STEVEN DA COSTA : VIVRE LE RÊVE OLYMPIQUE POUR LA PREMIÈRE FOIS

Alors que l’Open de Paris de Karaté débute aujourd’hui, Steven Da Costa s’est confié sur son parcours et son objectif olympique. De ses débuts avec sa fratrie à Mont Saint-Martin, à son enthousiasme pour l’arrivé de son sport aux Jeux Olympiques, vous saurez tous sur l’un des fleurons du karaté français.
Steven Da Costa
Denis Boulanger – FFK
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alors que l’Open de Paris de Karaté débute aujourd’hui, Steven Da Costa s’est confié sur son parcours et son objectif olympique. De ses débuts avec sa fratrie à Mont Saint-Martin, à son enthousiasme pour l’arrivé de son sport aux Jeux Olympiques, vous saurez tous sur l’un des fleurons du karaté français.

J’ai commencé le karaté à 4 ans avec mon jumeau, un âge où l’on ne décide pas vraiment ce que l’on va faire. Notre grand frère en faisait déjà, notre père nous suivrait quelques années plus tard sur le tatami par fierté : alors qu’il râlait en tant que spectateur sur nos combats, un entraîneur lui avait dit que c’était facile de critiquer, moins de combattre.

Ce qui m’a tout de suite plu, ce sont deux choses : le combat et l’esprit de compétition dans ce sport. On est mauvais perdant dans ma fratrie, même pour un jeu de cartes c’est la guerre. Les katas de démonstration n’étaient donc pas vraiment pour nous.

J’ai mis quelques années avant de faire de bons résultats en tournoi alors que j’avais commencé la compétition à 6 ans. On pouvait dire que j’étais un champion de l’entraînement, mais ça ne s’est pas concrétisé avant mes 14 ans, où j’ai commencé à monter sur des podiums nationaux.

LE HAUT NIVEAU DÈS L’ADOLESCENCE

Je suis rapidement parti de chez mes parents pour arriver 400km plus loin au CREPS de Châtenay-Malabry. Bien évidemment je m’entraînais dès que je le pouvais avec mon père dans mon premier club de Mont-Saint-Martin. Les bons résultats se sont alors enchaînés, comme mon premier podium aux Championnats de France Minimes, qui m’ont permis d’être surclassé en catégorie cadet et d’intégrer le pôle France dont mon grand frère Logan faisait déjà partie. Dans la foulée j’ai pu participer aux Championnats du monde de la catégorie, et glaner le bronze malgré le fait que je sois le plus jeune combattant dans ma catégorie. Ça fait aujourd’hui 6 ans, et je n’ai plus quitté l’Équipe de France.

Je suis assez fier de mes premiers résultats, car j’ai pu gagner plusieurs grands titres comme le Championnat de France ou le Championnat d’Europe. C’est assez rare que je ne sois pas sur un podium lors des grandes compétitions, j’ai vraiment envie de tout gagner dès que je commence une compétition.

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On m’a pourtant beaucoup répété que j’étais jeune et que j’avais le temps, mais je veux tout maintenant, car parfois on peut laisser passer sa chance et elle ne reviendra plus. Cet état d’esprit fait que je suis un peu trop dur avec moi-même sur certains résultats… Pour mes premiers Championnats du Monde dans la catégorie sénior l’année dernière, j’étais vraiment au bout de ma vie, car j’avais fini troisième ce qui en soi était un bon résultat. Mais ce n’était pas la place que je voulais, et je savais que j’avais le niveau pour battre les finalistes.

LE KARATÉ AUX JEUX OLYMPIQUES, UN PROGRÈS POUR NOTRE SPORT

La très bonne nouvelle qui est tombée, c’est l’arrivée du karaté aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo. C’est vraiment un rêve qui se réalise, l’objectif ultime. Ça fait aussi grandir le karaté, car nous étions un sport plus amateur que d’autres sans les JO.

C’est une belle symbolique que ça se passe au Japon pour la première fois, mais j’espère surtout être encore là pour 2024 en France. Je me souviens de mes titres lors des Championnats d’Europe à Montpellier, c’était exceptionnel. Avoir ses repères, son public, c’est indescriptible.

Par contre rien ne garantit qu’il y aura beaucoup de français, la compétition pour se qualifier sera rude. Le nombre de catégories va ainsi passer de 5 à 3, la mienne des -67kg étant d’ailleurs fusionnée avec celle des -60. L’autre difficulté est qu’ils ne qualifient d’office que les deux premiers du classement mondial, les autres devant passer par des qualifications ou des invitations pour aboutir à 8/10 karatékas par catégorie (et un seul par nation pour chaque catégorie). La lutte pour se qualifier commencera cette année en septembre pour se finir quelques semaines avant les Jeux Olympiques, il n’y aura pas de répit.

Pour moi, la concurrence va venir à la fois de France avec Marvin Garin, mais aussi de l’international avec l’anglais Jordan Thomas qui est le Champion du Monde en titre. L’année dernière j’ai réussi à accrocher cette première place, mais je ne suis aujourd’hui que troisième avec peu de points de retard sur la tête.

LES OUTILS NÉCESSAIRES POUR PERFORMER

Pour réussir à me qualifier pour les Jeux Olympiques, je fais partie d’un pôle spécifique mis en place à Châtenay-Malabry où la fédération mise sur quelques éléments de l’Équipe de France. L’infrastructure est la même qu’avant, mais nous avons des kinés en plus et la préparation physique est bien plus intense avec Mathieu Cossou (ancien international) et Mathias Ricard (ancien judoka). Même si je détestais un peu tout ce volet « physique » avant, j’ai dû me faire aux 2 entraînements quasi quotidiens que nous avons.

L’une des autres grosses satisfactions est le fait d’avoir obtenu un CDI auprès de la SNCF avec une CIP, c’est-à-dire un contrat aménagé qui me permet de travailler selon mon temps libre. Ce détachement qui me libère 50 à 70% de mes horaires pour me permettre de vivre ma vie de karatéka de haut-niveau sans perdre de salaire m’enlève beaucoup de pression inutile. De plus, il est important pour moi d’avoir assuré mon futur professionnel, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Une blessure est vite arrivée, et si j’arrête ma carrière je passerais tout simplement à temps plein comment agent d’accueil en gare.

Nous sommes d’ailleurs presque une trentaine à bénéficier de ce type de détachement à la SNCF, comme Harold Correa (triple saut), Cyril Maret (judo) ou Gauthier Klauss (canoë slalom). En tant que partenaire des JO 2024, la SNCF est à la recherche de jeunes sportifs capables de performer pour cette échéance olympique, mais bien évidemment chacun d’entre nous a dû passer des entretiens classiques d’embauche avant de pouvoir prétendre à bénéficier de ce dispositif.

La prochaine étape à court terme est l’Open de Paris et le circuit mondial continuera avec des compétitions tous les mois pour accrocher le haut du classement. Avant les Jeux Olympiques il me reste beaucoup à accomplir en 2018 avec les prochains Championnats d’Europe et les Championnats du Monde.

STEVEN

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