ROUGUI SOW : MA PREMIÈRE SÉLECTION EN EQUIPE DE FRANCE

Rougui Sow, spécialiste du saut en longueur aux multiples médailles nationales, vient de connaître sa première sélection en équipe de France sénior. Elle nous fait suivre de l’intérieur cette première étape en vue de son objectif, les Jeux Olympiques 2020.
Rougui Sow
(c) DR
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un athlète de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Première partie avec Rougui Sow, spécialiste du saut en longueur aux multiples médailles nationales, qui vient de connaître sa première sélection en équipe de France sénior. Rougui va nous faire suivre de l’intérieur ses différents challenges à venir jusqu’aux Jeux Olympiques 2020.

Le hasard fait parfois bien les choses.

Jeune, j’étais un peu un garçon manqué, j’adorais pratiquer le foot ou le basket avec des amis et je voulais toujours tout gagner. Mais à quatorze ans, après un déménagement au Havre, ma mère m’a emmené faire une séance d’athlétisme dans le club du HAC, ce qui m’a beaucoup plu.

J’ai fait toutes les disciplines, même du marteau, mais avec le temps je me suis spécialisée dans le saut en longueur où les performances au niveau national ont commencé à arriver.

Ce bon parcours m’a permis de poursuivre ma carrière aux États-Unis en liant sport en NCAA (Championnat universitaire américain) et études en relations internationales grâce à l’agence Nations of Athlete. Une carrière de haut niveau est assez courte, notamment dans l’athlétisme, et j’ai beaucoup de chance de pouvoir anticiper ma reconversion future en étant membre de l’université de Caroline du Sud.

PREMIÈRE FOIS

Alors que je devais rester aux États-Unis pour prendre des classes d’été, j’ai reçu une sollicitation de l’équipe de France pour savoir si j’étais disponible pour les championnats d’Europe par équipes par le manager des sauts, Gérald Baudouin.

Je ne m’y attendais vraiment pas, nous n’avions pas prévu la saison comme ça avec mon équipe.

J’ai été vraiment ravie et fière, car cela représente un honneur de représenter son pays au niveau senior.

En plus de l’excitation d’honorer ma première sélection en Équipe de France, j’étais heureuse de retrouver certains amis de la bande d’Eugene* comme on aime s’appeler.

*Ville hôte des championnats du monde junior 2014

Nous avons beaucoup échangé par snapchat pour nous chambrer un peu, surtout que nous vivons tous à des endroits différents.

J’ai rejoint la sélection à Lille deux jours avant le début de la compétition, à l’heure du déjeuner, ce qui m’a permis de voir tout le monde d’un coup, et de rencontrer les coéquipiers que je ne connaissais pas encore. Nous avons eu la présentation du nouveau DTN (Directeur Technique National) Patrice Gergès qui a fait un discours très poignant, qui m’a même un peu émue, avec des paroles et une détermination à l’américaine, qu’on retrouve moins souvent en Europe. Son couplet sur la réalisation de nos rêves et le fait de ne laisser personne guider nos choix a été très inspirant et motivant, ça m’a fait oublier une partie de ma fatigue.

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L’ambiance au sein de groupe France est sérieuse, mais nous trouvons des moments pour nous aérer la tête.

Avec les filles (Florianne Gnafoua, Deborah Sananes, Carolle Zahi) c’est plutôt axé sur les soins beauté ce qui nous permet de rire ensemble et d’enlever la pression de l’événement. Les garçons jouent plutôt au babyfoot bien évidemment et nous discutons beaucoup à table pour prendre des news avec Jeanine, et les gars, Michaël Zeze, Jean-Marc Pontvianne, tonton Kaf (Kafétien Gomis), Harold Correa et j’en oublie certainement.

PREMIÈRE MÉDAILLE

Étant rentrée des US deux jours avant de sauter après un voyage de 48h, nous avons insisté sur la récupération pour être dans des conditions optimales.

Le matin de l’épreuve, j’ai fait mon réveil musculaire routinier à 8h pour faire descendre cette fatigue. Je n’étais pas vraiment stressée, car depuis que je suis aux USA j’ai appris à le gérer et cela devient un stress positif.

Je ne connaissais pas vraiment mes adversaires, elles étaient plus âgées que moi. J’ai parlé un peu avec la concurrente Espagnole, mais l’ambiance était très sérieuse et les filles étaient toutes concentrées.

Au final la compétition s’est bien déroulée pour moi, l’important était de ramener des points pour l’équipe. Je n’étais pas très satisfaite de ma distance, je l’étais en revanche sur ma deuxième place qui a rapporté 10 points à l’EDF. Nous étions devant notre public à Lille donc à la fin de mon épreuve j’ai pu profiter d’eux en prenant des photos et en signant quelques autographes. Après mon épreuve, j’ai rejoint mes coéquipiers dans les tribunes pour continuer à encourager l’équipe dans notre lutte avec la Grande-Bretagne. Nous prenons au finish cette troisième place qui nous tenait à cœur devant les supporters français.

Tous les nouveaux appelés n’ont pas échappé au traditionnel « bizutage », on nous a jetés dans la petite piscine du steeple, et même le DTN a terminé dedans.

PREMIER BILAN

Cette première sélection m’a permis de découvrir le plus haut niveau sénior, c’est vraiment un autre monde.

L’ambiance était bonne, mais on sent quand même que c’est un esprit beaucoup plus professionnel. Porter le maillot de l’EDF senior procure une grande émotion et donne beaucoup de responsabilités, je n’ai pas envie de décevoir l’équipe et les supporters et je compte bien y goûter de nouveau.

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Sur le plan sportif, je suis assez fière, car faire une deuxième place me prouve que j’ai le niveau pour exister en senior. Mes concurrentes avaient de meilleurs records personnels, mais en compétition je termine devant elles. J’ai gagné en mental aux États-Unis et ça me donne beaucoup d’espoir pour la suite.

Concernant les prochaines étapes je vais partir à Tapei (Chine) mi-aout pour les Jeux universitaires avec de bonnes ambitions, puis je retournerai m’entrainer aux Etats-Unis. À moyen terme l’objectif est bien sûr d’aller aux JO en 2020 avec un espoir de médaille si je continue sur ma lancée.

L’équilibre est ma force, avec un bon entourage, famille et staff, c’est ce qui m’aide énormément au quotidien. L’athlétisme n’est pas forcément un sport individuel, car derrière un athlète il y a toute une équipe qui travaille et sans qui on ne serait rien. Je n’ai pas de point faible en particulier, j’ai encore beaucoup à apprendre à tout point de vue, mais je suis jeune, optimiste et motivée.

Comme on me l’a enseigné aux États-Unis, assumer et parler de tes objectifs est déjà un premier pas vers celui-ci. J’aime cette mentalité et j’espère que cela va m’aider pour les challenges à venir.

Rougui

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