Les sportifs ne brillent pas uniquement sur le terrain mais en apportant une aide à leur communauté par une action, une parole, une prise de position. La rubrique « Engagés » permet à un sportif de partager avec vous une réflexion sur une cause particulière.
Chez Sans Filtre nous aimons les histoires extraordinaires de sportifs et une fois n’est pas coutume, nous avons décidé de vous raconter nous-mêmes celle d’Arman Bashiri.
Ce joueur de « soccer » en NCAA (Championnat universitaire américain) vient récemment d’écrire son expérience chez nos confrères de SB Nation.
Ce qui ne devrait être qu’une péripétie qu’on espère aujourd’hui ordinaire dans la vie d’un étudiant américain réveille finalement un caractère particulier au vu de la situation actuelle entre sport et homosexualité. Si la majorité des institutions sportives se battent contre toutes formes de discriminations, le sport roi a encore du mal à accepter tout le monde et les commentaires discriminatoires ou répugnants sont encore trop présents dans le monde du ballon rond.
Sans vouloir faire de statistiques, ce n’est pas notre métier, on compte sur les doigts d’une main les joueurs professionnels qui ont osé briser l’omerta depuis quelques dizaines d’années avec quelques fois des conséquences tragiques (fin de carrière, dépression, suicide).
L’histoire d’Arman Bashiri apparait donc comme exceptionnelle comme il le dit lui-même : « Je suis d’origine perse et j’ai grandi en Norvège, donc mon coming-out en tant que joueur de football ouvertement gay dans une université Baptiste en Caroline du Sud a été une expérience unique ».
Si certains jouent la carte de la patience, ce n’est pas le cas d’Arman : « Dès la première nuit dans les dortoirs avec mon compagnon de chambrée, il a commencé à parler de fille. Je savais que c’était un bon moment pour lui dire, donc dès qu’il m’a demandé si j’avais une petite amie, je lui en dit que non, j’étais gay ».
SE FAIRE ACCEPTER PAR SES COÉQUIPIERS
Il ne lui fallut d’ailleurs que quelques jours pour le dire dans les vestiaires à tous ses coéquipiers qui ont d’ailleurs cru à une blague avant de le croire. Et c’est leur soutien et le fait de ne pas le traiter différemment qui l’ont aidé à passer la prochaine étape : « La réaction positive de mes coéquipiers et leur soutien ont vraiment éliminé ma nervosité à l’idée de fréquenter une école conservatrice et religieuse. »
En effet, Anderson University est affilié à la Convention Baptiste de Caroline du Sud. Des prières ont lieu avant certaines classes et la religion est souvent mise en avant dans certaines matières comme la comptabilité ou la finance. Une situation particulière pour Arman : « Je ne suis pas très religieux, mais j’essaie toujours de rester respectueux envers ceux qui ont la foi ».
This is custom heading element
C’était en 2015 et Arman a parcouru du chemin depuis tout ce temps. Tout d’abord en faisant face aux rumeurs lorsqu’il jouait en Norvège et où il s’était « simplement dit que si quelqu’un me demandait directement, je lui confirmerais que je suis gay». Puis ce passage en Caroline du Sud à Anderson avant de changer d’université pour aller à Boomfield College (New Jersey) sans que cela ait à voir avec son coming out.
Ces expériences lui ont permis d’être plus confiant trois ans plus tard : « Je suis désormais plus décontracté pour en parler maintenant. Je leur dis d’une manière humoristique plutôt que sérieuse, c’est plus amusant pour moi ».
Il n’a aujourd’hui que des bons mots envers tous ses coéquipiers qui ne le traitent pas différemment : « Nous plaisantons parfois à propos de ma sexualité à l’entraînement et je participe à tout cela, car c’est amusant. Ce n’est pas méchant et ça montre justement que je suis traité d’égal à égal parce que tout le monde blague sur ce type de sujet ».
L’histoire d’Arman est admirable en plus d’un point et nous prouve que l’acceptation des autres n’est pas une histoire de contexte, de religion ou de sport. Même si on entend plus souvent le genre de récit négatif, d’athlètes frustrés de ne pouvoir librement s’exprimer sans conséquence négative, il nous apparait important de nous faire le relais d’Arman Bashiri qui nous prouve qu’une autre voie est possible. On lui laisse forcément la conclusion.
« Je me sens chanceux d’avoir eu autant de soutien partout où j’ai pu jouer. Chaque fois que les gens me demandent ce que ça fait d’être gay dans une équipe de foot où comment mes coéquipiers pouvaient réagir à cela, je leur dis que le résultat dépend de ce que vous faites. Même dans les moments où je pouvais être mal à l’aise de parler de mon homosexualité, je me lançais complètement en essayant de rendre mon coming out le plus décontracté possible afin que les gens puissent comprendre que ce n’est pas si important que ça.
J’ai bien sûr entendu des gens parler d’homophobie dans le sport, mais je n’en ai jamais fait l’expérience. Peut-être que j’ai été chanceux, mais peu importe je suis content de la façon dont j’ai géré tout ça. Je n’aurais pas été la même personne qu’aujourd’hui si j’avais fait les choses différemment.
Une fois que vous aurez franchi ces obstacles vous aussi, les choses commenceront à aller mieux. Si vous avez besoin d’en parler, trouvez les bonnes personnes qui pourront vous aider dans la démarche ».
Son récit entièrement traduit est à retrouver dans quelques jours sur Sans Filtre.