Cyclisme : Sonny Colbrelli au boue du bout de Paris-Roubaix

Son retour était tant attendu, Paris-Roubaix est revenu beau comme jamais, sous la pluie, dans la boue. Résumé dans cet article. Sonny Colbrelli Paris-Roubaix.
Sonny Colbrelli

Sonny Colbrelli Paris-Roubaix. Pour son grand retour sur la scène du cyclisme mondial après deux ans et demi d’absence, Paris-Roubaix a offert une course légendaire. Retrouvez dans cet article le résumé de cette folle journée, marquée par la victoire de XXX au vélodrome de Roubaix.

Sonny Colbrelli Paris-Roubaix : Un voyage au bout de l’enfer

Quinn Simmons, l’américain de 20 ans, coureur de Trek-Segafredo, adore Paris-Roubaix. C’était avant de participer à un véritable voyage au bout de l’enfer. Plus jeune coureur au départ, Simmons n’était même pas né lors de l’édition 2001, l’avant-dernière fois que le Monument du Nord de la France s’est disputé sous la pluie (2002 fut aussi pluvieux). Le froid et boue mêlées, avaient souri à Servais Knaven. Il faut croire que le cyclisme ne pouvait retrouver Paris-Roubaix qu’avec ces horribles conditions. Cela faisait deux ans et demi – depuis avril 2019 – que les coureurs et le public étaient privés de l’Enfer du Nord. Le retour était attendu, il fut historique.

La météo très délicate de ce week-end avait fait monter la sauce depuis déjà plus d’une semaine. Et il suffisait de jeter un coup d’œil à la startlist pour n’être qu’un peu plus certain qu’une nouvelle page de légende du cyclisme s’écrirait ce week-end. Van Aert, Van der Poel, Asgreen, Stybar, Stuyven, Pedersen, Sénéchal, les favoris pleuvaient, comme le ciel ce dimanche. Compiègne lâchait un immense peloton en direction du vélodrome Jean Stablinski de Roubaix, qui compterait un à un les rescapés du terrible voyage. Sur les longs bouts droits qu’empruntaient les coureurs afin de quitter l’Oise, certains tentaient de s’isoler à l’avant. Quelques vaines tentatives (comme le duo Edward Theuns/Max Kanter) avant qu’un gros groupe ne se fasse la belle.

Une grosse échappée dangereuse

31 coureurs piégeaient le peloton en créant dans un premier temps une cassure, puis en insistant pour prendre rapidement une minute de marge. A 200 bornes de l’arrivée, pas d’échappée publicitaire, déjà un très gros coup : Ballerini, Bissegger, Haller, Küng, Moscon, Oss, Van Asbroeck, Van Avermaet, Walscheid entre autres. Très vite, on imaginait la difficulté que le peloton pourrait avoir pour reprendre ces baroudeurs. Le premier secteur entre Troisvilles et Inchy laissait de belles promesses. Des groupes en file indienne, des crevaisons, et malheureusement déjà quelques chutes (notamment Küng, à trois reprises !). A moins de 150km de la fin, le groupe de tête explosait : Florian Vermeersch, Max Walscheid, Luke Rowe et Nils Eekhoff prenaient du champ.

Le quatuor est friable, Vermeersch et Eekhoff s’isolent et conservent longtemps près de trois minutes de marge sur le peloton. Dans ce dernier, les coureurs tombés se multiplient : Peter Sagan, Yves Lampaert, John Degenkolb. Chaque secteur pavé fait son effet : les coureurs au-delà de la quinzième place du peloton doivent consentir de gros efforts à la sortie pour réintégrer la tête. Celle-ci est occupée par les meilleurs ennemis Van Aert et Van der Poel ainsi que les Deceuninck-Quick Step. A l’entrée dès 100 derniers kilomètres, le duo conserve un avantage sur les rescapés de l’échappée et un peu plus sur le peloton, qui accélère considérablement à l’approche de la Trouée d’Arenberg.

Sonny Colbrelli Paris-Roubaix : Une Trouée d’Arenberg qui vire au carnage

Van Aert puis Van der Poel accélèrent en personne pour harasser un peu plus, s’il en était besoin, les membres de ce qu’il reste du peloton. Avant le secteur mythique, Christophe Laporte est victime d’un problème de frein et Florian Sénéchal d’une crevaison. C’est un double coup dur pour les supporters tricolores. Mais il reste d’étonnants coureurs de la B&B Hôtels, Jérémy Lecroq et Cyril Lemoine. L’interminable ligne droite pavée d’Arenberg fait un carnage. Van Aert perd du temps suite à une chute qu’il évite miraculeusement, Lampaert, Asgreen, Kwiatkowski crèvent. Il n’y a presque plus personne dans le peloton. Luke Rowe, distancé de l’avant, a lui aussi crevé et ralentit le groupe qui arrive pleine balle. Pedersen ou Lemoine ne peuvent éviter le britannique, la chute est sévère.

