ALEX : UN ANGLAIS QUI PORTE HAUT LES COULEURS DU CS FRANÇAIS

Né sur le sol anglais mais formé à Counter-Strike en France, ALEX est un vrai symbole de l’aspect international du jeu phare de Valve. Il nous raconte son histoire entre influence anglo-saxonne et lien avec la France.

Alex “ALEX” McMeekin

#CS:GO #Vitality #Ancien WebSPELL, Melty, LDLC 

Crédits Photos : DR

Je n’ai jamais vraiment su pourquoi nous étions partis d’Angleterre. Je pense que mes parents appréciaient la qualité de la vie en France et l’entourage qui apparaissait plus sympathique.

Mais nous ne partions pas vers l’inconnu, mes grands-parents habitaient déjà ici et nous venions les voir chaque année.

Mon intégration a été compliquée à cause de la barrière de la langue. Même si nous avions pris quelques cours avant d’arriver avec mon frère, nous nous retrouvions souvent seuls tous les deux, car incapables de bien parler le français. Je me souviendrais toujours de mon premier jour d’école, on m’avait demandé si je mangeais à la cantine. J’avais vraiment l’impression que c’était une question d’un niveau de langue élevé, je ne comprenais pas. Et tout ça rendait les gens différents envers nous également.

On dit souvent que le sport est universel. C’est certainement pour ça que je me suis rapidement intégré. Lors de mes années sur le sol anglais, je jouais énormément au football au sein de l’académie de Cambridge. J’ai dû arrêter à cause de problèmes de santé, mais j’avais conservé un excellent niveau.

Tout le monde voulait jouer avec moi et ça m’a permis de commencer pas mal d’amitiés.

UNE PASSION POUR LA COMPÉTITION AVANT TOUT

Les jeux vidéo sont arrivés plus tard. Je suivais à cette époque mon grand frère dans tout ce qu’il faisait et notamment dans sa passion pour Call Of Duty. Alors que nous regardions une compétition jouée par les meilleurs joueurs, un match de CS a suivi. Mon frère a acheté le jeu dans la foulée, et s’il a arrêté peu de temps après, j’ai persévéré.

Même si j’ai adoré le gameplay, c’est vraiment l’aspect compétitif qui m’a séduit. C’est peut-être quelque chose qui me manquait avec l’arrêt de ma pratique du football. C’était aussi le jeu idéal à un âge où j’avais besoin de sociabiliser, de discuter avec mes amis tous les soirs sur le serveur. D’ailleurs, je suis toujours très proche des amis avec qui nous avions créé notre première équipe.

J’ai suivi une progression naturelle sans sauter d’étape. Après avoir joué avec mes potes pendant quelques années, j’ai reçu une proposition de la part de WebSPELL pour intégrer leur équipe en compagnie d’un ami. C’était le début du haut-niveau, mais tout en gardant ce côté fun.

Je n’avais jamais rêvé devenir pro, car ce n’était pas vraiment quelque chose qui existait quand j’ai commencé. Vivre de ça n’était donc pas un objectif, mais participer aux plus grosses compétitions oui.

Quand j’ai reçu la proposition de LDLC pour les rejoindre, j’ai eu un vrai sentiment d’accomplissement. Toutes ces années sur le jeu avaient payé et je pouvais faire partie d’une des plus grosses structures esport françaises avec une légende comme Ex6TenZ. J’ai pensé à toutes ces petites disputes que j’avais pu avoir avec mes parents à cause de mes mauvais résultats scolaires et de leur peur de me voir échouer professionnellement.

Aujourd’hui ils sont fiers de moi et sont mes premiers fans.

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AVEC LDLC, NOUS AVIONS ATTEINT NOTRE POTENTIEL MAXIMUM

J’ai passé 2 ans et demi chez LDLC, une éternité dans le monde de l’esport. Tout n’a pas été simple : première line-up avec Ex6TenZ qui ne savait pas trop quels joueurs prendre, changements et kick, car il trouvait que certains n’avaient pas le niveau et enfin conflit directement entre lui et moi.Tout aurait pu s’arrêter là pour moi, mais LDLC a préféré me garder. Un épisode difficile qui a pu me mettre un peu trop sur la défensive notamment envers mes coéquipiers et qui aurait dû m’empêcher de faire partie de la line-up qui a eu tant de succès en 2018.

Mais une qualification online avec AmaNEk, devoduvek, mistou et logaN, nous a permis de montrer au staff la bonne alchimie que nous avions ensemble. J’ai aussi su m’adapter en passant de support, à un rôle où l’on me demandait plus de firepower pour enfin devenir leader.

Si cette aventure a si bien marché, c’est parce que chacun de nous a accepté son rôle, là où il est le plus performant, pas forcément au poste qu’il préfère. Beaucoup voient notre ¼ de finale aux IEM Chicago comme notre apogée, mais pour moi c’est tous les tournois avec cette équipe qui l’est. Une multitude de choses étaient perfectibles et pourtant nous avions de si bons résultats, on gagnait la grande majorité de nos matchs. Nous n’avions aucune raison d’être aussi fort ensemble, mais nous y sommes arrivés.

Je ne remercierais jamais assez LDLC pour leur confiance en moi tout au long de ces 3 années. Je leur souhaite de tout cœur que leur nouvelle équipe performe.

