Top 14 2021 2022 : Toulouse en grand favori
On ne sait pas si c’est le manque du public à combler, le suspens entier qui a accompagné la saison dernière ou le souffle nouveau du rugby français et l’objectif 2023 qui s’approche, mais on avait tous envie de les retrouver. Aussi, peut-être, la dernière finale du Top 14 n’avait rien eu du bouquet final attendu entre les deux armadas qui ont régné sur l’Europe, douchée par le déluge dionysien. Cela nous avait surtout mis l’eau à la bouche, renforçant même un peu l’espoir que cela pourrait être encore mieux. Cela dépendra en partie de la capacité aux deux stades, Toulousain et Rochelais, de poursuivre le feuilleton qui les lie à un public qui grandit mois après mois. Pour le reste, il ne devrait pas y avoir de soucis. Un Top 14 sans stars, sans grande bataille pour les phases finales, sans lutte pour le maintien, ça n’existe pas.
Souligner à nouveau l’exploit réalisé par le Stade Toulousain la saison passée est une nécessité, même si c’est remuer le couteau dans la plaie pour le Stade Rochelais. Comme les Rouge et Noir l’avaient fait en 1996 – c’était un autre temps – et comme les pareillement colorés toulonnais en 2014, ils ont remporté coup sur coup le titre européen et le Bouclier de Brennus. Une performance remarquable qui s’ajoute à un titre national déjà obtenu en 2019. Au départ de cette saison de Top 14, Toulouse est donc double champion de France en titre – la saison 2019-20 n’étant allée à son terme, perturbée par le Covid. Depuis lors, la recette haut-garonnaise semble difficilement égalable : un savant mélange d’expérience, de fougue apportée par la jeunesse, mais aussi et surtout une exigence à tout instant, une science du rugby hors pair, sans compter la gestion des grands rendez-vous.
Le Stade Rochelais en concurrent numéro un ?
Il est ainsi compliqué de ne pas donner à Toulouse le statut de grand favori de l’exercice. Néanmoins, l’escorte autour du tenant du titre sera sans aucun doute musclée. Et revancharde, pour une partie. On parle bien entendu de La Rochelle, deux fois finaliste, deux fois perdante au printemps dernier. Elle a de loin réussi la plus belle saison de son histoire, mais le scénario a pris du plomb dans l’aile au dernier chapitre du séduisant roman qu’elle s’était imaginé.
Durant l’intersaison, le Stade Rochelais a misé sur léger nettoyage. Ronan O’Gara, bras droit de Jono Gibbes depuis deux saisons, a pris les rênes de l’équipe, et a fait appel à un nouveau staff. Il y retrouvera notamment son ancien équipier munsterman Donnacha Ryan. Il parait difficile d’imaginer qu’avec la culture d’O’Gara et ce qui reste – c’est-à-dire à 95% tout – de l’équipe qui a surclassé le Leinster en jouant à l’anglo-saxonne il y a peu, les Maritimes ne jouent pas le très haut du panier.
Top 14 2021 2022 : L’UBB et le Racing 92 dans la course
Le duel des Stades ne doit pas nous faire oublier ceux qui se sont arrêtés à l’échelon précédent en juin, le Racing 92 et l’UBB. Pour les Franciliens, la saison passée demeurera sans doute une grande déception. Si le goût final doit être le même chez les Girondins, l’allure globale de l’exercice 2020-21 aura une meilleure allure. Pour la première fois de sa jeune histoire, le club bordelais a rallié les phases finales – et même le dernier carré – en Champions Cup et Top 14.
Peu affaibli par les transferts, si ce n’est en 3e ligne, l’UBB va rester une force vive du championnat, capable de performer dans les rencontres fermées et de s’exprimer lorsque les portes s’ouvrent. Le résumé est le même pour le Racing 92, dont les rangs n’ont aucunement perdu de leur splendeur. A l’aise dans son intérieur de Nanterre, principal élément perturbateur du championnat à l’extérieur, le club ciel et blanc doit viser le titre !
Revoir Saint-Denis pour l’ASM et le RCT
Il y a quelques années, c’aurait été une mission naturelle pour l’ASM ou le RCT. Clermont, champion en 2017 et finaliste en 2019, s’est arrêté en barrages la saison dernière. La faute à trop d’inconstance, des blessures, entre autres. Pour relancer une dynamique, le club auvergnat s’est séparé de son entraineur depuis 2015, Franck Azéma. C’est Jono Gibbes, ancien de la maison, qui fait son retour.
