Alan Boileau – “Je peux me dire que j’ai gagné chez les pros”

Néo-pro de 22 ans, Alan Boileau sort d’une saison tout simplement extraordinaire, avec 4 victoires. Le Rwanda a été son terrain de jeu de début d’année
Alan Boileau se confie à Sans Filtre
Alan Boileau se confie à Sans Filtre

Néo-pro de 22 ans, Alan Boileau sort d’une saison tout simplement extraordinaire, avec 4 victoires. Le Rwanda a été son terrain de jeu de début d’année, avant de remporter une nouvelle victoire sur les routes françaises savoyardes. Il a accepté de se confier à Sans Filtre, sur ses réussites, sa vision du cyclisme ses objectifs pour la saison à venir avec la formation B&B Hotels.

Crédit : B&B Hôtel p/b KTM

Alan Boileau – Une belle première saison 

  • Pour une première année professionnelle, remporter 3 victoires au Rwanda puis la 3e étape du Tour de Savoie Mont-Blanc est une jolie réussite. Est-ce que vous vous attendiez à un si beau début de saison ?

Alan Boileau : “Non pas vraiment, moi je m’attendais plutôt à une découverte, apprendre le métier et être le plus performant possible. Après je ne m’attendais pas à être aussi performant dès cette année, et finalement tout s’est bien goupillé. Il y a eu des stages qui ont fait que j’ai bien progressé et je suis arrivé en forme sur certaines courses. Une forme qui m’a permis de gagner 2-3 courses (4 en tout). Je ne m’y attendais pas du tout, et je pense que personne ne s’y attendait d’ailleurs. 

  • Belle réussite de gagner plusieurs fois dès sa première année ?

Oui c’est une belle réussite car c’est vrai que moi en amateur déjà, ça allait pas trop mal mais pas extraordinaire non plus. Là, ça s’est bien enchaîné, et ça fait une belle saison finalement.

Un statut qui n’a finalement pas tellement changé 

  • Votre statut a-t-il changé au sein de l’équipe avec ces victoires ? Vous êtes néo-pro, alors on aurait pu penser que vous seriez cantonnés à un rôle d’équipier…

Je ne sais pas si mon statut a vraiment changé. Sachant que je suis néo-pro, j’ai beaucoup à apprendre, et pas forcément la caisse pour être présent tout le temps. C’est vrai que cette année c’est beaucoup de hauts et de bas. C’est soit je suis là, soit je ne le suis pas, et c’est vrai que c’est difficile pour une équipe d’avoir confiance en un jeune qui n’a pas forcément la caisse d’être là tout le temps. Possible que le regard a peut-être changé, le fait de se dire que celui-ci est peut-être capable de faire un résultat ici, de faire un résultat-là. Du coup, parfois, je suis un électron libre.

Mais le statut de leader sur une course, ce n’est pas près d’arriver. Il y a toujours des bons coureurs sur les courses. Je ne suis pas sûr que le statut change tant que ça. C’est plutôt au fur et à mesure des années, confirmer, re-confirmer, re-re-confimer. Il va falloir du temps encore pour ça, mais je sais que l’équipe fait vraiment confiance, donc on verra par la suite. Il ne faut pas rester sur les acquis (pour la saison prochaine), je pense qu’ils vont me laisser ma chance de m’exprimer sur des courses. Mais il ne faudra pas se rater non plus. Il faut continuer à s’entraîner, à progresser pour être performant et que l’équipe me fasse autant confiance. 

Alan Boileau – Un entraînement basé sur l’intensité 

  • Combien d’heures d’entraînement par semaine faites-vous par semaine ?

Sur une semaine, ça tourne autour des 20h. Je pense que certains font plus, certains moins, ça dépend des semaines. C’est très aléatoire, ça dépend de ce que l’on va avoir comme courses. Moi je sais qu’en terme d’heures, je ne suis pas le plus élevé. Je fais plutôt beaucoup de spécifique, beaucoup d’intensité, beaucoup d’exercices particuliers avant les distances. C’est vrai que j’ai toujours vu les courses comme le jour à faire les distances, donc pas tellement d’heures, mais c’est beaucoup d’intensité. 

  • Que ressentez-vous quand vous êtes sur le vélo, que ce soit à l’entraînement ou en course ? Un sentiment de liberté ? De bonheur ?

A l’entraînement, sur du foncier quand je suis avec des copains, ça va. Quand je suis en exercice ou tout seul, c’est vrai que j’apprécie forcément moins. Après il faut s’entraîner pour être au niveau sur les courses. Par contre après, quand on arrive en course, je sais que j’adore ça. En course, il y a vraiment la libération de pouvoir s’exprimer sur le vélo, c’est quelque chose dont j’ai besoin. Plus je cours, mieux j’apprécie l’entraînement.

Un coureur tout terrain, mais plutôt puncheur

  • Comment vous définiriez-vous sur le vélo ?

En amateur, quand  on est à un certain niveau général, on va être assez costaud dans tous les domaines. Chez les professionnels, on va commencer à se rapprocher d’un domaine en particulier. De ce que je pensais, je pensais être plutôt typé grimpeur, finalement je me retrouve peut-être plutôt en puncheur. En chrono, en amateur ça n’allait pas trop mal, chez les professionels c’est quand même une autre histoire, avec toute les « machines à rouler » qu’il y a. Je pense qu’en prenant de la caisse, au fur et à mesure des années, tout est envisageable.

Alan Boileau – Le Tour de France, dans la tête pour l’an prochain 

  • Vous n’avez pas eu la chance d’être sélectionné pour le Tour de France. Le tour de France, c’est un objectif pour l’année prochaine ? 

