Lancé il y a maintenant 5 mois, le média Sans Filtre vous a permis d’entrer dans la tête des sportives et sportifs de haut-niveau dans de nombreuses disciplines. Alors que 2018 se profile avec beaucoup de projets à sortir sur notre plateforme, découvrez notre rétrospective des meilleurs articles de l’année écoulée.
Entre le témoignage émouvant de Tulio De Melo sur son retour au Chapecoense, le parcours d’Elodie Mouthon entre études et snowboard, le récit de l’intérieur du titre de champion de France de VTT Cross Country de Maxime Marotte, l’histoire d’un des membres éminents de la Team Yavbou, Jenia Grebennikov ainsi que la leçon de Serge Betsen sur l’art du plaquage, vous allez être servi. A l’année prochaine 😉
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Plus que quelques jours avant de prêter serment et de devenir avocate…mais pourtant je suis bien loin des sentiers battus. Pratiquant le snowboard depuis ma tendre enfance, je me suis mise au Freeride (hors-piste) après avoir vu des vidéos de l’XTREM de Verbier.
Avec ma sœur jumelle, nous avons commencé le ski très tôt à l’âge de 2 ans dans le jardin de nos grands-parents. Puis lorsqu’on a eu 5 ans, notre père, nous a initiées au snowboard. Nous avons effectué nos premières descentes sur son snowboard alpin, les pieds attachés par des tendeurs. L’année suivante, on a eu notre première planche.
À l’âge de 12 ans, on a commencé la compétition au sein du Club de La Clusaz. C’était la grande époque du snowboard, les sponsors pleuvaient !
À chaque compétition c’était Noël, on en revenait avec le coffre rempli de cadeaux, comme après la « kids snowboards » à Villard-de-Lans. Il y avait de multiples épreuves, dont l’épreuve en famille ; on devait inventer une chorégraphie en snowboard ! C’était vraiment marrant quand j’y repense !
Avec ma sœur on a enchaîné les compétitions et les épreuves, du slalom au boardercross ( parcours avec des bosses et des virages relevés où l’on s’élance à 6 en même temps) en passant par le half pipe (demi-tube en neige où il faut faire des figures) et le big air (énorme saut)!
Malheureusement à l’âge de 15 ans et alors qu’on était déjà à titiller les grandes championnes comme Karine RUBY, nous nous sommes faites virer du club des sports de La Clusaz aux motifs que nous ne respections pas les règles et allions faire du hors-piste durant les entraînements !
Notre monde s’écroulait, mais loin d’être abattues, nous nous sommes tournées vers l’athlétisme et avons participé cette même année aux championnats de France cadets de cross-country à Salon de Provence. A notre grande surprise avons terminé 3ème et 4ème. C’était le début d’une nouvelle vie.
DU HORS PISTE AUX PISTES
J’ai touché un peu à tout en athlétisme, j’aimais le saut à la perche et le javelot, mais au fil du temps je me suis spécialisée en demi-fond (1500 mètre et 3000 mètres steeple). J’aimais cette sensation de résistance à l’effort et avoir l’impression de repousser ses limites. Même lorsque je gagnais, je voulais toujours faire mieux et réaliser un meilleur chrono.
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C’est un ami d’enfance qui m’a proposé de jouer au rugby dans le club de Clichy la Garenne. Avec ma curiosité d’enfant de 12 ans, je suis entré dans le monde inconnu de l’ovalie.
J’ai découvert au-delà du sport que je ne connaissais pas, une atmosphère et un accueil qui m’a tout de suite plu et je me suis senti bien dans ce club, et le reste a suivi.
Le rugby m’a fait découvrir mon caractère, m’a montré que j’aimais les sports d’équipe. J’étais fait pour ça.
J’aimais jouer pour les autres et c’est ce que j’ai essayé de faire dans tous les matchs de ma carrière. Ce sport m’a fait prendre confiance en moi et a éveillé ce caractère de compétiteur qui est devenu une référence. Avant tout, le rugby est devenu ma passion.
