Athlétisme – Champions du monde juniors, que sont-ils devenus ?

Depuis 2010, sept Français sont devenus champions du monde juniors, avant les sacres de Zhoya et Konaté. Que sont-ils devenus ?
Kevin Mayer, seul Français à avoir été champion du monde juniors et seniors, depuis 10 ans
Kevin Mayer, seul Français à avoir été champion du monde juniors et seniors, depuis 10 ans

Depuis 2010, sept Français sont devenus champions du monde juniors, avant les sacres de Zhoya et Konaté. Que sont-ils devenus ? On vous propose de faire le point

Champions du monde junior – Kévin Mayer (titré au décathlon en 2010)

A t-on réellement besoin de retracer la carrière de Kévin Mayer ? Champion du monde juniors du décathlon en 2010, il a franchi les étapes une à une, pour devenir l’un des meilleurs de l’histoire dans sa discipline. Il décroche sa première médaille chez les grands, en 2013, lors des Europe en salle, avec l’argent à l’heptathlon. Il termine 4e des mondiaux de Moscou, avec une folle remontée lors du deuxième jour ! Malgré quelques blessures au début de sa carrière, il se révèle en 2016 lors des Jeux Olympiques de Rio. Il bat plusieurs de ses records personnels, pour prendre l’argent, derrière la légende Ashton Eaton. Il établit un nouveau record de France, avec 8834 points.

Avec le retrait d’Eaton, Mayer prend le pouvoir lors des mondiaux de Londres, avec un titre mondial, avec 8768 points. Auparavant, il réalise le record d’Europe de l’heptathlon, avec son titre européen à Belgrade (6479 points) et devient le deuxième performeur de tous les temps. Dès lors, Kévin Mayer devient une star du sport français et de l’athlétisme mondial. Il est suivi et ses performances sont passées au crible. Il enchaîne en 2018, avec un titre mondial à l’heptathlon, avec une performance de 6348 points, sauvant l’or pour cinq petits points face à Warner.

2018 est l’année du premier revers majeur pour Mayer. Il mord trois fois à la longueur des championnats d’Europe de Berlin, dont il était le favori ! Il abandonne dans la foulée. Avant de réaliser l’exploit de sa carrière. A Talence, lors du Décastar, il pulvérise le record du monde d’Ashton Eaton, en réalisant 9126 points ! Athlète européen de l’année, champions des champions de l’Equipe. Il devient une icône du sport français ! Malheureusement, son année 2019 est marquée par le “drame” de Doha. En tête du décathlon des mondiaux, il doit renoncer à la perche, victime d’une blessure aux ischios-jambiers. Son abandon et ses larmes vont émouvoir la France.

Après une année 2021 marquée par les pépins physiques, il parvient à devenir champion d’Europe en salle de l’heptathlon, avec une grosse performance de 6392 points. Il est vice-champion olympique, dominé par un immense Damian Warner, qui réalise 9018 points. Mayer, comme à Rio, est 2e avec 8726 points. Des champions du monde juniors depuis 2010, il est le seul à l’être devenu en sénior. Preuve de la difficulté à confirmer.

Pascal Martinot-Lagarde (champion du monde du 110 m haies en 2010)

Sacré champion du monde, avec un chrono de 13”52 en 2010, lors des mondiaux de Moncton (Canada), Pascal Martinot-Lagarde a parfaitement réussi la transition 99 cm / 106 cm. Il possède actuellement 10 médailles au niveau international chez les séniors. Dont 4 mondiales. Il détonne en 2012, avec sa médaille de bronze sur le 60 m haies, lors des mondiaux en salle d’Istanbul en 7”53, devancé par le futur recordman du monde du 110 m haies Aries Merritt et par l’icône Liu Xiang.

Sa saison 2014 va être exceptionnelle ! Cela débute par la médaille d’argent lors des mondiaux en salle de Sopot (7”46). Surtout, il pulvérise petit à petit ses records sur le 110 m haies. 13”06 à Lausanne, 13”05 à Paris. Il est sur le podium de toutes les courses Ligue de Diamant, dont il en remporte trois d’affilée. Sa 4e victoire, à Monaco, sera marquée par un nouveau record de France en 12”95 ! Petit point noir, il n’est que 3e des championnats d’Europe 2014, avec une finale ratée. Cependant, il remporte la Ligue de Diamant 2014, une performance qui le place parmi les cadors de sa discipline.

