Cyclisme – Que peuvent espérer les Français en 2022 – Les classiques

Cyclisme Français 2022 – On fait le point sur les chances françaises pour cette nouvelle saison. Première partie sur les classiques !
cyclisme français 2022
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Cyclisme Français 2022 – On fait le point sur les chances françaises pour cette nouvelle saison. Première partie sur les classiques !

Crédit : ASO

Pendant près de 20 ans, les Français sont restés en berne sur les Monuments. Vingt ans où le nom de Laurent Jalabert résonnait avec toujours plus de lourdeur, pour souligner une temporalité inexorable vierge de grandes victoires. Et de grandes frustrations. On pense à une journée de 2011 sur le Tour des Flandres et d’une victoire qui tendait les mains à Sylvain Chavanel, qui n’a pas sur saisir l’opportunité de devenir le 4e Français (seulement !) à triompher du Ronde, le premier depuis Jacky Durand en 1992. Depuis, Arnaud Demare a brisé la malédiction sur Milan-San Remo en 2016. Depuis, Thibaut Pinot, sur le Tour de Lombardie et Julian Alaphilippe, sur Milan-San Remo, ont levé les bras !

Cyclisme français 2022 – Les classiques pavées – enfin de la densité en France ?

Ces dernières années, les classiques pavées ont souvent été le parent pauvre du cyclisme français ! Sur Paris-Roubaix, il faut remonter à 2013 pour avoir la trace d’un Français dans le top 5, en la personne du tout juste retraité Damien Gaudin (5e). Sébastien Turgot (Europcar) avait signé un impensable podium l’année précédente (2e). Sur le Tour des Flandres, c’est à peine mieux. Si Anthony Turgis a terminé 4e de l’édition 2020, l’histoire récente du Ronde a souvent été marqué par l’absence des Français dans le top 10 (2019, 2018, 2016, 2015, 2014). Le dernier podium remonte donc à 2011 et cette 2e place de Sylvain Chavanel, meilleur résultat français depuis la victoire de Jacky Durand, mais que beaucoup de Français auraient aimé effacer de leur mémoire.

Florian Sénéchal à maturité ?

Il tourne autour d’une très grande victoire sur une classique, sans pour autant réussir à décrocher la lune. Mais on en oublierait presque qu’il n’a que 28 ans. Florian Sénéchal (Quick Step Alpha Vinyl), vainqueur de Paris-Roubaix juniors en 2011, est plus que jamais armé pour décrocher sa classique. Et ce n’est pas son année 2021 qui va dire le contraire. Vainqueur d’une étape sur la Vuelta, de la classique pavée de la Primus, il a également été solide au printemps. Deuxième du GPE3 (derrière son coéquipier Kasper Asgreen), considéré comme la répétition du Tour des Flandres dont il a terminé au 9e rang. Au sein d’une équipe Quick Step aux multiples leaders, il peut tirer les marrons du feu, comme a pu le faire un Niki Terpstra.

Avec son gabarit puissant de 77 kg pour 1,79 m, il est sans doute un peu limité dans les monts pavés, surtout au vu des configurations de courses actuelles, résolument tournées vers l’offensive, ce qui peut l’handicaper dans le Tour des Flandres (dont son meilleur résultat n’est que 9e). En revanche, sa pointe de vitesse peut en faire un candidat encore plus redoutable sur Paris-Roubaix ! Où, s’il est en forme, il sera bien plus difficile de le lâcher à la pédale. Alors ses concurrents directs peuvent se nommer Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel ou encore le lauréat 2021 Sonny Colbrelli. Tous pourvus d’une très belle pointe de vitesse. Mais Florian Sénéchal peut s’accrocher à son rêve

Cyclisme français 2022 – Anthony Turgis – Une équipe bien renforcée

Si Florian Sénéchal est un sérieux concurrent sur Paris-Roubaix, Anthony Turgis semble mieux armé pour briller sur le Tour des Flandres, dont il a terminé les deux dernières éditions dans le Top 10 (4e et 8e). A chaque fois en pesant sur la course. Le coureur de la Total Energie est capable de produire de belles attaques et de résister à celles des autres dans les monts pavés. A 27 ans, il bénéficie aussi d’une maturité qui arrive ! Surtout, la donne a considérablement changé dans son équipe. Car la Total Energies a enregistré des renforts de choix cette saison.

