A la bagarre pour le haut de tableau en Ligue Butagaz Energie, avec des objectifs de se qualifier pour une coupe d’Europe, le Nantes Atlantique Handball est un club qui a grandi à la vitesse grand V. Montées en LFH, en 2013, les Nantaises possèdent désormais un effectif étoffé. La coupe d’Europe, elles y sont en plein dedans, avec un match retour prévu demain à 14h à Nantes, contre Zvezda, en coupe EHF. Pour “défendre” un avantage de 4 buts acquis à l’aller (29-33). Et se qualifier pour le premier final 4 de son histoire dans la “C2”. En attendant ce gros match, plongez au sein du club Nantais. C’est Romuald Notari, directeur sportif et Pierre Peltier, responsable du développement, deux hommes forts de la structuration du projet Nantais, qui nous parle d’une des places fortes du handball féminin français.
Crédit : Stéphane Pillaud (Pour la Ligue Butagaz Energie)
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LA COUPE D’EUROPE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UN APPRENTISSAGE POUR NANTES ATLANTIQUE HANDBALL
Prise de parole de Romuald Notari :
Quand on joue une coupe, et une coupe d’Europe, l’objectif est toujours d’aller le plus loin possible. Ce sont des matchs qui ont une saveur particulière, des matchs couperets où on doit tout donner. Si on perd, on est éliminés. Il y a eu certes une phase de groupes, mais ce ne sont que six matchs. Cela va vite, il suffit d’en perdre un ou deux pour être en difficulté. En plus, on a eu la désagréable surprise d’avoir eu un match perdu sur tapis vert*. Cet objectif, il vient également au fil des matchs qu’on remporte et de notre avancée dans la compétition. On veut aller au Final 4 et on verra ce qu’on en fera. Ce qui est sûr, c’est que cela crée de belles histoires dans un groupe.
Cela peut être considéré comme un apprentissage pour le Nantes Atlantique Handball. L’évolution du club passe automatiquement par une expérience acquise. Cela peut multiplier notre apprentissage, en jouant d’autres équipes, d’autres nations, d’autres cultures. Cela amène des apprentissages techniques et tactiques, avec également une gestion des voyages longs, surtout en cette période de Covid. Ce sont des choses intéressantes pour la vie du groupe.
ON NE MAÎTRISE PAS LA PHYSIONOMIE D’UN MATCH, MAIS ON MAÎTRISE LA RÉCUPÉRATION
Le tout est de savoir également switcher avec le championnat. Après deux défaites en Ligue Butagaz Énergie, la coupe d’Europe permet de se relancer et d’avoir des matchs pour garder du rythme. C’est un apprentissage de savoir switcher. On va enchaîner un second match de coupe d’Europe, puis de la coupe de France avant de réattaquer le championnat. On ne peut jamais anticiper la physionomie d’un match ! Evidemment, j’espère pouvoir mener de 10-15 buts dimanche et faire tourner et souffler. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut prévoir à l’avance, donc on ne peut pas anticiper les rotations.
Mais, en revanche, on maîtrise la récupération. On adapte les voyages, on a fait le choix d’engager plus de frais, pour éviter d’ arriver dans la nuit, la veille de match. On a vu des équipes ici, partir à 3 heures du matin, veille de match et arriver à 22 heures. Il faut maîtriser l’aspect physique, en s’adaptant. Cela permet de mettre un petit rappel aux joueuses, en appuyant sur le fait qu’on leur optimise tous les à-côtés, sur la récupération, cryothérapie, kiné, massages. Les entraîneurs, à certains moments, font également plus de qualité que de quantité ! Après, la récupération est toujours meilleure quand on gagne.
METZ ET BREST SONT AU DESSUS DU NANTES ATLANTIQUE HANDBALL
Nous avons eu 14 matchs, entre janvier et février, un petit marathon. Mais vu qu’on gagnait, on récupérait bien. A partir du moment où on a eu ce coup de moins bien, on a payé l’addition contre Chambray et Besançon. On a mal joué et en face on est tombé sur deux équipes qui ont fait un gros match. Mais c’est tombé sur cet aspect de récupération. Les Play-Off sont très homogènes. Pour moi, c’est comme une coupe, avec des rencontres serrées. Il y avait très peu de points d’écart et il suffit de perdre deux matchs pour s’écrouler au classement.