Peu après, le duo de tête est repris par les survivants de l’échappée. Mais le peloton s’approche dangereusement, plus qu’une petite minute. Van Aert, un peu distancé, a fait son retour sur le groupe Van der Poel, où Sonny Colbrelli attaque. A 75 bornes de Roubaix, l’échappée se morcelle à nouveau : Bissegger, Moscon, Philipsen, Van Asbroeck, Van der Sande et Walscheid s’isolent. Ce sont de sacrés rouleurs, pour la plupart très connaisseurs des classiques pavées. Alors que Colbrelli trouve du soutien avec les retardés de l’échappée et l’étonnant Guillaume Boivin, Van der Poel scelle le sort de son rival Van Aert. Dans le secteur de Tilloy à Sars-et-Rosières, le néerlandais est seulement suivi par Yves Lampaert, mais même le belge ne tient pas l’allure. Van der Poel part seul à la poursuite du temps perdu.

Sonny Colbrelli Paris-Roubaix : Gianni Moscon en solitaire et en héros ?

Il intègre le groupe de poursuivants, composé des survivants de l’échappée matinale, Colbrelli et Boivin. Il n’y a plus que trois hommes à l’avant, Moscon, Vermeersch et Van Asbroeck étant les plus forts. Aux abords de Mons-en-Pévèle, nouveau secteur terrible, Gianni Moscon s’échappe seul, comptant alors une minute d’avance sur le groupe Van der Poel, et deux sur celui de Van Aert. L’italien survit dans un bourbier et augmente même son avantage car Van der Poel n’est pas relayé par Colbrelli. Les deux cadors et Boivin s’entendent peu à peu, retrouvant Vermeersch et Van Asbroeck en plus. A cinq contre Moscon, l’écart tient à une grosse minute à l’entrée des 30 derniers kilomètres. Derrière, Van Aert est accompagné de Lampaert, Laporte ou Turgis, mais ils sont trop loin de la tête.

Il reste des secteurs importants et le plus dur à faire pour Gianni Moscon. Mais le cinquième de Paris-Roubaix 2017 est victime de deux coups du sort. Une crevaison lente d’abord, qui le contraint à changer de vélo sur l’asphalte, et à perdre vingt secondes. Une chute ensuite, causée par ce nouveau vélo, qui possède des pneus trop gonflés pour les secteurs pavés. Sa machine rebondit, elle glisse énormément, et il chasse soudainement de l’arrière dans le secteur de Cysoing à Bourghelles. A 26km de l’arrivée, Moscon ne compte alors plus que 10 secondes de marge sur ses poursuivants. En lissant son effort, malgré l’instabilité sur son vélo, l’italien augmente à nouveau son avance, avant un nouveau coup de théâtre. Guillaume Boivin tombe dans Camphin-en-Pévèle et crée un bouchon qui ralentit le retour du groupe Van Aert.

A trois en direction du vélodrome de Roubaix

Moscon s’attaque au Carrefour de l’arbre, mais il est désormais au ralenti. Terrible image, le coureur d’Ineos Grenadiers ressemble à une F1 en pneus slicks en pleine tempête. La tempête, c’est son compatriote Sonny Colbrelli qui la crée. Il foudroie Moscon, le laisse à son désespoir, et met au rupteur Mathieu Van der Poel et l’incroyable Florian Vermeersch. Ils seront donc trois à se battre pour la victoire, en direction du vélodrome de Roubaix. Florian Vermeersch aura beau tenter une offensive à l’entrée de la ville, c’est au sprint que se jouera cet Enfer du Nord. Ce sont des statues de boue qui entrent dans le vélodrome, les coureurs sont cachés sous une autre peau. Van der Poel emmène le train, Vermeersch lance les hostilités au dernier virage, mais Colbrelli est plein champ, assis, et semble tenir bon. L’italien résiste jusqu’au bout, il remporte Paris-Roubaix.

Le champion d’Europe couronne son incroyable saison. Notamment un mois de septembre carrément extraordinaire – il faudra qu’il donne son secret – avec le BinckBank Tour, les Europe à domicile jusqu’aux Mondiaux où il fut encore solide. Surtout, c’est sa science de la course qui a souvent fait la différence, ne prenant pas tous les relais pour s’économiser avant la fin. Le puncheur de Bahrain Victorious laissa exploser sa joie en s’allongeant sur la pelouse du vélodrome. C’était le seul à arborer alors un sourire. Vermeersch, deuxième inattendu, tapait sur son guidon en croisant la ligne. Van der Poel, évidemment déçu, se contentait de la 3e place. Arrivé dans le groupe Van Aert, Christophe Laporte termine premier français, sixième.

retrouvez le classement de la course ICI

Mathéo RONDEAU 

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