ALEXANDRE FONTANELLE : ENTRE LE FOOTBALL ET L’EQUITATION, IL N’Y A QU’UN SAUT

Alexandre Fontanelle est l’un des grands espoirs de l’équitation tricolore, notamment sur les concours de saut d’obstacles ou ils performent avec sa monture Prime Time des Vagues. Il nous raconte son parcours et sa relation particulière avec les chevaux.
Alexandre Fontanelle
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Alexandre Fontanelle est l’un des grands espoirs de l’équitation tricolore, notamment sur les concours de saut d’obstacles où il performe avec sa monture Prime Time des Vagues. Il nous raconte son parcours et sa relation particulière avec les chevaux.

Pendant mon enfance j’étais passionné de football. Je jouais en club et c’était vraiment mon passe-temps favori. Je ne montais pas beaucoup à cheval, mon grand-père avait des poneys et il m’arrivait d’en faire le weekend, mais ce n’était pas régulier. Avec des compétences footballistiques qui ne me permettaient pas d’envisager le haut-niveau et une blessure contractée sur les terrains à 14 ans, le choix de l’équitation s’est fait naturellement.

J’ai donc commencé à monter plus régulièrement et j’ai récupéré une ponette de mon grand-père qui était super. J’ai vraiment pris goût à tout ça et c’est à ce moment que j’ai décidé de me donner à fond dans ce sport. À peine deux ans plus tard, je participais aux Championnats d’Europe de poney et cela m’a vraiment motivé pour devenir cavalier professionnel.

Contrairement à d’autres sports comme le football, il n’y a pas vraiment de centre de formation dans le monde de l’équitation. Certaines petites structures réunissent des cavaliers confirmés avec d’autres en devenir, mais il n’y a pas la partie scolaire incluse par exemple. Je m’entraînais donc avec avec Frédéric Outrey, le cavalier professionnel qui formait les jeunes chevaux de l’élevage familial de mon grand-père.

DES CHOIX CRUCIAUX À FAIRE POUR DEVENIR CAVALIER

Le rythme des cavaliers est assez soutenu dans le sens où nous avons des déplacements au niveau international, et que ces déplacements ne se font pas sur un ou deux jours, mais pendant quasiment une semaine. Nous amenons les chevaux et ils ont besoin d’acclimatations et ne peuvent pas enchaîner le trajet et la compétition en deux jours.

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Il est donc difficile d’avoir une autre activité à temps plein à côté, que ce soit des études à suivre ou un travail qui n’est pas lié à l’équitation. Sachant assez tôt ce que je voulais faire j’ai arrêté le cursus général pour me consacrer à 100 % à cet objectif.

La seule façon de suivre une formation scolaire reste les études par correspondance, ce qui n’est pas simple pour tout le monde. De 16 à 18 ans, j’ai quand même suivi une formation de palefrenier soigneur en apprentissage, ce qui me laissait le temps de me consacrer à la compétition et de prendre part à deux championnats de France Juniors. J’ai ensuite obtenu un baccalauréat Pro « Gestion d’une exploitation agricole ».

La transition entre mes bonnes performances à poney et donc le cheval a été un peu plus longue, il a fallu se remettre à niveau et je n’avais pas forcément une monture performante pour faire des bons résultats dans les épreuves de haut niveau. Depuis que j’ai « prime time » j’ai fait deux championnats d’Europe, décrochant la médaille d’or par équipe en 2012 à Ebreishdorf (Autriche) et j’ai obtenu mes premières sélections en Équipe de France pour les étapes de Coupe du Monde.
Il m’accompagne depuis bientôt 10 ans. Actuellement il est vieillissant, je dois donc m’atteler à en former d’autres pour la suite de ma carrière pour revenir au niveau auquel j’étais il y a 3 ans.

