Athlé – Ces Français qui peuvent créer la surprise à Munich

Si des athlètes comme Renaud Lavillenie ou Kevin Mayer sont favoris à une médaille, d’autres athlètes peuvent créer la surprise à Munich.
championnats d'europe athlé

Si des athlètes comme Renaud Lavillenie ou Kevin Mayer sont favoris à une médaille, d’autres athlètes peuvent créer la surprise à Munich. Pour les championnats d’europe d’athlé !

Pour cette sélection, nous avons pris des athlètes n’ayant jamais fait de médaille dans un grand championnat.

Crédit : DR

Gabriel Tual – 24 ans – 800 m

Ses références en 2022

Il a battu son record personnel lors du meeting de Paris, établissant sa marque à 1’44″23. Il est en progression constante au fil des années. Il a été en finale des championnats du monde à Eugene, avec une belle 6e place. Il possède une belle densité de performance sous les 1’46 avec également deux chronos sous les 1’45 (et 1’44”5). Une régularité que ce soit dans la performance comme en championnat qui lui offre des perspectives de médailles.

Pourquoi il peut créer la surprise ?

Car c’est un homme de championnat ! Pour ses deux premiers grands rendez-vous, il s’est ni plus ni moins hissé en finale. Et on parle des JO et des championnats du monde. Pas de la course à la saucisse. Le piège des séries et demies, Gabriel Tual connait et sait négocier. Un atout considérable pour celui qui possède la 3e performance des engagés ! L’expérience de ses finales est également un atout considérable et peut faire la différence par exemple sur son compatriote Benjamin Robert, meilleur performeur européen en 2022, mais plus friable sur les courses de championnat. Cela resterait une surprise car Gabriel Tual n’a pas encore eu de médailles sur le plan international. Mais ce ne serait pas la plus grande surprise de la liste, c’est incontestable. Personne en Europe ne domine vraiment la discipline et cela promet une course ouverte

Gabriel Bordier – 24 ans – 20 kilomètres marche

Ses références en 2022

Sur le 20 kilomètres, il s’est “contenté” d’un assez modeste 1h24’02 au mois d’avril. Un chrono à près de 4 minutes de son record personnel. Mais il a détonné en juin, en réalisant 38’18”55 sur 10 000 m marche, lors des Elites de Caen, réalisant alors la meilleure performance mondiale de l’année sur la distance et battant son record personnel. Ce sera sa 3e participation à un grand championnat, après les JO de Tokyo (24e) et les championnats du monde à Doha (24e).

Pourquoi il peut créer la surprise

Parce qu’en juin, il a prouvé sa grande forme sur 10 000 m marche en explosant son record personnel. Sur la base de son record personnel, il pourrait matcher dans le Top 5. Mais en réalisant 38’18”55, on peut largement présumer qu’il a nettement mieux dans les jambes que ses 1h20 au 20 kilomètres. Il peut se rapprocher et descendre sous les 1h19 ! Or, aucun marcheur, parmi les engagés, n’a réalisé de tels chronos cette saison. L’absence des Russes, spécialistes de l’épreuve est aussi une opportunité pour le Français pour aller chercher une médaille qui le propulserait sur le devant de la scène et lui offrirait une magnifique exposition, après la retraite de Yohann Diniz. Il a 24 ans, commence à arriver à un âge intéressant pour un marcheur. Ici, on a vraiment envie d’y croire

Margot Chevrier – 22 ans – Perche

Ses références en 2022

Margot Chevrier a connu une année 2022 totalement dingue. Elle a pulvérisé son record de 19 centimètres en 12 mois. Passant de 4,51 m à 4,70 m. Dont l’incroyable progression lors des Elites en salle avec trois records personnels dans le même concours, dont le dernier à 4,65 m. Elle a confirmé cet été, avec ses 4,70 m du côté de la Provence. Synonyme de minima pour les mondiaux de Eugene. Où elle a été en finale.

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

Margot Chevrier possède la troisième performance des engagées (ex-aequo avec avec Ekaterini Stefanidi et Lene Retzius) avec ses 4,70 m. Malgré tout, avec son âge, cela resterait une jolie surprise. Même si son apprentissage est accéléré, ce n’est que son 3e grand championnat de sa carrière chez les seniors. Elle a participé aux mondiaux en salle et aux mondiaux estivaux. Les deux compétitions cette année. Donc elle peut pêcher par un certain manque d’expérience. Mais de l’expérience, elle a pu en engranger avec ses deux participations et arrive à Munich avec l’envie de faire une grande performance. Cela promet, même s’il faudra sortir des pièges des qualifications.

