Champion de France espoirs 2012 avec Le Mans SB, membre du All Stars France en 2019, Jean-Baptiste Maille a connu de très beaux moments dans sa carrière. Mais aussi des moments plus durs, comme une rupture des ligaments croisés du genou lors de son première entraînement avec le CSP Limoges. Le natif du Mans a cependant toujours su trouver la force de rebondir, pour aller plus loin encore dans ses objectifs.
Crédit : Simon Godet.
Le compte Instagram de Jean-Baptiste Maille
LE BASKET… ÇA S’EST FAIT NATURELLEMENT
Je suis tombé très tôt dans le basket. Comme je viens d’une famille de basketteurs, j’ai toujours fréquenté les terrains, notamment pour aller voir mes sœurs jouées en club.
Alors pour moi, le basket, ça s’est fait naturellement. J’ai commencé vers l’âge de 6 ans. Mes premières idoles dans ce sport étaient ma famille, parce que ce sont les premières personnes que j’ai vues jouer. Ensuite, en NBA, c’était Allen Iverson, Shaquille O’Neal et Kobe Bryant. En venant du Mans, j’aimais aussi beaucoup Shawnta Rogers, qui était vraiment la coqueluche de l’époque. Jeune, j’ai joué dans les 2 plus gros clubs de la ville, chez les garçons : le Mans SCM et la JALT Le Mans. C’est là que j’ai commencé à me perfectionner dans le basket.
J’ESPÈRE ÊTRE DIPLÔMÉ EN JUIN
A partir de la 5ème, j’étais en sport-étude, au Mans. Ensuite, j’ai intégré le pôle espoir de Nantes. Puis j’ai rejoint le centre de formation du MSB. Quand je suis arrivé à la fin de mes années lycée, j’étais toujours chez les espoirs au MSB. Alors en parallèle, j’ai fait des études pour obtenir un DUT GEA (Gestion des Entreprises et des Administrations). J’étais en présentiel quelquefois, je loupais environ 3-4 heures de cours par jour, que je tâchais de récupérer le plus rapidement possible. J’ai obtenu mon DUT au bout de 2 ans. J’ai eu un cursus normal, on va dire, malgré les absences.
Quand j’ai commencé ma carrière professionnelle, j’ai fait une école de commerce. D’ailleurs, cette année, je devrais avoir terminé mes études. J’ai fini mon mémoire et j’espère être diplômé en juin, si tout se passe bien. J’aime beaucoup le domaine de l’entreprenariat, ça me permet de garder un pied dans le monde du travail et ça m’ouvre l’esprit. Ça me fait voir autre chose que le basket. Depuis longtemps, je veux avoir un diplôme, alors ces études… c’est un vrai intérêt personnel.
JEAN-BAPTISTE MAILLE : “L’ÉQUIPE DE FRANCE… J’Y PENSE SANS Y PENSER“
Ma seule expérience avec l’équipe de France, c’est ma participation aux championnats d’Europe des -20 ans, en 2013 (avec notamment Alexandre Chassang et Vincent Poirier). C’est toujours un honneur de représenter son pays. Avoir ce maillot bleu, entendre la Marseillaise, pouvoir participer aux plus grandes compétitions internationales, c’est toujours intéressant… même en jeunes.
L’équipe de France A, j’y pense sans y penser. Quand on est joueur professionnel, on y pense forcément un peu… après il y a encore des marches que je dois monter, et je bosse dur tous les jours pour y accéder. Il y a de très bons joueurs à tous les postes, donc ça va être compliqué, mais je ne vais rien lâcher.
DESCENDRE POUR MIEUX REMONTER
Après ma première saison pro au Portel, j’étais à la recherche de plus de responsabilités. Je me suis posé beaucoup de questions sur mon choix de carrière ; je n’avais pas forcement les bonnes offres en Pro B qui me permettait d’avoir ce que je désirais. Donc je suis descendu en NM1 (1ère division nationale de Basket en France). J’ai intégré le Vendée Challans Basket, avec un coach que je connaissais depuis quelques années et qui m’a fait confiance. Ça m’a permis d’avoir plus de temps de jeu, plus de responsabilités et de rebondir après.