Je pense que c’était trop tôt pour une première saison. De plus j’étais fatigué à cette période-là, donc ce n’était pas un cadeau d’y aller. Par contre, l’an prochain, c’est vrai que pour moi ça serait un objectif d’y être, après je pense que c’est comme chaque coureur de l’équipe, on a tous envie d’y aller. C’est toujours une sélection dans l’équipe, à nous d’être performant avant, et à juste quelques semaines du Tour de France, pour être en forme au début de la course. Il ne faut pas arriver à 50%, 70 ou même 90%, c’est vraiment une préparation un peu différente je pense. Donc on va voir comment on axe la préparation, et on verra un peu comment ça va se passer. Je pense qu’on sera fixé assez rapidement. Pour l’instant, moi c’est un objectif, forcément. C’est une sélection, tout est possible, comme ne pas y aller.

  • L’idée a-t-elle trotté dans votre tête après un début de saison très prometteur ?

J’avoue que ça m’a quand même traversé l’esprit, forcément. Je me suis dit « tiens, peut-être que l’année dernière j’étais en amateurs et que cette année je vais faire le Tour de France. J’y ai pensé, et en fait plus je me rapprochais de la date butoir, plus je commençais à fatiguer, parce que j’avais enchaîné beaucoup. Plus on se rapprochait, moins j’avais envie d’y aller parce que je savais que je ne voulais pas y aller à 90%. J’étais fatigué, mais ça aurait été quand même super d’y être, et j’aimerai bien y être l’an prochain. 

  • Si dans votre carrière, il y avait une course à gagner, ça serait laquelle ?

Je ne sais pas, il y en a beaucoup de belles. Toutes les courses ont une valeur différente, mais je dirais quand même une victoire sur le Tour de France, sur un parcours difficile. Un championnat de France, c’est aussi très beau. C’est une fierté de porter le maillot de la nation, après y a l’Europe, y a les Monde…

  • Quels sont vos objectifs de fin de saison ? Déjà des objectifs pour la saison prochaine ?

Difficile de savoir, ça change très vite (chute il y a 3 semaines, puis malade). Après, physiquement, je pense être capable de faire encore quelque chose.. Le prochain objectif serait de remporter une dernière course avant la fin de la saison. 

« On ne s’en rend pas compte parfois »

  • Plusieurs victoires (4 à l’heure actuelle) pour une première saison, c’est déjà très bien. Beau bilan non ?

Oui, c’est ce que je me suis dit aussi. Je me suis dit « aller une victoire », déjà j’étais aux anges, je me suis dit « certains ne gagnent jamais ». Enchaîner une deuxième, puis une troisième, ça m’a forcément boosté. Et je me suis dit que j’avais déjà réussi ma saison. Je pourrais me dire que j’ai gagné chez les pros. Avoir regagné au Tour de Savoie Mont Blanc, même si ce n’est qu’en classe 2, il y avait un bon niveau quand même, et ça m’a re-confirmé que je n’étais peut-être pas si mauvais que ça.

Gagner une fois, ça fait peut-être un peu coup de chance, mais le fait d’avoir regagné, ça m’a vraiment prouvé que j’en étais capable. A chaque fois qu’on a une victoire, on apprécie. La première chez les pros, ça m’a fait le même ressenti que ma première chez les Elites en amateur, c’est le fait de se demander si quelqu’un est devant. On se dit que c’est pas vraiment possible, que ce sont des courses de sacré niveau. On ne s’en rend pas compte parfois.

Alan Boileau – « Bien sûr que je serai très content »

  • Vous êtes sous contrat jusqu’en 2022 avec B&B. Les rumeurs parlent d’une prolongation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Moi forcément j’ai envie de continuer. C’est l’équipe qui m’a souri, qui m’a fait passer professionnel. Si j’ai l’occasion de resigner pour une saison supplémentaire, ça serait rendre la pareille à l’équipe, et pour moi, ça serait m’assurer une saison de plus chez les professionnels. Je pourrais montrer pendant un an de plus de quoi je suis capable. Si ça se fait, bien sûr que je serai très content. (A propos de sa prolongation) Pour l’instant, je ne peux pas vraiment en parler.

  • Auparavant, vous courriez chez les amateurs. Quelle est la plus grande différence avec les amateurs dans le peloton professionnel ? 

Je dirais que ça ne relâche jamais chez les professionnels, et que quand tu « pètes » tu « pètes » vraiment. Alors que chez les amateurs, ça y va, ça ralentit, c’est moins constant et c’est plus facile d’aligner l’arrivée que chez les professionnels. C’est un peu spécial, mais après on s’y habitue et le rythme se prend. Il faut « juste » réussir à le prendre*

La Bretagne dans le coeur

  • Vous avez couru dans plusieurs pays désormais. Quelle course a été la plus belle pour vous, au niveau du paysage et du lieu?

Il y a plusieurs endroits qui sont vraiment sympas. Rien ne se ressemble vraiment. J’ai été au Rwanda, j’ai été agréablement surpris par le paysage, c’est vraiment un truc de fou. Après, j’ai directement enchaîné avec Majorque. C’est vrai que c’est différent, et c’est aussi magnifique. Il y a un nombre de courses incroyables. Je trouve que l’Espagne est magnifique, au Rwanda c’est magnifique, tout comme la Bretagne d’ailleurs (Rires).”

Propos recueillis par Paul LALEVEE

L’interview vous a plu ? Retrouvez ICI celle de Quentin Pacher

La saison d’Alan Boileau en chiffres : ICI

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