Vous avez élu Agathe Guillemot espoir de l’année féminin en athlétisme. La demi-fondeuse bretonne nous a accordé une interview. Après des années consacrées aux épreuves combinées, la Française s’est reconvertie sur le 800 m et le 1500 m. Avec un record porté à 2’02”07 sur le double tour de piste et 4’12”43 sur 1500 m. Avec 517 voix sur un total de 1884, elle vous a massivement convaincue !
Crédit photo couverture : Gagastrophe
Agathe Guillemot – “C’est une grande satisfaction”
Quel est votre sentiment après avoir été élue espoir de l’année ?
Agathe Guillemot : “C’est une grande satisfaction. Il y a toujours un débat sur le mot révélation, car il y a beaucoup de filles qui avaient perfé auparavant. Et de mon coté, j’ai aussi eu de belles perfs plus tôt. Mais j’ai partagé le plus possible à mon entourage. J’avais vraiment envie de le gagner (rires). Parce que c’est cool de monter que, ce n’est pas parce que tu n’as pas fait de sélection, que les gens ne croient pas en toi. Je suis aux portes de l’équipe de France sur le 800 m. J’arrive bientôt (rires).
Il y a eu beaucoup de personnes pour te soutenir. Est-ce que ce soutien est une source de motivation au moment d’aller s’entraîner ?
C’est clair et cela prouve que j’ai un beau réseau qui me soutient. Je viens du bout du Finistère au fin fond du Finistère, où j’ai commencé l’athlétisme. Ils sont à fond derrière moi et cela pousse ! Quand je rentre chez mes parents, on me demande régulièrement des nouvelles. On me demande si je vais aller aux Jeux à Paris. Je sais que pleins de gens suivent mes performances et cela me galvanise. J’ai des gens à rendre fiers et je donne tout.
“Les gens peuvent penser que je sors un peu de nul part. Mais je courais déjà le 800 m en 2’08 en juniors. J’avais les bases identiques que les meilleures demi-fondeuses françaises
Agathe Guillemot
“Je pensais que le 400 m haies me conviendrait mieux”
Quel a été l’élément déclencheur pour vous consacrer au 800 et au 1500 m ?
Les gens peuvent penser que je sors un peu de nul part. Mais je courais déjà le 800 m en 2’08 en juniors. J’avais les bases identiques que les meilleures demi-fondeuses françaises. Je suis passé par le 400 m haies, dans la catégorie Espoirs, sans courir sur le 800 m. On ne savait pas quel était mon niveau sur cette distance là. Une fois en sénior, j’ai voulu me spécialiser sur 800 m 1500 m.
J’avais un peu peur que le 1500 m soit un peu long. Mais cela a tenu. Pour moi, ce n’est pas une surprise de perfer sur 800 m et 1500 m. Mais de là à faire 2’02 et 4’12, si on m’avait demandé cela l’année dernière, cela aurait été dans mes objectifs très hauts. Mais je ne pensais pas forcément le faire dès ma première année sénior. Du coup, en faisant cela, je suis en bonne voie pour l’équipe de France.
Je pensais que le 400 m haies me conviendrait le mieux, avec ma formation de combinarde. J’ai aussi une bonne base d’aérobie. Au début de la saison passée, je voulais refaire une saison sur 400 m haies, avec pour optique de passer sur 800 m après. Quand j’étais petite, je faisais du cross, je valais 3′ au 1000 m. Puis, je me suis blessée au pied au mois d’octobre. Je ne pouvais pas trop faire de haies et j’ai compensé en faisant du fond, du vélo et de la natation. Sans courir beaucoup.
Quand je suis revenu en compétition, mon entraîneur m’a convaincue de faire un 1500 m. Je fais 4’23 d’emblée, à Saint-Brieuc. Je bats ensuite mon record au 800 m, en faisant 2’06, je fais la médaille aux Elites. A la fin de l’hiver, avec mon coach, le 800 m est devenu une évidence. J’étais au niveau des autres françaises.
Agathe Guillemot : “J’aimerais pouvoir vivre de l’athlétisme”
C’est une révélation cette distance ?
Je ne pense pas. Si j’avais écouté mon entourage depuis que je suis petite j’y serais venue plus tôt. Les gens me disaient : “Mais pourquoi tu ne fais pas de 800 m, du 1500 m”. Mes qualités de base sont dans le demi-fond. Peut-être que j’avais peur de l’entraînement répétitif, par rapport aux épreuves combinées. Je prenais du plaisir à faire des épreuves combinées et peut-être que je me voilais la face. Mais au fond de moi, je le savais. Je faisais les gammes et je construisais mon corps sur les épreuves combinées. Mais quand je sentirais que j’atteindrai mes limites, notamment en lancers, où je manque de qualités, je savais que je basculerais au 800 m. Quand je m’y suis consacrée, cela a marché.
Vous vous êtes fixées des objectifs en 2023 ?
Il y a les Europe en salle, qui peuvent être une belle première compétition en salle, chez les séniors. C’est un peu moins grand que les Europe en extérieur. J’aimerais faire cette première sélection. Puis il y ales mondiaux extérieur, qui sera un sacré challenge. C’est mon objectif haut. Je sais qu’il y a encore du travail et que cela n’est pas une fin en soi si je n’y arrive pas. Mais c’est bien d’avoir des objectifs élevés. Pour avoir du challenge. Je fonctionne aux défis.
En dehors de l’athlétisme, qu’est ce que vous faites ?
Je fais des études d’ingénieur à Rennes. En génie civil et urbain. J’ai des horaires aménagés pour pouvoir m’entraîner. Et je suis parti pour 7_8 ans de formation, au lieu des 5 ans normal. J’aimerais pouvoir vivre de l’athlé et si je fais moins de 2 minutes au 800 m, ce serait normal d’en vivre. Mais je veux assurer mes arrières avec mon diplôme d’ingé, pour avoir quelque chose après carrière. On peut vivre de l’athlé, mais pas sur des réserves après sa carrière.”
Le détail des votes
- Agathe Guillemot 517 votes
- Marie-Julie Bonnin 320 votes
- Shana Grebo 266 votes
- Clémence Beretta 225 votes
- Margot Chevrier 203 votes
- Clémence Rougier 156 votes
- Floriane Hot 123 votes
- Agnes Raharolahy 39 votes
- Lena Auvray 24 votes
- Camille Seri 11 votes