En la personne de Peter Sagan. Le Slovaque, vainqueur du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix ne compte pas venir en préretraite au sein de la formation française. Quel que soit le niveau du Slovaque au moment où le printemps pointe son nez, on imagine mal Anthony Turgis cantonné au simple rôle d’équipier, ou alors ce serait une grave erreur de la part de son équipe. Il va pouvoir également bénéficier de l’expérience d’un coureur qui a su triompher deux fois des pavés. Mais aussi de celle d’un Daniel Oss, équipier irréprochable d’un Peter Sagan, sur la conquête de ses deux monuments ! Même si, pour Anthony Turgis, son gabarit risque d’être désavantage sur Paris-Roubaix.

Christophe Laporte – Quel rôle au sein de la Jumbo Visma ?

La question mérite d’être posée. Car on parle-là d’un coureur qui a terminé à une probante 6e place du dernier Paris-Roubaix. D’un coureur qui monte en puissance sur ce profil de courses, lui qui a longtemps été assimilé à un pur sprinter. Transfuge de la Cofidis et débarqué chez les Néerlandais de la Jumbo-Visma, on a hâte de voir son nouveau rôle. Leader dans la formation nordiste, il ne le sera certainement pas dans sa nouvelle formation. Qui compte en son sein un champion d’exception, en la personne de Wout Van Aert. Mais le Belge n’a encore jamais gagné l’un des monuments pavés.

Et aussi surprenant que cela puisse paraître, “WVA” a été moins performant que Christophe Laporte sur Paris-Roubaix. Avec comme meilleure performance, sa 7e place l’an passé… Juste derrière Christophe Laporte. Alors, si sur le Tour des Flandres, le leadership de Van Aert semble incontestable, au vu des limites de Christophe Laporte sur les monts, la Jumbo-Visma aurait plutôt intérêt d’arriver sur Paris-Roubaix avec une stratégie de double leadership. La Quick-Step maîtrise cela à la perfection, depuis des années. Pour la Jumbo-Visma, on a parfois vu que c’était plus compliqué ! On se rappelle d’un Steven Kruijswijk roulant sur un Primoz Roglic, sur le Tour 2018 !

Bien évidemment, on surveillera les classiques intermédiaires, comme Gand-Wevelgem, le GP E3, A travers les Flandres etc

Cyclisme Français 2022 – Les Ardennaises – Julian Alaphilippe et les autres !

Au moment où les Ardennaises pointent leur nez, le nom de Julian Alaphilippe revient sur toutes les lèvres. N’est-ce pas sur la Flèche Wallonne 2018 que le Français a décroché sa première grande classique ? Depuis, “Loulou” a fait sienne cette classique où il est invaincu (2018, 2019, 2021 et absent en 2020). Le nouveau Valverde veut continuer à franchir des caps. Et ne participera pas aux Tour des Flandres (d’où son absence sur la liste). Car il veut se concentrer au mieux sur les Ardennaises. Car l’absence de Liège Bastogne-Liège au palmarès de Julian Alaphilippe commence à résonner de plus en plus comme une grosse anomalie.