ENTRER DANS LA COUR DES GRANDS CHEZ VITALITY

Arriver chez Vitality était une suite logique pour moi car c’est tout simplement la meilleure équipe française. Nous avions atteint le sommet du potentiel de LDLC et je savais qu’il allait être très difficile de reproduire des bonnes performances dans des événements tier-1 sur la durée.

Quand j’ai reçu la proposition de Vitality alors que j’étais en fin de contrat, j’ai tout de suite accepté. J’ai été adopté par la scène française et je ne me voyais pas en partir aujourd’hui.

De plus, jouer avec des joueurs qui ont fait la légende du jeu comme NBK, apEX et RpK est un accomplissement pour moi. Quand tu fais partie du subtop, tu aspires à devenir le coéquipier de ces joueurs. Je les regarde depuis tant d’années, même depuis Source pour Nathan alors qu’il évoluait chez VeryGames.

J’ai tout de suite plongé dans le vif du sujet avec cette qualification pour mon premier Major. Même si j’aurais préféré d’autres circonstances avec une préparation plus longue que ces maigres 3 semaines où j’ai dû apprendre tout un style et me fondre individuellement, j’avais tellement d’excitation de jouer ce tournoi si particulier. Avoir son sticker et rencontrer les meilleures équipes est le but de tout joueur.

Ce tournoi est si différent des autres. Je l’ai vu lors de notre match contre Grayhound où nous étions menés 13-2 sur l’une de nos meilleures maps, Nuke. Sans leur manquer de respect, ça ne devait pas arriver. Nous avons réussi une folle remontée pour finalement gagner. Un peu à l’image de ce qui se passe cette année en Champion’s League, tout peut arriver dans ce genre de tournoi sans forcément de logique.

Après quelques mois chez Vitality, je me suis parfaitement acclimaté à l’équipe et mon intégration sur le plan humain s’est parfaitement passée. C’est ce qui a permis de remplir ma nouvelle fonction en toute confiance, celle de prendre le lead sur le side terro. Le staff et notre capitaine Nathan me soutiennent à 100 %, je peux ainsi mettre ce que j’ai en tête en place.

Avoir des responsabilités ne me fait pas peur, bien au contraire, j’étais capable de leader des deux côtés chez LDLC, un seul side ça va largement le faire.

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UN RETOUR EN FRANCE IMMINENT

Aujourd’hui, j’ai la chance de continuer dans la scène qui m’a accueilli, mais également d’avoir la possibilité de toucher une audience plus internationale dans une structure qui a une renommée mondiale. Je sens plus de proximité avec les fans qui vont bien plus m’encourager en cas de bonne performance. L’inverse est aussi vrai.

D’un point de vue personnel, je suis revenu il y a quelque temps chez mes parents à Cambridge à cause de mes problèmes de santé. Je ne pouvais plus vivre seul.

C’était vraiment à contrecœur, car j’adore vivre en France et qu’ici je ne connais plus grand monde. C’est sympa qu’on s’occupe de moi, mais j’espère trouver une solution cette année pour retourner vivre en France sans mettre en danger ma santé.

La France c’est devenu mon chez-moi pas uniquement personnel, mais aussi pour CS : GO. J’ai grandi dans cette scène et c’est pour ça que je ne suis pas trop investi dans ce qui se passe en Angleterre.

Mais j’ai certainement des facettes anglaises en moi : ce côté bosseur hérité de ma famille ou encore cette petite part d’égo. Face à des adversaires que je sais moins fort que moi, j’ai une certaine facilité à les jouer, car je me dis que je n’ai aucune raison de ne pas les battre. Ce n’est pas un manque de respect, mais c’est plus facile de jouer quand tu sais que tu es le meilleur dans un duel.

Je suis un peu certains amis qui jouent dans le subtop anglais comme l’équipe Endpoint, l’ancien coach des NRG Immi, mais je ne suis par exemple pas proche des grands pros comme Dephh et smooya.

L’esport ne perce pas vraiment là-bas à cause de la mentalité des gens. Jouer à l’ordinateur ou à la console pour gagner ta vie, c’est un peu bizarre pour eux. Certains médias comme la BBC essaient de mettre ça en avant au travers de bons reportages, mais c’est finalement les non-gamers qu’il faudrait intéresser, convaincre que l’esport est une chose positive. La tenue de grands événements à Londres comme le dernier Major de 2018, les finales de Rocket League ou la Ginfinity devrait aider.

Pour le moment, mon manque de légitimité m’empêche de jouer un rôle pour faire progresser l’esport dans mon pays d’origine. Mais peut-être qu’en arrivant le plus loin possible sur CS, cela me permettra de m’engager de ce côté-là.

ALEX

 

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KENNYS – QUICK QUESTIONS

Pour les fans de Counter-Strike : Global Offensive, KennyS est au panthéon du sport électronique français avec ses actions agressives et précises qui font de lui l'un des meilleurs snipers de la planète. Alors que son équipe, G2 eSports, vient tout juste de changer de lineup avec les retours de SmithZz et d'Ex6Tenz, il revient pour Sans Filtre sur plusieurs aspects de sa vie de pro-gamer.