Christophe Lemaître, Teddy Tamgho et Benjamin Compaoré ont été champions du monde juniors. On vous propose de retracer leurs carrières !
Christophe Lemaître (champion du monde du 200 m en 2008)
Pour Christophe Lemaître, l’ascension est fulgurante, comme sa médiatisation. Champion du monde juniors en 2008 sur le 200 m, alors qu’il n’est que première année, la voie semble toute tracée. Il est champion d’Europe juniors du 100 m l’année suivante, avec un record d’Europe qui tient toujours (10”04), il connaît cette année-là son premier grand championnat, avec les mondiaux. Il est malheureusement éliminé sur faux-départ en 1/4 de finale. Mais cela ne freine pas sa progression et il devient en 2010 le second français sous les 10 secondes, en établissant un nouveau record de France, lors des Élites (9”98). Il réussit un triplé historique (100, 200, 4x100m) lors des championnats d’Europe.
L’année 2011 sera incontestablement la meilleure de sa carrière. Il améliore sorties après sorties, son record de France, pour le porter à 9”92 lors des Elites. Il confirme aussi sur 200ù, manquant de peu le record de France, à cause du vent. Les mondiaux de Daegu seront la consécration. Après une 4e place sur 100m, dans une course marquée par l’élimination d’Usain Bolt, il prend la 3e place du 200m. Avec un chrono de 19”80, il pulvérise le record de France de 38 centièmes et se positionne à 8 centièmes du mythique record d’Europe de Mennea. A ce moment-là de la carrière de Christophe Lemaître, tous les sommets lui sont promis.
Résurrection aux JO de Rio
Malheureusement, en 2021, il n’a toujours pas battu ses records d’il y a dix ans. La faute à des blessures et méformes qui vont gâcher la suite de sa carrière. Il réalise encore un chrono sous les 20 secondes en 2012, est champion d’Europe du 100m, mais n’est que 6e de sa finale du 200 m, aux Jeux Olympiques de Londres. L’année 2013 est marquée par la première grosse blessure de sa carrière, en finale du 100 m, malgré une très belle demie. Il doit renoncer au 200 m. En 2014, pour la première fois de sa carrière il est battu aux Europe, que ce soit sur 100 m ou sur 200 m. Même en France, il doit désormais subir la concurrence de Jimmy Vicaut sur la ligne droite. Il n’entre pas en finale des mondiaux 2015, que ce soit sur 100 m et 200 m, confirmant le déclin.
Pourtant, en 2016, c’est la résurrection. Pas attendu, et éliminé en demi du 100 m, il se qualifie en finale du 200 m, réalisant son meilleur chrono depuis 2012 (20”01). Il prend le bronze au millième de seconde (20”12), créant une énorme et agréable surprise. Replaçant également Christophe Lemaître au sommet de la carte ! Ce sera son dernier fait d’armes. Éliminé en demie du 200 m à Londres aux mondiaux, après une année perturbée par les blessures. C’est sa dernière participation en individuel à un grand championnat. Christophe Lemaître continue de courir et à prendre du plaisir à l’entraînement. Il reste un des athlètes qui a placé la France sur la carte au niveau du sprint mondial.
Teddy Tamgho (champion du monde du triple saut en 2008)
Quand on se retourne sur la carrière de Teddy Tamgho, il y a de la joie mais beaucoup de regrets. C’est sans doute le triple sauteur le plus doué de l’histoire, mais sa carrière aura été gâchée par de trop nombreuses blessures. Champion du monde en 2008, il franchit rapidement les échelons. Après une élimination aux Europe en salle séniors en 2009, il se hisse dès l’été suivant en finale des mondiaux, où il prend la 11e place. Il explose à l’hiver 2010, où il devient champion du monde en salle, avec un nouveau record du monde (17,90 m). Et n’est “que” 3e d’un gros concours lors des Europe de Barcelone (17,45m). Il avait pourtant flirté avec la mythique barre des 18 m, lors d’un concours à New York (17,98 m).
Et poursuit sa progression en 2011. Il bat son record du monde en salle, lors des Elites en salle (17,91 m), avant d’être sacré champion d’Europe chez lui à Bercy, avec encore un record du monde (17,92 m réalisés par deux fois dans le concours). Et confirme ses bonnes dispositions en début de saison estivale, avec un bond à 17,91 m. Il va malheureusement connaître le premier coup dur de sa carrière, avec une grave blessure à la cheville. Qui le prive des mondiaux, mais aussi des JO de Londres, à cause de complications.
Le 3e homme au monde à plus de 18 m
Son année 2013 ressemble à un conte de fées. Il retrouve la compétition très tôt. Enfin sa cheville semble tenir. Il peut multiplier les concours, progresser au fil des compétitions et enfin se qualifier pour les Mondiaux. En qualifications, il impressionne avec un saut déconcertant de facilité. La finale sera un rêve. Il mord plusieurs sauts à plus de 18 m, dont un qui a flirté avec le record du monde. Il s’impose grâce à un ultime bond à 18,04 m, devenant alors le 3e homme à franchir la fameuse ligne mythique. Seul titre pour les tricolores cette année-là.
Ce sera la dernière grande saison de Teddy Tamgho. En 2014, il se rompt le tendon d’Achille, lors du meeting Diamond League de Doha. Un an d’absence, puis une fracture du tibia en 2016, agrémenté d’une suspension sévère pour trois no-show (lors d’un des trois no-show, les contrôleurs n’avaient pas pris la peine de sonner…). Il semble revenir en 2016. Avec quelques beaux concours. Il réussit même les minimas pour les Mondiaux. Mais sur son saut, il se brise le fémur ! Ses cris déchirent le stade d’Angers. Il ne reviendra jamais à un niveau compétitif, mais s’est reconverti en coach à succès, avec des protégés comme Hugues-Fabrice Zango, Rouguy Diallo et Melvin Raffin.
Benjamin Compaoré (champion du monde du triple saut en 2006)
Champion du monde juniors en 2006, Benjamin Compaoré n’a pas eu la même trajectoire que Christophe Lemaitre et Teddy Tamgho, mais possède lui aussi un palmarès au niveau international. Il a mis plus de temps à éclore et doit attendre 4 ans avant de connaître sa première sélection chez les grands. Et participe aux championnats d’Europe et prend la 5e place. Il obtient son premier succès majeur en 2011, avec une victoire au meeting Diamond League de Bruxelles, avec un bond à 17,31 m.
Et il connaît alors une petite traversée du désert, malgré des sauts à plus de 17 m. Il revient en force en 2014, pour conquérir sa première et seule médaille d’or internationale. Avec un nouveau record personnel en 17,48 m, il crée la surprise à Zurich en devenant champion d’Europe du triple saut. Malheureusement, son année 2015 est perturbée par une grosse blessure l’hiver. Il entre en finale des mondiaux de Pékin, mais ne peut correctement défendre ses chances (16,63m).
Il change de technique en 2016 et obtient une médaille mondiale. Et prend le bronze des championnats du monde en salle, avec une performance de 17,09 m. Il participe aux mondiaux 2017 et 2019, mais aussi cette année aux JO de Tokyo.
Etienne GOURSAUD