Engagé dans la lutte au maintien en Ligue Butagaz Energie et engagé en play-down, le JDA Dijon est passé tout proche d’un gros coup, en perdant d’un petit but, sur le parquet de Fleury (28-27). Un maintien important pour l’avenir de ce club, présent dans l’élite depuis la saison 2014-2015. Plongée dans un club ancré au sein d’un territoire où le handball est très présent. Et qui est en train de développer un vrai tissu économique, afin de se donner les moyens de plus grosses ambitions dans le futur !
Crédit : JDA Dijon
TERMINER A LA MEILLEURE PLACE POSSIBLE
Au moment où je vous parle (NDLR : interview réalisée vendredi dernier), nous sommes 3e sur 6, dans ces plays-down. On est à un point de nos deux adversaires directs, Fleury et Toulon. On a des ambitions et on sait que le hand peut aller très vite. Il faut qu’on reste concentré sur cette nouvelle formule et la quantité de matchs à jouer. Traditionnellement, les play-down c’est moins de 10 matchs. Là en tout et pour tout, nous en auront 16. C’est du jamais-vu, donc l’idée c’est d’être constante et concentrée sur cette longue période.
L’objectif est d’avoir la meilleure place possible. Il faut que tout se passe bien chez nous, pas de blessures. C’est un paramètre qui peut changer les choses. On est un des budgets les plus faibles de LBE et on le sait. Du coup, on travaille sur la formation et sur le côté développement des compétences de nos joueuses. Mais, si une ou deux cadres se blessent, notre équipe devient vite très jeune. Il y a forcément un risque de jouer ainsi. On brigue les meilleures places, Mérignac est un peu plus loin, mais il ne faut pas s’en satisfaire. Il faut rester concentrés sur nos objectifs.
LE JDA DIJON EST DEVENU UNE FAMILLE
Dijon est une terre de handball depuis des années. L’époque de CDB, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, c’était des participations aux coupes d’Europe. Dijon et la Bourgogne sont une terre de hand, surtout le nord Côte d’or (rires). On sait qu’on a un vrai potentiel ici et l’idée, c’est de pouvoir continuer de le développer. L’arrivée du coach Christophe Mazel a donné un nouveau souffle. Mais il faut le temps de construire et reconstruire une équipe. Trouver les rouages qui fonctionnent pour gagner. Il y a une vraie structuration. Le JDA Dijon était un club de basket à la base. On est sur une structuration en club omnisports. Qui est particulière. On est le seul club à avoir une section masculine en première division de basket et une autre en première division féminine de handball.
Avoir les deux sexes au plus haut niveau, c’est vraiment une particularité chez nous. On veut avoir un fonctionnement de groupe et avancer ensemble. Pour que les résultats des uns influent positivement ceux des autres. Il y a trois ans, le Cercle Dijon Bourgogne était dans une situation financière très compliquée et il était question de sauvetage du club. Le sauvetage est arrivé à point nommé. Thierry Degorce souhaitait, à ce moment-là, se développer sur un club omnisports. C’étaient nos voisines du Palais des Sports. Aujourd’hui, le JDA Dijon est devenu une famille et ce n’est pas qu’un club, c’est un groupe. Mais Dijon est un des trois clubs français avec le plus d’années en première division et ce, avant la mutualisation.
CRÉER DES ACTIVITÉS RENTABLES POUR RÉINJECTER L’ARGENT DANS LE SPORT
Le JDA Dijon est devenu une holding : le groupe JDA DIJON. Le basket est une filiale, le hand est une filiale, mais nous en avons d’autres, qui permettent un vrai fonctionnement d’entreprise. Nous avons un restaurant et d’autres projets en cours. On va acquérir d’autres restaurants. Nous aurons à moyen terme une participation dans une agence de communication, un lieu d’accueil de séminaires et un domaine viticole par exemple. L’idée est de rester sur le territoire de Bourgogne et de développer des activités qui créent de la valeur et qui permettent d’injecter davantage de moyens dans le hand et dans le basket.
On a un seul et même objectif : avoir le meilleur classement possible en hand et basket. Pour avoir le meilleur classement, il faut des moyens. L’économie du sport n’est pas la plus rentable. Notre constatation est très entrepreneuriale. Créons d’autres activités qui sont rentables pour les réinjecter dans le sport qui est créateur d’émotions. On voudrait avoir 6 à 8 filiales qui viendraient alimenter les deux filiales sportives. Le constat est simple. Les collectivités nous suivent, mais n’augmenteront pas le budget et leurs subventions. On ne peut pas non plus demander aux partenaires privés de doubler la mise. Le marché du sport et surtout de la sportive s’emballe un peu. Pour avoir de bonnes joueuses, il faut des salaires conséquents. À nous de trouver de l’argent d’une autre manière.
BÉATRICE EDWIGE, PASSÉE DANS LE CENTRE DE FORMATION DU JDA DIJON
Attirer, dans le futur, des joueuses chez nous, qu’on ne peut pas attirer aujourd’hui et donc avoir un budget et masse salariale plus élevés. On a deux axes. Aller chercher des joueuses plus expérimentées et qui coûtent plus cher et donc payer des salaires plus élevés tout en continuant à former. Notre centre de formation est, à mon avis, une référence en France, avec de supers résultats scolaires, avec 95% de réussite. On a également pas mal de joueuses qui sont de superbes joueuses, prises en équipe de France jeune. On veut avoir des pépites qui resteraient chez nous. Tout en s’offrant des joueuses expérimentées.