Mais, il suffit d’en gagner deux pour vite remonter. Il y a deux équipes, il faut le dire, d’un bon niveau, avec Metz et Brest. Deux formations de qualité et qui sont au-dessus. On a sept matchs, avec une équipe en pôle et une dauphine juste à côté, loin devant. Cela veut dire qu’on n’a pas trop le droit à l’erreur. Le niveau est homogène, mais avec deux très belles équipes. Metz parvient, depuis tant d’années, à rester au plus haut niveau et Brest, très humble, qui est une équipe qui bosse beaucoup. On se doit de respecter ces deux équipes.
ETRE STABLE ET GRAPILLER DERRIÈRE
Pour les rattraper, il faut avoir un groupe stable, prendre de l’expérience. Pour revenir à la coupe d’Europe, il faut aller au final 4. Evidemment, je serai ravi qu’on gagne la coupe d’Europe. Mais il faut être raisonnable, car on peut se retrouver avec des équipes qui l’ont gagné deux ou trois fois. Il faudra y aller avec beaucoup d’humilité. Mais ces matchs vont nous faire grandir. Le sport est basé sur l’expérience. Il faut aussi de la stabilité et au fur et à mesure, on y mettra des ingrédients, au niveau sportif, pour améliorer certaines conditions et améliorer le groupe.
Déjà être stable c’est pas mal, on verra comment on grapille. Mais, devant nous, des équipes comme Metz et Brest sont au-dessus et il y a pas mal de respect à avoir pour ce qu’ils ont construits et le temps qu’il a fallu pour le faire. Il faut du temps pour se construire. Après, si les titres doivent arriver plus tôt que prévus, on ne s’en plaindra pas non plus ! D’ailleurs, on aimerait avoir rapidement un titre. Cela amène la notoriété sportive qui peut attirer les joueuses. Mais, stabilisons les choses et le reste viendra, j’en suis persuadé !
Prise de parole de Pierre Peltier
LA FORMATION EST DANS L’ADN DU NANTES ATLANTIQUE HANDBALL
L’arrivée du groupe Réalités, au sein du club, se fait dans leur logique stratégique. Ils sont passés en entreprise à missions* depuis le début de l’année. Avec des valeurs fortes comme être utile au territoire et développer celui-ci, chose dans l’ADN de l’entreprise depuis le début. Ca l’est de façon officielle maintenant. Développer le Nantes Atlantique Handball fait partie du développement du territoire et vient prouver leur engagement. Cela se traduit par un apport de savoir-faire, sur la partie corporate et marketing/commercial. On aura un appui financier, même si on ne doublera pas le budget demain. Dans cette période compliquée, cela nous permet de travailler sereinement.
Prise de parole de Romuald Notari
Notre centre de formation est performant. La formation est dans l’ADN du club. Nous sommes un club jeune* mais la formation y est déjà inscrite dans l’ADN, ce qui facilite les choses. Tous les clubs misent sur la formation, car il y a un aspect certes financier, mais surtout l’aspect de former des personnes qui vont être dans le moule des valeurs qu’on souhaite et dans l’esprit qu’on souhaite. Pour garder la même âme. Car il faut savoir recruter des joueuses de très haut niveau, des étrangères, mais sans perdre ses valeurs. La formation permet ce rattachement, primordial pour aller plus haut. Si tu oublies d’où tu viens, tu vas droit dans le mur et plus vite que tu ne le crois.
L’AME DU CLUB NE SE DEFINIT PAS, ELLE SE RESSENT
Prise de Parole de Pierre Peltier
Nous sommes en train de revoir toute l’identité et le positionnement du club. Les valeurs sont les valeurs de partage de sincérité et de travail. En mêlant ambition et humilité. Il y a des valeurs communes dans le monde de l’entreprise et celui du sport. Il faut arriver à véhiculer cela à nos plus jeunes licenciés, mais aussi auprès des entreprises qu’on va aller démarcher et de l’ensemble de l’environnement.