Mais l’objectif, quand je suis descendu en national, c’était clairement d’être bon pour remonter en pro directement. Et c’est ce qu’il s’est passé puisque, l’année d’après, j’ai retrouvé un club en Pro B avec Fos sur Mer.
J’AI BEAUCOUP APPRIS SUR MOI DURANT MA BLESSURE
Quand j’ai eu l’appel du CSP Limoges, je savais ce que ça représentait, je connais l’histoire de ce club. En plus de ça, c’était ma première saison en Pro A. Je m’attendais à autre chose que de me blesser lors du premier entraînement collectif. Avec une rupture des ligaments croisés… c’était une saison particulière pour moi. Mais il s’est passé ce qu’il s’est passé, et si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à cette expérience. Ça m’a fait grandir, tant sur le plan basket que sur le plan humain. J’ai appris beaucoup sur moi-même, l’année a été très enrichissante sur cet aspect-là. Du point de vue sportif, j’ai découvert la coupe d’Europe avec l’EuroCup ; on fait un top 16 et une demi-finale de play-offs. Donc voir des matchs de haut niveau, regarder s’entraîner les grands joueurs, ça fait forcement grandir et ça fait évoluer.
Durant cette année à Limoges, je n’ai pas pu être beaucoup sur le terrain, mais ça reste, même si c’est un peu bizarre à dire, une très bonne expérience. Le plus dur quand on sort d’une grosse blessure, c’est d’avoir confiance en la partie qui a été touchée. Personnellement, quand je suis revenu, je me sentais vraiment très bien physiquement. Je n’avais pas de gêne au niveau de mon genou. C’est grâce au travail de récupération qui a été très bon. J’ai beaucoup travaillé avec le kiné qui était là-bas, Xavier Dumélié, avec le préparateur physique qui est aujourd’hui assistant au SIG Strasbourg, Frank KHUN ; ou encore avec Yacine Aouadi. Je les remercie pour tout.
La blessure a duré 8 mois, donc j’avais faim de jouer. J’ai fait le choix de repartir en Pro B, à Rouen, avec un entraineur, Alexandre Ménard, que j’avais déjà côtoyé plus jeune. Mes choix de carrière… c’est un ensemble de plusieurs facteurs. Evidemment quand on choisit un club, il y a aussi la réalité du marché : j’étais dans une situation où je sortais quasiment d’une saison blanche, et celle que j’avais fait précédemment était en Pro B. Alors les clubs de première division ne se bousculait pas à la porte.
Le challenge de Rouen était très intéressant, le coach me proposait un projet vraiment sympa. Après un an sans jouer, tout ce qu’on veut, c’est mettre les pieds sur le terrain et pouvoir en profiter. On prend aussi conscience pendant les grosses blessures de la chance qu’on a d’être basketteur professionnel, de faire de sa passion son métier. Je voulais juste jouer et la proposition de Rouen a été parfaite pour moi. Ça m’a, là aussi, très bien réussi, parce qu’on fait une très bonne saison collective ; et individuellement, ça s’est bien passé pour moi.
UNE SATISFACTION DE VOIR QUE LE TRAVAIL PAYE
L’année avec le CCRB, c’était une bonne saison. Malheureusement, elle n’a pas pu se terminer avec la Covid, mais on a fait de très bons matchs : on ne prenait jamais des gros écarts, on était dans le Top 8 en coupe de France… On aurait pu, je pense, décrocher une place en play-offs au vu du calendrier qui nous attendait en fin de saison. J’ai un petit regret par rapport à ça. J’ai saisi l’opportunité que le CCRB m’a donnée, la chance qu’ils m’ont donnée et je leur en suis très reconnaissant. Ils m’ont fait confiance alors que j’arrivais de Pro B et j’espère leur avoir rendu cette confiance, que ce soit le coach, le club et tous mes coéquipiers.
C’était une saison globalement intéressante et satisfaisante avec ma sélection aux All Star Games France (12 meilleurs joueurs français de Pro A contre les 12 meilleurs joueurs étrangers) qui récompensait tout le travail que j’avais effectué depuis ces dernières années, et pas seulement l’année à Châlons-Reims Basket. C’est une vraie satisfaction de voir que le travail paye, même si je l’ai toujours su. Quand, en plus, on y met toute l’envie et tout le cœur qu’on a… forcément des bonnes choses arrivent ! Mon parcours, ces dernières années, m’a conforté dans cette idée-là.
