Paris Roubaix 2021 – 903 jours sans revenir sur les pavés du Nord. Pour finalement ne plus savoir qui était sur la route. La boue aura rendu la course extraordinaire, entre crevaisons, chutes et des leaders prêts à attaquer de loin. Le vainqueur Sonny Colbrelli découvrait Paris-Roubaix, tout comme ses 2 compagnons d’échappée Van Der Poel et Vermeersch. Épuisés, ils n’avaient plus aucune force sur le vélodrome de Roubaix, lieu du sprint final.
L’attente fut longue, très longue. Depuis la victoire du Belge Philippe Gilbert le 14 avril 2019, Roubaix patientait, dans la hâte de connaître son nouveau vainqueur. Annulée par le préfet du Nord en 2020, l’édition 2021 était donc plus qu’attendue. Reportée d’avril à octobre, la Reine des Classiques s’est finalement offerte à un novice. Sous la pluie et dans la boue, on aurait pu se croire 20 ans en arrière, lorsque Servais Knaven avait triomphé de la dernière édition sous la pluie. 20 ans plus tard, les favoris s’appelaient Mathieu Van Der Poel, Wout Van Aert ou encore Florian Sénéchal. Parmi les outsiders, on pouvait également lire le nom de Sonny Colbrelli, le champion d’Europe dans une forme presque suspecte en cette fin de saison.
Pour la première fois de l’histoire, les filles ont couru la veille des garçons sur les pavés roubaisiens. Et dès cette édition féminine, on avait pu voir certaines filles chuter, glisser sur ses chemins devenus boueux et détrempés. On savait dès lors que la course masculine serait historique… Un Paris Roubaix 2021 de légende.
Un départ sous la pluie, une fin sous le soleil
Pour le départ en fin de matinée de Compiègne, les K-way recouvraient les dossards de chaque coureur. Les premiers 90 kilomètres, sans pavés, ont vu de nombreux coureurs tenter de prendre l’échappée matinale. Ils avaient en mémoire la victoire de Mathew Hayman en 2016, ou la 2e place de Silvan Dillier en 2018, tous deux issus de l’échappée. Des chutes ont également rythmé ce début de course, avant de voir un groupe d’une trentaine de coureurs, outsiders et équipiers, s’extirper quelques kilomètres avant les premiers secteurs pavés.
55 kilomètres, 30 secteurs pavés et 174 coureurs prêts à en découdre pour cette 118e édition de Paris-Roubaix. Tous rendus glissants et boueux par la pluie tombée depuis plusieurs jours sur le Nord. Au bout de quelques kilomètres sur cette patinoire nordiste, on ne percevait plus qui était qui. La boue recouvrant les visages et les vélos a rendu la course historique pour les téléspectateurs, mais rude pour les coureurs et les suiveurs. On a vu une moto image glisser suite à la chute de Guillaume Boivin, et des glissades des vélos comme des motos, pourtant adaptées pour l’occasion.
Paris Roubaix 2021 – Des coureurs plein de boue, rentrés dans l’histoire
Des images de 2001 sont revenues, avec Wilfried Peeters qui sortait noirci de la Trouée d’Arenberg. Comparables aux mineurs, ces coureurs noircis par cette boue qui se glisse partout n’ont jamais rechigné à la tâche, comme le raconte Tom Paquot au journaliste Gaëtan Scherrer de L’Equipe, qui n’a pas réussi à rentrer dans les délais : « J’ai cru arrêter trente fois, mais ma tête ne voulait pas ». On peut également féliciter les commentateurs, qui ont réussi à reconnaître les coureurs sans même voir leur dossard ou leur plaque de cadre.
Van Der Poel présent, Van Aert manque à l’appel.
Mathieu Van Der Poel était fort, très fort. Mais il n’a finalement pas vaincu l’Enfer du Nord, battu par plus fort, ou plus rusé que lui. Alors que pendant plusieurs kilomètres, on a vu Gianni Moscon plus que résister à ses poursuivants, il a finalement subi une crevaison et une chute qui ont eu raison du coureur d’Ineos. Il a alors vu Florian Vermeersch, Sonny Colbrelli et Mathieu Van Der Poel revenir sur lui, avant de se faire lâcher dans le Carrefour de l’Arbre. De son côté, Wout Van Aert n’a pas réussi à se souvenir de ses meilleures courses en cyclo-cross l’hiver. Il déclarait d’ailleurs après la course : « Je n’étais pas à l’aise sur les pavés mouillés, ma vision était mauvaise. Quand j’étais dans la roue, j’avais peur, et je perdais de l’énergie. Je ne pouvais pas gagner ». Les images resteront dans l’histoire, et les coureurs marqués dans leurs chairs après cette course plus qu’éprouvante.