Prise de parole Romuald Notari
Les valeurs que peuvent avoir les filles sur le terrain, si on prend une fille du centre de formation, qui intègre le groupe pro, elle va te parler d’abnégation. On leur demande toujours de ne rien lâcher. C’est compliqué de définir ce qu’est l’âme d’un club, de mettre un mot dessus. Car c’est quelque chose qu’on ressent. Je suis assez “neuf” dans ce club, présent depuis deux ans, mais je ressens cette âme, mais sans arriver à mettre des mots dessus. C’est un effet de groupe, une solidarité qui se met en place. On le voit, quand il y a de très bonnes joueuses au club, elles rentrent dans le moule collectif.
NANTES ATLANTIQUE HANDBALL : UN “10” MAJEUR DANGEREUX PARTOUT
Je vais prendre l’exemple de Bruna De Paula, qui est une top joueuse, extraordinaire sur le terrain. On voit qu’elle a évolué collectivement dans son jeu, pour s’inscrire dans un processus plus collectif. On entend souvent dire : “Bruna nous a habituée à distiller les caviars”. Mais les gens ne voient pas les caviars en passe qu’elle peut nous faire. Je trouve qu’on est dur avec Bruna. Elle nous gratte des ballons, elle fait jouer les autres, elle fait des choses qu’elle ne faisait pas avant. Elle s’est adaptée à cette âme de jeu collectif. Il faut être dedans pour le ressentir. On peut aller taper sur internet : “10 valeurs de sport” et les déblatérer. Mais cela ne servira à rien. L’essentiel c’est que les joueuses ressentent le truc sur le terrain.
Les coachs aimeraient ont une équipe dangereuse partout. Notre équipe, avec le 8-9-10 majeur, on s’aperçoit que c’est dangereux partout. Quand on prend Nathalie, Blandine à droite c’est dangereux, Orlane et Camille idem, Lotte et Béa en demi-centre. On y ajoute une fille comme Bruna où Déborah à gauche. Manon et Dyénaba idem. Les gardiennes, on en enlève une, l’autre fait un grand match. Cet équilibre collectif est notre force. L’équilibre d’une équipe idéale, c’est 1/3 formées au club, 1/3 de tiers de formées en France et 1/3 d’étrangères. D’où l’importance de l’âme et de garder les valeurs, tout en montant les marches.
Prise de parole de Pierre Peltier
AXER LE DÉVELOPPEMENT SUR LE FAIT QUE LES ENTREPRISES VONT PASSER UN BON MOMENT LORS DES MATCHS
On est un club récent qui se structure depuis pas longtemps. Ce n’est pas facile d’exister médiatiquement dans une ville comme Nantes. La concurrence est rude, mais l’avantage qu’on a sur Nantes, c’est que le marché des partenaires et le grand public sont éduqués et ont l’habitude de recevoir des offres de partenariat et pour aller voir les matchs. Pour exister, il faut se démarquer et proposer quelque chose de différent. Une identité forte et un positionnement clair, en ayant des prestations innovantes. Sur la forme et sur le fond. Si on copie ce que font les autres, on n’arrivera pas à s’en sortir.
L’innovation passe par notre identité qu’on veut affirmer un peu plus fortement, sur le territoire. Cela peut passer par des prestations innovantes. On parle souvent de “fan-expérience”, mais cela reste abstrait. Il faut axer le développement sur le fait que les entreprises vont passer un bon moment sur les matchs. On garde virtuellement contact avec les partenaires. Mais quand ils sont déjà en visio toute la journée, le soir, ils n’ont pas envie de faire une nouvelle visio avec le Nantes Atlantique Handball. On fait des petits rendez-vous avec les commerciaux, pour avoir ces temps-forts. Il faut imaginer de nouveaux temps-forts dans les prochains mois, sur des aspects de proximité et de convivialité.
LA PRESSE RELAIE BIEN LE NANTES ATLANTIQUE HANDBALL
En terme de visibilité, on a diffusé tous les matchs, via notre page Facebook. Des matchs plutôt bien suivis. Les partenaires ont pu avoir de la visibilité, mais n’ont pu avoir la proximité. On va leur proposer cette proximité, mais pas autour d’un match de handball. Des évènements extérieurs qui vont se tenir à partir du mois de juin. En espérant que les conditions sanitaires s’améliorent. On n’est pas le club le plus médiatique que Nantes, loin de là, mais on fait petit à petit notre place dans le paysage. On a de bonnes relations avec les journalistes, qui sont plutôt réactifs quand on les sollicite et intéressés par ce qu’on met en place.