J’ai toujours joué en 3eme ligne. L’un de mes premiers entraineurs avait une maxime qui m’a marqué : « le plus important c’est la solidarité et l’entraide sur le terrain ». Naturellement, j’ai appris ce geste qui est pour moi l’essence du rugby, le plaquage.
Je le dis souvent, car ça me rappelle de bons souvenirs, c’est une fille de mon club qui m’a appris à plaquer : Corine.
En catégorie jeunes, les équipes sont mixtes et c’est une richesse pour l’éducation des enfants. Le fait de jouer ensemble éteint toute discrimination possible. Bien évidemment, à partir d’un certain âge les hommes et les femmes se développent différemment et l’écart concernant l’impact physique devient trop important. On doit ainsi distinguer les deux catégories, mais c’est une très bonne chose de les faire débuter à cet âge là ensemble.
C’est vrai qu’on m’a transmis cette valeur du plaquage comme une forme de sacrifice pour l’équipe. Le mot sacrifice est peut-être un peu fort, on peut souvent le remplacer par un service pour l’équipe.
Être un bon plaqueur ne vient pas du ciel, j’ai dû m’entrainer et progresser par étapes pour devenir une référence. Ce fût un vrai challenge au quotidien, mais j’ai adoré perfectionner mon art du plaquage. Il ne faut pas croire que ce geste est simple, ce n’est pas le simple fait de se jeter sur son adversaire.
LE PLAQUAGE, LA QUINTESSENCE PHYSIQUE ET TECHNIQUE DU RUGBY
Aujourd’hui de manière générale il y a énormément de paramètres à prendre en considération avant l’acte de plaquer. Il y a la lecture du jeu, bien établir notre capacité à se déplacer pour être devant l’adversaire et être bien positionné pour avoir un plaquage positif et ne pas subir ce plaquage. Le positionnement doit permettre de faire renverser l’adversaire ou en tout cas de le faire reculer. Le plaquage efficace et parfait pour moi c’est quand je plaque et que je réussis à gratter ce ballon pour le donner à des partenaires afin de marquer l’essai derrière. C’est cette méthode-là que j’essayais d’appliquer tout le temps pour me faire plaisir et être le plus utile possible à mon équipe.
Le bon plaquage c’est aussi le plaqueur qui tombe en dernier. Ce qui permet forcément de pouvoir récupérer le ballon ou ralentir sa transmission.
L’entrainement pour ce geste particulier est technique et physique. Il faut développer des capacités pour faire reculer son adversaire et revenir très rapidement sur ses appuis afin de gratter le ballon.
Je dis souvent qu’il faut faire trois choses en même temps pour pouvoir arriver à ce geste-là et si elles ne sont pas faites simultanément, ça peut être compliqué : avoir une bonne lecture du jeu, identifier le joueur que je vais plaquer en analysant son gabarit, et se positionner de façon semi-arrêtée afin d’avoir des appuis stables.
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J’étais parti jeune du Brésil sans jamais jouer dans le championnat national. Ça faisait 11 ans que j’étais en Europe et je me suis dit que c’était le bon moment pour rentrer. J’ai un fils de mon premier mariage qui habitait au Brésil, c’était aussi une des raisons, je voulais me rapprocher de lui. Un ami, Vilson (qui joue maintenant aux Corinthians) jouait à Chapoencense et m’a conseillé de venir. J’ai fait la moitié du championnat, tout s’est bien passé et on avait atteint notre objectif en championnat national. J’ai ensuite eu une opportunité pour aller à Recife, qui était un club qui jouait les meilleures places. J’ai donc quitté Chapecoense en décembre 2015.
Dans la nuit du 28 au 29 novembre 2016, ma femme m’a réveillé, elle était en pleurs. Je me suis tout de suite dit que quelque chose de grave venait de se passer, elle m’a annoncé le crash de l’avion des joueurs de Chapecoense. Au début ils disaient qu’il y avait des survivants donc je ne pensais pas à quelque chose de si grave, mais en allumant la télé et en voyant les infos j’ai pris conscience de la gravité de l’accident et cela a été un choc. Quelque chose de très douloureux. Je connaissais la plupart des joueurs, dirigeants et journalistes qui étaient dans cet avion.
