BRAHIM THIAM : LE TERRAIN, FRANCE, MALI, CONSULTANT… UNE CARRIÈRE REMPLIE ET LOIN D’ÊTRE FINIE SOUS LE SIGNE DE LA BIENVEILLANCE

Brahim Thiam, ancien footballeur professionnel au fort caractère aujourd’hui consultant pour la chaîne de télévision beIN SPORTS, sera encore présent sur les terrains de Ligue 1 cette saison et dans le Décrassage de Luis chaque lundi à 19h sur beIN SPORTS 1. Il revient pour vous sur les moments forts de sa carrière de joueur et aborde des thématiques discutées comme la binationalité, la place de la religion dans le foot, mais aussi le rapport entre ballon rond et société.
Brahim Thiam

Brahim Thiam – Footballeur / Consultant

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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Brahim Thiam, ancien footballeur professionnel au fort caractère aujourd’hui consultant pour la chaîne de télévision beIN SPORTS, sera encore présent sur les terrains de Ligue 1 cette saison et dans le Décrassage de Luis chaque lundi à 19h sur beIN SPORTS 1. Il revient pour vous sur les moments forts de sa carrière de joueur et aborde des thématiques discutées comme la binationalité, la place de la religion dans le foot, mais aussi le rapport entre ballon rond et société. (Crédit photo Une : BeIN SPORTS).

UNE CARRIÈRE DE JOUEUR SINUEUSE, MAIS REMPLIE DE BONS SOUVENIRS

Pour moi, tout a commencé à Montpellier, club avec lequel j’ai été champion de France à l’âge de 16 ans. Ce fut la première étape de ma carrière avec un titre à la clé. Ma formation se passait bien, j’étais l’un des plus grands espoirs du club à cette époque. Lors du Tournoi de Toulon 1993 qui a très bonne réputation, j’avais vraiment performé devant de nombreux observateurs… mais je n’étais pas le plus sérieux, je me suis laissé aller à quelques activités extra sportives qui m’ont porté préjudice dans mon cursus. J’ai donc « perdu » deux-trois ans, car j’ai dû passer par les divisions inférieures au lieu d’intégrer l’équipe première et le haut niveau directement.

Je pense que ce fût un mal pour un bien dans la mesure où j’ai grandi comme homme et comme footballeur dans cette période un peu plus compliquée. Je ne l’ai pas pris comme une fatalité, mais plutôt comme un tremplin, comme si c’était mon destin.

J’ai donc eu des expériences différentes qui ont forgé mon caractère sur et en dehors du terrain, et cela me permet maintenant d’apprécier à sa juste valeur les beaux moments que j’ai vécu.

La montée en Ligue 1 avec Istres est l’un de mes meilleurs souvenirs de ma carrière de footballeur. Nous avions une équipe de revanchards avec pas mal de joueurs qui avait connu des parcours compliqués, ce qui nous a permis d’atteindre le plus haut-niveau national, ce fût une grande saison sur le plan humain notamment.

Le relationnel est primordial dans un groupe selon moi.

J’ai toujours été un des leaders de chacune des équipes par lesquelles je suis passé et j’y accordais une grande importance. Il faut qu’il y ait un rapport entre les performances sur le terrain et la vie du groupe autour. C’est quelque chose que je faisais naturellement, peut-être grâce à mon éducation, et c’est aussi comme cela que je m’épanouissais dans une équipe.

La montée en Ligue 1 avec le Stade Malherbe de Caen lors de la saison 2006-2007, avec Franck Dumas à la tête, qui d’ailleurs représente parfaitement ce type d’entraineur que j’affectionne, capable de créer une cohésion de groupe, est également l’un de mes plus beaux souvenirs de joueur de haut-niveau.

 

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LES RÉUSSITES SPORTIVE ET SCOLAIRE DOIVENT ÊTRE COMPATIBLES

J’ai arrêté l’école pour me consacrer au foot à 100 %, sur le coup j’étais plutôt content, mais ce n’était pas la même époque et honnêtement c’est un problème. Je ne m’en suis pas rendu compte forcément tout de suite, mais plutôt au fil de ma carrière. Aujourd’hui dans les centres de formation l’aspect scolaire est directement lié au volet sportif, ce qui est très bien, car cela pousse les jeunes à être sérieux dès le plus jeune âge.

