RÉMI REVERCHON : CETTE AMÉRIQUE FAIT TOUT POUR QU’ON LA DÉTESTE, C’EST CON, MAIS ON L’AIME QUAND MÊME !

Après un été mouvementé en transfert pour contester la suprématie des Golden State Warriors, la saison NBA reprend enfin ses droits sur les antennes de BeIN SPORTS. Figure emblématique du basket depuis la création de BeIN, Rémi Reverchon puise sa passion pour la balle orange dans son histoire personnelle qui l’a liée très vite aux États-Unis. Il raconte sa relation amour/haine avec la patrie de Lebron James.
Rémi Reverchon

Rémi Reverchon – Journaliste

#BeIN SPORTS #NBA Extra #Sunday Night Live

Les athlètes ont beau être le coeur du sport, ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…

Après un été mouvementé en transfert pour contester la suprématie des Golden State Warriors, la saison NBA reprend enfin ses droits sur les antennes de BeIN SPORTS. Figure emblématique du basket depuis la création de BeIN, Rémi Reverchon puise sa passion pour la balle orange dans son histoire personnelle qui l’a liée très vite aux États-Unis. Il raconte sa relation amour/haine avec la patrie de Lebron James. (Crédit photo Une : Panoramic).




Zack devait vraiment être un sale con.

Je l’ai compris à la seconde où la responsable logement de la fac lui a annoncé que j’étais Français. Son visage s’est figé, soudainement. Le temps pour lui de lâcher un petit « Oh… » assez net sur son ressenti. Pendant 5 jours, je n’ai pas eu droit à un mot autre que « Good morning » le matin et un « Thanks » bien froid quand je lui tenais la porte.

J’avais 20 ans, c’était la fin de l’été 2005. Deux ans plus tôt, Chirac avait dit non à la guerre en Irak. Les américains s’offusquaient, rebaptisaient les french fries « freedom fries ». Et moi, je débarquais sur le campus de l’University of Northern Colorado. À 8000 kilomètres de mes repères, seul, dans un bled nommé Greeley au fin fond du Midwest américain. Et au moment d’intégrer cette maison d’étudiants, mon premier colloc, le fameux Zack, m’annonçait clairement la couleur : je n’avais rien à faire sur ses terres.

Parler de soi sans passer pour un énorme égocentrique est un exercice risqué. Alors, autant parler d’une relation.

 

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JE T’AIME MOI NON PLUS

Les États-Unis et moi, ça a toujours été particulier. Une love/hate relationship. Ce pays, qu’il est tellement hype de détester, et où pourtant tout bon Parisien dit vouloir y faire sa vie. On ne va pas se mentir : c’est quand même un pays de cons. Un pays où 63 millions de personnes ont abaissé leur champ de connaissances au point d’élire Donald Trump Président. Et vous savez quoi ? Rajoutez-en un, de con : moi. Suffisamment débile pour avoir l’idée de génie de proposer sur beIN SPORTS une soirée spéciale élection présidentielle à l’antenne.

C’était le 8 novembre 2016, les Hawks d’Atlanta affrontaient les Cleveland Cavaliers de LeBron James. Diffusion en direct sur beIN, l’occasion d’ouvrir un plateau avec consultants sport et invités politiques, afin de suivre et analyser l’avancée du scrutin au fil des temps morts du match. Avec moi en plateau, Chris Singleton, consultant NBA et américain de naissance, un professeur de sciences politiques américaines, et une équipe de commentateurs pour le match.

Les images de CNN qui nous parviennent. Soirée top, de la vie et pour une fois un peu de politique sur le plateau. Bref, une antenne réussie. Sauf que… Et ben sauf que j’étais persuadé qu’Hillary Clinton serait élue, et qu’on oublierait vite la blague Donald Trump. Raté. Fin de nuit à l’ambiance calamiteuse, où l’on commence à saisir ce qu’il se passe. Le flair, paraît-il.

Les États-Unis, j’en parle pourtant tous les jours à la télé. Dans nos émissions sur beIN : NBA Extra, la quotidienne, et Sunday Night Live, l’hebdo du dimanche. Avec Xavier Vaution, Mary Patrux, Jacques Monclar, Eric Micoud, Chris Singleton, Audrey Sauret, et toute l’équipe de chefs d’édition : Adio, Florent, Peter, Mitch, Matthias, on raconte les perfs de tel ou tel joueur NBA.

On analyse les forces et faiblesses des franchises. On essaie de distiller un peu de culture US. De la musique beaucoup. De la géographie, aussi. De l’histoire même, comme lors du Martin Luther King day, le troisième lundi de janvier, grosse soirée spéciale en NBA.

Oui, cette Amérique-là fait tout pour qu’on la déteste. Mais on a beau être hypocrite, mentir au quotidien serait bien trop épuisant. Si notre team NBA Extra est si spéciale, c’est parce que ce pays, elle l’aime. Chacun d’entre nous a cet amour des US au fond de lui. C’est vrai pour moi. Et, j’en suis persuadé, c’est vrai pour mes collègues.