Là je vois encore un signe de Dieu, un mois et demi avant l’accident, le club était en difficulté et ils voulaient me recruter à nouveau et ont donc fait une offre à Recife. J’étais d’accord pour revenir, car j’étais très attaché aux personnes de ce club, mais Recife a finalement refusé. Un mois après la tragédie est arrivé et j’aurais très bien pu être dans l’avion.
Ce sont des choses qui font beaucoup réfléchir. Cela nous montre qu’il faut profiter au maximum des moments passés avec les gens qu’on aime, la famille, les amis, car à n’importe quel moment cela peut s’arrêter. On valorise plus les choses simples de la vie.
Des trois survivants, je ne connaissais que Neto. Cinq ou six jours après l’accident il m’a envoyé un message alors que dans les journaux on ne savait toujours pas qu’il était réveillé. Peu de temps après, j’ai eu les dirigeants au téléphone et à la fin de la conversation ils m’ont proposé de revenir au club pour aider à le reconstruire. J’y avais déjà pensé et je m’étais dit que s’ils m’appelaient, je ne pouvais pas dire non. J’avais une offre très importante à ce moment, un nouveau challenge, car c’était au Qatar. Mais le choix a été très vite fait et j’ai changé mes plans.
Quand j’ai vu Neto pour la première fois, plus de deux mois après l’accident, je l’ai pris dans mes bras bien sûr, mais nous avons tout de suite discuté et plaisanté. Il fallait vraiment essayer de retrouver la relation qu’on avait avant. Nous avions déjà discuté et pleuré au téléphone, il était temps d’avancer. Neto est quelqu’un de très croyant. Maintenant il voyage beaucoup au Brésil et il raconte son histoire, comment Dieu était présent dans tous les moments de sa vie, notamment pendant la tragédie.
Il a d’ailleurs eu un rêve prémonitoire quelques jours avant l’accident. Le jour même il a appelé sa femme et lui a dit “je n’ai pas envie d’y aller, je ne me sens pas bien, je n’ai pas un bon pressentiment”. Il est quand même parti et il a fait ses prières avant de décoller. Dans l’avion, à un moment ils ont compris que quelque chose n’allait pas. Les moteurs se sont éteints et donc les lumières également. L’avion n’avançait plus qu’en planant et à ce moment-là Neto a commencé à prier et après il ne se rappelle plus de rien jusqu’à ce qu’il se réveille à l’hôpital. Son témoignage change la vie de beaucoup de monde aujourd’hui et je le respecte beaucoup pour ça.
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On m’a toujours dit que j’étais né avec un ballon de volley dans les mains, enfant je ne le lâchais jamais. Je jouais même dans mon salon avec un ballon de baudruche et ma mère me grondait, elle disait que je faisais de la poussière.
C’est pourtant mes parents qui m’ont tout de suite baigné dedans. Mon père était un ancien joueur de volley-ball à Rennes et international avec l’ex-URSS, qui est devenu coach du Rennes Volley 35, et ma mère entraînait une équipe de jeune dans laquelle jouait mon grand frère, Stanislas.
J’ai fait beaucoup de sports collectifs comme le basket, le foot ou le hockey, et c’est naturellement que mes parents m’ont inscrit dans un club de volley à 8 ans. J’adorais ça et mon but depuis tout petit était d’être sportif de haut niveau, peu importe le sport.
Le poste de libéro m’a été conseillé par mon père, à contrecœur au départ. J’ai appris à l’aimer et cela m’a permis d’atteindre ce niveau et d’intégrer l’équipe de France en 2011, dans ma vingtième année.
L’ÉQUIPE DE FRANCE, LE GRAAL
L’équipe de France est le rêve de tout sportif. Être sélectionné et jouer régulièrement pour son pays est un honneur et une fierté.
