Saint-Amand Handball : Saison, développement, économie locale

Saint-Amand Handball a connu une ascension fulgurante De la N1 à la D1 en 4 ans. Une success-story racontée par sa présidente Sophie Palisse.
Sophie Palisse, présidente de Saint-Amand Handball
Sophie Palisse, présidente de Saint-Amand Handball

Saint-Amand Handball est un club évoluant en Ligue Butagaz Energie (D1 Féminine). Promue cette saison, c’est seulement la 2e saison dans l’élite. Une ascension fulgurante pour le club nordiste, encore en N3 il y a 15 ans et en N1 en 2014. Qui a bien failli disparaître cette année-là. Repris par Sophie Palisse, les “Louves” entrevoient les sommets. C’est la présidente elle-même qui nous raconte cette success-story. Pour l’ouverture de notre rubrique hebdomadaire consacrée à l’élite du handball féminin en France.

Crédit : Sophie Palisse Twitter

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SAINT-AMAND HANDBALL A UN PEU DEJOUE CONTRE CHAMBRAY

J’ai quelques regrets après le coup de sifflet final. Pendant 50 minutes, c’était un match à notre portée. On a un peu déjoué et on perd la rencontre. Il y a plus de 20 fautes directes et on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Chambray était une équipe jouable. Les regrets sont aussi comptables. Maintenant le match est derrière nous et il faut penser à la suite. On aurait pu prendre une option pour atteindre les play-offs (NDLR : Les 8 premières équipes vont en play-offs, les 6 dernières en play-down). Il nous reste trois matchs et on va se concentrer sur ceux-là.

Jusqu’à la trêve internationale, on n’est pas passé à côté des matchs qu’on avait ciblé. Il y a peut-être un petit regret, quand on perd face à Mérignac, dans les toutes dernières secondes alors qu’on était devant et bien revenues. Globalement on s’en sort bien et on peut se réjouir. Mais on peut toujours mieux faire et il y a toujours le challenge de viser plus haut. Les joueuses et le staff auraient souhaité un peu plus.

Je pense qu’en terme d’organisation, c’est bien d’avoir pu jouer nos dix matchs. Il n’y a pas de report à caler. C’est un avantage d’avoir eu cette linéarité sans rupture dans la pratique sportive. Pour le mental des joueuses c’est pas mal. Mais au niveau de la fraîcheur et de l’usure, c’est compliqué ! Les spécialistes pourraient mieux le dire. On y verra plus clair à la fin de la saison. Les équipes qui ont moins joué vont peut-être arriver plus fraîches. C’est une situation complétement inédite. C’est une vraie inconnue. La fin de saison nous dira qui aura eu un avantage ou non. La nouvelle formule va être très compliquée. Ce n’est pas favorable aux équipes qui vont jouer les play-down.

UN FOSSE ENTRE LA LBE ET LA D2

On a pris conscience des erreurs commises lors de notre première accession. On a fait en sorte de ne pas les reproduire, car certains points avaient fait défaut. Le but était d’arriver mieux armé cette année. Je pense que cela s’est vu. Mais comme je le dis toujours, on commettra d’autres erreurs, le plus important étant de ne pas refaire les mêmes. On apprend en allant. Le club a fait l’ascenseur. Sportivement l’équipe était moins construite et moins bien pensée qu’aujourd’hui. Nous avons davantage de joueuses qui ont connu la D1 et qui sont aguerries. Elles ont davantage d’expérience dans les moments importants, où il faut être présent et faire preuve de sérénité.

On a cette expérience des déplacements qu’on n’avait pas auparavant. Mais aussi de l’intensité de jeu qui n’est absolument pas la même qu’en D2. Il y a un vrai fossé entre la D2 et la LBE. Quand on est jamais allé dans l’élite, on n’a pas conscience de ce gros écart. Cette année, nous avions conscience de cela et la préparation s’est mieux faîte et les joueuses étaient prête. La phase d’apprentissage a duré moins longtemps.

