Rugby – Jules Favre : “Vraiment envie de retourner au Stade de France”

Installé depuis 2018 au Stade Rochelais, Jules Favre explose au haut niveau cette année. Grande interview du jeune trois-quarts dans cet article !
Chiffres top 14 - Jules Favre meilleur marqueur d'essais
Chiffres top 14 – Jules Favre meilleur marqueur d’essais

Il s’est installé petit à petit dans un effectif rochelais pourtant dense. Jules Favre, tantôt centre, tantôt ailier, a débuté chez les pros à seulement 19 ans. Depuis, il enchaîne les matchs et les bonnes prestations. Si bien qu’avec un essai inscrit dimanche soir en fin de match contre le RCT, son quatrième depuis début septembre, il est le meilleur marqueur du club cette saison. Dans cette longue interview qu’il nous a accordé au début du mois, Jules Favre revient sur ses débuts, sa progression, la saison historique du Stade Rochelais l’an passé, et ses prochains objectifs.

Crédit photos : Thibaut Bossenie, Stade Rochelais

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Jules Favre : « Au début, je ne voulais pas y retourner »

« Comment es-tu venu au rugby ? Y a-t-il eu un déclic, un joueur, un match ?

C’est mon père qui jouait au rugby, plus jeune, avec la marine. Après, on a déménagé, il s’est inscrit dans un club et m’a amené avec lui à l’école de rugby. Ca s’est fait comme ça. Au début, j’étais un peu réticent, j’avais du mal, je ne voulais pas y retourner. Mais je suis très vite tombé dedans. J’ai commencé vers cinq ans. Et après, je suivais les Jauzion, Skrela, qui étaient un peu les idoles de jeunesse.

A quel moment as-tu compris que le rugby allait devenir ton métier ?

Je t’avoue qu’au début, je faisais deux sports, jusqu’à mes quinze ans : du rugby et du judo. J’ai fait une année de pôle espoirs de judo, et j’ai compris à la fin de cette année que ça n’était pas pour moi. Du coup, je suis reparti au rugby, j’ai fait tout mon lycée au rugby. Et à la fin du lycée, j’avais une grosse envie de trouver un club professionnel. La Rochelle m’a tendu la main, et je me suis dit qu’à ce moment-là, il fallait tout donner. Je n’y croyais pas forcément, en y arrivant. Mais j’ai eu la chance de faire la préparation physique avec les pros, et j’ai compris que c’était le moment de s’engouffrer dans la brèche.

Tu avais une quinzaine d’années quand le XV de France a connu une période très délicate. Est-ce que cela a pu impacter ce que toi ou tes collègues pensaient du rugby ?

Non, pas du tout. Je n’y pensais pas du tout. J’avais vraiment ces deux sports de prédilection. Quand j’ai essayé le judo, ça me plaisait vraiment, mais il me manquait le rugby. J’y suis retourné et ça s’est fait tout seul. C’est vrai que durant cette période ça n’allait pas trop pour l’équipe de France, mais je n’y pensais pas par rapport à moi.

« Beaucoup de chance que Garbajosa me lance dans le grand bain »

Tu arrives au Stade Rochelais à 18 ans en 2017. Comment cela s’est-il passé, comment se matérialise ce changement de vie ?

Je viens de Morteau, qui est tout à fait à l’est, à côté de la Suisse. J’étais au pôle espoirs de rugby à Dijon, mais il n’y a aucun club professionnel dans l’Est. Donc on essaie d’aller se vendre un peu ailleurs. Et j’avais mon préparateur physique qui était en contact avec celui de La Rochelle. Ils sont venus me voir jouer un match avec l’équipe ABCD XV où j’évoluais à l’époque. Ils m’ont appelé en février, je suis venu faire quelques jours de test. Et ça s’est très vite décidé dans ma tête que j’allais venir ici.

Tu intègres l’équipe espoirs mais tu évolues aussi avec l’équipe pro en 2018-2019. Tu joues 18 matches, tous au centre : j’imagine que Pierre Aguillon ou Geoffrey Doumayrou t’ont permis de progresser ?

C’est vrai que je ne pensais pas du tout avoir un début de carrière comme ça. J’ai eu beaucoup de chance que Xavier Garbajosa me lance dans le grand bain. Et après, d’être avec des mecs comme Doumayrou, Aguillon, même Botia, c’est vrai que cela m’a énormément appris.

Début mai 2019, tu es aussi titulaire en finale du championnat de France espoirs (défaite contre le RCT). Aujourd’hui, vous êtes de nombreux rescapés à être dans le groupe pro. Est-ce que cette aventure à eu un impact sur vous, continue-t-elle de vous lier ?