Nicolas Navarro – 31 ans – Marathon

Ses références en 2022

Il a battu son record en début de saison en portant sa marque en 2h08’30. Il a choisi ensuite de ne pas s’aligner sur les mondiaux qui ont eu lieu en juillet. Il aborde le marathon avec le 4e chrono des engagés. Il a montré sa forme sur le semi-marathon du Ventoux (1h31 avec plus de 1700 m de dénivelé positif)

Pourquoi il peut créer la surprise

Malgré sa belle 12e place à Tokyo l’an passé lors des JO et malgré le fait qu’il arrive à Munich avec le 4e chrono des engagés, faire de lui un favori logique serait quand même assez présomptueux. Ce n’est que sa 2e sélection dans un grand championnat après sa participation aux JO. Et la première où il est en situation de vraiment pouvoir jouer quelque chose. A 31 ans, il est entré dans un certain âge d’or pour le marathonien et c’est une de ses grandes chances d’aller chercher une belle médaille.

Clémence Beretta – 24 ans – 20 km marche

Ses références en 2022

Clémence Beretta a battu son record personnel sur 20 km marche au mois d’avril en 1h32’02. Mais ce n’est sans doute pas cela le plus impressionnant. Lors des championnats de France Elite, elle a amélioré son propre record de France de près de 40 secondes, pour le porter à 44’08”73 ! De très bonne bases dans la perspective de la distance supérieure.

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

La polonaise Katarzyna Zdzieblo, vice championne du monde du 20 et 35 km marche et l’Espagnole Maria Perez semblent intouchables, avec des “season best” sous les 1h28 ! En revanche, derrière, il y a des filles qui se tiennent entre 1h29’47 et 1h30’59. Certes, Clémence Beretta a un record en 1h32. Mais il a été fait lors d’une sortie de stage plutôt compliquée. Avec ce qu’elle a fait aux championnats de France, la Vosgienne vaut clairement sous les 1h30 ! Et avec de tel chrono, c’est la médaille de bronze qui peut se rapprocher. En pleine progression, la marche féminine française peut aller chercher sa première grande médaille internationale. Qui de mieux que sa leader pour être la pionnière ?

Jules Pommery – 21 ans – Longueur

Ses références en 2022

Il a pulvérisé son record personnel, en le portant à 8,17 m cette saison. Certes son seul concours à plus de 8 m, mais qui laisse pas mal de promesses pour ce jeune sauteur de 21 ans ! Qui a pas mal sauté cette saison et est devenu champion de France Elite à Caen au mois de juin. Il a franchi un vrai cap en régularité avec plusieurs participations à des meetings Diamond League.

Pourquoi il peut créer la surprise

Il est actuellement 3e performeur des engagés, avec deux immenses têtes d’affiche devant, le champion du monde Militiadis Tentoglou et le Suédois Thobias Montler. Mais de là à en faire un favori ? Il rentre dans le registre surprises car cela va être sa première sélection chez les grands… Et donc en grand championnat. Lui qui a été champion d’Europe juniors à Boras en 2019, alors junior 1 seulement. Le voir sur la boite dès ses premiers championnats serait une belle performance. Mais sa 4e place en Diamond League à Stockholm et des participations à de grands meetings lui a donné de l’expérience ! La longueur française est en plein renouveau actuellement et voir un sauteur décrocher une breloque serait une belle récompense.

Agnes Raharolahy – 29 ans – 800 m

Ses références en 2022

Pour sa première année sur 800 m, Agnès Raharolahy a surpris son monde (et peut-être même elle-même) en passant directement sous les 2 minutes. A 29 ans, après de longues saisons sur 400 m et un passage sur 400 m haies, elle a réalisé 1’59”59 sur le double tour de piste, lors des championnats de France à Caen. Suffisant pour aller à Munich. Une reconversion et un pari réussi pour la Nantaise qui va participer à son premier grand championnat en individuel, après de nombreuses réussites avec le relais 4×400 m (championne d’Europe en 2014 avec les Bleues).