JEAN BAPTISTE MAILLE : “LE MOT D’OR, C’EST « ADAPTATION »“
L’arrêt de la Jeep Elite et ce confinement, je ne l’ai pas mal vécu, car je suis un privilégié… je fais le métier que j’adore et je sais qu’il y a des personnes qui étaient en bien plus grandes difficultés. C’était une situation spéciale, ma copine travaillait dans les blocs de réanimation donc au quotidien, j’avais ses retours. J’ai pu m’entrainer à ma façon, après, la salle n’était pas disponible, et j’habite en appartement… donc on peut faire tout ce qu’on veut mais ça ne remplacera jamais cet aspect basket et compétition qu’il peut y avoir en temps normal.
On était en manque et on l’a été pendant de nombreux mois puisqu’on a repris qu’à partir de septembre. Même cette année, la saison est tronquée parce qu’on a un manque de visibilité sur le calendrier, on ne sait pas quand est-ce qu’on va jouer, ni comment. Donc c’est assez délicat mais tout ce qu’on peut faire en tant que joueur, c’est continuer à travailler et gagner des matchs. De l’autre côté, il y a des gens qui réfléchissent et qui décident pour nous. Le mot d’or, c’est « adaptation », à l’heure actuelle, on a juste à attendre et à être prêt quand on devra jouer.
Cela étant, on ne peut en vouloir à personne, comme on est tellement dans une situation exceptionnelle… c’est nouveau pour tout le monde.
LA FIN DE SAISON S’ANNONCE BELLE
L’objectif de la saison, c’était la qualification en seconde phase de BCL, mais ça, c’est fait [rires]. On termine même premier de notre poule. Un club comme Strasbourg se doit d’être en play-offs minimum, pour l’instant on y est. Est-ce qu’il y aura des play-offs en fin de saison ? Je ne sais pas… on espère mais voilà la BCL et la Jeep Elite sont deux objectifs importants.
En championnat, on a perdu des matchs qu’on n’aurait pas dû perdre, qui nous ont fait un petit retard par rapport aux meilleurs. Mais il reste beaucoup de matchs et pour l’instant, on est là où on voulait être, donc ça c’est positif. On voulait également se qualifier pour la coupe de France, et on est dans le top 8. On est en quart de finale, à seulement 3 matchs de gagner un titre.
La fin de saison s’annonce belle, après j’espère qu’il y en aura une, parce que c’est là où on pourra jouer les matchs les plus intéressants, les matchs pour lesquels on travaille depuis tant d’années, les matchs pour lesquelles on va tenter de décrocher un titre. D’un point de vue personnel, j’espère apporter beaucoup plus à l’équipe. Je sais que j’en suis capable et je me prépare pour. C’est vraiment mon objectif de la 2ème partie de saison : apporter plus à l’équipe et être meilleur sur le terrain.
JEAN-BAPTISTE MAILLE : “PLUS TARD, POURQUOI PAS PARTIR À L’ÉTRANGER… ?“
Mon futur proche, je le vois à Strasbourg, comme j’ai signé 3 ans dans ce club. J’ai la chance d’être dans un très bon club, très bien structuré, dans une belle ville, même si on ne peut pas trop en profiter pour le moment [rires]. L’objectif principal pour moi est clair : c’est de gagner des titres, ici, ce qui serait un très bel accomplissement personnel. Par la suite, je verrai ce que l’avenir me réserve, je n’écarte aucune possibilité, l’étranger est quelque chose qui m’attire, alors pourquoi pas jouer plus tard à l’étranger… ? Mais il faut que je sois bon sur le terrain.
Pour l’instant, je suis entièrement concentré sur Strasbourg, je suis très content d’être ici, j’ai beaucoup bossé pour en être là et j’espère apporter un maximum à ce club et à cette ville, qui sont vraiment supers. On a un staff qui travaille très bien et c’est vraiment plaisant d’être au quotidien dans ce genre de structure. Malgré la période actuelle, tout est mis en place pour qu’on joue dans les meilleures conditions.