Oui, complètement. Je pense qu’on avait un groupe très fort cette année-là en espoirs. On était tous leaders, ça me fait des petits frissons d’y repenser. Franchement, on avait un groupe vraiment très soudé, on allait tous dans la même direction. On perd en finale, on n’a pas fait notre meilleur match. Mais je pense qu’aujourd’hui, ça se ressent. Tous les jeunes avec lesquels je suis chez les pros (Samuel Lagrange, Paul et Pierre Boudehent, Thomas Berjon), on est soudés.

Comment passe-t-on des matches avec les pros aux compétitions espoirs dans une même saison ?

C’était une année de transition. C’était compliqué, parce que tu fais partie de deux groupes en même temps, et dans un certain sens d’aucun des deux. Tu es toujours en transition entre l’un et l’autre. Ca n’était pas simple, on s’est serré les coudes avec les copains, et ceux qui faisaient la bascule aussi. Maintenant, c’est plus facile, on est tout le temps avec le même groupe.

Jules Favre : « Je pensais que ça allait être une saison comme une autre »

Le début de saison 2019-2020 est un peu délicat pour le Stade Rochelais. Le 16 novembre 2019, L’Equipe écrit que tu es approché par Castres en même temps qu’Eliott Roudil par Pau. Le dernier transfert se fera, pas le tien. Le mois qui suit, tu prolonges ici. Y a-t-il eu un vrai flou concernant ton avenir à La Rochelle ?

Non, on va dire que c’était un peu un coup d’intox. J’étais en dernière année de contrat, je ne savais pas trop ce que j’allais faire ensuite. Re-signer ici m’a fait du bien et m’a apporté plus de sérénité. J’avais beaucoup joué durant le début de saison, puis j’avais eu un trou pendant sept-huit matches où je n’avais pas du tout joué. La signature m’a redonné confiance et j’ai pu attaquer de nouveau, juste avant que le Covid arrive.

Au démarrage de la saison dernière, quelles sont tes ambitions personnelles ? Tu démarres les quatre premiers matches sur le banc.

Je ne pensais vraiment pas que ça allait se passer comme ça. Je pensais que ça allait être une saison un peu comme une autre. Et c’est vrai que quand on ne l’a jamais vécu, on ne se dit pas vraiment « tient, il y a quelque chose à aller faire ». J’ai commencé la saison un peu comme toutes les autres, essayer de jouer, de grappiller le plus de temps de jeu possible, et d’être sur le terrain, peu importe le poste. C’est vrai que je commence les quatre premiers matches sur le banc, et après il (Jono Gibbes) me donne ma chance en titulaire. Après, ça a roulé et j’en suis super content.

Y a-t-il un moment dans la saison passée où vous sentez un déclic, que vous pouvez faire quelque chose de très grand ?

(Il hésite). Je pense que vers mars, on sait qu’on est au-dessus du tableau. On est en haut du classement, on veut y rester, et à partir de ce moment-là s’est enclenchée une dynamique. On avait cet objectif d’aller en finale du Top 14, et à compter de mars ça a commencé à s’enchainer pour aller la chercher.

« Je préfère jouer au centre, j’aime bien plaquer, le contact »

Il y a les deux défaites consécutives à domicile contre Toulouse et à Castres, et vous arrivez à casser cette spirale négative…

Oui, bien sûr. Après Castres, il y a eu les vacances et on a su se remobiliser. On va gagner à Bordeaux et en plus il y a la Coupe d’Europe qui arrive, on gagne à l’extérieur. C’était une bonne dynamique, on s’est dit qu’il fallait aller jusqu’au bout.

Avec Jono Gibbes, tu évolues presque exclusivement à l’aile, après avoir joué au centre la première saison. Quel est ton poste de formation, quel est celui où tu préfères évoluer ?

Avant de venir à La Rochelle, je jouais exclusivement au centre. J’ai aussi fait tous les matches au centre lors de ma première année en espoirs. Et quand j’ai commencé avec les pros, Xavier m’a placé sur l’aile avant de me remettre au centre. Je préfère jouer au centre, je suis un joueur qui aime bien le chocolat comme on dit, j’aime bien plaquer, le contact. C’est vrai qu’à l’aile, on retrouve moins ça, mais j’ai appris aussi à aimer ce poste parce que j’y ai beaucoup évolué, il a fallu que je m’adapte. Maintenant, je préfère toujours centre, mais les deux postes me conviennent.