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

Elle a la 9e performance des engagées dans ces championnats d’Europe. Mais peut compter sur de solides atouts. Dont un beau record au 400 m et une pointe de vitesse, peut-être un peu moins forte qu’à son époque de spécialiste du tour de piste, mais qui peut rivaliser avec presque n’importe qui parmi les engagées. Si Keely Hodgkinson domine la discipline (vice-championne du monde encore cette année), aucune autre fille n’a montré de solides bases. Que ce soit Jemma Reekie, Renelle Lamote ou les autres, toutes ces filles peuvent être friables. Dans un scénario de course tactique en finale, si la Nantaise parvient à se qualifier, elle peut créer une grande surprise, comme a pu le faire un Pierre-Ambroise Bosse en 2017 sur des mondiaux.

Hugo Hay – 25 ans – 5000 m

Ses références en 2022

Hugo Hay a battu très récemment son record sur 3000 m, lors du meeting Diamond League de Monaco, avec un chrono de 7’41”78 ! Preuve d’une forme qui est en train de monter après la frustration d’avoir raté de peu les minima pour les mondiaux de Eugene, sur 5000 m, où il a couru en 13’12”14 lors du meeting de Montreuil. A moins de deux secondes de son record personnel de 2021 (13’10”95).

Pourquoi il peut créer la surprise ?

Il possède une grande science de la course qui est sans doute l’un de ses plus grands atouts. Si Jakob Ingebrigtsen semble intouchable, la course derrière le Norvégien risque d’être très ouverte. Hugo Hay part avec le 8e chrono des engagés en 2022 ! Mais peut clairement prétendre à mieux que ses 13’12. Ce ne sera certainement pas lors de ces championnats, car le scénario de la course tactique risque d’amener des chronos qui ne seront pas à des altitudes élevées. Il aura sans doute à cœur de gommer sa frustration de ne pas avoir été retenu pour les mondiaux de Eugene !

Laeticia Bapte – 23 ans – 100 m haies

Ses références en 2022

Elle a battu son record en passant pour la première fois de sa carrière sous les 13 secondes. Et de fort belle manière, avec un chrono de 12”80. Elle possède déjà deux sélections dans un grand championnat, avec les Europe en salle à Torun en 2021 (sur 60 m haies) et lors des mondiaux de Eugene cet été. Avec à chaque fois une élimination en demi-finale. La protégée de Ketty Cham commence à se forger une belle expérience

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

Comme on vient de le dire, elle commence à se forger une solide expérience internationale. Elle va fêter sa 6e cape dont la 3e en grand championnat. Certes, des filles comme Cindy Sember, Pia Skrzyszowska voire Nadine Visser semblent au-dessus du lot. Mais les haies peuvent offrir leur lot d’incertitudes et avec sa 7e place des engagées, Laeticia Bapte est clairement en embuscade pour frapper un gros coup. A Eugene, malgré une élimination en demi-finale (d’une épreuve portée à un niveau historique), elle a couru sa course en 12”93, proche de son record personnel. Preuve que l’enjeu d’un grand championnat n’écrase pas la Française. Qui aura un gros coup à jouer

Mehdi Belhadj – 27 ans – 3000 m steeple

Ses références en 2022

Il a réalisé 8’16”35 sur 3000 m steeple, à 4 secondes de son record personnel. Mais le Français a réalisé une belle finale sur la distance, lors des mondiaux au mois de Juillet. Prouvant un beau niveau de forme et une belle gestion en championnat. Il a battu son record sur 800 en salle en 1’51”96 et s’est approché à 2 secondes de son record personnel sur 1500, avec 3’40”56 à Marseille.

Pourquoi il peut créer la surprise ?

Il possède le 5e chrono 2022 des engagés aux championnats d’Europe. Dans une course qui promet d’être très ouverte, avec aucun des protagonistes qui ne domine réellement sa discipline (aucun chrono européen sous les 8’10). Cela promet d’être très tactique ! Il lui avait manqué de l’emballage lors des mondiaux, dans une configuration déjà tactique mais avec une accélération très brutale dans le dernier kilomètre. Qu’il n’y aura pas dans la même ampleur à Munich. Et Mehdi Belhadj a engrangé de l’expérience avec cette finale mondiale, qui va pouvoir lui servir très rapidement.