Poissard sur Liège

Ce n’est pas faute de peser sur la Doyenne, dont il termine à la 2e place dès sa découverte en 2015. Au bout d’un sprint très mal géré par “Loulou” parti de bien trop loin, bien que sans doute plus fort qu’Alejandro Valverde. Le début d’une poisse qui perdure sur la course Belge. On a forcément en tête 2020 où il lève les bras alors que Primoz Roglic lui grille finalement la priorité. Déclassé pour irrégularité, il n’aura pas le temps de regretter son erreur. Mais cette classique lui échappe. Il voit son coéquipier Bob Jungels lever les bras en 2018 (il termine 4e). Il sombre dans la Roche au Focons, sous le déluge en 2019. Enfin, il se fait damner le pion l’an passé par l’incroyable Tadej Pogacar

Ce n’est donc pas faute de peser sur la course. Et de briller ailleurs. Car Alaphilippe est devenu un chasseur de grandes courses. Quand il s’aligne quelque part, c’est pour, au pire, peser sur le déroulement de l’épreuve. Vainqueur de Milan San Remo en 2019, sextuple vainqueur sur le Tour de France, dont il a porté le maillot jaune 18 jours en 3 éditions. Vainqueur à San Sebastian en 2018. Et surtout, double champion du monde en titre ! Julian Alaphilippe possède tout ce qu’il faut pour faire basculer Liège. Un esprit offensif, un punch hors-normes, mais aussi une belle pointe de vitesse ! Liège s’offrira t-elle à notre Loulou national ?

Cyclisme français 2022 – David Gaudu peut aussi rivaliser

On a tendance à l’oublier, mais David Gaudu c’est ni plus ni moins que le dernier 3e de Liège Bastogne-Liège. Plus limité dans son punch et dans sa pointe de vitesse qu’un Julian Alaphilippe, il possède néanmoins d’une grosse résistance et d’un bel esprit offensif ! Est-ce qu’il va programmer un vrai pic de forme lors du mois d’avril, lui qui s’annonce pour être le leader de la Groupama-FDJ sur le Tour de France ! Il a également franchi un cap en 2021, avec cette place sur Liège, mais aussi auparavant sa victoire sur le Tour du Pays Basque, où il a vaincu à la pédale Primoz Roglic.

Lui aussi arrive à un âge de maturité (25 ans) et aura à coeur de briller sur des courses où il s’est révélé. Avec une 9e place sur la Flèche Wallonne en 2017, alors qu’il n’était que néo-pro. Une 6e place d’un dantesque Liège en 2019. A vrai dire, on a vraiment hâte de voir le comportement de David Gaudu sur ce genre de courses. Même si, pour espérer gagner, il devra sans doute le faire en solitaire. Pour cela, il faudra décrocher des monstres comme Tadej Pogacar, Julian Alaphilippe, Mathieu Van der Poel. Rien que d’y penser, on a mal à la tête. Mais il pourra bénéficier d’un marquage entre ces coureurs.

Benoit Cosnefroy a tout pour le faire

Il l’a dit en interview, Benoit Cosnefroy veut lever les bras le plus possible. On le comprend et il a les armes de ses ambitions ! Oui, le coureur d’AG2R-Citroën a franchi un cap en 2021, avec deux victoires de prestiges et un succès World-Tour sur la Bretagne Classic ! Et pas devant n’importe qui, puisqu’il s’est offert le scalp de son compatriote Julian Alaphilippe. Rapide dans un petit groupe, disposant d’un punch considérable (son succès à Rocamadour sur le tour d’Occitanie 2020 avait impressionné bon nombre de suiveurs). D’une belle résistance pour être performant sur les courses les plus longues !

Surtout, mine de rien il est dans une équipe qui possède de l’expérience sur les classiques. Même s’il n’a pas retrouvé son meilleur niveau, Bob Jungels est quand même un ancien vainqueur de Liège en 2018 ! On peut y ajouter Greg Van Avermaet, ancien vainqueur de Paris-Roubaix mais aussi capable d’être un solide lieutenant dans les bosses ardennaises ! On peut y ajouter le solide Aurélien Paret-Peintre, Dorian Godon, auteur d’une saison 2020 remarquable, notamment sur le Tour du Limousin, pourquoi pas Andrea Vendrame. Autour de Benoit Cosnefroy, la bande de Vincent Lavenu est armée pour aller chercher cette grande victoire !

On scrutera les résultats sur les autres classiques World Tour et sur celle de San Sebastian en juillet, favorable à ces Français cités !

