Jean-Baptiste Bruxelle : “Une magnifique génération jeune en France”

Double médaillé de bronze européen et mondial, Jean-Baptiste Bruxelle est l’un des porte-étendards de la belle génération en France.
France lancers

Double médaillé de bronze européen et mondial, Jean-Baptiste Bruxelle est l’un des porte-étendards de la belle génération en France. Il incarne aussi la nouvelle vague de lanceurs de marteau qui risque de se tirer la bourre pendant les années à venir. Il se confie sur ses deux médailles internationales, la future confrontation au niveau national. Jean-Baptiste Bruxelle espère également que ces médailles vont attirer la lumière sur lui et cette magnifique génération junior française, qui a brillé tout au long de l’été dans les grandes compétitions. Il évoque l’avenir, le lancer de marteau, une discipline qui lui est chère et qu’il ne voit pas quitter.

JEAN-BAPTISTE BRUXELLE – DAVANTAGE DÉÇU DES MONDIAUX QUE DES EUROPE

J’aurais directement signé en début de saison pour ces deux médailles. Mais j’aurais préféré que ce soit deux médailles d’or. Cependant, je m’en sors avec deux médailles internationales, ce qui est quelque chose de ouf ! C’est le rêve de tout athlète. Pour l’or, c’est d’un tout qu’il a manqué, que ce soit aux championnats d’Europe et aux mondiaux. Avec la pandémie, la saison a été très longue et j’ai sans doute manqué d’un peu de fraîcheur physique le jour J. Je n’arrivais pas à tenir les six essais à fond. Aux mondiaux, si j’avais réussi un gros jet au premier essai, je pense que personne n’aurait pu remonter. Mais là, je les ai un peu conduits à battre leur record en restant à leur portée. Ils sont repassés devant et je n’étais plus assez frais physiquement pour inverser la tendance.

Le championnat d’Europe était un peu différent. J’ai fait un concours de qualification très moyen, en me faisant une grosse frayeur. Psychologiquement, j’ai grillé beaucoup de jus. Je fais cage au premier essai d’échauffement, au deuxième, puis au premier et deuxième en compétition. Je passe ric-rac en finale en étant 10e. Finalement, je suis content d’avoir pu décrocher un podium, car j’ai réussi à faire la part des choses. Je suis davantage déçu des Mondiaux.

LES GENS COMMENCENT À SE DIRE : “TIENS, A AMIENS, IL Y A UN BON LANCEUR DE MARTEAU”

En comparaison à ma troisième place au FOJE (NDLR : Festival olympique de la jeunesse européenne), j’ai reçu bien plus de messages de félicitations. J’ai eu beaucoup plus de sollicitations. J’ai pu faire des rencontres, je suis invité à divers évènements. Il y a vraiment un cap de franchi, même si ce n’est pas encore à la hauteur d’un athlète professionnel. On sent qu’il y a des gens qui commencent à se dire : “Tiens, à Amiens il y a un bon lanceur de marteau, qui sort des résultats”. C’est le début du changement de statut.

J’arrive à une période où il y a une belle génération au marteau, après une période de trou. Il y a beaucoup de jeunes qui émergent, avec Yann Chaussinand, Paul Creuzevault, Hugo Tavernier, Wilfried Huet ou encore Earwin Abdou. Une génération qui va relever le niveau national du marteau. Chaque sélection et chaque médaille nationale sera dure à obtenir et il faudra se battre. C’est très important d’avoir de la concurrence nationale, pour se préparer au mieux aux diverses échéances internationales.

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JEAN-BAPTISTE BRUXELLE – IL FAUT METTRE DES CHOSES EN OEUVRE POUR ACCOMPAGNER AU MIEUX LES ATHLÈTES DE NOTRE GÉNÉRATION

Il y a également une belle génération d’athlètes de mon âge. On se parle tous. On cite l’exemple d’Erwann Konaté, que je connais depuis que je suis tout petit en éveil. Il est dans le même club et je suis super content de sa performance. Faire un record de France dans un grand championnat, ce n’est pas rien. Il n’est que junior 1 et j’espère qu’il pourra améliorer son record. Une fille comme Elise Russis a fait une très belle deuxième place ! Maële est constante depuis les FOJE et toujours présente en grand championnat. Un gars comme Anthony Ammirati est monstrueux. Même s’il est passé un peu à côté aux mondiaux, il avait répondu présent aux Europe. On est une génération intéressante. J’ajoute aussi Lenny Brisseault au javelot !

