Julian Alaphilippe a annoncé la semaine dernière bouder le Dauphiné Libéré, pour se consacrer au Tour de Suisse. Le champion du monde français trouve la fin de l’épreuve française trop éloignée du départ du Tour de France. Relançant la rivalité entre les deux courses. Chacune faisant office de préparation pour la Grande Boucle. Alors est ce que le Dauphiné est la meilleure prépa pour le Tour ? On va essayer d’y répondre
Historique – depuis 2011, seul Egan Bernal en 2019 était sur le Tour de Suisse
Le Colombien fait office d’exception. Comme étant le seul coureur à avoir remporté le Tour de France, en s’étant aligné préalablement sur le Tour de Suisse. C’était en 2019 et le jeune coureur de la Ineos avait éclaboussé la course de son talent, en repoussant Rohann Dennis le rouleur et tous les autres grimpeurs. Mettant fin à huit années où le vainqueur du Tour s’était aligné sur le Critérium.
Vous l’aurez compris, l’histoire récente donne raison aux coureurs qui décident de s’aligner sur Dauphiné Libéré. Parmi ces “heureux gagnants”, ils se sont parfois alignés sur la course alpestre avec des objectifs divers. Evans en 2011, Nibali en 2014, Pogacar en 2020 n’ont pas spécialement brillé, se contentant d’être en retrait. Ils ont abordé cette course dans la plus pure optique de préparation. Au point que, dans les trois cas, beaucoup d’interrogations avait été émises à la fin de la course. Seront-ils en forme pour le Tour ? Ne partent-ils pas de trop loin ? La suite leur a donné raison.
D’autres ont abordé le Dauphiné dans l’objectif d’y être compétitif tout de suite ! Cette course a d’ailleurs été la chasse gardée des Sky. Avec la victoire de Wiggins en 2012, Froome en 2013, 2015 et 2016 et Geraint Thomas en 2016. Une victoire finale qui a annoncé la couleur jaune d’une victoire sans contestation à chaque fois sur le Tour de France. Seul 2017 déroge un peu à la règle. Froome remporte le Tour, alors qu’il avait été dominé sur le Dauphiné par Fuglsang et Porte. L’année où il a été le plus bousculé sur la Grande Boucle. Coïncidence ?
Les avantages du Dauphiné
Lorsque vous êtes sur le Dauphiné, vous êtes sur des routes familières du Tour de France. Forcément, les deux courses sont sur le territoire français et le Dauphiné se court principalement dans les Alpes, un lieu jamais oublié par la Grande Boucle. Certaines étapes en juin sont carrément des copiés collés de qu’auront les coureurs sur le Tour. On pense au chrono de Grenoble en 2011 et l’étape de la Rosière en 2018. Ces années-là, les vainqueurs du Tour se nomment Cadel Evans et Geraint Thomas. Thomas qui gagnera à la Rosière sur le Dauphiné et sur le Tour.
Le Dauphiné Libéré offre aussi de jolies découvertes. Comme l’arrivée suisse de Finhaut-Emosson, très exigeante, découverte en 2014 et où Contador avait réussi à sérieusement secouer Christopher Froome, lui reprenant même le maillot jaune. Deux ans plus tard, cette arrivée était au programme du Tour. Froome y secouera cette fois-ci tous ses adversaires sauf Richie Porte. Les deux coureurs étaient sur le Dauphiné 2014. Peut-être avaient-ils plus d’informations que d’autres, comme Naïro Quintana. Beaucoup de coureurs le disent, la reconnaissance en course reste encore la meilleur des reconnaissances.
Mais une course remise en cause ?
Cette année le Dauphiné une semaine plus tôt que d’habitude. Cela a fait grincer des dents puisqu’il s’élance avant même la fin du Tour d’Italie. Cela, dit le décalage avec le Tour de France est le même, car année olympique oblige, la Grande Boucle s’élance une semaine plus tôt, dès le 26 juin. Pourtant, outre Julian Alaphilippe, d’autres cadors ont choisi de bouder les routes du critérium. Dont les deux Slovènes, qui ont trusté les deux premières places de la Grande Boucle 2020 (en s’étant au préalable, aligné sur le Dauphiné). Tadej Pogacar sera aligné sur son tour national du 9 au 13 juin. Primoz Roglic a décidé lui de ne pas faire de course entre Liège Bastogne-Liège et le Tour. Les deux meilleurs coureurs de classement généraux boudent le Dauphiné. Vers une fin de cycle ?
Etienne GOURSAUD