Cyclisme Français 2022 – Les monuments italiens – Toujours des courses ouvertes

Milan-San Remo – Les Français sont tout terrain !

Remporté deux fois par un Français sur les cinq dernières années, c’est le monument qui réussit le mieux aux Français ! Deux victoires françaises acquises de façon totalement différente ! Arnaud Demare avait triomphé au sprint massif, au terme d’une dernière ligne droite de folie, où Nacer Bouhanni (4e) aurait sans doute eu son mot à dire sans son regrettable saut de chaine. Quand à Julian Alaphilippe, il s’est imposé en mettant le feu dans le Poggio et réglant un petit groupe au sprint. Arnaud Demare et Julian Alaphilippe, qui ont fait chacun au moins un podium en plus de leur victoire, à chaque fois avec leur même recette (Demare 3e en 2018 au sprint, Alaphilippe 3e en 2017, 2e en 2020 en ayant fait la différence dans le Poggio).

Milan San-Remo, c’est le monument le plus ouvert et le plus imprévisible, ce qui forcément l’ouvre aussi à plusieurs français. Un Nacer Bouhanni, peut revenir en force, tout comme Christophe Laporte dans le même registre, mais aussi un Anthony Turgis qui peut se dégager dans le Poggio ou remporter la course à la Jasper Stuyven. Difficile de se prononcer sur une course moins lisible. D’autant que, contrairement aux Flandriennes et aux Ardennaises, aucun Français n’a vraiment annoncé viser cette classique. Et on ne sait pas encore qui ira et qui n’ira pas !

Le Tour de Lombardie – Les grimpeurs face aux puncheurs

Traditionnellement la classique la plus montagneuse de la saison, le Tour de Lombardie s’est d’ailleurs offerte à un grimpeur français en 2018. Tout le monde se souvient d’un Thibaut Pinot faisant exploser Vincenzo Nibali dans le Civiglio, pour s’imposer en solitaire au terme d’une des plus grandes courses de sa carrière. Succédant à Laurent Jalabert. Mais le Tour de Lombardie a vu Julian Alaphilippe, moins grimpeur que Thibaut Pinot, réussir à faire de belles performances, terminant à la 2e place en 2017, derrière Nibali et terminant 6e cette année, en ayant animé la course, mais dominé par l’intouchable Tadej Pogacar !

Là aussi, difficile de spéculer en début de saison car la participation sera conditionné aux programme. Mais on sait que la classique réussit à ceux qui ont des profils de grimpeurs. On pense en premier lieu à Thibaut Pinot. Est-ce que le Français, handicapé pendant plus d’un an par son dos suite à une chute sur le Tour 2020, sera en forme. Si c’est le cas, aura t’il retrouvé les moyens qui en ont fait l’un des trois meilleurs grimpeurs du monde. Et un coureur capable de gagner ? La Groupama-FDJ peut aussi compter sur David Gaudu, équipier de luxe de Pinot, lors de son sacre en 2018. Depuis, le Breton a franchi des caps et des caps pour s’imposer dans les meilleurs grimpeurs du monde.

Cyclisme Français 2022 – Bardet et Martin en outsiders

N’oublions pas Romain Bardet, qui sort d’une année 2021 correcte, avec un top 10 sur le Giro et une victoire d’étape sur la Vuelta (entre autres). Il a terminé au pied du podium en 2016, d’une course remportée par Esteban Chaves. Surtout, il s’impose comme un des grands leaders de son équipe de la DSM. On peut ajouter à cette liste Guillaume Martin. Le grimpeur de la Cofidis s’est imposé comme un coureur capable de finir dans les tops 10 de Grands Tours. Mais il est limité par sa pointe de vitesse. Pour lui, il faudra anticiper et espérer un marquage entre les favoris.

Et vous, voyez vous des Français triompher sur les classiques ? Voyez vous le cyclisme français briller en 2022 ?

Etienne GOURSAUD

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