Cris – Ex-Footballeur & Entraîneur
Défenseur : #Équipe du Brésil, Corinthians, Cruzeiro, Bayer Leverkusen, Olympique Lyonnais, Galatasaray, Grêmio, Vasco da Gama #Vainqueur de la Copa America 2004, Champion du Brésil 1998 & 2003, Vainqueur de la Coupe du Brésil 1995 & 2000 & 2003, Champion de France 2005, 2006, 2007 & 2008, Vainqueur de la Coupe de France 2008 & 2012
Crédits Photos : Léo Calistri photography
7 min de lecture
L’OL représente ma réussite en Europe, c’était les bonnes années du club et de ma carrière aussi. Certainement, les plus belles. Je connaissais le club par rapport à Juninho, à Edmilson, on était en équipe nationale ensemble, on en discutait, on parlait des clubs en Europe, des structures… Donc quand j’ai eu l’opportunité de signer je n’ai pas hésité.
Je m’intéresse d’ailleurs toujours à l’Olympique Lyonnais, savoir les nouveautés, tout ce qui se passe au club, j’ai été joueur puis entraîneur des jeunes au centre de formation, aujourd’hui quand je vois un joueur comme Maxence Caqueret (19 ans, milieu de terrain de l’OL) que je connais depuis ses 15 ans, ça fait plaisir de voir l’évolution de ce joueur. Même si je ne suis plus au club, je suis toujours le club.
Mais avant cela, j’ai d’abord connu une expérience difficile à Leverkusen (en 2003) mais elle m’a beaucoup servi afin de savoir comment les entraînements en Europe fonctionnent… Ensuite, quand je suis arrivé à l’OL, en 2004, c’était différent, il y avait une bonne ambiance, une joie, une cohésion dans le vestiaire, l’adaptation était plus facile. Quand j’arrive ici, à Lyon, c’était l’été alors qu’en Allemagne, c’était l’hiver, il faisait -10°C pour s’adapter rapidement c’était plus compliqué.
MA RELATION AVEC L’OLYMPIQUE LYONNAIS…
L’OL avait enchaîné 3 titres de Champion de France de suite, il y avait déjà une méthode, une philosophie qui gagnait, il fallait s’adapter aux nouveaux coéquipiers, au style de jeu pour rentrer dans les normes du club. Le club m’a accompagné au début puis c’était à moi de progresser, de m’adapter à l’effectif…
Mes trois meilleurs souvenirs à l’OL, c’est d’abord mon premier match contre Saint-Étienne, c’était un match qu’il ne fallait pas perdre, par rapport au derby, à l’histoire du club. Avant d’arriver à Lyon, Bernard Lacombe, alors conseiller de Jean-Michel Aulas, m’a dit, il y a un match qu’il ne faut pas perdre c’est contre Saint-Étienne, la pression elle est énorme.
Après il y a mon premier titre avec Lyon qui m’a soulagé, parce que ma mauvaise expérience en Allemagne m’a marqué, c’était un rêve de venir en Europe, jouer la Champions League… et ça n’a pas marché. A l’Olympique Lyonnais, mon premier titre c’était vraiment la libération. Le championnat, l’adaptation, j’ai fait beaucoup d’efforts pour m’adapter au pays, au club à la ville. Avec le titre, cela a finalement payé.
Ce qui m’a marqué également, c’est mon premier but contre Manchester United à Gerland (2-2) en Coupe d’Europe. C’était mon deuxième match avec le maillot de l’OL. Puis aussi, les matchs contre Saint-Étienne, j’ai joué 16 derbys, je n’ai jamais perdu. Bien sûr, il y a plein de souvenirs mais ce sont les plus marquants.
This is custom heading element
ET SES SUPPORTERS…
Moi, je remerciais toujours les supporters lyonnais, ils étaient toujours derrière moi, c’est pour ça qu’à chaque ballon, chaque duel, j’étais prêt à donner ce plaisir aux supporters, celui de défendre les couleurs du club. Je me souviens d’un moment amusant avec les supporters d’ailleurs. Pour la naissance de ma fille en 2005, il y avait une banderole des Bad Gones « Parabens Papa Cris » , Félicitations Papa Cris, en brésilien. J’étais à l’échauffement, ils commencent à crier mon nom, Juninho me dit « les supporters t’appellent, il y a un truc pour toi », je lui dis que je suis concentré puis je vois la banderole. En fait, Juninho était au courant, les supporters avaient demandé à Juninho comment on traduisait « Félicitations ». C’était un beau moment. A chaque matchs et entraînements ouverts, c’était super sympa de partager avec les supporters. Ils nous critiquaient quelques fois mais souvent ils étaient derrière nous. Aujourd’hui, dans le centre-ville de Lyon, je croise des supporters, il m’appelle « Policier », j’entends « Cris, Cris, Cris », ça fait toujours plaisir, c’est une forme de reconnaissance.
DE « POLICIER » À ENTRAÎNEUR
Ce n’est qu’à partir de 28/29 ans où j’ai commencé à m’intéresser aux entraînements, savoir ce qu’on allait préparer, ce que le coach faisait et disait. J’étais toujours attentif quand le coach parlait mais c’est qu’en fin de carrière où je me suis intéressé à la tactique offensive, défensive, le travail physique… Automatiquement, j’ai plus regardé comment les défenseurs travaillent ensemble, les appels des joueurs ainsi que les causeries des coachs, c’était très passionnant dans la motivation, l’ambiance…
A partir de 2014, j’ai commencé à passer le BEF (Brevet d’entraîneur de football) à Andrézieux-Bouthéon puis j’ai enchaîné avec le DES reconnu par l’UEFA, il me reste encore l’UEFA Pro (Brevet d’entraîneur professionnel de football).
