Clément Breysse commente l’athlétisme pour la chaine Athlé TV, lancée au cours de la saison estivale en 2021. Il sera au micro à partir de cet après-midi et tout au long de ce week-end des championnat de France Elite, qui auront lieu à Caen et au coeur d’un très gros dispositif pour un direct en intégralité commenté. Clément Breysse revient sur le début de saison solides des Français sur la piste. Sur la gestion du commentaire en direct, lui qui officie également à l’animation sur les pistes d’athlétisme.
Crédit : Clément Breysse
CLÉMENT BREYSSE – L’OBJECTIF EST D’OFFRIR DE LA VISIBILITÉ À NOTRE SPORT
On vit déjà de belles émotions dans cette saison 2022. C’est le sport et je crois qu’on en avait plus que jamais besoin. Peut-être que les sportifs l’ont senti aussi. Il y a les performances, les jeunes athlètes qui arrivent et qui ont de belles histoires à partager. Je crois que les réseaux sociaux ont cet avantage de la proximité avec les athlètes. On a l’impression de mieux les connaître. On a l’impression d’être associé à leur préparation, à leur réussite. Je pense qu’Athlé TV permet aussi d’amener ces émotions et de les amener au plus grand nombre.
L’objectif de la Fédération Française d’Athlétisme était d’offrir de la visibilité à notre sport et aux athlètes et à leurs performances. A divers degrés. Il y a les championnats de France, de gros meetings, mais il y aussi les organisateurs de plus petits meetings qui investissent, car il peut y avoir un intérêt pour leurs partenaires. Le fait d’avoir cette offre athlétique donne plus de visibilité aux performances et aux athlètes.
ON A LA CHANCE D’AVOIR UNE FÉDÉRATION QUI INVESTIT SUR UNE CHAÎNE DÉDIÉE À SON SPORT
Les athlètes aiment que les courses soient visibles, cela leur permet de les récupérer pour les mettre sur leurs réseaux. Je ne suis pas très vieux, mais j’ai le souvenir de quelques années en arrière où c’était le VHS de papa qui permettait de revoir la course. Aujourd’hui, instantanément sur les réseaux, on peut revoir sa course.
Si ça peut permettre à des athlètes d’avoir de la notoriété et d’attirer des partenaires c’est un autre objectif qui est atteint. Après, je ne veux pas parler au nom de la fédération. Je suis là pour commenter ce que je vois. On a la chance d’avoir une fédération qui investit sur une chaîne dédiée à son sport et qui permet à des meetings d’être diffusés, des France en intégralité commentés. Ce n’est pas le cas de toutes les Fédé. Evidemment qu’il y a encore des axes d’amélioration
CLÉMENT BREYSSE – EUGENE SERA UNE GRANDE FÊTE ET UNE EXPÉRIENCE POUR LES ATHLÈTES EN VUE DE PARIS 2024
Il y a de grands meetings en France, Marseille, Montreuil, Nancy, Sotteville. Et la visibilité de la diffusion est bonne. S’il y a une grosse performance, World Athletics va clipper la course au lieu de simplement relayerle résultat. Cela permet de voir nos athlètes français, et ça c’est super !
Depuis quelques années déjà on voyait les perfs là où l’athlétisme est toujours filmé en Pologne, dans les pays du Nord. On peut voir les courses de Bol, les courses de demi-fond en Pologne. Alors qu’on ne voyait pas les courses françaises. Ce qui a été corrigé. Maintenant, quand des minima sont réalisés, la course est diffusée et est diffusée sur les réseaux sociaux de World Athletics.
Je ne suis pas un très bon pronostiqueur et je vais me garder d’en faire pour cet été. Ce que je sais c’est que les athlètes ont envie de manger la piste. On ne peut pas leur enlever cette grande détermination. Après il y a cette jeune génération. Est-elle à point pour des championnats du monde ? Pour des championnats d’Europe très probablement. Il faudra prendre de l’expérience à Eugene. Si on compare avec les JO de Tokyo, Tokyo c’était l’anonymat d’un huis-clos du Covid. A Eugene, ce sera la grosse fête et une grosse machine américaine. Qui a fait ou vu des compétitions aux USA sait que c’est autre chose. Là, tu prends du capital et de l’expérience pour les évènements futurs, comme Paris 2024. On a beaucoup d’athlètes intelligents qui construisent leur carrière en vue de Paris.