LE CHANGEMENT DE NOM POUR CREER UNE VRAIE IDENTITE

La changement de nom du club a été fait pour faciliter les choses. L’ancien nom était un peu long et surtout il ne parlait pas trop. On a voulu marquer le S.A. et on espère que d’ici quelques temps ce sera connu et reconnu. De suite il faut penser Saint-Amand Handball. On a voulu changer l’image du club en associant la représentation des Louves sur l’équipe, avec toutes les valeurs que l’on peut retrouver, dont la meute et la solidarité d’un groupe. Sans oublier la combativité et le fait de ne pas lâcher dans la difficulté. Il y a aussi l’historique de la ville et de sa légende autour du loup. C’est quelque chose qui a été diffusé. Je pense qu’on a bien communiqué sur le changement visuel et de nom. Cela a été bien apprécié j’ai l’impression.

On a fait du chemin depuis 2014, mais il en reste beaucoup à parcourir pour être performante. Il y a eu beaucoup de changement avec les différentes accessions. Cela se traduit par la structuration à tout niveau. Pas qu’au niveau sportif car il faut penser à tout ce qui est interne, des instances dirigeantes et des différents pôles. On a travaillé fort sur le partenariat, sur tout ce qui est l’hospitalité d’après match, avec les VIP. Bon en ce moment c’est un peu plus compliqué avec le huit-clos, qu’on n’apprécie pas trop. Mais le chemin parcouru nous permet d’avoir une assise et d’être reconnu sur notre territoire et sur la région.

J’AI COMPRIS QU’IL FALLAIT ACCELERER LES CHOSES A SAINT-AMAND HANDBALL

Pour être transparente, en 2014 je ne m’attendais pas à ce qu’on soit aussi haut aussi vite. Mais rapidement, dès 2016, j’ai compris qu’il fallait accélérer les choses si on voulait continuer à grandir. Cela s’est installé naturellement. On a eu le statut VAP (voie d’accession professionnelle) qui était nécessaire pour passer un cap. C’était aussi pour forcer les choses et notre structuration. Le cahier des charges était plus exigeant et nous a obligé (dans le bon sens) à progresser. Ces contraintes ont été vues comme une opportunité de grandir très vite. C’est ce qu’il s’est passé. On a réussi a anticiper les choses. Je pense à l’arrivée de Florence Sauval (NDLR : en 2017) qui a amené sa connaissance du fonctionnement d’un centre de formation.

Je n’ai pas tergiversé et j’ai demandé très vite qu’on monte ce projet avant qu’on soit en LBE. On a eu l’agrément avant qu’on soit en D1. Il était conditionné à notre passage en LFH bien entendu. On a fait tout ce qu’il fallait pour mettre les choses en place. Et on s’est retrouvé en avance, avec un centre de perfectionnement qui collait quasiment au cahier des charges d’un centre de formation. C’est en ayant ce coup d’avance qu’on a réussi à aller vite. Attention, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. On sécurise à tous les niveau. L’important est de toujours avoir un nouveau projet et continuer à motiver les équipes. On ne doit jamais s’arrêter.

LE PROJET ANCRE DANS LA TETE DE TOUT LE MONDE

On n’oublie pas non plus qu’on a fait l’ascenseur l’année dernière. Pour autant, ce n’était pas un problème et je l’avais annoncé dès le début de saison, lors de notre premier passage en D1. On m’a demandé les objectifs et ce qu’il allait se passer si on redescendait. J’ai dit que ce n’était pas un problème. Le projet ne s’arrêtait pas là et c’était clair dans la tête de tout le monde. On a gardé ce statut VAP et on est remonté immédiatement. Après, il ne va pas falloir faire l’ascenseur à chaque fois, car ce n’est pas viable. On a voulu que le projet soit ancré dans la tête de tout le monde.