Tu termines la saison dernière au centre justement, après la suspension de Levani Botia, avec Raymond Rhule. Pendant la semaine avant la demie de Top 14, les médias avaient beaucoup parlé des « Galactiques » du Racing, vous mettant un peu de côté. Etait-ce une motivation supplémentaire pour l’équipe et pour toi ?

Je pense qu’ils ont été mis sur un piédestal avec cette équipe derrière les « Galactiques », qui était annoncée comme la plus belle ligne de trois-quarts du Top 14, il ne faut pas se mentir. Mais je pense que tous les coéquipiers ont su me mettre dans un bon état d’esprit, dire que c’était un match comme un autre, qu’il ne fallait pas que je me prenne la tête. Ca n’était pas le moment pour s’inventer un style de jeu. On a beaucoup parlé avec Raymond, je pense qu’on n’a pas fait de grandes choses mais le peu qu’on a fait, on l’a bien fait. Et je pense qu’on a gagné parce qu’on a su faire simplement.

Toujours pendant cette semaine, les médias spécialisés avaient également souligné côté rochelais l’inexpérience de la paire de centres, en disant que Raymond et toi jouaient plutôt à l’aile d’habitude. Etiez-vous au courant, cela vous a-t-il remonté aussi ?

Oui bien sûr ! Moi j’adore ça, quand la presse dit des choses comme ça. Ca donne toujours un peu plus de motivation, de la motivation gratuite quand on lit ces choses et qu’on sait que ça n’est pas vrai ! Je pense qu’on a joué toute la saison avec Raymond en 13 et moi à l’aile, donc la connexion, qu’elle soit dans un sens ou dans l’autre, je pense que ça n’a rien changé.

Jules Favre : « J’ai plus de regrets sur la finale de Top 14 »

La saison se termine malheureusement avec les deux défaites en finale. Y a-t-il plus de regrets pour celle de Coupe d’Europe quand joue la gagne jusqu’au bout, ou pour celle du Top 14 où vous passez à côté de la partie ?

Je pense qu’on s’attendait moins à être au rendez-vous en Coupe d’Europe. Du coup, on a joué notre jeu, les yeux dans les yeux, pour gagner, sans que cela n’ait été notre objectif de la saison. C’est vrai qu’on peut nourrir quelques regrets sur celle-là parce qu’on tient le match jusqu’à la soixantième, à peu près. Après on prend l’essai, c’est compliqué de revenir,… Mais j’ai plus de regrets personnellement sur celle de Top 14, surtout par rapport aux copains. Il y en a qui sont passés à côté de leur match, je ne sais pas trop comment l’expliquer, on a essayé de le faire entre nous. Ca n’est pas facile à dire, à assumer. Je pense qu’un Brennus, ça n’arrive pas tous les ans. On va tout faire pour y retourner.

Si on revient aux points plus positifs, il y a notamment la demie de Champions Cup, contre le Leinster, un des plus beaux matches de l’histoire du club. A vos yeux, cela a-t-il aussi la valeur d’un exploit ?

On n’avait pas forcément de pression. Nous, on n’a jamais rien gagné, on n’a jamais rien fait. Eux, ils l’ont gagné quatre fois. Ils viennent chez nous, donc on avait à cœur de faire un beau match. Je pense qu’on a fait un de nos meilleurs matches de la saison. J’étais dans les tribunes et je me suis régalé, c’était énorme. Je pense que les mecs sur le terrain ont pris énormément de plaisir.

Ce qui avait été marquant, c’est que le Stade Rochelais avait battu le Leinster à son propre jeu, en s’appuyant notamment sur la puissance du pack. Es-tu d’accord si on dit que La Rochelle est la meilleure équipe anglo-saxonne du championnat de France ?

(Rires). Non, je ne sais pas. Après, je pense qu’on a des joueurs vraiment physiques et qu’on se base beaucoup là-dessus. Et on arrive aussi avec nos trois-quarts à bien jouer au rugby. Mais c’est vrai qu’on a aussi pas mal de mecs qui ont des origines diverses, pas français, qui ont des goûts différents, de la violence mais aussi du jeu juste. Des gars comme Will Skelton, Uini Atonio, ils vont pouvoir renverser des mecs, mais à côté de ça faire la passe sur le pas où à l’aveugle. Ca nous porte énormément, on le revoie un peu dans les équipes anglo-saxonnes qui ont pas mal de joueurs comme ça.