ETRE SEXY POUR POUVOIR VENDRE NOTRE CHAMPIONNAT
Le développement du sport féminin est un argument de vente. Les résultats de l’équipe de France nous aident forcément à la promotion du handball féminin. Nantes est une terre de handball, avec le H. Les Équipes de France viennent de temps en temps, on a accueilli des compétitions internationales de hand ! Le public a l’habitude de voir du hand. Il ne faut pas uniquement se reposer sur la fédération, car c’est aussi le rôle des clubs de professionnaliser le handball dans sa globalité et le rendre plus sexy et attractif. On n’a pas de droits télé, mais les clubs ne se reposent pas sur leurs lauriers, on prend le taureau par les cornes pour nous diffuser nous mêmes. Cela coûte de l’argent mais c’est un investissement sur l’avenir.
On peut attirer de nouvelles personnes, permettre à des gens qui ne sont pas sur Nantes de regarder les matchs. On se pose la question de poursuivre la diffusion des matchs l’année prochaine. L’argument de dire qu’il y aura moins de monde dans la salle, si on diffuse, est faux. Tant que le produit ne sera pas assez sexy pour être télévisuel, au niveau graphique et d’animation, ce sera compliqué d’aller voir les grandes chaînes, qui ont l’habitude de voir de la Jeep Elite (par exemple), qui a une homogénéité dans les salles, avec un cahier des charges assez strict, au niveau de la Ligue. Pour le bien des clubs, car ils ont réussi à vendre leur diffusion auprès de la chaîne l’Equipe, avec des retombées niveau droit télé !
Le Nantes Atlantique Handball n’a pas encore d’activités annexes à celles sportives, mais ce sont des projets auxquels nous sommes en train de réfléchir pour nous diversifier. Et aller chercher des ressources ailleurs. Ce ne sont que des pistes, mais nous attendons un peu avant de communiquer. Le nouveau projet club est en place depuis le mois de janvier, nous serons ravis d’en reparler quand ce sera mis en place.
Prise de parole Romuald Notari
NE PAS CROIRE QUE L’ARGENT FAIT TOUT, IL Y A DU TRAVAIL DERRIÈRE LA RÉUSSITE
Si on arrive à tout mettre en place, qu’on franchisse les étapes, qu’on glane des titres, cela va nous amener vers le haut. On est en train de semer des graines dans tous les secteurs et on espère arriver à titiller davantage le haut du panier. Mais il faut avoir de l’humilité et je me vois mal dire que, dans trois ans, on sera champion. Ce n’est pas mon mode de fonctionnement. Mais ma conviction, c’est que si on continue à faire cela, un jour on arrivera à avoir ces titres. Mais un titre est une résultante d’un travail en amont. Cela ne vient pas du ciel. On a des exemples économiques, où le Qatar a mis de l’argent.
J’ai travaillé au PSG et il ne faut pas croire que l’argent fait tout. Nous avions beaucoup travaillé et nous n’étions pas juste là pour prendre notre tenue. On avait travaillé sur la formation. Ils ont eu des titres et on a formé treize joueurs pro dont six qui sont encore à Paris. On peut mettre autant d’argent qu’on veut, s’il n’y a pas de travail, on n’arrivera à rien. Peut-être qu’avec Nantes, il y aura des moments où on se plantera, mais je suis persuadé qu’on pourra titiller les grosses équipes. Mais il y a du boulot en amont.
PIERRE PELTIER & ROMUALD NOTARI NANTES ATLANTIQUE HANDBALL
*Le 14 février, les Nantaises se sont vues notifier de leur défaite sur tapis vert (0-10) contre Lada Togliatti.
*La loi Pacte introduit la qualité de société à mission permettant à une entreprise de déclarer sa raison d’être à travers plusieurs objectifs sociaux et environnementaux.
*Le Nantes Atlantique Handball a été fondé en 1998