le premier déçu s’ils n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs. C’est une nouvelle posture à adopter, il va falloir que je fasse un travail sur moi-même. Les émotions seront différentes et je vais devoir m’adapter à vivre l’instant du côté de l’entraîneur.

Aujourd’hui je prends ma retraite avec le sentiment du devoir accompli. Et je serais à jamais reconnaissant de ce que m’a apporté le sport.

Pour conclure, tout ce que je peux dire aux jeunes c’est de faire du sport. Éclatez-vous autant que moi durant ma carrière. Il faut que vous fassiez les choses vous-même !

THIBAUT

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