Notre centre de formation ne refuse absolument rien et d’aller chercher les joueuses les plus prometteuses. Certaines viennent de Dijon, comme Manon Gravelle ou Mégane Ribeiro. Johanna Latoud est arrivée au club, dans le centre de formation du JDA Dijon, il y a plus de 10 ans. Certaines ont marqué l’histoire du club. D’autres comme Dyénaba Sylla sont en train d’exploser ailleurs. Béatrice Edwige est passée par là et tant d’autres. Le terroir produit des joueuses intéressantes, avec beaucoup de joueuses et de clubs. On surveille aussi les interpoles, sur des moments cruciaux, pour recruter des jeunes joueuses.
ON VEUT DAVANTAGE GARDER NOS JOUEUSES
Avec le Covid, cet axe de travail est plus compliqué. Mais on continue de faire visiter nos installations à des jeunes joueuses. On procède autrement, pour découvrir des pépites. Après, nous avons un suivi de longue date sur les jeunes joueuses. Donc nos recruteurs ont quand même des idées sur le potentiel et le côté avoir l’ADN JDA Dijon.
Nous n’avons pas pour but de relancer des joueuses. On préférerait qu’elles restent chez nous. Mais cela veut dire qu’on est efficace dans la formation. Dijon a aidé à ce que certaines joueuses soient mises en lumière. On en revient aussi à cette fameuse économie du sport qui dit que, quand une joueuse est talentueuse, elle vaut de l’argent et étant quasiment le dernier budget de LBE, au moment des négociations, nous n’avons pas la main pour aligner le plus. Mais on peut miser sur le côté familial du club, que les joueuses apprécient de jouer ici. Mais elles pensent aussi à leur carrière et une carrière, cela se construit. Il y aura peut-être des come-backs. On est super fiers de voir ce que donnent des joueuses comme Déborah Kpodar. Cela montre nos qualités de formation. Mais on aimerait les garder.
LE JDA DIJON VEUT DÉVELOPPER UN MESSAGE SOCIÉTAL
Dijon est une ville bien particulière. Ce sont cinq clubs pros. Le DFCO en foot, masculin et féminin, la JDA Dijon basket et hand et aussi le DMH en 2e division. À cela s’ajoute le rugby qui est en Nationale. Dans un bassin de 150 000 habitants, avec 5 clubs qui sont porteurs, c’est toujours compliqué d’exister. On trouve d’autres manières d’exister. Au niveau des partenaires, on axe sur une proximité, mais aussi sur le club-affaires puissant, avec des rencontres. La crise du Covid a forcément freiné tout cela. Mais les filles n’hésitent pas à aller visiter les partenaires. L’idée est d’avoir une proximité avec les sportives de haut-niveau.
On veut développer un message sociétal. Avec des actions autour de l’intégration et de la réinsertion par l’emploi, en passant par la mixité et la parité. On veut trouver des sujets pour se différencier des autres et de ces mastodontes. Après, on est sur une terre de handball et certains partenaires vont nous suivre parce qu’eux aussi aiment le handball. D’autres vont venir, car la mutualisation a fait du bien. Être partenaire du hand, c’est aussi avoir l’occasion de côtoyer ceux du basket. Il y a des offres communes entre le hand et le basket. On peut aller voir 5 matchs de hand et 5 matchs de basket dans l’année. Tout le monde n’est pas pro foot (rires).
PREMIER CLUB DE FRANCE OMNISPORTS CERTIFIÉ ISO 9001
Le Palais des Sports a été rénové : l’accueil et l’infrastructure sont plus qualitatifs. Dans les salons VIP, les joueuses passent du temps après le match, afin de partager avec les partenaires. En période de Covid, on a fait des innovations sympas. On a créé un groupe Whatsapp partenaires pour qu’ils échangent entre eux. On partage des infos, des résultats de matchs pour maintenir le lien. Mais aussi des signatures, des départs et des arrivées. On essaie de leur donner une primeur sur l’information. Le temps a été mis à profit pour voir l’expérience client, mais aussi sur un projet qui nous tient très à cœur.
La JDA Dijon est devenue certifié ISO 9001. Normalement, elle est plutôt attribuée aux entreprises. Elle est donnée par un auditeur externe qui vient vérifier toutes les procédures et processus de l’entreprise et qui détermine si on a un véritable système de management de qualité Interne, à destination de nos partenaires et fournisseurs. Tout a été analysé durant l’audit. Cette analyse a été faite il y a un mois et on devrait être certifié prochainement. Cela va donner l’idée de ce club qui est devenu une vraie entreprise, avec des certifications internationales pour le prouver. Le temps a donc été bien utilisé et on espère que cela va nous procurer un vrai avantage, sur des re-signatures de partenaires. On a montré notre sérieux et la structuration professionnelle du JDA Dijon.
LUCILE BONGIOVANNI JDA DIJON
Avec Etienne GOURSAUD
Retrouvez notre plongée dans le club de Bourg-de-Péage ICI