Hand – Déborah Kpodar : “Je pense que je peux être fière de moi”

A 27 ans, Déborah Kpodar a connu ses première sélections avec l’équipe de France. Elle nous raconte sa nouvelle aventure en Bleue.
Déborah Kpodar a découvert l'équipe de france cette semaine
Déborah Kpodar a découvert l’équipe de france cette semaine

A 27 ans, Déborah Kpodar a connu ses premières sélections avec l’équipe de France cette semaine, avec les deux matchs des qualifications de l’Euro 2022, contre la République Tchèque et l’Ukraine. Elle nous raconte sa nouvelle aventure en Bleue. Comment elle a appris sa sélection, avec une anecdote incroyable autour de cela, comment elle a vécu les entraînements avec les Bleus. Ses premières minutes et son premier but en Bleue. Elle revient également sur son début de saison avec son club des Neptunes de Nantes, championne d’Europe la saison passée et forcément plus attendue. La handballeuse charentaise sait son équipe plus attendue et croit dur comme fer à la réussite de son groupe.

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Crédit : Icon Sport – FFHB.

DÉBORAH KPODAR : J’ARRIVE À L’ENTRAÎNEMENT À NANTES AVEC UNE VESTE DE L’EQUIPE DE FRANCE, MES COACHS ME DISENT : “TIENS QUELLE COÏNCIDENCE”

J’ai appris ma sélection en équipe de France par mes coachs, j’arrive à l’entraînement. Pour l’anecdote, j’avais une veste de l’équipe de France sur moi, qui appartenait à quelqu’un d’autre. Ils m’ont dit : “Tiens quelle coïncidence”. Je leur ai demandé de quoi ils parlaient. Ils m’ont dit : “Ils vont t’en donner une veste bien à toi”. J’avoue que sur le coup je n’ai pas compris ce qu’ils voulaient dire (rires). C’est là qu’ils m’ont annoncé que j’étais sélectionnée pour le prochain rassemblement en octobre. J’ai vraiment cru que c’était une blague et je leur ai dit : “Arrêtez, si c’est une blague, ce n’est pas drôle”. Sauf que ce n’était pas une blague. Cela a été une grande surprise et un grand bonheur pour moi.

Ce qui a été cool pour moi, c’est qu’il y avait quatre Nantaises sélectionnées avec moi, c’est toujours cool d’avoir des coéquipieres avec soi. Quand on est arrivé, on se demandait comment cela allait se passer. Mais on était surtout très contentes et on avait hâte de voir comment cela allait se passer. Quand j’ai foulé le parquet de Besançon pour jouer mes premières minutes, j’ai ressenti beaucoup de bonheur. Il y avait un énorme public, dans une ambiance incroyable. Ce bonheur et cette envie de jouer a envahi et à dominé le stress. Je n’étais pas stressée avant et pendant le match. Surtout très contente de jouer et d’avoir ce maillot. Je suis encore sur mon nuage forcément et je ne redescend pas du tout.

JE RETIENDRAIS LONGTEMPS CE PREMIER BUT EN EQUIPE DE FRANCE

J’imagine qu’il y avait un peu d’insouciance, surtout, je voulais prendre du plaisir et ne pas me laisser envahir par le stress. Avant de me fixer des objectifs, je me suis surtout dit qu’il fallait que je prenne un maximum de plaisir sur le terrain, en montrant ce que je savais faire. Je ne voulais pas me mettre la pression en me disant : “Débo, il faut absolument que tu sois bonne sur le terrain”. Si je suis là, c’est qu’il y a une raison et je voulais prendre ce qu’il y a à prendre. J’ai ressenti beaucoup de joie lorsque j’ai marqué mon but. Cela a été une petite libération. C’est mon premier but en équipe de France. Je retiendrais longtemps ce moment. Je vais garder précieusement ces maillots de l’équipe de France.

La semaine a été intense, on a commencé à s’entraîner dès lundi matin en enchaînant. On s’est dit qu’il fallait être opérationnel très rapidement. Il y avait beaucoup de nouvelles, c’était assez important de bien jouer et de montrer qu’on pouvait y arriver. Il ne faut pas oublier que c’était des matchs à enjeu. On n’était pas sur un match amical, ni sur des simples entraînements. Il fallait jouer (rires). Tout est différent par rapport en club. Mais cela reste un match de handball, où il ne faut pas se mettre une pression démesurée. En réalité, j’ai eu l’impression d’avoir moins de pression que quand je joue avec les Neptunes de Nantes. Les résultats sont différents, les préparations aussi. En équipe de France, j’ai pris les deux matchs comme ils arrivaient.

DÉBORAH KPODAR – J’AI VU UNE EQUIPE AVEC UNE BELLE ÂME EN UKRAINE

On apprend beaucoup dans ces rassemblements. On en tire vraiment pas mal de choses et ce n’est que du bonheur. Même si contre l’Ukraine cela n’a pas été simple. On est tombé sur une belle équipe d’Ukraine, qui venait de battre la Croatie (NDLR : Demi-finaliste de l’Euro 2020) chez elle d’un but. On savait que ce serait compliqué du début à la fin. Mais nous, sur le banc, on se disait : “Non, on ne va pas perdre”. On voulait vraiment remporter ce match toutes ensemble. J’ai vu que tout le monde avait une belle âme et une belle abnégation. Et c’était beau. En deux matchs, j’ai eu deux scénarios totalement différents.

J’espère que cette expérience va me servir pour la suite. Je compte bien m’en servir pour le championnat et la suite de ma carrière. En début de saison, j’étais concentrée sur faire un bon démarrage avec Nantes. Notre début de saison a été un peu compliqué et je me suis mise un peu trop de pression personnellement. Je voulais continuer à faire bien mon travail et l’équipe de France, on ne sait jamais ce qu’il pouvait se passer. Et prendre moments après moments et matchs après matchs. Je ressors assez fatiguée, car la semaine a été intense. Mais j’ai hâte de retourner en club, pour continuer de travailler.