Il faut savoir qu’une carrière de cavalier est en partie dictée par les chevaux qui nous accompagnent. Le meilleur cavalier du monde ne fera pas grand-chose avec un cheval qui ne suit pas. De plus c’est un être à part entière, avec ses qualités et ses faiblesses. Il a ses moments de gloire, mais aussi ses moments de doutes, des blessures, des coups de fatigue. Il faut anticiper tout cela et apporter un soutien quotidien. On s’entraîne tous les jours, on est avec eux du matin au soir. Les grooms* nous aident bien sûr, mais nous devons quand même dédier du temps avec chacun dans la semaine.

*le groom équestre veille au bien-être du cheval, du pansage au transport, en passant par les soins.

Me concernant j’ai une dizaine de chevaux pour pouvoir prétendre à tous les concours de mon planning. Queensland est un des jeunes chevaux qui peut prétendre au haut niveau d’ici quelque temps, je l’entraîne pour, mais il n’y a jamais de certitude. Un cheval peut être très bon et prometteur sur des petits concours et ne pas arriver à passer le cap du haut niveau. Belisima de la Bresse a également un potentiel intéressant. Certains chevaux sont à moi, d’autres me sont confiés par des propriétaires pour que je les forme, les valorise et les amène au plus haut niveau.

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MON CHEVAL, UN ÉQUIPIER SOUMIS AUX ÉTATS D’ÂME

Il y a beaucoup de critères qui comptent, l’aspect mental notamment : certains sont plus émotifs, d’autres aiment particulièrement l’effort. Nous n’avons pas vraiment de techniques pour gérer cela, ce n’est pas comme un athlète qui pourra consulter un préparateur mental. Avec l’expérience en revanche on arrive à sentir si un cheval a besoin de réconfort, de mise en confiance avant une épreuve ou plutôt d’être challenger justement. C’est notre métier d’analyser son comportement et d’ajuster notre communication en fonction.

Les capacités physiques jouent aussi énormément bien sûr, des chevaux sont plus fragiles que d’autres, plus aptes au saut que d’autres. À nous de les déceler dès le plus jeune âge, mais il n’y a pas de règle absolue. Nous cherchons des chevaux avec un grand respect pour l’obstacle, de la force et de l’influx.

Je vous parlais de mes différents chevaux, vieillissants ou jeunes, il faut à peu près 10 ans pour former un cheval compétitif pour le très haut niveau. Il faut donc pouvoir se projeter très tôt. Ils pourront rester au haut niveau entre 5 et 8 ans, en fonction de la fragilité ou de la robustesse du cheval, de la fréquence de concours, de la façon de travailler au quotidien, etc… Sur la fin de carrière des chevaux, on aborde aussi les concours différemment avec eux, en ne les sollicitant pas trop les semaines avant pour qu’ils arrivent frais au concours.

Le plus dur dans notre métier est donc de maintenir une qualité de notre élevage pour pouvoir toujours compter sur un ou deux chevaux de tête de très haut niveau. Cela demande du temps et beaucoup de moyens bien sûr.

Nous avons le statut de sportif de haut-niveau, et dans notre domaine il est sans doute plus simple de trouver une reconversion, en restant dans le milieu de l’équitation. Il y a plein d’options possibles comme la partie coaching, la partie commerce de chevaux, aller en dénicher dans le monde entier ou encore de monter les chevaux la semaine…

Pour en vivre durant la carrière il faut avoir une activité à côté. De mon côté je fais de l’élevage, et la meilleure façon d’apprendre est d’ailleurs d’observer les pros du métier. Je suis maintenant à mon compte et j’ai donc un panel de choses à gérer, c’est ce que j’aime, je sors un peu de ma pratique sportive pour m’aérer la tête sur la partie plus commerce de ce métier.

Pour le moment je suis encore assez jeune, et la carrière d’un cavalier peut être assez longue. Le physique et la motivation parleront pour moi à un moment donné. J’ai beaucoup d’objectifs sur du moyen terme comme celui de retourner en Equipe de France et de participer aux Jeux Olympique. J’y travaille encore et j’espère arriver à trouver la bonne monture pour m’accompagner.

ALEXANDRE

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