Ninon Chapelle – 27 ans – Perche

Ses références en 2022

Pour le moment, la sociétaire de Cergy s’est contentée d’un meilleur bond à 4,56 m en indoor et 4,50 m en extérieur. Mais une barre de 4,50 m qu’elle a franchi à plusieurs reprises, six fois au total rien que sur la saison estivale. Elle a participé à la finale des mondiaux à la perche, comme Margot Chevrier.

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

En retrait par rapport à une fille comme Margot Chevrier en France, Ninon Chapelle n’en reste pas moins une redoutable concurrente. La recordwoman de France (4,75 m) l’a prouvé avec sa finale à Eugene. Et sa densité de performances à 4,50 m peut laisser espérer une barre bien plus haute. Or, comme on l’a déjà expliqué avec Margot Chevrier, c’est un concours de perche très ouvert qui s’ouvre pour nos Françaises. Une barre à 4,60 m, 4,65 m peut commencer à ouvrir des portes et des espoirs. Il faudra bien évidemment sortir du piège des qualifications. Mais on a du mal à croire, avec son niveau de forme, en une Ninon Chapelle bloquée ad vitam eternam à 4,50 m. Cela va bien finir par se débloquer !

Mickael Meba-Zeze – 28 ans – 200 m

Ses références en 2022

Il a battu son record personnel en passant pour la première fois de sa carrière sous les 20 secondes lors du meeting de la Chaux de Fonds (19”97). Même si le meeting suisse est connu pour ses performances hallucinantes sur le sprint, il a quand même franchi un sacré cap. D’autant que le même jour, il a cassé la barrière des 10 secondes au 100 m (9”99). Forcément, avec cela, on change de dimension. Cependant, sa dernière sortie à Monaco a été poussive.

Pourquoi il peut créer la surprise ?

Il lui faudra reconfirmer son chrono et faire au moins 20”10 pour s’établir durablement dans la hiérarchie. Hormis son 19”97, le reste de ses performances sur le demi-tour de piste reste plus modeste, c’est pour cela qu’il faut encore prendre des pincettes. Ceci dit, on a vu de bonnes choses. Notamment lors du relais 4×100 m à Eugene. Que ce soit en série ou en finale, le Français a bien giclé des blocs et fait une très bonne course ! Qui laisse à penser qu’il a de bonnes jambes et que le chrono de la Suisse peut être confirmé. Maintenant, la course est d’un très bon niveau, avec trois athlètes (dont lui) sous les 20 secondes, dont le champion du monde junior, Blessing Afrifah (19”96) qui s’est payé le scalp de Letsile Tebogo.

Shana Grebo – 21 ans – 200 m

Ses références en 2022 !

La jeune bretonne, partie s’entraîner au début de la saison aux USA est en pleine progression. Que ce soit au 400 (51”71) ou au 200 m (22”98), ses records ont volé en éclat ! Elle a notamment remporté le titre aux Élites en cassant pour la première fois de sa carrière la barrière des 23 secondes sur le demi-tour de piste. Gagnant le droit de participer aux championnats d’Europe. Ce sera sa première sélection en individuel dans un grand championnat, après avoir participé aux JO en 2021 et aux mondiaux au mois de juillet, à chaque fois avec le relais 4×400 m.

Pourquoi elle peut créer la surprise ?

Une médaille aux championnats d’Europe serait une grande sensation, il ne faut pas se cacher. Elle n’est d’ailleurs que 13e performance des engagées sur le demi-tour de piste. Mais c’est très resserré, car elle n’est qu’à 47 centièmes de la 3e Corinna Schwab. Jeune (21 ans), elle est actuellement en pleine progression et ne connait sans doute pas ses propres limites. Autre facteur à prendre en compte, l’incertitude autour de Dina Asher-Smith, leader au bilan (21”96 en 2022), mais fauchée par une blessure à Eugene, lors du 4×100 m. Elle reste alignée, mais sera elle à 100 %. Derrière, Munjinga Kambundji apparaît comme l’autre favorite naturelle (22”05 en 2022). Clairement, Shana Grebo devrait pulvériser son record et s’approcher des 22”60 pour commencer à espérer ! 

Ecrit avec Julien Balsen

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