J’ai eu la possibilité et le plaisir de travailler avec des grands entraîneurs brésiliens et français, par exemple, Gerard Houiller qui a été en sélection nationale également. Claude Puel qui lui aimait bien faire jouer les jeunes, j’ai connu Luxemborgo, passé par le Real Madrid et la sélection brésilienne, Luiz Felipe Scolari champion du monde en 2002. Chaque entraîneur a son profil et sa méthode, les points positifs et négatifs sont intéressants, il faut travailler, essayer et s’améliorer… Je me sers aussi de mon expérience en tant que joueur pour analyser les situations. Quand je suis sur le bord du terrain, j’ai des images qui me reviennent disant « fais-ça, ne fais pas ça ». Toutes les années passées sur le terrain, j’essaye de m’en servir et transférer cette expérience en tant qu’entraîneur.
Je suis d’abord un entraîneur toujours exigeant, la rigueur est importante. Même si j’étais un défenseur, je veux que les joueurs prennent du plaisir avec la responsabilité de jouer ensemble avec ou sans le ballon. Le plaisir est essentiel aujourd’hui pour l’évolution d’un club, la cohésion d’un groupe.
Le plus important, c’est le staff. Tu le choisis et il doit te comprendre et travailler avec toi. Avant, il y avait moins de personnes autour de l’entraîneur, c’était le coach qui était le patron. Aujourd’hui, tu n’es plus un entraîneur, mais un manager qui doit gérer son équipe mais surtout son staff. Le staff doit comprendre assez vite la manière dont le coach travaille. Dès fois, le coach n’a pas besoin de parler, c’est le staff qui va faire la séance, il va juste observer et arrêter l’entraînement quand il veut. Quand on voit les grands entraîneurs comme Guardiola, Klopp, ils ont une équipe derrière eux très solide.
MON EXPÉRIENCE AU CENTRE DE FORMATION LYONNAIS
Quand j’ai pris la décision de revenir en France pour faire la formation de coach, j’entraînais à l’Olympique Lyonnais avec les U15, U17, U19 puis la réserve (de 2014 à 2018), c’était très intéressant pour la transition joueur-entraîneur. Tu commences à comprendre le métier, gérer un vestiaire de 22/25 joueurs, les entraînements, la méthode, comment fidéliser les joueurs au projet sportif…
Mais à un moment, j’ai eu besoin de franchir un palier. J’ai vu qu’à l’Olympique Lyonnais, je n’aurais pas l’opportunité d’aller un peu plus loin car c’est un centre de formation et je n’avais pas le diplôme non plus pour entraîner en pro. J’étais un peu bloqué.
AUJOURD’HUI, J’ENTRAÎNE EN NATIONAL 2
Donc, j’ai décidé de partir, d’entraîner une équipe ailleurs, le Monts d’Or Anse Foot. Je peux travailler avec mon équipe pour le match du week-end, gérer le vestiaire, s’entraîner tous les jours avec tous les joueurs, gérer mon staff, prendre des décisions pour le recrutement. C’est différent par rapport au centre de formation.
Anthony Réveillère (ancien joueur de l’OL) fait partie également de la structure du club pour aider le président à faire monter le club à un bon niveau. Le MDA Foot peut progresser justement avec mon expérience et celle d’Anthony pour donner des idées au président (Jocelyn Fontanel).
Ce qui est intéressant c’est l’adaptation, on doit étudier le club regarder le budget puis à partir de là, on s’adapte. On ne peut pas demander au club de monter en Ligue 1 en trois ans. C’est un travail par étape. Le but cette année est de faire un bon championnat, se placer dans les 5 premiers, chose que le club n’arrive pas à faire depuis longtemps puis peut-être monter en National.
Le début de saison a été compliqué car le club a changé 17 joueurs à l’inter-saison, pour les automatismes cela prend du temps forcément. On savait la difficulté. Maintenant, je connais tous les joueurs et leurs qualités, comment ils peuvent jouer… Après, évidemment, on doit toujours aller plus loin, ce qui m’importe c’est le niveau de chaque joueur, les situations et les exercices que l’on met en place. On essaye d’augmenter la difficulté chaque semaine pour voir comment ils s’en sortent, c’est comme cela que l’on progresse.
Je ne suis pas un entraîneur qui va rester assis. Si je dois me battre pour mon équipe, je vais me battre, on va dire que je suis le 12e joueur sur le terrain, je suis très motivé jusqu’à la fin du match, j’aime entrer dans l’ambiance.
MES AMBITIONS ?
Si je dis non au fait d’entraîner un jour Lyon, je vais mentir après cela reste un projet à long terme car aujourd’hui je n’ai pas le diplôme qu’il faut. Moi je prends le temps, je vais travailler, je dois progresser encore. Ce n’est pas mon objectif à court terme, c’est du long terme.
Je pense que le métier d’entraîneur n’est pas évident. Dans chaque niveau, on a au maximum 20 places que ce soit en Ligue 1, Ligue 2 ou National. Ma carrière de joueur ne compte plus, je dois montrer mes qualités d’entraîneur. Le joueur a une vision étroite, l’entraîneur doit avoir une vision 360 et bien voir tous les petits détails qui font la différence. Donc, je prends mon temps, il ne faut pas griller des étapes.
Je suis toujours passionné de foot, cela me fait toujours plaisir de pouvoir parler de foot, d’échanger et désormais de passer mon expérience pour mes joueurs.
CRIS
Avec la participation de Jérémy Haumesser