JO Judo. Cinq ans après sa défaite en finale aux Jeux Olympiques de Rio, Clarisse Agbegnenou a remporté la médaille d’or à Tokyo. L’aboutissement de sa carrière.
Elle en était si persuadée qu’elle avait emmené tout le monde avec elle dans son rêve. Complètement changée, en 2016, par son revers en finale du tournoi olympique de Rio, Clarisse Agbegnenou a, pendant cinq ans, préparé l’échéance tokyoïte, en marquant à chaque fois les esprits. Un parcours sans embûches ou presque, fait de trois titres de championne du monde de rang (2017, 18, 19), d’un cinquième au passage cette année et de trois médailles d’or européennes. Elle était déjà rentrée dans l’histoire, mais la sienne n’était pas écrite jusqu’au bout.
JO Judo – Agbegnenou, un parcours sans embûches
Ce devaient donc être ses Jeux Olympiques. Ils l’ont été d’entrée, puisqu’elle fut désignée par l’ensemble des fédérations sportives françaises comme co-porte drapeau en compagnie de Samir Aït-Saïd. Clarisse défilait, sourire aux lèvres, dans le stade olympique de Tokyo, il y a cinq jours. Le drapeau bleu, blanc, rouge, trônait au-dessus de sa tête, comme un signe de ce qui allait enfin arriver aujourd’hui. Elle a tant attendu cette échéance, celle pour laquelle elle vivait. Le report des Jeux Olympiques l’avait minée, quatre années étaient déjà de trop. Agbegnenou mit un certain temps avant de se remettre à fond dans sa quête d’or.
Aujourd’hui, tout était un peu fait pour qu’elle brille. Elle bénéficiait d’un tirage abordable, qui avait placé dans la partie de tableau opposée sa tombeuse de Rio Tina Trstenjak, et la japonaise Miha Tashiro, qu’elle avait battu deux fois en finale mondiale. Dès les 8es, Clarisse Agbegnenou prouvait qu’elle avait fait le Tournoi dans sa tête 500 fois déjà, et qu’on ne pourrait pas la voir autre part que sur la plus haute marche. Vingt secondes passées sur le tatami contre Billiet, puis une adversité plus relevée contre Franssen balayée par un wazaari. En demie, idem pour la canadienne Beauchemin-Pinard, qui passe à la trappe.
Une finale tant attendue
Et, puisque rien ne pouvait séparer leurs destins, la légende du judo français affronta en finale celle qui la fit tomber à Rio, certes, mais qui contribua à lancer le mythe Agbegnenou. Tina Trstenjak a tout fait pour déstabiliser la tricolore, elle l’a longtemps perturbé. La slovène croyait elle aussi en sa bonne étoile, même si ses attaques n’étaient pas dangereuses. Elle se fit d’ailleurs pénaliser à deux reprises, ce qui redonna confiance à Clarisse Agbegnenou. Dans le golden-score, la licenciée du Red Star Club de Champigny-sur-Marne reprenait la manche de son adversaire et le dessus.
Puis il y eut ce dernier mouvement de jambe, un mouvement qui attendit cinq ans pour surgir. Trstenjak tombe au sol, Clarisse l’accompagne. L’arbitre valide le wazaari, c’est terminé. Et ce sont des images folles qui suivent. A même le sol, les deux combattantes se prennent dans les bras. Après le salut, elles font de même, Agbegnenou porte en triomphe son adversaire, celle qui lui a permis de grandir. Les larmes sont déjà montées, c’est alors le début d’une folle autre journée. Et celle-ci, jamais elle ne put l’imaginer avant. C’est ça, un destin unique.
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Mathéo RONDEAU