SERGE BETSEN : RUGBY ÉDUCATION ET SANTÉ POUR LES ENFANTS AU CAMEROUN

L’ancien troisième ligne du XV de France nous parle de son association qui aide les enfants les plus démunis au Cameroun entre éducation, santé et rugby.
Serge Betsen
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Crédits photos : Serge Betsen Academy

J’ai quitté le Cameroun à l’âge de 9 ans, pour rejoindre la région parisienne. J’y ai découvert le rugby à Clichy La Garenne et grandi à travers ce sport. Grâce au ballon ovale, j’ai pu rêver, croire en mes rêves, et réaliser une belle carrière.

Après mon mariage en 2000, je suis retourné au Cameroun avec ma femme et ma belle-famille pour leur faire découvrir ma terre natale. Cela faisait 18 ans que je n’y étais pas retourné. C’était de très fortes émotions de revenir sur ce continent qui m’a vu naître, et de leur faire découvrir. À ma grande surprise, j’ai pu y voir des jeunes jouer au rugby. Ce voyage fut très important et marqua un tournant dans ma vie. À mon retour en France, j’ai décidé de créer une association pour utiliser les valeurs du rugby et aider les jeunes les plus démunis.

Juste après la coupe du Monde 2003 à laquelle j’ai participé, l’association Serge Betsen Academy est née. Je voulais créer quelque chose pour les autres, propager la vision et l’idée que le rugby possède des valeurs que l’on peut appliquer au quotidien et qui peuvent guider à travers le cheminement de la vie. Tout simplement partager cette passion qui m’a tout appris.

 

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LE RUGBY, ÉCOLE DE LA VIE

Le rugby m’a fait découvrir mon caractère, que j’aimais travailler en équipe ou avoir cette sensation de donner aux autres avant de recevoir et de participer à un projet collectif. Je dois beaucoup au rugby. Je dis souvent qu’il m’a permis de mettre des mots sur mes pensées et de comprendre des expériences que j’ai vécues. Notamment vis-à-vis de ma mère qui a sacrifié beaucoup de choses pour sa famille, et ce don du sacrifice je l’ai compris et assimilé grâce au ballon ovale.

J’essaie de transmettre aux enfants des centres de l’association au Cameroun ce que le rugby m’a appris : la bienveillance, le partage et le droit de rêver. La bienveillance, car lorsque l’on a des conditions de vie compliquées, on a tendance à plutôt se replier sur soi-même, mais c’est en se soutenant les uns les autres que l’on se sort de la misère. Le rugby m’a transmis l’importance du partage, de vivre avec et pour les autres. Et le droit de rêver est primordial pour moi, chaque gamin dans le monde a ce droit et devrait avoir cette possibilité.

Le rugby m’a permis de me dire « un jour je voudrai être un champion, être le meilleur joueur possible dans mon sport ». Ce droit de rêver m’a formé et m’a fait comprendre qu’il faut travailler dur, il faut respecter, il faut pouvoir se réveiller tous les jours en se disant que je vais atteindre mon rêve et je m’en donne les moyens.

RUGBY + ÉDUCATION + SANTÉ

L’association identifie les enfants les plus démunis sur les 5 lieux où nous sommes présents, comme à Yaoundé (capitale du Cameroun) ou dans les villages de Bafia, Bangangté et Zoétélé. J’ai découvert le rugby en région parisienne. Les dirigeants qui m’ont accueilli ne me connaissaient pas et ont pris le temps pour moi, et c’est de cette façon-là que j’ai imaginé le fonctionnement des centres. À savoir que dans un centre, c’est comme un club, il y a de la lumière, une salle informatique, une bibliothèque, des enseignants qui viennent plusieurs fois par semaine pour donner des cours de soutien aux enfants que l’on aide au quotidien.

L’éducation et la santé sont très difficiles d’accès pour ces enfants, et quand on n’a pas la possibilité d’être soigné lorsque l’on est malade, on peut mourir dans l’heure qui suit. S’ils ne vont pas à l’école, ils vont travailler dans les champs et ne peuvent pas se construire de perspectives d’avenir, nous voulons combattre cela.

Nous finançons leur scolarité, les fournitures scolaires et les uniformes. Ils ont donc l’obligation de venir dans le centre, pour continuer à progresser dans leur apprentissage, pour avoir ce soutien des enseignants et pour manger une fois par semaine. C’est une seconde maison pour ces enfants. Et c’est ce que je leur dis souvent, ces centres leur appartiennent, c’est à eux d’en profiter au maximum pour que ça leur profite, mais que ça profite aussi à la communauté.

Au sein de notre association, le travail doit être collectif, que chacun se sente responsable et amène sa contribution pour la marche en avant des projets de l’association. C’est important pour moi que les enfants prennent conscience des efforts qui sont consentis pour leur amener ce bien-être dans les centres et donc qu’il y ait un juste retour des choses de leur part.

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TOUT LE MONDE PEUT PARTICIPER AU MOUVEMENT

Nous avons des bénévoles en France qui nous aident et notamment une équipe s’occupant d’un projet à base de ballons recyclés. Une fois transformés, ils permettront de créer des trousses, des sacs à mains et différents objets pour permettre de lever des fonds. C’est l’AS Diderot de Massy qui est à l’origine du projet. Ce travail de récupération est fait par des bénévoles, donc chaque personne peut être acteur de cela et participer à l’évolution de l’association. Il est également possible de s’investir via des dons sur le site internet de l’association.

Grâce à ce travail collectif, des bénévoles et des donateurs, nous fêterons les 15 ans de l’association cette année. Et en cet honneur je vais organiser un évènement public le 24 juillet pour l’ouverture des fêtes de Bayonne aux Remparts. Nous aurons une journée festive où des enfants joueront au rugby, des filles, des joueurs amateurs et nous clôturerons avec les French Legends (une équipe d’anciens internationaux et professionnels du rugby au service de bonnes causes) face à une sélection locale.

FIERS DE NOS PROGRÈS

Nous venons de finir la rénovation d’une école maternelle il y a deux mois à peine. Nous l’avons rénovée et avons rajouté des toilettes, pour répondre à ces questions d’hygiène dont nous avons fait notre priorité. Je suis allé au Cameroun en janvier et j’ai vu que cette école avait besoin de notre aide. Grâce à des financements, nous avons pu obtenir les ressources nécessaires pour finaliser ces travaux.

Ce voyage m’a permis de rentrer en contact avec des sociétés locales pour prendre nos jeunes en formation, en stage ou pour trouver un emploi. C’est un projet qui me tient énormément à cœur, car du fait de l’apport éducatif que l’on apporte aux enfants, ils ont de bons résultats à l’examen du bac, avec un taux de réussite de 85 %. Une moyenne assez incroyable puisqu’en Afrique la norme est entre 35 et 45 %.

Nous sommes très fiers d’avoir ces élèves avec de très bons résultats et nous essayons désormais de leur ouvrir des portes sur le marché professionnel. C’est un objectif que l’on se fixe aujourd’hui pour que ces enfants et étudiants puissent avoir la chance de rêver et de poursuivre leurs rêves.

SERGE

Avec la participation d’Adrien Tarantelli.




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