C’est un pays où dès que j’ai la chance d’atterrir, je respire. J’allume la télé à l’hôtel : ESPN, en boucle du matin au soir. J’aime y manger, dans un petit diner inattendu au bord de la route, ou dans une de ces « BBQ place ». J’aime y rencontrer des gens qui ont le sourire, aussi fake soit-il. Et surtout, j’aime y vivre le sport.

En Amérique, le sport est une culture. Du basket, du foot US, du baseball. Vous croyez que le foot (le nôtre, le soccer) est une passion universelle chez nous ? L’universalité, voilà la différence entre l’amour du sport en France et l’amour du sport aux US. Tout le monde, absolument tout le monde, baigne dedans là-bas, de près ou de loin.

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VERY GOOD TRIP

À l’âge de 24 ans, je suis parti m’installer à Los Angeles. Trois ans d’expérience en poche, journaliste pigiste pour plusieurs rédactions, et je lâchais tout. Sur un coup de tête. J’étais jeune, motivé, et sans doute un peu con, déjà. Je voulais tenter ma chance, vivre la NBA de l’intérieur. Ah ben j’allais être servi…

Une semaine après mon arrivée, toujours en pleine installation, alors que j’établis à peine un début de réseau, mon colloc étudiant français me bouge un soir pour sortir. Direction « Guys and Dolls », la boîte hype du moment, en plein West Hollywood. Devant l’entrée, c’est paparazzi pour TMZ, Bentleys au valet parking et cordon rouge avec monstres assurant la sécurité. Notre unique chance de rentrer ? Mon pote est ami avec Didier M’Benga, joueur belgo-congolais des Lakers. Et hop, nous voilà dedans. Dans la caverne d’Ali Baba.

Sans le savoir, je me retrouve en plein cœur d’une soirée pas comme les autres. Alors que Didier nous conduit à une table particulièrement bien protégée, j’apprends l’occasion : nous sommes à la bachelor party de Lamar Odom. L’ailier superstar des Lakers enterre sa vie de garçon avant d’épouser Khloé Kardashian. Sous mes yeux, les bouteilles de champagne Cristal qui passent de mains en mains de mannequins ne soutiennent même pas la comparaison : j’ai la moitié de l’effectif des Los Angeles Lakers devant moi.

En train de danser.

De boire.

De faire les cons.

Comme n’importe quel groupe de jeunes adultes, juste avec les millions de dollars en plus. Je fais de mon mieux pour ne pas le montrer, mais je suis comme un gamin. Ces joueurs pour qui je me levais en pleine nuit pour regarder deux semaines avant sont maintenant là, en boîte, avec moi. Et je suis heureux.

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De cette soirée, je conserve des étoiles plein les yeux. L’aspect bling a disparu. On s’habitue vite à voir la personne qu’on a interviewée filer dans une Maserati. La fréquence et la durée des soirées, aussi, se sont considérablement réduites. 33 ans, je suis désormais un jeune-vieux con.

Ce qui est resté en revanche, c’est ce frisson à la fin de chaque hymne national. Chaque fois que The Star Spangled Banner est joué avant un match. Celui-ci est toujours bien là. Mon amour pour les USA, je l’ai cultivé en trois temps :

  • Depuis un peu plus de six ans que je suis à beIN SPORTS, avec NBA Extra et tous ces allers-retours vers les États-Unis.
  • Pendant ces trois années passées à Los Angeles avant ça, de 2009 à 2012, où j’ai pu vivre de ma passion et m’asseoir avec les photographes sur la ligne de fond du Staples Center plus de fois que je n’aurais pu en rêver.
  • Et enfin pendant ce qui reste sans doute la plus belle année de ma vie : mon année d’étudiant à la University of Northern Colorado entre 2005 et 2006. Une année où je me suis retrouvé à partager une maison avec 4 étudiants américains. David, l’étudiant branleur, mais sympa, Gerome, le petit Hawaiien nerveux, Bryson, le monstre linebacker de l’équipe de foot US de la fac, et Zack.

Zack avait 25 ans quand j’en avais 20. Zack revenait de deux années stationné en Afghanistan pour l’US Army. Deux années à voir et vivre des horreurs pour défendre son pays. Deux années, comme seul moyen pour lui de financer des études ensuite payées par l’armée. Zack aimait son pays, et n’a pas compris que la France refuse de venir en soutien. Il m’en a voulu. Je l’ai compris. Presqu’un an plus tard, au moment de rentrer chez moi, Zack reste l’une des plus belles rencontres que j’ai eu la chance de faire et est devenu cette année-là l’un de mes meilleurs amis.

J’aime les États-Unis. Je sais, c’est con. Mais c’est comme ça.

RÉMI

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