Pour l’anecdote, lors de notre retour en D2, nous avions conservé les mêmes principes qu’en LFH. On s’est même amélioré sur le VIP et tout ce qui était autour du terrain. Pour renvoyer cette volonté de rester au plus haut niveau.

Au-delà de faire signer un chèque à un partenaire, on veut faire adhérer à un projet. On le présente toujours aux partenaire et on souhaite qu’il s’associe au projet. Il faut des valeurs communes. On ne cible pas tout le monde

Saint-Amand Handball – Sophie Palisse

LES RESULTATS DES BLEU(E)S N’ONT UN IMPACT QU’A COURT-TERME

Les présidents de clubs pros et ceux qui aspirent au développement doivent renvoyer une image forte aux élus et personnes influentes. Sans négliger le secteur amateur qui est indispensable pour faire vivre les équipes élite. C’est notre terreau. J’ai la chance d’être présidente d’un club avec toutes ces équipes. J’ai 16 équipes amatrices qui sont la base de notre club. On veut faire valoir notre sport dans la région. Avec nos instances avec le comité et la Ligue qui doivent monter au créneau. On a la chance une équipe masculine (Dunkerque) et une équipe féminine représentés au plus haut niveau national. On a davantage de poids !

Les résultats des Bleu(e)s et la médiatisation, c’est un vrai sujet qui porte à débat ! Pour avoir échangé avec les différentes instances, de part mes fonctions fédérales, c’est un sujet récurrent. On est le sport collectif le plus capé en France, ce n’est pas rien ! On a cette chance. Sauf que les résultats ont un impact que sur court terme. Après une grande performance, on va avoir un peu plus de licenciés, pour la saison qui suit. Mais ça s’arrête-là. Cela ne dure pas, ce n’est pas quelque chose d’installé. On a l’impression de devoir toujours recommencer, alors qu’on a quelques étoiles en plus que le foot. Pour autant, il n’y a pas de retombées spectaculaires loin s’en faut, de nos performances internationales. C’est fou mais c’est comme ça.

FAIRE VENIR LES GENS POUR LEUR PROCURER DES EMOTIONS

Il faut communiquer très largement, faire des opérations, comme mercredi dernier, avec la diffusion intégrale de toute les rencontres. On est trop intimiste encore. Le handball est un microcosme. Entre nous, on est au fait de tout, mais je ne vous cache pas que la cible du club, pour remplir les salles, n’est pas les handballeurs. Eux vont jouer en même temps que nous. On vise le public lambda qu’il faut accrocher et rendre passionné de notre pratique. Faire venir des gens pour leur procurer des émotions, vis-à-vis du spectacle. On peut vibrer et passer un moment agréable, tout en ne connaissant pas parfaitement les règles du sport qu’on regarde. Le suspense, l’ambiance la convivialité et le service, sont des choses qui peuvent attirer.

Il y a plein de choses qui vont entrer en ligne de compte. On a le retour en cas d’exploit. Mais s’il y a plusieurs contre-performances c’est la chute directe. Je n’ai pas la solution, même si je pense qu’un maillage territorial et national des clubs va aider. J’ai milité pour une LBE à 14 (NDLR : ce qui est le cas cette année). Elle est essentielle, car quand on n’est pas représenté dans une région, les gens ne vont pas s’intéresser à vous et c’est compliqué d’avoir “pignon sur rue”. C’est important de mailler le territoire et le hand masculin l’a très bien compris, avec un nombre d’équipes suffisant en Lidl Starligue et une division pro en D2. Plus les élus montent au créneau et plus on s’intéressera à nous. Il ne faut pas négliger cette clé d’entrée.