LES FRANCE ELITE SONT PLUS QUE JAMAIS UN RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE
Les JO de Tokyo ont amené un peu de frustration. Pour avoir discuté avec d’anciens sélectionnés sur d’autres olympiades, les JO restent le Graal absolu pour un sportif. C’est normalement un stade de 60 000 personnes, du bruit de la ferveur. La crise du Covid les a privés de cela. Mais personne ne leur enlèvera qu’ils y sont allés, personne n’enlèvera à Gabriel Tual sa 7e place aux JO et à Phelut sa finale Olympique.
Les France Élites sont plus que jamais un rendez-vous incontournable pour l’athlétisme français. Une année à deux grands championnats, c’est rare Les jeunes s’invitent au banquet des grands, certains visent les mondiaux, d’autres les Europe. Quand je vois le 800 hommes, il va falloir qu’ils se dépouillent sur la piste pour aller chercher les trois places qualificatives. Quand tu vois un top 8 d’une densité jamais vue en France, tu te dis que la finale va être stratosphérique.
Attention, cela reste une course de championnat, il ne faut pas s’attendre à des chronos monstrueux. Mais il faudra être champion de France pour avoir les deux pieds dans l’avion. Et celui qui sera hors-podium, cela sentira mauvais pour lui. Cela redonne toute ses lettres de noblesse aux championnats de France. Et personne n’enlèvera à un athlète son titre de champion de France.
CLÉMENT BREYSSE – UNE ÉMOTION PARTICULIÈRE QUAND THIBAUT COLLET EST ALLÉ AUX MONDIAUX
J’ai le souvenir de la première d’Athlé TV lors du Meeting de Marseille en 2021. On a un meeting de folie, avec Baptiste Mischler et Azzedine Habz qui font les minima sur 1500 m. On a Benjamin Robert qui se qualifie également sur 800 m. C’est un super moment, car je commentais avec Yoann Kowal. C’est un super gars et il est vraiment ému de voir ses copains faire les minima. Il y a ce que vous voyez et entendez à l’antenne, avec cette émotion à transposer. Mais il y aussi ce qu’on vit en cabine. C’est super beau.
Il y a également Margot Chevrier cet hiver, lors de son titre de championne de France. Stéphane Diagana commente avec nous à ce moment-là et est dans un état d’émotion avancé.
Forcément, je dois citer Thibaut Collet. Que je connais depuis qu’il a une perche entre les mains. J’ai fait beaucoup d’animations dans les stades avant de faire Athlé TV. Ce sont des gars que je connais. Je sais leurs sacrifices, je sais les sacrifices que les Collet font pour que les frangins puissent sauter dans les meilleures conditions. Voir Thibaut aller au monde, c’est vraiment une émotion personnelle qui s’entend au moment du direct.
J’AI DÉCOUVERT LE COMMENTAIRE GRACE A UN PROF DE SPORT QUI M’A MIS UN MICRO ENTRE LES MAINS
Mon premier grand souvenir en athlétisme c’est le 400 m de Marie-José Perec à Barcelone en 1992. Je suis minot, j’ai neuf ans. Je me souviens de ce soir d’été, je me souviens parfaitement du salon et de mes parents criant derrière le canapé. J’avais deux frères et je nous revois tous les cinq hurler de joie dans le salon grâce à une Française qui gagne le 400 m. Je me suis dit : “Wow, ce sport est vraiment particulier et offre beaucoup d’émotions”. Et comme tout gamin après un évènement international, j’ai demandé à faire de l’athlétisme. Quand tu tombes dans la marmite, tu ne la quittes plus.
