Ultra-dominateur dans les années 2000, le cyclisme italien a perdu de sa superbe. Et cherche un successeur à Vincenzo Nibali, lauréat en 2019.
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Si les Italiens dominent largement leur tour national sur le plan des victoires (56 victoires)
L’internationalisation du cyclisme a relégué les Italiens au second plan
Vincenzo Nibali dernier étendard de l’Italie glorieuse qui domine son Tour National. Depuis 2016, aucun italien n’a réussi à lui succéder. Par même le Requin de Messine qui a échoué par deux fois sur le podium, 3e en 2017 et 2e en 2019. Dominé par Tom Dumoulin et Richard Carapaz. Ce dernier est devenu le premier équatorien à remporter le Grand Tour. Cinq ans avant le grimpeur qui était chez Movistar, c’était son coéquipier Nairo Quintana qui devenait le premier Colombien à triompher. On n’oublie pas Ryder Hesjedal, triomphant en 2012, premier Canadien. Et la Slovénie n’a pas encore posé sa patte sur le si beau trophée qui récompense le vainqueur de la course. Avec l’ogre Tadej Pogacar, voire Primoz Roglic, cela ne semble qu’une question de temps.
L’Italie si conservatrice et dont le cyclisme fait partie intégrante de la culture des tifosi, n’a pas échappé à l’internationalisation galopante du 21e siècle, n’y arrive plus. Damiano Caruso a bien terminé à la 2e place l’an passé, avec un magnifique numéro dans la dernière grande étape de montagne. Le vétéran de la Bahreïn-Victorius y réalise là la meilleure prestation de sa carrière sur les Grands Tours. Pas suffisant pour renverser Egan Bernal. Mais de quoi redonner un peu de baume au cœur au peuple italien frustré par une édition 2020 catastrophique, avec un Vincenzo Nibali 7e et meilleur italien. Mais, en cas de non victoire italienne, ce serait la 6e fois que le Giro échappe à un national. Une première dans l’histoire de l’épreuve.
Un vrai creux générationnel pour le cyclisme italien
Une réalité qui semblait inconcevable il y a encore 20 ans. Le tournant des années 90-2000, véritable dernier âge d’or du cyclisme italien. De 1997 à 2007, c’est une domination sans discontinuer. Avec aucun coureur pour troubler cette hégémonie. Mais surtout, une multitude de cyclistes différents au palmarès. Ivan Gotti (1997, 1999), Marco Pantani (1998 et le dernier à avoir réussi le doublé Giro-Tour), Stefano Garzelli (2000), Gilberto Simoni (2001, 2003), Paolo Salvoldelli (2002, 2005), Damiano Cunego (2004), Ivan Basso (2006 et 2010) et Danilo Di Luca (2007). Une domination qui ne s’était pas vu depuis la création de l’épreuve avec les 32 premières victoires pour un cycliste italien. Hugo Koblet étant le premier étranger à mettre fin à cette hégémonie (1950).
Ciccone bien seul
Le problème, c’est qu’il y a un vrai trou générationnel ! Souligné cette année par la Gazzetta dello Sport. Les principaux coureurs par étapes, Damiano Caruso, Vincenzo Nibali et Domenico Pozzovio sont plus que vieillissants. Si le premier cité semble dans la meilleure période de sa carrière, on a du mal à le voir en potentiel vainqueur final. Le second cité a terminé 18e l’an passé, en étant transparent.
Et n’a plus terminé sur un podium de grand tour depuis sa 2e place sur le Giro 2019. A 37 ans et avec un début de saison discret, on le voit mal renverser la tendance, d’autant que le leader d’Astana risque d’être le Colombien Miguel Angel Lopez. Le troisième et ancien coureur d’AG2R-La Mondiale approche de ses 40 ans. Et semble plus disposé à viser des étapes qu’un classement général (9e en 2008, 8e en 2012, 5e en 2014, 6e en 2017 et 5e en 2018).
Il y a bien un coureur comme Giulio Ciccone, le grimpeur italien. Bien parti pour faire un Top 5 l’an passé, il a finalement été contraint à l’abandon. Mais son palmarès en Grand Tour est trop faible pour en faire un successeur solide à Vincenzo Nibali. Aucun top 10 et le temps qui passe. A 27 ans, il y a malheureusement des coureurs plus jeunes qui ont déjà plus de faits d’armes sur les Grands Tours. Mais aucun Italien.
La question peut se poser sur Filippo Ganna, qui a montré parfois de belles choses en montagne. Avec un profil à la Miguel Indurain. Mais le rouleur italien semble avoir une plus grande attirance pour les courses pavées. Surtout, s’il veut briller en Grand Tour, il va devoir perdre du poids. Mais il appartient à une équipe (Ineos-Grenadiers) qui a su transformer certains de ses coureurs. Comme Bradley Wiggins ou Geraint Thomas.
Tiberi l’avenir ?
Né en 2001, le jeune coureur de la Trek-Segafredo peut incarner l’avenir. Considéré comme un excellent rouleur, champion du monde du contre-la-montre juniors en 2019, il commence également à performer sur des terrains autres que l’effort individuel. Avec une 3e place sur le Tour de Hongrie, derrière de solides coureurs comme Damien Howson et Ben Hermans. Mais il est loin d’être à maturité. Surtout, il y a des cracks qui sont à peine plus vieux que lui. On pense à Tadej Pogacar (1999) et Remco Evenepoel (2000). Mais tout le monde n’explose pas à 20 ans et peut-être qu’Antonio Tiberi aura besoin d’un peu plus de temps pour s’affirmer au plus haut-niveau. Mais l’Italie commence à manquer de temps justement et l’impatience pourrait bien se révéler préjudiciable pour le jeune italien.