Jules Favre a évolué au centre et à l’aile depuis le début de la saison. Ici, sur la pelouse du Racing 92. Crédit : [Thibaut Bossenie, Stade Rochelais]

« Tuisova, quand tu le vois arriver en face de toi, ça fait tout drôle »

Y a-t-il des joueurs qui t’impressionnent dans le Top 14 actuellement et à qui tu voudrais ressembler, dont tu souhaiterais t’inspirer ?

Un mec comme Tuisova, quand tu le vois arriver en face de toi, ça te fait tout drôle (sourire). Franchement, il y a des mecs costauds, gaillards dans toutes les équipes. Après, Will (Skelton), je suis très content de jouer avec lui (rires). Il y en a qui jouent vraiment super bien au rugby techniquement, je pense à « Jerem » Sinzelle qui arrive à allier puissance et vision du jeu, à Dillyn (Leyds) qui joue très bien. J’aime bien Damian Penaud, qui va très vite, Pita Ahki, George Moala, des gros durs. Quand on joue contre eux, on sait que ça va être un gros match.

Qu’est-ce que ça donne l’ambiance de Marcel-Deflandre ?

C’est incroyable. La première fois, je l’ai vécue sur le banc, j’étais remplaçant. Et c’est vrai que tu prends presque plus en compte l’effet du public, n’étant pas dans le jeu et étant moins concentré. Ca pousse vraiment, c’est impressionnant, on le voit. Il y a une très bonne ambiance dans le stade, les olas, les gens qui chantent, ils sont derrière nous pendant 80 minutes. Et c’est vrai que d’avoir 16 000 personnes tout le temps, on sait qu’on va être soutenus tous les week-ends.

16 000 supporters à chaque réception, est-ce que ça booste à chaque fois ou y a-t-il une petite part de pression de ne pas vouloir décevoir ?

C’est un peu un mélange des deux, mais je pense que tous les gens qui viennent ici sont là pour se faire plaisir. Forcément, on n’a pas envie de les décevoir, mais je pense que cela booste beaucoup plus que ça nous fait peur. C’est ça le plus important, que chacun essaie de tirer le meilleur du public pour donner le plus sur le terrain.

Apprécies-tu ton quotidien rochelais ?

Oui, c’est une super ville franchement, on est bien ici. Il fait beau en ce moment, on est en train de rattraper l’été (rires). C’est une petite ville, j’aime bien, il n’y a pas trop de monde, mais en même temps il y a pas mal de choses à faire. Il y a de très bons restaurants, il fait vraiment bon vivre.

Jules Favre : « Plus voir Toulouse comme un challenge que comme une bête noire »

Comment juges-tu le début de saison du Stade Rochelais, difficile sur le plan comptable, pas alarmant dans le jeu ? Ronan O’Gara a dit que vous aviez perdu les matches que vous aviez perdu la saison passée.

Il n’y a aucune urgence. On a pris le même nombre de points que l’année dernière, on a un calendrier qui est compliqué. On reçoit Toulouse sur le premier match, sans match amical, forcément un peu difficile. Je pense qu’on ne doit pas le perdre, mais ce sont des choses qui arrivent. Après, on se déplace deux fois contre les équipes qui ont fini troisième et cinquième du championnat donc ce ne sont pas des déplacements faciles. Je pense qu’on a rassuré tout le monde contre Biarritz.

A Montpellier, on ne fait pas un bon match dans l’engagement, mais c’est toujours compliqué là-bas. Et on s’est rassuré contre Castres (depuis l’interview, le Stade Rochelais a enchaîné des victoires à Brive et contre Toulon). Je pense qu’il n’y a rien d’alarmant, il faut continuer comme ça. On fera le point à la fin du mois d’octobre et je pense que ça sera différent.

Six défaites de suite contre Toulouse, dont deux finales, cela vous touche-t-il ou pas plus que ça ?

Oui bah forcément, ça fait chier de perdre six fois contre ces mecs-là (sic). Après, je pense qu’il ne faut pas se prendre la tête avec ça, justement, et plus voir ça comme un challenge, un défi que comme une bête noire. Car je pense que ça ne l’est pas. Et je pense qu’on est tout à fait capables d’aller gagner là-bas. Après, tout le monde en parle, les médias en rajoutent une couche, mais je pense qu’il ne faut pas rentrer dans ce jeu. Restons nous-mêmes.

Tu enchaînes les matches, les bonnes prestations. Arrive la question inévitable : penses-tu un peu à l’équipe de France, à une tournée d’été voire mieux ?

