Longtemps associé aux affres de Bjarne Riis ou encore Michaël Rasmussen, le cyclisme Danois renait depuis quelques années.
Crédit : Team DSM
Les années de plomb au cœur des années 1990 mais aussi au cœur des années 2000 auront marqué pendant longtemps le cyclisme danois. On pense à la victoire de Bjarne Riis sur le Tour 1996. “Monsieur 60 %” en référence à une hématocrite délirement haut, gonflé par l’EPO. On pense aussi à Michaël Rasmussen, exclu du Tour au soir de sa victoire dans l’Aubisque et d’un maillot jaune quasiment assuré. Le cyclisme danois a souffert, à l’instar du cyclisme allemand, avec un vrai creux générationnel pendant 10 ans. Avec le seul Matti Breschel qui a remporté quelques beaux succès. Mais ses compatriotes ont eu du mal à confirmer, avec un Jakob Fuglsang qui a mis beaucoup de temps à confirmer les nombreux espoirs mis en lui pendant tant d’années. Michaël Valgren qui a confirmé lui aussi sur le tard.
Le renouveau du cyclisme danois à la fin des années 2010
Mais depuis quelques années, il y a un vrai renouveau dans le pays. On pense à un coureur comme Soren Kragh Andersen, double vainqueur d’étape sur le Tour de France 2020 et coureur extrêmement complet, capable de briller sur tous les terrains et surtout attaquant infatigable. Qui a terminé cette année 5e à Gand-Wevelgem mais aussi 7e à Milan San Remo. On pense également à Mads Pedersen, champion du monde en 2019, 2e du Tour des Flandres l’année précédente. Le coureur de la Trek-Segafredo, injustement qualifié de champion du monde en bois, fait une saison exceptionnelle avec déjà 6 bouquets décrochés. Sprinteur, flandrien, mais aussi costaud dans les arrivées en bosse courte et faux-plat montant, il a étoffé sa gamme au fil des années.
Que dire d’un Magnus Cort Nielsen, certes un peu en retrait cette année (1 succès), mais qui a été l’homme de la Vuelta 2021, avec le vainqueur final Primoz Roglic. Vainqueur de 3 étapes sur ce Tour d’Espagne (et une 2e place dans l’ultime chrono), il s’est montré infatigable attaquant, sur des profils parfois qui ne lui correspondaient pas tant que cela à la base. Comme à l’Alto de la Montana de Cullera, où malgré une faible avance, il a su résister à la fusée Primoz Roglic. A l’aube du premier Grand Depart de l’histoire au Danemark, cette renaissance tombe à pic.
Retrouvez ici notre interview de Soren Kragh Andersen : ICI
Un départ au Danemark et un potentiel maillot jaune Danois ?
Un maillot jaune danois au Danemark ? Ce sera difficile, avec un chrono inaugural qui risque de faire des écarts. Il faudrait que Mads Pedersen, meilleur sprinter Danois ne concède que 20 secondes maximum au vainqueur du chrono inaugural à Copenhague et espérer remporter les deux autres étapes pour prendre les dix secondes de bonifications. Cela semble quasiment impossible, même si l’ancien champion du monde est un bon sprinter, capable de prendre la 2e place d’un sprint particulier à Nice, lors de la 1ere étape du Tour 2020. C’est également un rouleur correct, mais qui devra lutter contre un Filippo Ganna, extraterrestre dans ce genre d’efforts.
En revanche, un Danois en jaune à Paris n’est pas une idée si incongrue que cela. Les regards se tournent naturellement vers Jonas Vingegaard, 2e du Tour 2021 à la surprise général, derrière Tadej Pogacar. Dédié à Primoz Roglic, l’abandon précoce du Slovène a laissé libre le Danois qui restera le seul à avoir mis en difficulté Pogacar. On s’en souvient sur les pentes du Ventoux. En théorie, le leader de la Jumbo est Primoz Roglic, c’est du moins ce qui a été montré par la Jumbo-Visma sur le Dauphiné remporté par ce dernier. Mais on a vu que sur les pentes du Plateau de Solaison, Jonas Vingegaard était le plus fort des deux, obligé d’attendre son leader. Que se passera t’il si Tadej Pogacar attaque et que Vingegaard est capable de suivre mais pas Roglic ? Les garanties offertes par le jeune danois ne peuvent pas en faire qu’un simple équipier de luxe. Le dilemme risque de vite se poser dans la Jumbo-Visma.