Hand – Allison Pineau – “Fière de la demi-finale contre le Danemark”

Joueuse emblématique de l’équipe de France de handball, Allison Pineau a été un élément clé du beau parcours des Bleues jusqu’en finale du mondial.
Allison Pineau

Joueuse emblématique de l’équipe de France de handball, Allison Pineau a été un élément clé du beau parcours des Bleues jusqu’en finale du mondial. Elle revient sur cette compétition, sur la difficulté qu’elle a eu à se remobiliser après le sacre olympique. La charge mentale, souvent négligée chez le sport prend une place importante, quand il faut repartir au combat pour une nouvelle grande compétition, malgré le peu de coupure qu’elle a pu avoir.

Crédit : ICON SPORT

ALLISON PINEAU – DU TEMPS POUR SE REMOBILISER APRES LES JO

Il a fallu du temps pour se remobiliser après les J.O. Je dirais qu’il m’a fallu deux mois pour réellement savoir si je souhaitais faire ce mondial ou non. J’ai eu beaucoup de mal à me projeter, avec beaucoup de fatigue psychologique. Le retour en club a été très rapide après les Jeux. Il a fallu reprendre rapidement, se remobiliser, tout en tentant de décompresser un peu. Je me suis laissé du temps de réflexion. Et je me suis dit : “Tu fais comme tu peux, tu donnes comme tu peux”. J’ai essayé de retrouver des petits plaisirs quotidiens pour décompresser et relâcher la pression, afin de retrouver de la motivation.

Il y a eu deux dates clés pour moi. La première semaine d’octobre où, justement, beaucoup de cadres avaient été mises au repos (NDLR : en octobre, l’équipe de France a disputé deux matchs de qualification à l’Euro 2022. Le sélectionneur Olivier Krumbholz a décidé de mettre beaucoup de cadres au repos). Pour essayer de faire du jus et de nous aérer. Cela a été une semaine importante pour moi. J’avais vraiment besoin de souffler et de me changer les idées. Cela m’a aussi permis de couper avec le club, car les matchs se sont beaucoup enchaînés.

DEUX DATES CLES QUI M’ONT DONNE DE LA FRAICHEUR MENTALE

La seconde date c’est le premier week-end de novembre où il n’y a pas eu de matchs de Ligue des Champions. Cela a été super et cela m’a permis de penser à autre chose. À la suite de cela, j’étais sûre de vouloir disputer les championnats du monde ! Je me sentais beaucoup plus fraîche mentalement. J’avais envie d’y être ! J’ai abordé cette compétition avec une relative fraîcheur, même si, avec le club, on a enchaîné les matchs. Évidemment, je n’étais pas aussi fraîche que durant les JO. Mentalement, j’avais besoin de sentir que j’étais capable !

L’équipe de France n’a pas eu d’adversaires faibles dans cette compétition. Comparé à d’autres nations de l’autre côté du tableau. Quand on voit le dernier carré, il n’y a qu’une seule équipe de notre partie de tableau et c’est nous. Les trois autres équipes étaient de l’autre côté. Elles ont eu certains matchs beaucoup plus faciles que nous, face à de petites nations. Plus on avançait dans la compétition, plus on piochait dans nos réserves. Chaque match important, nécessite une rigueur nerveuse. La demi-finale nous coûte peut-être cher sur cette finale. On a engagé beaucoup d’énergie pour se qualifier, avec pas mal de pression. La Norvège a été meilleure et en plus, plus fraîche que nous.

ALLISON PINEAU – L’EQUIPE DE FRANCE SAIT SE RENOUVELER

Cette équipe de France sait se remettre en question à chaque compétition. On est un collectif qui est focalisé sur le terrain, on veut s’améliorer et on connaît l’exigence pour pouvoir réussite. On n’a pas de recette magique, mais on sait ce qu’il faut faire pour y retourner encore et toujours. Il y a cette régularité liée au collectif homogène, avec plein de profils différents. L’équipe de France sait aussi se renouveler ! C’est une équipe qui connaît son identité et va faire face durant les compétitions. C’est une globalité et une accumulation de petites choses qui font qu’on est sur une vague très ascendante.

Individuellement, j’hésite entre le quart et la demi-finale pour parler du match dont je suis la plus fière. Le Danemark, on savait que cela allait être très dur et on a réussi à inverser la tendance. Mais on est également tombé sur une belle équipe de Suède, qui était en forme dans ce mondial et qui nous a posé beaucoup de problèmes. Mais je crois quand même que je préfère le match contre le Danemark.

LE JET DE 7M DEMANDE DU CALME ET DE L’OBSERVATION

Quand on commence la compétition, on ne se rend pas trop compte de la ferveur. On est focalisé sur notre parcours, même si on sait qu’il y a des gens qui nous suivent. Mais, plus la compétition avance, plus on voit de gens qui s’intéressent et de personnes qui sont présentes derrière leur écran. Il y a un vrai engouement derrière notre équipe depuis un moment, par rapport aux valeurs qu’on véhicule et l’image de sympathie qu’on a. Le fait qu’on soit accessibles, cela plaît aux gens.

Sur un 7m, c’est surtout le chemin entre le banc et le shoot qui est important. Du moment où je prends la balle, j’essaye de me mettre dans ma bulle, pour préparer mon protocole et me dire comment je vais aborder ce 7 m. Et les éventualités auxquelles je dois faire face. Quand j’arrive devant la gardienne, je regarde son placement et je suis dans mon truc ! Il y a beaucoup d’observation. Les gardiennes peuvent s’attendre à ce qu’on fasse une feinte. C’est aussi une question de perception, savoir si la gardienne va bouger, si elle a les appuis très ancrés. Mais c’est un peu à quitte ou double. On peut avoir des informations qui peuvent laisser à penser que la gardienne ne va pas bouger et elle bouge. Comme sur mon dernier penalty face au Danemark que je rate. Cela demande du calme et de l’observation.

ALLISON PINEAU – LES JO 2024 SERONT LA DERNIERE COMPETITION DE MA CARRIERE

Je vais essayer de couper un peu, mais cela va aller très vite, car dimanche (NDLR : aujourd’hui), je reprends l’avion pour m’entraîner le soir même. Cela ne laisse pas beaucoup de jours et on finit l’année sur les rotules. Il n’y a pas eu beaucoup de repos depuis cet été, je ne suis pas partie en vacances. Cela commence à être long. On va être très vite mobilisé. Il faut se libérer l’esprit et vite faire redescendre et faire autre chose. Couper, être avec ses proches, déconnecter. Un mondial, c’est un gros rythme, on n’a pas le choix.

Depuis toutes ces années, j’ai l’habitude. Je vais voir comment le corps réagit cette année. Mais il y a des échéances importantes avec le club, on doit prendre des points en Ligue des Champions et pas mal. Par la force des choses il faut se mobiliser. Et je ferai avec, pour donner tout ce que je peux donner. Avant de souffler un peu cet été et penser à autre chose.

Aujourd’hui, je souhaite arrêter en 2024. Il me reste deux saisons et demi au plus haut-niveau et le chapitre handball sera clôturé !

ALLISON PINEAU

Avec Etienne GOURSAUD

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