Athlé – Clémence Beretta – Je vais à Munich décomplexée

Clémence Beretta va découvrir ses premiers grands championnats, avec sa participation au 20 kilomètres marche aux Europe.
Clémence Beretta

Clémence Beretta va découvrir ses premiers grands championnats, avec sa participation au 20 kilomètres marche aux Europe. Elle peut prétendre à une belle place car elle a réalisé de gros progrès, avec un nouveau record de France sur 10000 m marche sur piste, aux France Elite. Elle est la tête de gondole d’une génération très prometteuse chez les femmes. Elle nous parle de son envie de briller à Munich, de casser la barrière des 1h30 sur 20 kilomètres marche. Elle nous parle aussi de ce qu’elle a mis en place cette année pour attirer des partenaires qui l’aident au quotidien. Découvrez Clémence Beretta

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CLÉMENCE BERETTA – HISTORIQUE D’AVOIR 3 MARCHEUSES QUALIFIÉES AUX EUROPE

C’est mon premier championnat en tant que sénior. Je savais que j’allais être sélectionnée, ayant fait les minima et championne de France, ce n’était pas une surprise. On nous a octroyé des bourses pour partir en stage de préparation en juillet. Mais c’est toujours différent entre le moment où on nous dit ça et le moment où tu vois ton nom sur la liste officielle. Cela fait un petit truc de dire qu’on fait partie de cette équipe.

Je n’ai que 24 ans mais ces dernières années ont montré que je me suis retrouvée naturellement la plus âgée des marcheuses en France. La densité devient impressionnante chez les femmes, c’est super bien. Je crois que c’est historique d’avoir trois marcheuses aux championnats d’Europe. C’est génial ! J’aborde cette compétition en essayant de l’aborder comme une autre. Sans me mettre une pression supplémentaire car je me connais et je sais que cela ne sert à rien. Ça me dessert même. Je veux y aller, me faire confiance, faire confiance à ces dernières semaines.

J’AI FAIT DES CHOIX DE COEUR CETTE SAISON

Quand je suis rentré d’Italie où j’étais en stage, le lendemain, je perdais ma grand-mère. Cela a été un peu compliqué pour moi. J’ai vécu des moments de doutes à tout niveau car j’ai pris un coup sur la tête. Du coup, j’ai pris 4 jours off, sans même penser aux championnats d’Europe. Cela remet les choses essentielles en face des yeux. En étant revenue à moi-même et pourquoi je fais du sport. Une fois les quatre jours passés, il fallait bien que la vie continue, que je reprenne ma vie en main. Il y a ce championnat, j’adore ce que je fais. Toute l’année, je m’entraîne pour ça. Je ne sais pas si c’est une maturité en lien avec cet évènement, mais j’essaye de me dire que je me concentre sur moi, sur ce que j’ai fait à l’entrainement. Mais en évitant le côté “waouh” de l’évènement.

A la fin de l’année dernière, j’ai fait des choix de cœur, en suivant mon instinct et en ne pensant pas à la sécurité. J’ai quitté le CREPS, mon groupe d’entraînement et mon CDI. Cette année, j’ai tout fait dans l’écoute de moi-même et de ce que me disait ma tête et mon corps. Cela a été la clé et l’équilibre tant recherché. Ce ne sont pas forcément des choix qui semblent les meilleurs sur le papier, mais dans la pratique et le haut-niveau, il faut se faire confiance.

CLÉMENCE BERETTA – JE VAIS À MUNICH DÉCOMPLEXÉE

Les France Elites ont été un point d’ancrage. Je fais 44’08 avec un bel état de fraîcheur en, en ayant sous le pied. J’ai réalisé que faire moins de 1h30 sur 20 kilomètres, c’était possible. C’est la première fois dans ma carrière que je réalise que cette barrière mythique n’est pas si inatteignable. Je suis partie à Livigno dans cet état d’esprit, ce qui était hyper important. Je ne veux pas aller aux Europe pour faire de la figuration, mais pour faire un top 8. Le déclic a vraiment eu lieu à Caen.

Munich, ce sera une course de championnat, avec le jeu des disqualifications. C’est ce qui est beau dans des disciplines d’endurance, où il y a pas mal de rebondissements. J’y vais en étant décomplexée et en me disant que je n’ai pas encore concrétisé ce que je fais sur 10 km sur un 20 km. C’est le truc qui me manque. Peut-être que ce sera cette année, peut-être pas. Mais si ce n’est pas cette année, je vais forcément le faire, car c’est la suite logique d’une carrière. Mais je me dis : “Allez, c’est quand que je vais convertir”. Cela peut le faire cette année. Je fais un beau mois de juin, un beau mois de juillet, où je me suis bien entraîné !

Ce n’est pas une frustration de ne pas avoir converti, mais je dois avouer que j’ai hâte. C’est un challenge car je sais que je l’ai en moi. Il faut le concrétiser. Quand cela va arriver, cela va être magique pour moi, car j’en rêve de ces moins de 1h30. C’est un vrai moteur.

