En parvenant à résister dans la difficulté à la concurrence, Remco Evenepoel a franchi un grand cap mental et peut gagner la Vuelta. Et s’affirme plus que jamais comme un champion
On a peut être été trop impatient autour de lui
On attendait beaucoup de Remco Evenepoel sur cette Vuelta. Authentique crack, capable d’humilier toute concurrence avec la fougue de ses démarrages, demandez à Nelson Powless, décroché dans la cote de la Redoute comme un cadet, lors du succès du Belge sur le dernier Liège Bastogne-Liège. Mais capable de craquantes inexpliquées, comme sur Tirreno-Adriatico relégué à plus de 4 minutes de Tadej Pogacar sur l’étape reine, malgré un gros début de saison.
On le sait, le Belge a des capacités physiques hors normes. Il l’a encore montré sur la Vuelta durant les dix premiers jours. Dès que la route s’élevait, le même scénario inlassable d’un Remco Evenepoel se portant devant, broyant toute concurrence, au train, comme s’il était une planète au dessus de coureurs. En face, certains champions d’exception comme Primoz Roglic, triple tenant du titre sur la Vuelta ! Mais incapable de suivre le prodige de 22 ans.
Mais un grand tour dure trois semaines et la seule référence qu’a Remco Evenepoel est le Giro 2021 non terminé, avec une préparation tronquée et les stigmates de sa terrible chute au tour de Lombardie en aout 2020. Là où la carrière voire la vie du coureur de la Quick-Step aurait pu s’arrêter au fond du ravi de la descente de Sormano. On a sans doute été très voire trop impatient autour de ce phénomène, qui nous a trop habitué à tout broyer. Nous faisant presque oublier que la défaite est bien plus récurrente que la victoire dans la carrière d’un cyclisme. Une impatience née d’incroyables promesses.
Le Remco Evenepoel de mars aurait perdu 5 minutes dans la Sierra Nevada
Mais Remco devait lui aussi prouver qu’il avait les épaules. Non pas dans l’écrasante domination dont il peut faire preuve. Mais dans la gestion des coups durs. Des coups dur, il n’en a pas manqué dans ce week-end andalou. Dans les deux Sierra, il a montré des limites. Mais il a montré un courage et une abnégation qu’on ne lui connaissait pas. Qu’il semble loin le Remco défaillant, prenant 4 minutes par Pogacar sur Tirreno. Surtout hier, dans la Sierra Nevada, on a vu un maillot rouge, montrant des limites, mais qui n’a pas hésité à prendre ses responsabilités, se portant seul en tête de son groupe pour limiter la casse sur Enric Mas qui a attaqué de loin. Un maillot rouge esseulé qui n’a pas tremblé quand la Jumbo Visma a enclenché au pied du col, dans les forts pourcentages.
Alors certes, il a perdu un peu de temps, contré par Primoz Roglic sur le final. Mais il a limité la casse. Il possède plus d’une minute trente sur le Slovène. Alors oui, Remco Evenepoel est encore loin d’avoir gagné la Vuelta. Mais en montrant de la résilience dans les moments difficiles, il s’est forgé une étoffe de vainqueur des plus grandes courses à étapes au monde. Et quelque soit ce résultat, rien ne pourra plus changer pour lui et ses concurrents, qui savent que Remco n’est pas qu’un feu de paille, capable d’incendier un peloton et de disparaitre trois jours après. Il est un champion taillé pour dévorer tout ce qui se présente sous ses roues.
Le message est clair !