Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.
Maxime Beaumont, vice-champion olympique à Rio 2016, vous fait découvrir dans cette première partie sa passion pour le kayak en ligne et les exigences de sa discipline.
Ma grand-mère m’emmenait tous les étés à la plage de Boulogne-sur-Mer. C’est elle qui nous gardait avec ma sœur vu que mes parents travaillaient. C’était son passe-temps favori et c’est devenu le nôtre. J’étais assez actif, avec un copain on s’ennuyait un peu et un jour et il y avait une extension du club (un local sur la plage) qui proposait du Kayak de mer. On a voulu tenter, ça nous a tout de suite plu. La mère de mon copain était prof d’EPS et connaissait bien le club de la ville, on s’est donc inscrit. L’ambiance était géniale et au fil des années je me suis pris au jeu.
Mes premières compétitions étaient encourageantes, c’est ce qui m’a motivé pour continuer et ça fait maintenant 27 ans que j’en fais.
J’ai essayé d’autres sports comme le football, l’équitation ou la gymnastique, mais c’était dans le kayak que je me plaisais le plus et que je réussissais le mieux. J’ai aimé l’ambiance du club dans un premier temps, puis j’ai commencé à remporter des courses et aujourd’hui, j’aime repousser mes limites et sentir la glisse du bateau.
Il y a une figure locale du Kayak à Boulogne en la personne de Didier Hoyer qui a deux médailles de bronze aux Jeux Olympiques de 1984 et 1992. J’ai commencé le kayak un an avant sa deuxième médaille, donc je suivais les JO de Barcelone avec beaucoup d’admiration et il était un exemple pour tous les licenciés de mon club.
DEVENIR UN CHAMPION
Je regardais aussi d’autres sports et je m’inspirais de Ladji Doucouré par exemple, j’aimais beaucoup sa façon de penser. Je me souviens d’une compétition où il avait terminé dernier de la finale. Au moment de l’interview d’après-course, le journaliste lui fait remarquer qu’il était deuxième tout au long de la course, et qu’il avait un peu dévié sur la fin en prenant des risques qui l’ont fait terminer dernier alors qu’il aurait pu assurer cette deuxième place. Ladji avait répondu “moi la médaille d’argent ça ne m’intéresse pas, c’est la médaille d’or que je veux. Je suis prêt à prendre des risques pour la gagner quitte à ce que ça ne fonctionne pas“. J’ai adoré cette mentalité, malheureusement je collectionne les médailles d’argents de mon côté, ce n’est pas faute de tout donner pourtant.
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J’ai toujours eu ce rêve de devenir un des champions de ma discipline, mais je pense qu’au départ je ne prenais pas conscience de ce qu’il fallait faire pour y arriver. Ça s’est fait au fur et à mesure. C’est à partir du moment où je suis arrivé en équipe de France, après ma première finale mondiale que j’ai pu me dire que mon objectif était réalisable. J’ai alors commencé à réfléchir sur ce qu’il fallait vraiment faire et mettre en œuvre pour aller encore plus loin. Il y a eu vrai déclic avec un changement de mentalité, d’approche, et je me suis mis à fond. À chaque entraînement, je faisais une analyse pour voir ce que je pouvais améliorer, comment, en combien de temps et mes ambitions ont vraiment grandi. C’était en 2009, suite à une blessure qui m’avait empêché de m’entraîner pendant 3 mois que j’ai eu le temps de cogiter. J’ai d’ailleurs commencé à travailler avec un préparateur mental à partir de ce moment-là.
Après cette blessure, je reviens dès 2010 avec une finale mondiale en monoplace sur le K1 1000m. Dès 2011, je change pour le 200m en cours de saison et obtient une 4ème place aux mondiaux. Je réitère cette performance aux JO de Londres en 2012 et deviens vice-champion d’Europe.
Après quelques années, je deviens enfin numéro 1 français de ma catégorie (K-1 sur 200m) durant l’année 2012.
UNE PRÉPARATION SPÉCIFIQUE SUR TERRE ET SUR L’EAU
Nos entraînements sont assez diversifiés, nous avons plusieurs facteurs qui rentrent en compte, avec forcément de grosses séances physiques par le biais de la musculation. L’aérobie a une place importante avec des exercices sur le kayak via un coup de pagaie assez lent pendant longtemps pour maîtriser au mieux la technique.
La technique de Maxime Beaumont (c) Canoe & Kayak
Au niveau du régime alimentaire, le mien n’est pas hyper strict. On pourrait le penser, car c’est une discipline où il faut être affuté physiquement, mais il n’y a pas de catégorie de poids, c’est un sport porté. Le bateau est donc dans l’eau et les formes du bateau sont adaptées au poids des personnes, donc il n’y a pas d’impacts négatifs. Il faut juste avoir un rapport poids/puissance adapté. Il faut quand même minimiser bien sur le surplus comme le gras, mais par exemple l’hiver ce n’est pas un souci d’en avoir un peu pour tomber malade moins souvent, ou travailler en musculation avec un poids de corps plus lourd et ce sera donc à l’approche des compétitions que l’on commencera le travail de sèche.
J’ai collaboré 8 ans avec mon coach, François During, avec qui j’ai grandi et beaucoup appris. Notre relation a toujours été bonne. C’est important pour avancer d’être en osmose avec les personnes qui nous entourent, et c’est vrai qu’avec François nous avions une très bonne complémentarité et je suis très satisfait de notre longue expérience commune. Au bout de tant d’années, ça peut être bénéfique d’avoir un nouveau regard, une nouvelle approche. Nous travaillons toujours ensemble (il est aujourd’hui entraîneur de l’Equipe de France), mais il n’est plus mon coach principal.
Un des paramètres qu’on doit également prendre en compte dans notre quotidien est le fait que nous n’avons pas un statut professionnel. J’ai le statut de sportif de haut niveau et je travaille à côté. Je suis en poste à l’INSEP, j’intervenais les années précédentes dans des missions avec ma fédération, ce qui est avantageux pour arranger mon emploi du temps avec l’entraînement. Maintenant je vais être professeur de sport, je viens d’obtenir mon diplôme récemment.
LES JEUX OLYMPIQUES, UN RÊVE
J’ai découvert les Jeux Olympiques de l’intérieur à Londres en 2012 en décrochant la 4ème place. Même si j’étais passé tout près d’une médaille, j’étais vraiment heureux de ma prestation. Si on m’avait dit quelques années plus tôt que j’allais avoir ce résultat, j’aurais signé tout de suite.
En revanche en 2016…