IL Y A UNE ÉMULATION EN FRANCE

Il y a de l’émulation en France. Ce n’est pas le truc plan-plan où tu es tout seul. C’est mieux d’avoir de la concurrence, avec beaucoup de jeunes, dès les minimes/cadettes. C’est incroyable ce qu’il se passe et c’est vraiment bien. Cela ne me met pas de pression, au contraire je suis contente car je vois qu’on donne envie aux jeunes de faire de la marche en club. Emilie Menuet a également contribué à cela. C’est positif. Forcément, cela implique de se remettre en question. Mais quand tu fais du haut-niveau, tu cherches toujours le meilleur. Je vais me comparer à celles qui ont déjà fait moins de 1h30. Cela va plus me stimuler que de me dire qu’il faut que je fasse attention à mes fesses en France.

Je suis partie en stage en Afrique du Sud en mai et cela s’est très mal passé. C’était horrible, le retour catastrophique. Tout le monde m’a dit de ne pas retourner en altitude. Pendant deux semaines, je ne savais pas quoi faire. Même mes parents étaient contre. Mais je savais au fond de moi que l’altitude n’avait rien à avoir avec l’échec de ce stage. Le problème c’était juste que cela s’est mal passé là-bas et que je n’ai pas eu les effets. Cela n’allait pas. Il y a eu des Anglaises qui m’ont proposé de partir à Livigno. J’avais une proposition pour aller à Font-Romeu, mais les parcours ne sont pas du tout adaptés pour les marcheurs. La seule option viable était l’Italie. C’était l’inconnu, je ne connaissais quasiment personne, j’étais sans les coachs. Sans connaître les parcours.

CLÉMENCE BERETTA – LIVIGNO, UN DE MES MEILLEURS STAGES

Mais pour la première fois je me suis vraiment écoutée et j’y suis allée. J’avais des amis en dehors du sport, plus neutres qui m’ont dit : “Il n’y a que toi qui peut savoir ce qui est bon pour toi”. Au fond de moi, j’avais ce truc qui me disait d’y aller. En plus ce n’est qu’à 4 h de chez moi, si cela se passe mal, je peux rentrer. Et cela a été incroyable, avec une piste cyclable dingue au milieu des montagnes.

Cela a été un de mes meilleurs stages. Les séances sont toutes passées, ce qui est assez rare. J’ai fait un gros volume. Je pense que je suis très sensible à mon environnement et être dans la nature, de la montagne et de la forêt, c’est top ! Il y avait des sportifs pro, l’équipe de Julian Alaphilippe était là. Le stage s’est bien passé aussi parce que j’étais bien mentalement. Je suis la fille de la forêt (rires).

IL FAUT SE BOUGER POUR ALLER DÉMARCHER LES PARTENAIRES

Je dois avouer un truc, je ne supporte pas les athlètes qui restent dans un rôle de victimisation sous prétexte que leur sport n’est pas assez médiatisé. C’est un fait, en France, il n’y a aucune vraie culture sportive, le sport est le parent pauvre du gouvernement, le grand oublié. En tant que sportif, on peut choisir de subir ce constat ou alors se donner les moyens à son échelle de s’en sortir. Si tu n’es pas une super star dans ton sport, peu importe que tu fasses du sprint ou de la marche, tu seras plus ou moins au même niveau. 

Il faut savoir bien s’entourer, être patient et se créer une vraie identité et plus-value que tu vas vendre aux entreprises. Depuis presque un an, on a fait un énorme travail en lien avec la Ligue Grand Est d’Athlétisme et la mairie de ma ville. C’est une vraie organisation où il faut remuer ciel et terre, prendre rendez-vous avec les députés mais cela marche, à l’issu on a décroché de beaux rendez-vous dans de grandes entreprises des Vosges. La morale c’est que si tu n’entreprends rien toi-même alors il ne se passera rien, il faut pas attendre les bras croisés en se disant que la vie est injuste, il faut passer dans une dimension pro-active. C’est comme dans le sport, si tu veux avoir des résultats alors il faut travailler.

LA FIN DE LA CIP A PRESQUE ÉTÉ UNE BÉNÉDICTION

Finalement, la fin de la CIP a été une bénédiction avec le recul, car j’ai dû me débrouiller par moi-même, en m’entourant de gens qui veulent vraiment m’aider. Je suis revenu sur un angle territorial. On est en train d’avoir les premiers vrais contrats. La compétence est revenue au niveau régional. Ce truc devrait être encore plus amorcé, c’est en train de l’être. L’ANS est en train de redescendre les compétences au niveau régional, pour qu’il y ait un suivi. Les régions nous connaissent et c’est plus simple que de tout centraliser. Il y a de l’argent à aller chercher dans les régions.

CLÉMENCE BERETTA

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