Dans notre équipe d’aujourd’hui je pense que chacun d’entre nous est passionné par le volley, et on adore jouer ensemble et s’amuser. On est très combatif, on ne veut rien lâcher, notamment depuis l’arrivée en 2012 de Laurent Tillie aux commandes de l’équipe.
Depuis que l’on sait de quoi on est capable tous ensemble, on veut tout gagner. Il n’y a rien de mieux pour un sportif que de gagner des médailles et si possible celles en or, cela procure une sensation de joie et d’accomplissement unique. Nos deux ligues mondiales en 2015 et 2017 ainsi que le Championnat d’Europe en 2015 nous ont donné ce goût de la victoire et nous avons intention d’y gouter de nouveau.
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Je fais du vélo depuis que je suis tout petit, c’est comme si j’étais né dessus. Mon père m’a transmis cette passion pour la petite reine. Ce sont les balades en forêt avec lui qui m’ont fait découvrir ce sport jeune et alors en plein essor.
Finalement, je me suis orienté vers le Cross-Country qui se déroule sur un circuit de 4 à 6 kms alternant montées physiques et descentes techniques. Cela m’a permis d’allier mes deux passions : le cyclisme et son défi purement physique avec les sports mécaniques qui font la part belle au pilotage. C’est un des rares sports ou l’on va pousser la douleur et la souffrance aussi loin et plonger de suite dans une descente ou la concentration et la prise de risque sont primordiales. Le tout sur des machines hors de prix. Nous passons énormément de temps à améliorer les pneumatiques, à travailler sur nos réglages de suspensions, à développer les futurs produits avec les ingénieurs… j’adore ça et avoir le privilège de rouler sur des prototypes avant tout le monde, d’être dans le secret d’une grande marque comme Cannondale et de donner son avis est un rêve de gosse !
EN FINIR AVEC LE STATUT D’OUTSIDER
Je n’ai jamais été le meilleur athlète de ma génération que ce soit dans les catégories jeunes ou maintenant chez les Elites. Mais je suis quelqu’un qui s’accroche, ce qui m’a permis de gravir les échelons et de réaliser mon rêve. Être athlète professionnel, vivre de mon sport, voyager partout dans le monde.
Malgré toutes ces années et de nombreux podiums en coupe du Monde, je n’ai jamais réussi à décrocher le maillot de Champion de France. Pour un cycliste, d’une manière générale, c’est vraiment quelque chose de spécial. Avoir le droit de porter ce maillot tricolore pendant un an représente beaucoup à mes yeux. En plus, on a le droit de porter à vie un liseré sur les manches de notre maillot, symbolisant notre succès passé. J’ai beau avoir remporté 5 fois la Coupe de France, le “France” c’est autre chose.
UNE OPPORTUNITÉ EN OR
Ce Championnat de France arrive après deux manches de Coupe du Monde. Ces épreuves sont également des objectifs importants, c’est pourquoi la planification est compliquée. Rester trois semaines en forme est difficile. Nous passons des semaines, voir des mois à nous préparer. Le corps se fatigue, on diminue alors la charge d’entraînement et le corps va surcompenser, ce qui a pour résultat d’avoir un niveau de performance plus élevé. Mais cet effet est éphémère, c’est toute la complexité de la planification. Avec mon entraineur Philippe Chanteau, nous avons fait le choix de monter en puissance quitte à être un peu limite sur la première de ces trois courses.
Honnêtement, j’étais nerveux toute la semaine… je ne voulais pas passer à côté. Pour la première fois depuis longtemps, le maillot changera d’épaules, Julien Absalon s’étant blessé un mois auparavant, il ne sera pas au départ. Dans le VTT les relations entre athlètes sont bonnes, j’ai toujours eu du respect pour mes aînés et ils en ont eu pour moi également. Alors bien sûr ce n’est pas facile pour lui, mais notre relation n’a pas changé. J’espère que cette atmosphère perdurera encore longtemps dans notre sport, la balle est dans le camp des jeunes maintenant !