Un athlète en forme le jour J

La suite de sa carrière sera davantage marquée par les blessures et des préparations plus incomplètes. Qui ne l’empêchent pas de faire des grandes finales (4e des mondiaux de Pékin, 4e des Jeux Olympiques de Rio). Une année 2016 marquée par une nouvelle médaille d’argent en salle sur le 60 m haies. Il ajoute une médaille européenne l’année suivante, avant de déclarer forfait pour la saison estivale.

Il va être perturbé pendant près d’un an par cette blessure. Avant de renaître en finale des championnats d’Europe. Il domine au millième l’ultra favori Sergey Shubenkov, a qui il fait le coup inverse des championnats d’Europe 2014 ! Et complète sa collection par le bronze des mondiaux de Doha, sa première médaille mondiale en extérieur, malgré une préparation encore une fois gâchée par les pépins physiques.

Il échoue à la 5e place des Jeux Olympiques, après une saison une nouvelle fois gâchée par les blessures. Cette 5 e place est déjà une forme de victoire, car il n’avait quasiment pas couru de la saison. Pascal Martinot-Lagarde, même s’il lui manque le grand titre mondial, a plus que confirmé son titre chez les juniors. Il garde l’image d’un athlète capable d’élever son niveau dans les grands rendez-vous !

Alexandra Tavernier (Championne du monde du marteau en 2012)

Auteur du record des championnats (pris il y a trois jours par la Finlandaise Kosonen) Alexandra Tavernier a impressionné au marteau, lors des championnats du monde juniors de Barcelone. Depuis, la Savoyarde en a fait du chemin et a glané des médailles internationales à son palmarès. Trois ans après son titre mondial chez les juniors, elle réalise une grande année 2015, où elle est sacrée championne d’Europe Espoirs. Surtout, lors des championnats du monde de Pékin, elle monte sur la troisième marche du podium. A seulement 22 ans, dans une discipline qui nécessite de la maturité !

S’en est suivie deux ans de galères, marquée par la dépression mais aussi les contre-performances (qui ne l’empêchaient pas de dominer la scène nationale). Avant de renaître en 2018 ! Avec une magnifique médaille d’argent aux championnats d’Europe, et un nouveau record de France, avec 74,78 m. Depuis, Alexandra Tavernier est une habituée des plus grandes finales, même si, que ce soit à Doha où cette année aux JO de Tokyo, ces finales ont été émaillées de frustrations. Elle prend la 6e place des mondiaux de Doha, avec 73,33 m. Et elle échoue au pied du podium aux JO de Tokyo, malgré un beau jet à 74,41 m, jamais une 4e n’avait lancé aussi loin. Elle a porté son record de France à 75,36 m cet hiver.

Alexandra Tavernier s’est fait une place parmi les grandes dames de sa discipline et truste les finales mondiales et européennes. Sa progression régulière en fait une candidate aux médailles internationales durant encore quelques années. Après tout, Anita Wlodarczyk vient d’être sacrée championne olympique à 36 ans. La Française en a 28 !

Lire aussi : Alexandra Tavernier – Le manque de médiatisation des lancers est très Français

Champions du monde juniors – Wilhem Belocian (titré au 110 m haies en 2014)

Avant Sasha Zhoya, c’était lui le phénomène français sur les haies hautes. Wilhem Belocian, champion du monde juniors du 110 m haies à Eugene en 2014, avec le record du monde juniors, en 12”99, que vient tout juste de lui chiper Zhoya. Sa première saison chez les grands se traduit par une médaille européenne, un jour de triplé français sur le 60 m haies des Europe en salle. Il termine 3e en 7”52 ! Il porte son record à 13”28 sur le 110 m haies (106 cm). Mais ne peut participer aux mondiaux en raison d’une blessure. En 2016, il est 3e des championnats d’Europe d’Amsterdam et participe dans la foulée aux Jeux Olympiques. Où il est éliminé en séries, suite à un faux-départ.

S’ensuivent deux années de traversée du désert, marquées par les blessures à répétition. Il parvient à se qualifier pour les championnats du monde de Doha en 2019. Malheureusement freiné par une nouvelle blessure dans sa préparation, il est éliminé en séries. Paradoxalement, le Français va tirer de la force de la drôle de période liée au Covid. Il repousse d’un dixième son record personnel, lors du meeting Diamond League de Monaco, en réalisant 13”18 ! Son année 2021 est probante.

Champion d’Europe en salle du 60 m haies, avec un chrono de 7”42, il a multiplié les grosses performances sous les 7”50, qu’il n’avait jamais fait auparavant. La saison estivale, malheureusement, a été moins probante, malgré un record personnel (13”15). Il se blesse avant les Jeux Olympiques et ne parvient pas à terminer sa série.