J’ai découvert le commentaire, grâce à un prof de sport qui, sur une compétition scolaire, m’a mis le micro entre les mains. Ce prof connaissait les organisateurs des championnats de France scolaire, qui m’ont confié un micro car cela faisait probablement bien d’avoir un jeune qui commente des France scolaire. Après c’est une histoire de rencontre. Ces gens connaissaient Philippe Chaput, responsable du groupe d’animation de la FFA. J’ai commenté sur le stade les France jeune à Lyon Paris en 2008. Voilà comment je me suis retrouvé dans le groupe animation de la FFA, dans cette belle équipe pleine de valeurs.
CLÉMENT BREYSSE – COMMENTER SUR LA PISTE ET A LA TELE SONT DEUX CHOSES DIFFÉRENTES
Commenter à la télé et sur un stade, c’est deux choses totalement différentes. Dans un stade, il y a une réaction immédiate, tu arrives à transporter le public dans une émotion instantanée. A la télé, tu fais des supputations. Tu as le retour au mieux quelques minutes après sur les réseaux sociaux et au pire quelques jours après, quand tu croises des gens qui ont regardé. Philippe a su construire un groupe au sein de la fédération qui anime les compétitions sur le stade ou à la télé. On a tous la même façon de travailler.
On est là pour valoriser les performances et pour parler au maximum du sportif. C’est ce que j’essaye de transposer à l’antenne. En y ajoutant la notion de temps qui est plus longue. Sur un stade, on a un coordinateur qui nous dit : “Tu as x secondes pour faire un point. Tu ne dis pas grande chose. A la télé, on peut s’offrir un peu plus de place et l’idée c’est de raconter une histoire en s’appuyant sur les images.
Chaque athlète a sa propre histoire. La télé permet de raconter les choses et c’est ce qu’on essaye de faire avec les réalisateurs, les intervenants et les consultants. Pour amener le téléspectateur à avoir quelque chose à suivre. C’est un vrai travail d’équipe. Sans les gens que je cite systématiquement à la fin des directs et j’y tiens, on ne peut rien faire. Et mon binôme en cabine avec qui je dois être en osmose, sans un chef d’édition qui me prévient sur où on va aller, le direct peut vite n’avoir aucun sens. Sans les gens dans le car qui nous donnent des statistiques, on peut passer pour des ….. Si on ne bosse pas en amont c’est le cas aussi. C’est un travail collectif au service de la valorisation de l’athlète et du sport. Je ne suis que la voix qui vient poser et transmettre cela.
ON A TOUS UN INTÉRÊT QUI EST DE VALORISER LE SPORT ET LA PERFORMANCE
Ce week-end, avec les équipes de la FFA et mon binôme Alexandre Brunel, on prépare des surprises avec des nouveautés que vous allez découvrir. On veut aller sur le côté historique en associant quelqu’un qui a une vraie culture de l’Histoire de l’athlé. La FFA sait nous mettre dans de bonnes conditions en amenant des moyens supplémentaires. Sur un week-end d’élite, c’est une équipe dizaine de personnes plus toute l’équipe de techniciens pour vous proposer près de 25 heures de direct. Il faut imaginer le travail titanesque que c’est de retransmettre des événements sportifs.
On a testé pas mal de consultants. Tous, quand ils posent le casque, me disent : “Mon dieu que cela va vite et que c’est difficile à suivre”. Moi le premier, quand j’étais devant ma télé, j’étais un téléspectateur exigeant. J’ai revu rapidement mon jugement. Mais la critique peut être constructive et il faut la prendre aussi. Il ne faut pas que ça tombe dans la chasse à l’homme. On a tous notre ton, notre approche.
Mais tous un intérêt, qui est de valoriser le sport, la performance et l’athlète. Certains aiment ce que je fais et d’autres probablement détestent. Demain ce sera peut être l’inverse. Il faut le prendre avec humilité. A chaque début de direct, je me souviens que j’ai l’immense chance d’être le témoin privilégié de ces performances, et j’ai en plus le bonheur de le faire avec une équipe géniale, ce sont tous mes amis à la vie.