Double tenant du titre sur la Vuelta, la suprématie de Primoz Roglic est plus que jamais menacée sur les routes espagnoles. Présentation.
Primoz Roglic peut rejoindre Tony Rominger et Roberto Héras
Double tenant du titre, mais à chaque fois contesté sur chacun de ses sacres, Primoz Roglic joue gros sur la Vuelta. Le seul Grand Tour que le Slovène a remporté dans sa carrière. Il peut entrer dans le cercle fermé des triples vainqueurs de la Vuelta. Pour rejoindre au palmarès Tony Rominger et Alberto Contador. Devancés par l’Espagnol Roberto Heras (4 fois vainqueur). Surtout, le leader de la Jumbo-Visma peut entrer dans le cercle très fermé des triples vainqueurs de rang, sur le Tour d’Espagne. Et de rejoindre au palmarès Tony Rominger (1992,92,94) et Roberto Heras (2003,04,05). La tâche est immense, mais cela permettrait de s’ancrer encore plus dans la légende, sur les routes espagnoles.
Une équipe solide mais pas la meilleure sur le plateau
Une nouvelle fois, Primoz Roglic s’avance sur la Vuelta avec une équipe solide autour de lui. Avec les grimpeurs Sepp Kuss, vainqueur d’étape sur la Grande Boucle cette année, mais aussi de solides coureurs comme Steven Kruijswijk, ancien 3e du Tour 2019, ou encore Lennard Hofstede. La Jumbo-Visma à fière allure sur le papier mais, contrairement à l’année 2020, marquée par la sur-domination des jaunes sur la Grande Boucle et la Vuelta, elle ne sera pas la meilleure équipe alignée sur cette course.
Comme sur le Tour de France, on est obligé de penser à l’armada Ineos. Après un échec assez important sur la Grande Boucle, malgré une troisième place de Richard Carapaz. “Richie” fraîchement champion olympique de la course en ligne, sera aligné au sein d’une équipe XXL. Avec comme probable leader Egan Bernal, vainqueur du Tour de France 2019 et qui a retrouvé ses jambes sur le Giro, cette année. Le jeune Colombien s’est rassuré, après une année 2020 très compliquée. Il sera accompagné par Adam Yates, 4e du Tour 2016, vainqueur du Tour de Catalogne, mais longtemps incapable de peser sur les courses de 3 semaines depuis sa 9e place sur le Giro 2017. Il a retrouvé des jambes sur le Tour 2020 (9e).
Gare à la Bahreïn
L’autre très grosse équipe à surveiller sera la Bahreïn-Victorius. Avec Mikel Landa, le grand déçu du Giro, contraint rapidement à l’abandon, alors qu’il semblait avoir de bonnes sensations. Il a gagné le Tour de Burgos la semaine dernière. Et sera épaulé par une véritable dream-team. Damiano Caruso, leader de remplacement de Landa sur le Tour d’Italie, brillant 2e et vainqueur d’étape sur les routes italiennes. Jack Haig, à l’aise dans le Dauphiné et qui a vu ses ambitions réduites à néant en Bretagne, sur les routes du Tour. Mais aussi Mark Padun, double vainqueur d’étape sur le Dauphiné et récent 3e du Tour de Burgos. A cela s’ajoute Gino Mader, le vainqueur d’étape sur le Giro et Wout Poels, qui s’est montré à son avantage sur le Tour de France.
Pourquoi la Vuelta lui réussit aussi bien ?
Beaucoup d’étapes punchy !
Primoz Roglic est un grand rouleur, un grand grimpeur mais aussi un coureur capable de briller sur de courtes ascensions, dans les forts pourcentages. Le vainqueur 2020 de Liège-Bastogne-Liège possède cette “giclette” qui fait la différence dans les raidards. Des profils d’étape qu’affectionnent mettre les organisateurs du Tour d’Espagne. Cette année, il y aura encore la 4e étape, vers Molina de Aragon, la 6e vers l’Alto de la Montana de Cullera, la 11e vers Valdepenas de Jaen, la 15e vers El Barraco et la 20e vers Castro de Herville. Or, la Vuelta peut se jouer à coup de bonifications, encore plus que les autres Grands Tours. La Vuelta 2020, qui a vu Primoz Roglic remporter son 2e succès en est la parfaite illustration. Le Slovène s’est imposé avec 24 secondes d’avances sur Richard Carapaz. Or, il a empoché 48” de bonifications, contre 16” pour l’Equatorien. On vous laisse faire le calcul…
Moins de pression que sur d’autres courses
Sans dénigrer le Tour d’Espagne, cette course est la moins prestigieuse parmi les trois grands tours. Surtout, il est (à minima) le second objectif de la saison d’un coureur, sauf si celui-ci était blessé auparavant. La pression y est moindre. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de jeunes découvrent leur premier GT à l’occasion de la Vuelta. On n’ira surtout pas dire que Primoz Roglic ne tient pas la pression, surtout à la vue de son immense palmarès, encore enrichi de l’or olympique sur le chrono. Mais, dans des courses exposées, comme le Tour, il a parfois montré des faiblesses.
Etienne GOURSAUD