SAINT-AMAND HANDBALL PRIVILEGIE LE LOCAL SANS RIEN S’INTERDIRE

Saint-Amand est une ville de 16000 habitants. En 2005 on a été élu la ville la plus sportive de France. Il y a environ 25 associations sportives. La part du gâteau est divisée. Pourtant on a la chance d’avoir deux équipes féminines au plus haut niveau. Une en basket en D1 et nous. C’est exceptionnel pour cette ville. On me demande si c’est un problème pour les partenaires. Je ne crois pas, car d’un côté les élus territoriaux sont heureux car le territoire rayonne. Ils sont satisfaits et ils aiment que leur ville soit mise en avant sur le plan national. Mais il faut se battre deux fois plus pour aller chercher les partenaires, être innovant et aller chercher les licenciés. C’est plus fatiguant mais plus passionnant.

Je pense pas que ce soit plus facile ou plus difficile de démarcher , par rapport à une grande ville. Le tissu économique reste proportionnel. On a un territoire assez riche au niveau économique, car il est étendu. Après, on ne s’interdit rien. On privilégie le local, mais parfois on va en dehors. Ce qui est plus compliqué, c’est quand il y a beaucoup de haut-niveau concentré. Il y a une certaine “agressivité” car il faut être meilleur, dans ce qu’on propose et dans nos prestations, pour les attirer.

ON VEUT FAIRE ADHERER UN PARTENAIRE AU PROJET

Au-delà de faire signer un chèque à un partenaire, on veut faire adhérer à un projet. On le présente toujours aux partenaire et on souhaite qu’il s’associe au projet. Il faut des valeurs communes. On ne cible pas tout le monde. Il y a une démarche responsable sur notre ciblage. On a la chance d’avoir le soutien des élus et qui ont toujours porté le haut-niveau sur le handball féminin. C’est une condition essentielle.

Justement dans une ville de 20000 habitants, quel est l’impact du club dans le tissu économique local, comment on démarche les partenaires? Est ce que c’est plus facile pour un club dans une ville de taille moyenne de démarcher ?

Nous avons 17 salariés. Il y a 10 joueuses professionnelles, deux entraîneurs à temps-plein, une manager recruté cette saison qui est une ancienne joueuse et commerciale et qui dans le cadre d’une reconversion professionnelle a pris le poste. On a une chargé de communication et deux agents de développement, pour la promotion du club sur le territoire, qui ont des fonctions également sur la com ! Il y aussi des volontaires en service-civique, pour tout ce qui est du lien parentalité, citoyenneté, mis au goût du club. Sans oublier tout nos bénévoles qui aident à développer nos projets.

LE COVID VA LAISSER DES TRACES

Comme je l’ai dis, nous avons élargi le partenariat, avec une priorité sur les entreprises locales. Ce confinement a été un coup d’arrêt brutal. On avait réussi à conserver 90% de nos partenaires existants. En revanche, on avait planifié sur de nouveau prospects à faire entrer dans notre giron. Avec cette crise sanitaire, c’est quasi impossible de prospecter les entreprises et de les faire rêver. En ce moment c’est tout sauf du rêve. On ne peut pas installer les VIP. C’est l’antichambre des affaires. On passe un super moment. Certes ce n’est pas là que se font forcément les contrats, mais on prend les contacts, on se revoit et les affaires naissent comme cela. C’est du lien qui se crée. Notre commercial fait les présentations entre les partenaires. Actuellement, tout cela est impossible.

On essaie de travailler sur la visibilité de notre tissu économique club. Il y a mise en avant sur la plateforme twitch. On continue de les promouvoir sur les réseaux sociaux. Mais cela n’a pas la saveur d’un match ni de contacts d’après-matchs. Ca va laisser des traces dans tous les clubs pro mais aussi amateurs.

SAINT-AMAND HANDBALL – SOPHIE PALISSE

Avec Etienne GOURSAUD

Ligue Butagaz Energie 10e journée :

Toulon Saint-Cyr31-28Mérignac Handball
Saint-Amand Handball20-25Chambray
Nantes Atlantique Handball34-25Besançon
Bourg-de-Péage29-23Plan de Cuques
Dijon 21-21Paris Handball
Fleury Loiret25-30OGC Nice Handball
Brest Bretagne Handball30-19Metz Handball
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