L’homme fort de l’Équipe de France, à la tête des Bleus depuis 2012, traverse une période compliquée depuis le dernier Euro. Didier Deschamps doit gérer un groupe aux fortes individualités… Et les résultats ne sont pas pour apaiser la situation : la France a connu, face à l’Ukraine, son 5ème match nul consécutif… 2018 paraît aujourd’hui bien loin !
Des choix qui ne payent pas…
Deschamps a fait plusieurs choix forts, depuis le mois de mai 2021… Et beaucoup ne se sont pas avérés payants. Comme celui de placer Jules Koundé en latéral droit. Le défenseur du FC Séville n’est pas à l’aise à ce poste et Deschamps l’a testé à 3 reprises, pour 3 performances très insatisfaisantes.
L’un des choix ratés de Deschamps est le 3-4-1-2 testé face à la Suisse, en 1/8ème de finale de l’Euro. Ce système de jeu relevait plus du « bricolage » que d’autres choses… Aucune animation avec le ballon pendant 45 minutes, un Clément Lenglet très mauvais : cette mi-temps aura été catastrophique et n’était pas digne d’une équipe championne du monde en titre.
La gestion de certains joueurs et de certains conflits internes peut également poser question. Tout d’abord, sur le cas Karim Benzema, on peut penser que le retour du buteur du Real Madrid a été trop tardif… Ajouter un joueur d’un tel calibre dans un groupe, seulement 1 mois avant une compétition internationale, n’était peut-être pas la bonne décision. Un retour au mois de mars aurait été peut-être plus propice, afin de lui offrir un temps d’intégration et d’adaptabilité plus conséquent.
La non-sélection d’Olivier Giroud a été très surprenante. Le sélectionneur lui avait toujours fait confiance, même quand il était en manque de temps de jeu en Angleterre… Et désormais que le champion du monde s’est relancé en Italie, il n’est plus dans la liste. On peut se demander si son « conflit » avec Kylian Mbappé (concernant la relation sur le terrain entre les 2 joueurs) avant l’Euro n’est pas la raison de cette décision… Deschamps, en tout cas, n’avait pas soutenu son attaquant, en disant publiquement qu’il « n’avait pas à dire ça ». Le climat au sein de l’équipe ne serait donc plus aussi apaisé qu’en 2018.
Didier Deschamps tactiquement en manque d’inspiration ?
Didier Deschamps n’a plus de système de référence. Par le passé, le 4-3-3 était bien implanté au sein de l’Équipe de France… Ensuite, à partir de l’Euro 2016, Deschamps a opté pour un 4-2-3-1, offrant à Antoine Griezmann une liberté totale pour animer le jeu des Bleus. Avec ce système, l’Équipe de France a été sacrée championne du monde et vice-championne d’Europe.
Aujourd’hui, les choses ont changé et les Bleus ne surfent plus sur la dynamique de 2018. Antoine Griezmann, le meneur incontestable des Bleus entre 2016 et 2018, n’est plus que l’ombre de lui-même depuis son transfert au FC Barcelone. De plus, avec la montée en puissance de Kylian Mbappé et le retour de Karim Benzema en Equipe de France, le statut de Griezmann a totalement changé… Ce qui bouleverse l’équilibre de l’équipe et l’animation offensive.
Didier Deschamps a donc tenté beaucoup de choses différentes : le 4-3-3 avec Griezmann sur le côté droit a été un échec, le 4-4-2 n’a pas également été très convaincant… Seul le 4-2-3-1 avec Coman, Griezmann, Mbappé et Benzema a donné un peu de satisfaction. Ce système a été utilisé pendant la 2nde MT du 1/8ème de finale face à la Suisse. Et la France aura montré un plutôt beau visage pendant une vingtaine de minutes… Mais cela n’aura pas empêché les Bleus de se faire éliminer.
Pour le futur, une autre alternative au 4-2-3-1 serait le 4-4-2 en losange (ou 4-3-1-2). Ce système permettrait d’avoir un milieu à 3 solide avec Rabiot, Kanté et Pogba, tout en conservant un Griezmann dans une position axiale, derrière les attaquants, et un Kylian Mbappé en buteur, proche de Karim Benzema.
Didier Deschamps au cœur d’une guerre des égos ?
Kylian Mbappé, Karim Benzema, Antoine Griezmann… Gérer 3 attaquants de ce calibre n’est pas facile. On le sait, le joueur du PSG veut des responsabilités et Deschamps l’a également très bien compris. Pendant l’Euro (et encore aujourd’hui), le choix des tireurs de coup de pied arrêtés et la communication autour de cela est resté très flou… Et ce n’est pas anodin : peut-être que Deschamps ne souhaitait pas vexer ou fragiliser certains joueurs au fort statut.
Depuis quelques mois, on peut avoir l’impression que Didier Deschamps a perdu la main et qu’il a du mal à se faire respecter pleinement… Le refus de Kingsley Coman de sortir face à la Suisse, pendant l’Euro était peut-être révélateur de cette « perte d’autorité ». On espère pour Deschamps que cette mauvaise phase n’est que temporaire et que ce dernier parviendra à remobiliser ses troupes. Ce rassemblement du mois de septembre n’était pas un cadeau pour se relancer, puisque Deschamps a dû faire face à une vague de blessés (Upamecano, Kanté, Tolisso, Mbappé, L.Hernandez, Pavard, Dembélé, etc.).
En tout cas, le sélectionneur français est parti pour rester jusqu’à la prochaine Coupe du Monde, en 2022. Ses très bons résultats, depuis 9 ans, lui ont procuré une certaine immunité… Et il n’a pas encore épuisé tout son crédit. Malgré un Euro raté, Deschamps est intimement persuadé d’avoir les ressources nécessaires pour mener l’Équipe de France au sommet du monde, une seconde fois consécutive… Seul l’avenir nous dira si cette « période plus compliquée », comme Deschamps l’a caractérisé, cache un mal plus profond.
Nicolas PARANT