A Toulon, les joueurs changent, le coach reste, c’est une musique assez classique. Mais il s’en faudrait de peu pour que le refrain ne change. Patrice Collazo entame sa quatrième saison sur la Rade, et n’est toujours pas parvenu à emmener le RCT en phases finales du championnat. C’est presque déjà trop, et on attend dans le Var une grande saison parce que, sur le papier, il y a une grande équipe. Idem du côté de Montpellier. Le MHR a frôlé la catastrophe début 2021, mais les dernières semaines sous Philippe Saint-André, couronnées par le sacre en Challenge Cup, annonçaient des week-ends plus ensoleillés.
Top 14 2021 2022 : D’autres candidats aux phases finales
C’est ce que l’on espère également à Castres et Lyon. Le champion 2018 a terminé à la pire des places en juin (7e, aux portes des barrages) mais semblait avoir retrouvé de sa splendeur en 2021, après avoir passé un temps en fin de tableau. Le LOU a dégringolé au 9e rang du Top 14 après avoir connu deux demi-finales consécutives et une 2e place en 2020. La qualité de l’effectif doit pouvoir offrir un objectif bien plus haut cette année.
La question commence à s’installer aussi du côté du Stade Français, qui a décroché les barrages et va tenter de s’y habituer. L’an dernier, le club de la capitale avait connu de très hauts et de très bas. Son destin semble se situer dans sa capacité à rester constant, en profitant notamment des séquences internationales pour marquer des points, l’effectif étant à priori protégé pour les doublons.
Des clubs destinés à la lutte pour le maintien
On imagine mal voir Pau, survivant de la terrible bataille pour le maintien avec Bayonne, jouer les avant-postes tout au long de l’hiver. Tout comme pour le CA Brive, qui n’a pas moins d’expérience ni de qualités, mais qui reste un ton en-dessous des équipes précitées. Ces deux bastions du rugby français auront donc avant tout une place à conserver dans l’élite, face à deux géants historiques qui refont surface : l’USAP, champion de Pro D2, et le BO. Avant de leur souhaiter un meilleur destin qu’Agen, qui a pris l’ascenseur dans l’autre sens au terme d’une saison cataclysmique marquée par un record de 26 défaites en autant de matches, fêtons le retour de ces deux mythes et de leurs chaudes ambiances. On a déjà (re)vu à l’œuvre celle d’Aguiléra, lors du derby basque du siècle, remporté aux tirs au but par Biarritz lors de l’access match contre Bayonne.
retrouvez le calendrier complet du Top 14 2021-2022 ICI
Top 14 2021 2022 : Nouvelle promotion, nouvelles habitudes à prendre
Il n’y a pas de surprise, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Diffuseur historique du championnat de France, Canal + a mis le paquet cette année pour la promotion du Top 14. Et pour cause, trois matches de chaque journée seront diffusés sur l’antenne principale, dont deux en prime time, les samedi et dimanche à 21h05. Du monde devant son écran donc, et bien sur de retour dans les tribunes. A priori sans jauges de public, les stades accueilleront les spectateurs munis d’un pass sanitaire ou d’un test négatif datant de moins de 72 heures. Voilà qui rendra la saison bien moins étrange que la précédente, même si tout n’avait pas changé l’an passé. Les indécrottables doublons font de la résistance et ils vont encore perturber la compétition à l’automne et en hiver.
Mais préférons pour l’instant se réjouir de retrouver de grands noms du rugby, d’en découvrir certains sous de nouvelles couleurs, ou de faire connaissance avec d’autres. Ainsi, on a déjà hâte de Kolbe au RC Toulon, accompagné d’une deuxième ligne Etzebeth-Nakarawa, le fidjien faisant son retour en Top 14. L’association Danty-Botia au centre de l’attaque rochelaise devrait faire des étincelles, tout comme la paire Fickou-Vakatawa du Racing, entraperçue en fin de saison dernière. On suivra les premiers pas de Romain Taofifenua à Lyon, de Geoffrey Doumayrou ou Paolo Garbisi à Montpellier ou encore d’Anthony Jelonch au Stade Toulousain. Pressés de voir les premiers ballons du brûleur d’étapes Melvyn Jaminet (retrouvez notre portrait ICI). Le perpignanais découvrira le Top 14 après l’équipe de France! Pressés aussi de découvrir les talents individuels dont regorge l’effectif du BO, comme Tevita Kuridrani, et de voir si cela sera suffisant.
Il est temps de lâcher les fauves, de repartir pour un tour. Surtout, pourvu que ça dure.
Mathéo RONDEAU