Il faut réussir à mettre les choses en œuvre, pour que cette génération soit performante dans les saisons à venir et au niveau international. Car c’est une autre histoire. Le problème de beaucoup, c’est qu’avec l’âge on doit faire des choix sur sa vie professionnelle. Si on est moins bien, en termes de performance. Le choix qui s’offre à nous est de parfois revenir dans le monde professionnel de façon plus classique, avec des heures pleines et d’abandonner le haut-niveau. En France, on a beaucoup de progrès à faire sur l’accompagnement des sportifs, sur la transition jeune sénior, pour faire en sorte qu’ils puissent continuer à performer sans se soucier du reste. Que cette génération puisse se retrouver dans les prochaines échéances.

JEAN-BAPTISTE BRUXELLE – ON NE POUVAIT PAS PRÉPARER À FOND EN MÊME TEMPS LES ÉLITES ET LES GRANDS CHAMPIONNATS

Lancer avec le poids sénior cette saison était quelque chose de voulu, que ce soit par moi ou mon coach. Il fallait aussi trouver des concours avec de la concurrence en France, où je ne partait pas favori, car sur les grands championnats, je ne partait pas favori. Je devais m’entraîner à me donner à 200% dans des concours où il fallait gratter une ou deux places par rapport à des favoris. C’est ce que j’ai pu retrouver au 7 kilos, où je n’étais pas du tout le favori au niveau national. Ce genre de compétitions m’ont permis de glaner de l’expérience. C’est dommage que cela ne se soit pas concrétisé aux mondiaux, où je n’arrive pas à repasser devant au dernier essai ! Cela reste bénéfique pour les années à venir.

La médaille aux France Elite n’est pas au niveau des deux autres. Je ne pouvais pas jouer sur tous les fronts. C’est-à-dire, préparer les Elites et préparer les Europe et les Mondes. On a fait le choix d’arriver à Angers, dans un moment où je n’étais pas prêt à faire de grosses performances, mais pour s’en servir comme une belle expérience. J’ai fait ce que je pouvais faire et je ramène une 3e place qui n’est pas trop mal. Mais cela reste frustrant, car la première et la deuxième place étaient accessibles si j’avais eu cette préparation. Mais c’était voulu ! Cette compétition a été utile.

JE CHARBONNE DANS MON COIN ET JE FAIS CE QUE J’AI A FAIRE

Je n’ai pas tellement de modèles et je prend un peu de tout le monde. Chaque lanceur à sa propre technique. Je peux m’identifier à certains lanceurs sur certains points, mais pas totalement sur un seul lanceur. Plus généralement, on peut s’identifier à des athlètes pas forcément lanceur de marteau. Je pense à Mélina Robert-Michon en France, qui est un modèle pour la plupart des lanceurs, pour la personne qu’elle représente et son palmarès. Un modèle, que ce soit technique et personnel, c’est différent et je prends de tout le monde.

Pour le moment, par rapport à un Quentin Bigot, je ne suis personne. Je fais mon bonhomme de chemin, avec mon coach et mon groupe. On s’entraîne dur, ils sont à fond derrière moi et je suis à fond derrière eux. J’évite de me comparer aux autres car je fais ce que j’aime faire et ce que j’ai envie de faire. Et on verra dans les années futures si le travail paye et si j’arrive à devenir numéro 1 Français ou numéro 1 mondial. En attendant je charbonne dans l’ombre et dans mon coin et je fais ce que j’ai à faire.

Lire aussi : Elise Russis – “Cette médaille est une revanche”

LA MÉDIATISATION DES LANCERS VA EN S’AMÉLIORANT

Je m’entraîne du lundi au samedi à raison de six fois par semaine. Avec trois séances de lancers et trois de musculation. La charge d’entraînement va surement augmenter dans les années futures. J’étais encore en catégorie jeune. Mais pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux séniors, il faudra augmenter la quantité de travail. Si je veux avoir ma place pour les J.O 2024, il faudra être meilleur qu’énormément de monde et donc travailler encore plus. Mais cela ne me fait pas peur. J’ai hâte de pouvoir faire ça ! Mais il faut jongler avec les études, je suis en DUT GEA ! J’ai des aménagements horaires, je peux quitter en fin d’après -midi pour aller à l’entraînement. On verra si on prévoit des choses pour la rentrée, je ne me projette pas trop et je verrai selon les besoins.

