Les onze joueurs de l’Iran n’ont pas chanté leur hymne national, lors du match Angleterre-Iran, soldé par une victoire anglaise (6-2).
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Visages fermés, hermétiques. Les Iraniens ont décidé de boycotter leur hymne national, lors du premier match de l’Iran dans cette coupe du monde 2022, contre l’Angleterre, soldé par une lourde défaite pour l’Iran (6-2).
Le point de départ d’un conflit dans un pays, qui a débuté vraiment le 16 septembre dernier. Avec la mort de Mahsa Amini, militante féministe qui lutte contre le port du voile obligatoire des femmes iraniennes, dans un des pays les plus durs du monde en matière de lois religieuses. Arrêtée par la police des mœurs, elle est morte et cela a fait un vrai soulèvement populaire. Une répression, avec plus d’une dizaine de morts. Mais aussi des femmes qui décident d’enlever le voile et qui se sont filmées en train de le faire, voire même des images de femmes en train de bruler leur voile. Une vrai révolution spirituelle.
Une fronde de longue date, bien au-delà du boycott de l’hymne de l’Iran
Or, certains footballeurs iraniens sont des opposants au régime actuel d’Ebrahim Raïssi, élu président de la république le 3 aout 2021. Et dès cette semaine, après les déclarations du capitaine Alireza Jahanbakhsh qui laissait entendre que les joueurs décideraient collectivement de chanter l’hymne ou non, on sentait qu’il pouvait se passer quelque chose. On se souvient d’un match, le 27 septembre dernier, onze jours après la mort de Mahsa Amini, lors d’un match amical contre le Sénégal, les joueurs étaient venus couverts d’une parka noire, dans la mention du logo de leur fédération. Certains avaient boudés leur hymne. Le 10 novembre dernier, rebelote. Des signes de rebellion.
Mais, depuis leur arrivée à Doha, les signes semblaient s’estomper. “Comme vous le savez, notre devoir c’est de jouer au foot. […] Je me demande d’ailleurs, si l’Iran n’était pas dans votre groupe, si vous auriez commencé par cette question” avait d’ailleurs répondu Alireza Jahanbakhsh à un journaliste anglais, en conférence de presse. Comme l’a dit le capitaine, on est tous heureux d’être ici, dans l’un des plus grands tournois au monde. On est totalement concentrés sur la performance pour ramener de la joie à notre population“, a rajouté le gardien Alireza Beiranvand. Mais de la communication de surface. Finalement, sur le terrain, il en fut autrement.
Des signes déjà, avec certaines déclarations, avec des hommages envers le peuple iranien en train de souffrir sur place. Il faut dire que ces joueurs, même s’il disputent ce qui est le rêve de leur vie, ont de la famille qui souffre dans cette répression constante depuis près de deux mois.
Ali Daei boycotte la coupe du monde, la grimpeuse Elnaz Rekabi et son courage
Ali Daei, légende du football iranien, footballeur le plus capé en Iran et auteur de 109 buts avec la sélection nationale, ce qui fait de lui le deuxième joueur ayant marqué le plus de buts pour une sélection nationale, derrière Crisitano Ronaldo (117) a décidé de boycotter la coupe du monde 2022, en soutien aux manifestants contre le régime. L’escaladeuse Elnaz Rekabi, s’est affichée sans son hijab, lors d’une compétition internationale (championnat d’Asie le 15 octobre dernier). Imitée le 10 novembre dernier par la spécialiste du tir à l’arc Parmida Qasemi. D’autres sportives les ont imitées. A l’image de milliers “d’anonymes” qui prennent énormément de risques en Iran. Quand la révolution se passe également dans le sport. Malgré beaucoup de déclarations de la part de dirigeants européens ne voulant pas mélanger sport et politique.