Juninho devrait quitter son poste de directeur sportif dans les prochains jours ou prochaines semaines. Jean-Michel Aulas a d’ailleurs tiré le bilan du passage de Brésilien au sein de la direction du club lyonnais. Alors, Juninho a-t-il raté son retour à l’OL ?
Juninho : une erreur de casting ?
Sur le papier, le recrutement de Juninho était une très bonne idée. Idole des supporters lyonnais, le Brésilien a marqué la plus belle période de l’histoire du club (entre 2001 et 2008). Son arrivée permettait de repartir sur un nouveau cycle après les derniers mois compliqués sous l’ère Bruno Génésio, et d’apaiser les tensions existantes entre le club et ses supporters.
L’ex-milieu offensif allait faire parler son réseau et apporter son expérience du championnat brésilien à l’OL. En 3 ans, ce ne sont pas moins de 7 joueurs brésiliens qui ont débarqué dans la ville rhodanienne, dont certains se sont révélés être de vraies pépites (Lucas Paqueta, Bruno Guimarães).
On ne peut pas dire que Juninho était une erreur de casting. Il avait certainement toutes les qualités requises pour devenir un bon directeur sportif, à l’image d’un Leonardo au Milan et au PSG.
L’erreur Sylvinho et les tensions avec Garcia !
Le coach brésilien est arrivé avec Juninho, avant le début de saison 2019/2020. Et on peut dire que son passage au club n’a pas été une franche réussite, puisque Sylvinho a été licencié après 4 mois seulement à la tête de l’équipe et 11 matchs disputés (27% de victoires). On peut dire que cet échec a fragilisé Juninho d’entrée de jeu.
Rudi Garcia a pris la succession de Sylvinho. Et là encore, l’histoire s’est mal finie pour Juninho, qui a été fortement critiqué par le coach français au moment des adieux. Garcia lui a reproché d’être trop envahissant : « Il y avait des dissensions dans ma relation avec Juni. […] Après 2 ou 3 victoires, en novembre, il ne venait plus me féliciter. J’ai découvert que quand les recrues brésiliennes ne jouaient pas, il n’était pas content. »
Si Juninho et Rudi Garcia ne s’entendaient pas… Le Brésilien entretiendrait également des relations compliquées avec Vincent Ponsot, le directeur du football. Un environnement compliqué à gérer pour Juninho, comme en atteste Jean-Michel Aulas : « Juni était fatigué, vous l’avez vu. Il n’était pas heureux, ça se sent. […] Tous les grands clubs ont une organisation avec plusieurs responsables : un entraîneur, un directeur général, un directeur du foot, un directeur sportif, un président… Tous ces gens en même temps, ça n’a pas fonctionné. »
Des résultats insatisfaisants…
La première saison de Juninho à l’OL était particulière : une « année Covid » ponctuée par l’arrêt du championnat de France après 28 journées. Cet arrêt prématuré a conduit le club lyonnais à manquer son ticket pour une Coupe d’Europe (terminant à la 7ème place) : ce qui était une première depuis 22 ans. Néanmoins, les Lyonnais ont réalisé leur plus beau parcours en Coupe d’Europe depuis 10 ans, se hissant jusqu’en demi-finale de la Ligue des Champions. Le tout en ayant battu la Juventus et Manchester City. Une première saison mitigée, mais encourageante.
La saison suivante a été décevante, puisque l’objectif d’amener le club en Ligue des Champions a encore été manqué. De peu, pour 2 points, mais il a été manqué. Le club termine 4ème et Rudi Garcia quitte le club.
Cette année, Peter Bosz est en difficulté : l’OL fait un début de saison catastrophique en pointant à la 13ème place seulement. Juninho est pointé du doigt et le directeur technique annonce qu’il quittera le club à la fin de la saison. Finalement, son départ se fera plus tôt que prévu, à la trêve hivernale. Les mauvais résultats du club ne sont pas dus qu’à Juninho : l’environnement de travail au sein du club lyonnais n’est pas toujours sain et l’organisation du club a également beaucoup changé ces dernières années.
Un talent pour attirer les joueurs !
Sous Juninho, toutes les recrues n’ont pas toujours été des franches réussites : on peut dire qu’il y a eu du bon et du moins bon. Mais dans l’ensemble, Juninho a tout de même ramené des très bons joueurs dans la ville rhodanienne, dont le meilleur exemple est Lucas Paqueta. Courtisé par plusieurs clubs européens, il s’est avéré être un véritable crack, qui pourra être assurément revendu pour une grosse somme dans les mercatos à venir. Karl-Toko Ekambi et Bruno Guimarães sont également des exemples de réussite.
De l’autre côté, Joachim Andersen (24 M), Jean Lucas (8 M) et Camilo (2 M) témoignent en revanche des erreurs de recrutement de Juninho.
Cette saison, Juni a fait venir plusieurs beaux noms du football européen : Jérôme Boateng, Emerson, Shaqiri… Si le Suisse a du mal à être performant, on ne peut pas dire que son arrivée n’a pas ravi les supporters. Juninho a ainsi de l’influence pour attirer les recrues au club, c’est indéniable. Et bien que le Brésilien quitte le navire, il laissera quoi qu’il arrive un bel héritage aux Lyonnais.
Pour finir, si Aulas a pu être sévère avec Juninho : « Peut-être que dans ce qui a été fait, le costume était un peu surdimensionné. », on ne peut pas dire que le passage du Brésilien ait été totalement catastrophique. Il s’est avéré décevant, surtout de par les résultats sportifs, qui n’ont pas été à la hauteur des moyens dont il avait à disposition. Néanmoins, l’OL dispose toujours d’un effectif de qualité et, même s’ils sont distancés en championnat, les Lyonnais peuvent toujours réaliser un bon coup en Europa League ! Enfin, il ne faut pas tout mettre sur le dos de Juninho, Jean-Michel Aulas est également responsable des erreurs de son club.
Nicolas PARANT
