Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.
Après s’être confié sur son parcours, Rudy Coia revient pour nous sur l’importance d’être vu comme un coach sportif plutôt qu’un influenceur.(Crédits photos : Julien Le Parée)
Ma première vidéo a été postée sur YouTube en 2007 à une époque où le posing était à la mode. On se filmait comme les bodybuilders pros et même si ces vidéos n’ont aucun intérêt, elles ont connu leur petit succès avec quelques millions de vues.
Après ces premières vidéos j’ai enchaîné en partageant des contenus liés à ma sèche, mais aussi à la préparation d’une compétition de culturiste. J’étais le premier à faire ça en France.
Au démarrage, je n’ai donc pas eu cette ambition de motiver les autres, c’était simplement pour moi. Puis avec la création de vidéos d’entraînement, je suis entré dans ce but éducatif. Contrairement à de nombreux influenceurs, ma communauté s’est agrandie petit à petit en touchant des personnes qui avaient la même philosophie que moi.
UN BESOIN D’ÉCHANGE PLUS QUE DE FANS
Je suis d’ailleurs assez proche de toutes ces personnes, car je ne souhaitais pas juste avoir des gens qui me suivent, mais plutôt pouvoir échanger des informations et développer certaines pistes de réflexion. Je me souviens d’échanges un peu particuliers pour moi comme lors d’une compétition où j’ai croisé un grand garçon de 16 ans qui pleurait, car il était fan de mon travail et très ému que je sois là. C’était vraiment surprenant pour moi, car je suis dans une optique où le côté fan est bizarre pour moi, mais je pouvais comprendre qu’on avait besoin de s’identifier à cet âge-là.
Pour moi, nous sommes tous égaux et la relation que j’ai avec les gens doit se baser sur l’échange. Beaucoup de personnes m’écrivent et elles ont toujours une réponse.
C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai arrêté d’aller dans les salons de musculation où cela tournait beaucoup trop autour de l’égocentrisme. Beaucoup de jeunes venaient pour faire des photos et non pas pour discuter. C’est aussi un peu ce qui me différencie des autres « influenceurs », car je ne partage pas du contenu pour dire que j’ai mal dormi. Je vais plutôt mettre toujours en avant un entraînement, une réflexion, une compétition, etc. Des choses qui apportent de la valeur sportive.
Si certaines personnes dans ce milieu se considèrent comme Youtubeur ou Influenceur, ce n’est pas mon cas. J’ai commencé par des articles écrits sur le web et les vidéos ne me servaient qu’à transmettre ces conseils à ceux qui préféraient écouter et voir que lire.
JE NE SUIS PAS UN HOMME-SANDWICH
Je suis régulièrement contacté par des marques qui me proposent de faire la pub pour des montres ou des lunettes de soleil. Elles ne se rendent pas compte que je suis là depuis 2006 et que je n’ai pas besoin d’eux pour m’acheter ce type de produits. Je ne dirais jamais que ce casque audio est le meilleur sans l’avoir testé ou sans y croire.
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Je préférerais toujours les vêtements que j’ai pu créer avec SuperPhysique même si ce n’est pas très connu, mais c’est quelque chose qui me représente et qui a de la valeur à mes yeux.
ÊTRE INFLUENCEUR NE REPRÉSENTE PAS L’AVENIR
Je ne suis pas un grand fan de cette mode des influenceurs qui viennent de la TV-réalité où les gens sont glorifiés alors qu’ils ne font rien de particulier. C’est vraiment dérangeant pour moi.
Malheureusement, beaucoup de jeunes espèrent devenir influenceurs, mais ne se rendent pas compte que peu d’entre eux vivent de cela. Si tu ne fais que la pub des autres, tu n’en vis pas ! Il faut avoir conscience que la plupart d’entre eux se font simplement offrir des cadeaux par les marques et que les plus chanceux qui arrivent à dégager un salaire sont soumis à l’algorithme d’Instagram ou Facebook qui peuvent réduire à néant ce travail de communauté en un claquement de doigts.
Pour moi, être un influenceur est un mythe complet et un métier qui va tomber.
Le travail, c’est créer de la valeur et quand tu es uniquement influenceur, tu n’en crées pas.
Je parle en connaissance de cause, car je suis passé comme beaucoup par cette phase égocentrique quand j’avais la vingtaine. Aujourd’hui quand je fais une pose et que je la partage sur les réseaux sociaux je suis un peu dégouté. Une photo torse nu et muscles saillants me permettra de toucher plus de personnes qui pourront voir les contenus intéressants que j’écris, mais si je pouvais arrêter ce genre de cliché ce serait un soulagement.
Il est primordial de ne pas être dépendant des réseaux sociaux avec le nombre de like par exemple car il suffit qu’ils changent leur algorithme pour que l’on retombe dans l’anonymat. Le plus important est d’être multi canal !
RUDY