La médiatisation des lancers commence à vraiment changer. Athlé TV et les différentes plateformes ont changé les choses. On peut choisir ce qu’on va regarder et ceux qui veulent voir et soutiennent les lancers, peuvent en voir plus facilement. Chose impossible avant. Une compétition était filmée avec un seul point de vue. La course était filmée en priorité et on ne passait que les trois meilleurs jets en lancers et fin de l’histoire. L’ère des réseaux sociaux fait que les lanceurs ont leur communauté et sont capables de faire découvrir leur discipline. Cela va aller en s’améliorant et on est sur le bon fil. Même si c’est l’éternel débat, avec peu de lancers en Diamond League. Mettre du lancer en DL changerait la vision ? Personnellement, je trouve que les choses vont mieux et je ne pense pas qu’il y aura une régression.

JEAN-BAPTISTE BRUXELLE – JE NE ME VOIS PAS QUITTER LE MONDE DU MARTEAU

Un athlète comme Ryan Crouser a permis de médiatiser le lancer de poids. On sait qu’à chaque lancer, un record du monde est en danger. C’est spectaculaire et la télé veut du spectacle. Si on se retrouve sur un concours faible, on aura moins envie de les médiatiser. Le concours de marteau des JO était absolument monstrueux. J’étais en stage de préparation pour les mondiaux juniors. On était en train de vibrer devant ce concours magnifique. 4 lanceurs à plus de 80 m qui se disputent un podium, c’est exceptionnel. Il faudrait un lanceur qui ait une grosse communauté derrière lui, pour amener les médias à faire bouger les choses et filmer davantage le lancer.

Le lancer de marteau je le pratique depuis plus de 10 ans, c’est mon quotidien et c’est normal pour moi d’aller lancer ! C’est une passion et je suis heureux d’aller m’entraîner tous les soirs. L’athlétisme fait vivre des choses extraordinaires que les gens “normaux” ne peuvent pas vivre. On rencontre des gens d’autres pays lors des championnats du monde ou d’Europe, on représente son pays dans de grands évènements.

On représente également son club et sa ville. Je ne me vois pas arrêter le marteau et si je devais arrêter en tant qu’athlète, j’aimerais reprendre en tant que coach. Mais je ne compte pas arrêter de si tôt et encore moins quitter le milieu du marteau. J’ai découvert grâce à mon frère qui en faisait dans un petit club, où on faisait un peu de tout. Il faisait du poids et du disque et il a essayé le marteau en rencontrant mon coach, cela lui a plu. Je l’ai suivi et cela m’a plu aussi.

L’OBJECTIF DE TOUT ATHLÈTE EST DE POUVOIR VIVRE DE SA DISCIPLINE

Je suis membre du club “Somme 2024” créé par le comité départemental. C’est un mouvement qui soutient financièrement contre quelques tâches, comme promouvoir le sport dans notre département. Il y a également mon club et la FFA qui me soutiennent, mais cela s’arrête là. Je n’ai pas de sponsors privés, comme un équipementier. Ni d’entreprises locales. L’objectif de tout athlète est de pouvoir vivre de sa discipline. Après, au lancer, on sait que c’est plus difficile que d’autres disciplines, mais j’aimerais vivre de ma passion.

Faire les meilleurs résultats possibles en 2024, 2028, 2032 et plus si affinités. En attendant, on se débrouille comme cela et on verra dans les années futures. Mais j’aimerais être soutenu et me dire que je suis stable et que des personnes me soutiennent dans ma quête de performance. Mais il faut que ce soit gagnant pour les entreprises. Qu’on voit qui serait prêt à me suivre.

JEAN-BAPTISTE BRUXELLE

Avec Etienne GOURSAUD

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Considéré comme l'un des meilleurs joueurs dans le monde de CS : GO depuis maintenant 6 ans, Shox nous fait l'honneur de vous décrire un match compétitif du jeu. Avec sa vision de progamer, le joueur G2 eSports décrypte avec ses mots la préparation d'avant-match, certaines phases de jeu comme le pistol round ou la gestion des émotions et de celles de ses coéquipiers.