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En 2009, Malia Metella l’une des figures de proue de la natation tricolore annonçait sa retraite pour voguer vers de nouvelles aventures. Rencontre avec l’ancienne championne qui évoque sur Sans Filtre sa carrière et sa reconversion réussie. Depuis, elle a réussi un exploit considérable. En effet, Malia Metella, avec ses coéquipiers Théo Curin et Matthieu Witvoet se sont offert la traversée du Lac Titicaca, en tractant un radeau de 500 kg. Le tout en onze jours, pour vaincre les 122 kilomètres de cette traversée. Le tout dans des conditions climatiques dantesques
Comment as-tu commencé la natation ?
Je suis arrivée dans les bassins par envie de faire comme ma grande sœur qui en faisait déjà (nous avons 4 ans d’écart). J’ai dit à ma mère que je voulais faire comme elle ! Donc ma mère m’a appris à nager à l’âge de 4 ans.
À quel moment as-tu pensé à devenir une championne ?
J’ai pensé à devenir une championne très tard. Mais à l’âge de 12 ans, j’ai changé mon rythme de vie pour atteindre le niveau national. C’était réveil à 4h30, entraînement seule (dans l’eau) à 5h30, collège de 7h30 jusqu’à 16h, 2ème entraînement avec mes camarades de club de 16h30 à 19h, devoirs vers 19h30 et enfin coucher 21h ! C’était intense !
Y a-t-il des gens qui t’ont inspiré et aidé pour y arriver ?
J’ai eu la chance d’avoir ma mère près de moi lors de mes grandes échéances comme les Championnats de France et les compétitions internationales. C’était compliqué, car elle vivait en Guyane et moi à Paris. La force c’est elle qui me l’a donné !!
Quels sacrifices a-t-il fallu faire pour y arriver ?
Aucun… Je ne parle jamais de sacrifice dans mon parcours. Car j’ai vécu des moments magiques.
Comment as-tu vécu ta première médaille au haut-niveau senior ?
C’était 2 ans après avoir vraiment compris ce qu’était le haut niveau que je décroche ma première médaille, lors des Championnats Open des USA en 2003 à l’Université de Maryland (dans la banlieue de Washington).
Je n’avais pas trop conscience de ma performance, et du chrono que je venais de réaliser. C’est au moment où les entraîneurs américains sont venus me féliciter à la fin de la compétition que je me suis rendue compte.
De quelle médaille es-tu la plus fière ?
Celle de mes premiers Jeux Olympiques à Athènes (2004). Le 50m nage libre est la dernière course, donc j’étais la dernière nageuse française de la compétition et je repars avec la médaille d’argent.
Pourquoi je suis fière ? Avant de l’avoir, il y a des années de boulot. Pas seulement 4 ans, mais près de 10 ans. Mais, les 3 derniers jours de cette olympiade sont les plus incroyables en émotion ! Je suis passée des larmes de tristesse aux larmes de joies… car j’ai terminé 4ème au 100m nage libre à dix centièmes du podium quelques jours avant !
As-tu un surnom dans le monde de la natation ?
Mes surnoms sont « le sourire de la natation française », et par les nageurs « Mais t’es où ? Met t’es pas là ! » en rapport avec mon nom (rires)
Quel est ton souvenir le plus cocasse en compétition ?
Je me suis déjà retrouvée avec une combinaison déchirée à l’entrejambe (rires) ! Pas pratique pour prendre le départ.
Qu’est-ce que t’a apporté la natation dans ta vie ?
La gestion du stress, l’organisation, savoir rebondir dans la plupart des situations…
Dans mon travail actuel, ça m’a notamment aidé lors des demandes d’informations de dernières minutes demandées par ma hiérarchie, ou savoir comment organiser sa semaine entre réunions, rendez-vous clientèle et avancement dans son travail, gérer les imprévus. C’est un plus au quotidien quand on sait rester calme.
Raconte-nous ta dernière course et tes émotions sur cette fin de carrière
Ma dernière course a été la demi-finale du 50m nage libre lors des mondiaux à Rome en 2009. Je ne savais pas encore que j’allais arrêter ma carrière deux mois après …
Pourquoi avoir mis fin à cette aventure ?
J’ai décidé d’arrêter en novembre 2009 car je n’avais plus l’envie, plus de motivation. J’étais à la limite du dégoût de mon sport ! Je n’avais plus de motivation à faire mon sac d’entraînement, à me lever tôt le matin. Même l’odeur du chlore était devenue insupportable.
J’y pensais depuis 2006, mais j’ai pris mon temps pour bien réfléchir après les mondiaux de 2009. Puis j’ai décidé que c’était fini, il fallait que je tourne la page « natation ».
Avais-tu préparé ta reconversion ?
Oui, en tant que nageuse, il faut préparer son après carrière. J’ai passé mon BEP vente, puis mon BAC pro commerce. J’ai fait une année de transition avec des cours particuliers, une année de Sport Com (école de journaliste pour les sportifs de haut niveau à l’INSEP). Puis j’ai fini mes deux dernières années de journalisme à l’Institut Européen de Journalisme.
Comment vis-tu ce changement après avoir eu une vie rythmée par la natation ?
Je n’ai jamais eu de soucis de ce côté. La transition a été très bien faite.
La natation te manque-t-elle ?
Non, la natation ne me manque pas ! Rien ne me manque… Tous mes coéquipiers sont également à la retraite (sportive). Les réseaux sociaux nous permettent d’échanger. La seule chose qui me manque ce sont les voyages.
Que fais-tu maintenant et quels sont tes projets ?
Cela fait 3 ans que je suis chez Allianz, je suis rentrée en gestion de patrimoine, cela a été mon premier métier. Actuellement, je suis chargée d’appui commercial des événements d’un des réseaux du groupe « Allianz Expertise et Conseil ». Concernant mes projets, j’espère pouvoir remettre en place mes stages de perfectionnement pour les jeunes.
Que conseillerais tu aux athlètes qui ne savent pas toujours comment aborder cet “après carrière” ?
De ne jamais hésiter à faire des bilans de compétences,se renseigner auprès des anciens et faire de l’alternance dans des entreprises.