Julian Alaphilippe a cédé sa tunique arc-en-ciel hier. Moins exposé, est-ce que cela ne peut pas servir le Français en 2023 ?
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L’arc-en-ciel ne sera pas très loin de Julian Alaphilippe
Julian Alaphilippe sait bien faire les choses. Séparé de la tunique de champion du monde qu’il a porté durant deux saisons plus délicates que victorieuses, il est pourtant assuré de voir le maillot arc-en-ciel près de lui une bonne partie de l’année prochaine. Son successeur, le Belge Remco Evenepoel, n’est autre qu’un de ses équipiers – partenaires – dans la formation Quick-Step Alpha-Vinyl. Alaphilippe prendra soin d’avertir son cadet des dangers qui guette le porteur de ce paletot affublé d’une malédiction que le Montluçonnais a lui-même connue.
Rarement, le successeur français de Laurent Brochard se sera montré à son meilleur durant les deux saisons arc-en-ciel. Étourdi (Liège-Bastogne-Liège 2020), moins tranchant (Milan-San Remo, Tour de France 2021) et pas épargné par les chutes (Tour des Flandres 2020, Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège et Vuelta 2022), Alaphilippe a quasiment tout connu des galères imaginables. Ne l’empêchant pourtant pas de briller par moments, sur une autre planète au moment de débuter le Tour 2021 à Landerneau ou intouchable à Louvain, lorsqu’il remettait son titre mondial en jeu.
Une malchance incroyable en 2022
En 2021, son début de saison était bien trop dense pour espérer briller dans la durée et il avait dû baisser le pied après le Tour pour revenir en forme aux Mondiaux. Cette saison, son calendrier a explosé en plein vol suite à ses accidents de parcours. Bien moins en jambes qu’à Louvain, Julian Alaphilippe a tout de même tenté de défendre son titre, en vain. Désormais, une nouvelle page se tourne pour lui.
Samedi, dans une interview à L’Équipe, il évoquait le cercle vicieux dans lequel le porteur du maillot arc-en-ciel peut être entraîné à la première dérive : « Une fois que tu l’as, même si tu n’es pas bien, que tu es malade, blessé, que tu as un jour sans, ben tu es encore champion du monde, donc forcément, les yeux sont braqués sur toi, il y a toujours un peu de pression […] Depuis que j’ai le maillot, j’ai quand même eu cinq fractures, pas mal de merdes, souvent malade. On fait des gros titres avec ça, mais les gens oublient que je donne tout quand même, que je m’entraîne dur. Quand tu as le maillot, tu te fais défoncer X10 ».
La pression du maillot arc-en-ciel pour Alaphilippe
Alors, s’il ne se réjouit pas de la perte de ce statut, Alaphilippe partageait ce matin « un mix d’émotions. J’avais pris le temps de m’imaginer sans maillot la semaine prochaine. Ça me fera encore plus apprécier les moments que j’ai eus avec ce maillot ». A l’été 2021, il y avait notamment eu cette victoire au sommet de la côte de la Fosse-aux-Loups lors de l’ouverture du Tour, un des derniers coups d’éclat, quelques jours après la naissance de son fils, Nino.
Une des rares fois où l’ex-champion du monde a fait preuve d’un détachement extrême, comme si la pression lui glissait dessus, au même titre qu’à Louvain quelques semaines plus tard. Régulièrement, on l’a aperçu tendu, tête en l’air, pas forcément capable de tenir son rang et la régularité. Pourtant, il assure dans L’Équipe être resté le même qu’avant Imola : « Pour moi, oui je suis champion du monde, il y a le maillot, tout ça, mais je suis le même ».
Un nouveau départ ?
Son nouveau départ implique une remise à plat physique, avec beaucoup de repos cet hiver : il a souvent tiré sur la corde, comme cette saison lors de ses multiples retours de blessures. Alaphilippe tentera de se rassurer en retrouvant ses amours de classiques et notamment la Doyenne qui, deux fois, s’est refusée à son maillot arc-en-ciel au sprint. Puis, il sera temps de démarrer tambour battant le Tour de France 2023. Son départ depuis le Pays Basque est une formidable rampe de lancement pour un nouvel été ensoleillé pour le puncheur.
« Je sais qu’on ne me considérera jamais sans doute jamais comme un coureur lambda, mais j’ai envie d’être un coureur parmi d’autres, avec le maillot de l’équipe », soufflait-il samedi, dans L’Equipe. A 30 ans, Julian Alaphilippe ne devrait pas avoir de mal à trouver de la motivation pour repartir pleins gaz : ses adversaires sur les classiques sont de plus en plus nombreux et leur niveau ne cesse de grimper. Remco Evenepoel, son successeur, en fait partie. L’arc-en-ciel a changé d’épaules, mais la route s’est peut-être éclaircie.