Franchement, là, pour le moment, je n’y pense pas trop. Je pense qu’il y a beaucoup de bons joueurs dans le groupe France et j’ai surtout envie de m’améliorer encore plus avec le club, d’essayer de devenir titulaire tous les week-ends. Je pense que ça viendra avec, si je suis performant avec le club. Il ne faut pas faire les choses à l’envers.

« Il faut commencer très tôt à placer la tête du bon côté »

Une des grandes forces de l’équipe est le jeu au ras ainsi que le jeu après-contact, avec des joueurs clés. Et pourtant, ça commence à faire longtemps que vous parvenez à casser les lignes ainsi. Comment expliques-tu que ça continue de faire aussi mal ?

C’est vrai qu’à l’entrainement on travaille beaucoup le jeu en désordre, déstructuré. On a des joueurs qui cassent beaucoup de plaquages, qui battent beaucoup de défenseurs, comme Bourgarit, Rhule, Leyds mais aussi Skelton ou Atonio qui sont des joueurs imposants qui arrivent à faire jouer après eux. Je pense que c’est ce qui nous fait avancer, c’est ce que l’on travaille un peu tous les jours. Mais c’est l’instinct, ces mecs ont ça en eux.

Le rugby est de plus en plus soumis aux graves blessures, il y a aussi de plus nombreux témoignages de conséquences des commotions cérébrales. Cela créé-t-il une peur, une crainte ? T’a-t-on averti, plus jeune, des risques que cela comportait ?

Bien sûr. Pour les commotions, on m’a toujours dit de faire attention, d’essayer de plaquer avec la tête placée du bon côté. Je pense que c’est avant tout un travail technique, il y a beaucoup de commotions qui pourraient être évitées grâce à ça. Il faut commencer très tôt, à placer cette tête du bon côté, c’est simple. Après, ça peut toujours arriver de prendre un coup de hanche ou de genou. Mais sur les plaquages, ça devrait de moins en moins arriver. Les blessures, ça fait partie du jeu, je n’y pense pas. Je donne mon corps tous les week-ends et si je dois me blesser, tant pis. Il ne faut pas s’arrêter là-dessus, si non on n’est plus performant.

Jules Favre : « C’était haletant depuis le bord de touche, je ne pouvais plus respirer »

59 matches avec le Stade Rochelais (61 désormais) et un seul carton jaune. Que gardes-tu de cette expérience face à Nigel Owens dans cette demi-finale face à Sale en Challenge Cup (à retrouver à partir de 1h56’30” dans la vidéo ci-dessous) ?

J’étais franchement désemparé. 16 000 personnes qui poussaient à fond, on gagnait, c’était très serré. On est à trente mètres de notre ligne, je fais un retour défensif, je donne tout ce que j’ai, je plaque le mec, je vais contester. Il y en a un qui me plonge dans les jambes, il me la tient. Je lui dis de me lâcher, j’essaie de l’enlever pour défendre le plus vite possible, et le coup n’est pas volontaire. Après il a son jugement, l’arbitre a toujours raison. Mais j’ai eu très peur qu’on perde et surtout que ça soit à cause de moi. Je remercie d’ailleurs Arthur Joly d’avoir fait une grosse mêlée ensuite et d’avoir récupéré la pénalité. C’était haletant depuis le bord de touche, je ne pouvais plus respirer. Je n’ai pas passé une bonne soirée parce que j’étais encore pris par l’événement.

Les chaussettes baissées jusqu’aux chevilles, y a-t-il une explication à ce style ?

(Sourire). Non, on va dire que « Fredo » (Frédéric Sarthou), notre…(il demande à Samuel Lagrange) intendant, il nous file des chaussettes trop serrées. Et quand je les monte au-dessus, ça me serre les mollets, j’ai des crampes. Du coup je les mets en bas, ça fait un style, c’est comme ça.

Si tu avais une finale rêvée pour la fin de saison, ce serait dans quelle compétition et contre qui ?

J’ai vraiment vécu une super finale au Stade de France contre Toulouse. J’ai vraiment envie d’y retourner, avec 80 000 spectateurs cette fois, ça doit être vraiment fabuleux. Pour l’adversaire, peu importe, mais j’espère que si on a la chance d’y retourner on la gagnera, par contre ».    

Mathéo RONDEAU

si vous voulez en savoir plus sur Jules Favre, retrouvez le passage de Mathéo Rondeau dans l’émission de France Bleu La Rochelle 100% rugby ICI (émission du 26 octobre 2021)

notre entretien avec l’arbitre Laurent Cardona dans le cadre des journées de l’arbitrage ICI

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