QUAND ON A GOÛTÉ À L’ÉQUIPE DE FRANCE, ON A ENVIE D’Y RETOURNER

Cette fatigue est différente de ce que j’ai pu ressentir lors du dernier carré de la coupe d’Europe avec Nantes. L’an passé, on a joué deux matchs en deux jours, c’est très fatiguant, mais on a surtout eu le contrecoup après la saison. J’ai eu du mal à récupérer durant l’été. Là, on sait qu’on retourne directement au travail car la saison n’est pas finie. C’est une fatigue totalement différente et qui est arrivée instantanément. Il y a la fatigue du trajet. On a joué les deux matchs, on n’a pas beaucoup dormi non plus.

Quand on a goûté à l’équipe de France, on a envie d’y retourner, de faire des grandes compétitions. On verra bien ce qui va se passer. Je continue de faire le travail que je fais en club. Ce que je retiens aussi de cette semaine, c’est qu’on a été très bien accueillis par cette équipe de France et par ses joueuses. Tout le monde nous a mis à l’aise dès le début et nous a fait confiance, il n’y a rien à dire.

On nous a dit que si on était là, c’est qu’on avait du potentiel. Arriver dans cette équipe-là, c’est une fierté et un honneur, car c’est une très bonne équipe, avec de très bonnes joueuses. C’est vraiment génial. Je ne sais pas si c’est possible de bousculer la hiérarchie. C’est un super groupe avec de super joueuses. On verra ce qu’il se passe et je vais continuer à tout donner.

Déborah Kpodar pour sa première sélection en Bleue

DÉBORAH KPODAR – LE MATCH A ÉTÉ BIEN MÉDIATISÉ ET C’EST UN GROS AVANTAGE POUR NOUS

Jouer au plus haut niveau, c’est toujours ce que j’ai voulu depuis toute petite. En club, on se fixe des objectifs petit à petit et c’est comme ça qu’on avance. J’ai toujours voulu jouer en équipe de France et je pense que je peux être fière de moi. J’ai reçu énormément de messages de félicitations et d’encouragement. Dès que la sélection a été annoncée, les messages sont arrivés, idem après mon premier match. C’était incroyable, c’était fort et c’était beau. Je suis contente de me sentir soutenue et encouragée par pas mal de monde.

L’équipe de France est de mieux en mieux diffusée et c’est un avantage d’y arriver maintenant. J’ai pu voir que tout mes proches avaient regardé les rencontres et j’en suis vraiment contente. On aimerait toujours que ce soit encore plus médiatisé et petit à petit on va y arriver. Tout comme on aimerait que la Ligue Butagaz soit davantage diffusée. Les garçons sont sur LNH.TV ce qui est pratique pour suivre. On aimerait que ce soit comme ça pour les filles.

JE CROIS FORT EN CETTE ÉQUIPE DES NEPTUNES DE NANTES

Le début de saison avec Nantes est un peu compliqué, on voulait faire mieux que ces deux victoires, deux défaites. Mais il faut se rappeler que c’est le début de saison, qu’on a besoin de se roder. Il ne faut pas qu’on lâche car moi j’y crois fort en cette équipe. Je sais qu’on a une belle équipe et qu’on va y arriver petit à petit. La Ligue Butagaz Énergie est encore plus forte que la saison passée, avec un niveau encore plus homogène et tout le monde peut battre tout le monde. Il faut vraiment prendre matchs après matchs et on sait que chaque rencontre sera compliquée. Beaucoup d’équipes peuvent prétendre à la qualification européenne. Ce sont des matchs qui valent très chers.

Cette saison est aussi la saison des retrouvailles avec le public. C’est vrai que la saison passée, on avait commencé à “s’habituer” à cette absence. Il fallait vraiment se concentrer sur soi. Mais le public manquait un peu et cela fait vraiment du bien de le retrouver. Il faut se réhabituer à avoir du monde. Il faut insister sur la communication pour faire venir notre public. Nous, joueuses, devons aussi communiquer notre joie de retrouver ce public. Après, la chose incroyable l’an passé, c’est que tous les matchs étaient diffusés, tout le monde pouvait regarder nos matchs. C’était un vrai avantage. Mais avoir le public dans la salle, c’est incroyable. Cela influe sur pas mal de choses et il faut qu’on se réhabitue.

Lire aussi : Neptunes de Nantes : Un rêve de sommet qui peut devenir réalité

DÉBORAH KPODAR – NOUS SERONS ATTENDUES EN COUPE D’EUROPE

On va bientôt débuter notre parcours européen. Je pense que tout est possible en sport, mais on sait que conserver notre titre sera très compliqué, car nous sommes très attendues. Chaque saison est différente et il ne faudra pas aborder les matchs de la même manière. On va se concentrer sur les matchs qui arrivent. Le plus important c’est déjà de sortir de la phase de groupe. On va jouer pour prendre du plaisir et sans penser au fait que nous sommes championnes d’Europe. Nous avons de notre côté un nouveau groupe et la configuration, je le répète, sera forcément différente.

L’équipe va monter en puissance et on a besoin d’un temps d’adaptations. Mais c’est le cas de pas mal d’équipes. Il faut continuer de travailler dur à l’entraînement. On a eu des filles qui sont arrivées un peu plus tard, car elles ont disputé les Jeux Olympiques. Il faut que l’équipe se trouve et pour cela, il faut qu’on travaille toutes ensemble.

DÉBORAH KPODAR

Avec Etienne GOURSAUD

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