La transition 99 cm / 106 cm a été difficile à négocier et Wilhem Belocian a eu un parcours semé d’embûches, avec beaucoup de pépins physiques. Mais il a su s’en relever et il est en train de devenir un des cadors de sa discipline. Il n’a que 26 ans.

Rouguy Diallo (championne du monde du triple saut en 2014)

C’était la bombe de ces championnats du monde juniors de 2014. Rouguy Diallo, championne du monde du triple saut, avec un bond incroyable à 14,44 m (trop venté). Elle réalise le record de France juniors en 14,20 m dans le même concours. Pour elle, la digestion de ce concours incroyable a été très très longue. Un seul concours à plus de 14 m pendant 4 saisons. Un début de carrière marqué par les pépins physiques, pour la protégée de Teddy Tamgho. Malgré tout, elle décroche le bronze aux Europe Espoirs en 2017. Une médaille qui semble lui avoir fait beaucoup de bien.

Car Rouguy Diallo s’est remise sur les bons rails. Elle a battu son record en 2018, le portant à 14,31 m, lors des qualifications des championnats d’Europe de Berlin. Elle terminera 8e de la finale, pour sa première compétition chez les grands. L’hiver suivant, elle est de nouveau en finale des Europe en salle à Glasgow, où il grimpe d’un rang (7e). Elle réalise cet hiver là 14,39 m en salle et 14,25 m en extérieur. Elle découvre ses premiers championnats du monde à Doha, où elle entre en finale, 10e (14,08 m, après avoir fait 14,25 m en qualifications).

L’année 2021 est très belle pour la Française, qui porte son record à 14,51 m le 19 juin à Madrid. Elle resaute ensuite aux Jeux Olympiques, où elle se hisse en finale. Malgré une belle performance dans cette finale (14,38 m) elle est aux portes des huit premières et n’a pas accès à trois essais supplémentaires. Comme Wilhem Belocian, Rouguy Diallo a eu quelques soucis dans sa carrière et semble être sur les bons rails. Affaire à suivre.

Axel Chapelle (champion du monde de la perche en 2014)

Champion du monde 2014 de la perche, avec un bond à 5,55 m. Axel Chapelle a depuis un peu disparu des écrans radars. Il n’a plus sauté depuis l’hiver 2020. Pourtant, il sortait d’une année 2018 assez exceptionnelle, où il avait porté son record à 5,88 m. Il est même rentré en finale d’un grand championnat, l’année précédent, avec une 6e place aux championnats du monde de Londres. Une année 2017, où il a décroché une médaille d’argent aux championnats d’Europe espoirs, avec un saut à 5,60 m. Egalement 10e des mondiaux en salle seniors de Birmingham en 2018, il a ensuite progressivement marqué le pas.

Devenu père cet hiver et en couple avec la perchiste Ninon Guillon-Romarin, il n’a pas annoncé sa retraite. La saison 2022, qu’on espère un peu plus normale, va t’elle être celle du retour d’Axel Chapelle ? Quoi qu’il arrive, le perchiste de 26 ans aura fort à faire, avec une énorme concurrence en France !

Champions du monde juniors – Yanis David (titrée à la longueur en 2016)

Seul(e) Français(e) à avoir été sacré(e) champion(ne) du monde en 2016, lors des mondiaux juniors de Kazan, avec un bond à 6,42 m au saut en longueur, Yanis David a fait du chemin depuis ce titre mondial. Elle a remporté l’année suivante les championnats d’Europe Espoirs à la longueur. Yanis David brille également en triple saut, où elle a remporté la médaille d’or aux Jeux Méditerranéens en 2018, avec un bond à 14,15 m. Polyvalente, elle a réalisé une très belle année 2019. Où elle a porté son record à 6,84 m à la longueur et 14,35 m au triple saut, à 34 centimètres du record de France de Térésa Nzola Meso.

Elle y découvre cette année-là sa première grande compétition, avec les championnats du monde de Doha. Où elle ne passe pas le cap des séries (6,48 m). Depuis, la Française de 24 ans marque un peu le pas, malgré une participation cet été aux Jeux Olympiques, où elle n’a pas franchi le cap des séries (6,27 m). Elle n’a pas été plus loin que 13,18 m au triple saut et 6,63 m à la longueur. Les deux dernières saisons, marquées par le Covid sont à prendre en compte. Yanis David sera surveillée de près en 2022. Mais elle illustre la difficulté de confirmer.

Etienne GOURSAUD

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