Le championnat espagnol est forcément attrayant quand on voit toutes les bonnes équipes qu’il y a… le niveau là-bas est très élevé. Après, je ne me limite pas à un seul championnat en particulier ; celui d’Espagne est intéressant, mais il y aussi l’italien qui est très sympa. Le fait d’être à Strasbourg, je regarde aussi un peu plus le championnat allemand. Il y a même des destinations plus exotiques comme l’Asie par exemple, qui peuvent être intéressantes… donc je ne me ferme aucune porte.
Mais à vrai dire, je ne me pose pas ces questions aujourd’hui, le moment n’est pas encore venu. Je regarde les autres championnats, mais sans plus, je ne me projette pas. Je suis vraiment concentré sur Strasbourg et quand l’occasion se présentera, ou quand je voudrai que l’occasion se présente, je me pencherai sur tout ça.
LA SÉLECTION ALL STARS GAMES EST L’UN DES MEILLEURS MOMENTS DE MA CARRIÈRE
Je n’ai pas encore gagné de titre en pro, c’est ce qu’il me manque vraiment. On est passé très près d’en avoir un avec Rouen : on fait demi-finale de coupe de France où on échoue face à l’ASVEL, on perd aussi les finales de championnat et de Leaders Cup. Donc perdre à chaque fois à ce stade-là, c’était compliqué, mais ça reste une très bonne saison. L’année globale à Rouen a été l’une de mes meilleures expériences en carrière.
Représenter l’équipe de France est un moment très fort de mon parcours. Les titres en jeunes aussi, avec le MSB, parce que j’ai gagné des titres, et c’est ce qu’on recherche en tant que compétiteur : il y a eu la coupe de France cadets en 2010 et le titre de champion de France, la même année ; également celui de champion de France espoirs, en 2012.
La sélection All Star Games 2019 aussi est l’un des meilleurs moments de ma carrière, avec toute ma famille qui était présente. C’était un petit clin d’œil à tout ce que j’ai traversé avec ma blessure… une sorte de récompense par rapport à tout le travail effectué et pour ma bonne saison avec le CCRB. Donc ce sont tous des bons moments de ma carrière, en attendant des meilleurs par la suite.
JEAN-BAPTISTE MAILLE : “JE SUIS TROP JOUEUR POUR M’IMAGINER COACH“
Mon après carrière ? J’y pense sans y penser en fait, je ne peux pas dire que je n’y pense pas du tout. Je vais peut-être devenir diplômé d’une école de commerce donc j’ai étudié aussi pour avoir des compétences qui me seront utiles à la fin de ma carrière de joueur. Je l’ai fait pour avoir quelque chose au cas où, comme par exemple le cas d’une très grosse blessure… c’est ce qui m’est un peu arrivé avec cette convalescence de 8 mois à Limoges et ça m’a conforté dans l’idée que c’était important.
Mais je n’ai pas un métier en tête pour mon après-carrière… le monde de l’entreprenariat, du marketing, de l’immobilier, il y a pleins de chose qui peuvent m’intéresser. Je suis très curieux, donc j’essaie de me pencher sur pas mal de domaines, de lire et de me cultiver. Aujourd’hui, je ne sais pas encore, mais je pense que ça s’affinera au fur et à mesure… avec les années, en fonction de mes envies, de comment ça se passe dans ma vie, d’où je suis, et aussi des rencontres que je pourrai faire par la suite. Seul l’avenir me le dira.
Le basket, ça reste ma vie, donc ça sera difficile de s’y détacher totalement. Je suis tellement imprégné par ça depuis que je suis enfant que j’aurai du mal à vraiment occulter tout cet aspect sportif et compétitif. Je m’intéresse beaucoup aux méthodes de management : comment coacher, comment gérer un groupe. Être coach près du terrain pour l’instant n’est pas quelque chose qui m’intéresse. J’ai de très bons amis qui sont dans cette branche et actuellement je ne me vois pas là-dedans, je me verrai plus dans l’envers du décor qu’aux abords des terrains. Pour l’instant je suis trop « joueur » pour m’imaginer coach.
JEAN-BAPTISTE MAILLE
Avec Nicolas Parant
Le site internet du SIG, club actuel de Jean-Baptiste Maille
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