Maintenant, un garçon qui ne se donne pas les moyens de réussir sur le plan scolaire n’attire pas l’œil des centres de formation, il y a bien sûr quelques exceptions pour certains joueurs qui ont de telles qualités sportives que les clubs ferment un petit peu les yeux, mais c’est de plus en plus rare et c’est une très bonne chose ! Il faut véritablement établir un lien entre ce que tu fais à l’école et ce que tu fais sur le terrain. Au final c’est une question de discipline, et si tu en as dans ta vie ou à l’école, tu en auras sur le terrain.

C’EST BEAU DE VOIR UNE ÉQUIPE QUI REPRÉSENTE LA DIVERSITÉ DE LA FRANCE GAGNER LA COUPE DU MONDE

J’ai commencé à côtoyer les équipes de France dans les différentes catégories jeunes jusqu’au tournoi de Toulon, autant dire que j’ai eu cette chance en plus de porter le maillot des bleus dès mon plus jeune âge.

Mais par la suite, vu que je n’étais pas titulaire à Montpellier, malheureusement l’équipe de France A ne s’est pas proposée à moi. Le pays d’origine de mon père m’a alors sollicité et j’ai donc décidé de jouer pour le Mali.

En France la double nationalité fait souvent débat, mais chacun fait ce qu’il veut, c’est un choix personnel avant tout ! C’est un débat qui ne devrait pas exister. Choisir de représenter un pays ne veut pas dire qu’on n’aime pas l’autre, nous naissons et grandissons dans une double culture, à aucun moment nous n’allons en renier une des deux. C’est désolant de voir des jugements sur ces choix parfois.

Me concernant, je n’aurais pas joué de Coupe d’Afrique des Nations si je n’avais pas joué pour le Mali alors que cela m’a permis de vivre de très beaux moments. Et cela ne m’empêchait pas d’être le premier supporter de l’Équipe de France à chaque compétition internationale.

Le football est réellement un facteur d’intégration sociale, ils rassemblent les gens, voir un pays uni comme en 98 ou en 2018 suite à la victoire en coupe du monde, il n’y a que le foot qui peut faire ça ! Nous avons une équipe qui représente la diversité de la France, et les voir gagner ensemble, c’est beau. Ils viennent de milieux différents, mais ne font qu’un pour cette équipe, cela montre que nous pouvons faire la même chose dans la société.

C’est comme la religion dans le football qui ne devrait pas poser de problème, car en réalité elle n’en pose pas au sein d’un groupe, les seules personnes qui y voient un problème sont toutes celles qui tentent de faire de la récupération politique autour de cela en sortant les choses de leur contexte.

Le football est parfois quelque peu gangrené par certaines personnes qui voudraient donner une mauvaise image de ce sport qui est pourtant selon moi le reflet de notre société.

Récemment, nous avons entendu Eric Zemmour dire qu’avant la période Laurent Blanc à la tête des bleus, toute la nourriture était halal pendant les rassemblements de l’Équipe de France. Pourquoi raconter des bêtises pareilles ? C’est bien sûr faux et c’est vraiment dommage d’entendre des propos comme cela, il crée des problèmes tout seul en essayant de monter les uns contre les autres.

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UN NOUVEAU RÔLE DE CONSULTANT TOURNÉ VERS UNE ANALYSE POSITIVE

Aujourd’hui, je suis consultant – d’ailleurs je tiens à remercier Stéphane MISLIN qui m’a accordé toute sa confiance dès le départ – mais il y a certaines choses que je ne pourrais pas dire dans la mesure où j’ai été footballeur professionnel, je sais donc ce que cela implique : je ne peux me laisser aller au chambrage, au mépris ou bien encore à la critique facile.

C’est également une question d’éducation. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un d’optimiste et j’essaye donc de transmettre cela à travers mes commentaires et mes analyses. Mon métier, ce n’est pas de critiquer, je dois expliquer mon analyse, communier avec les gens.

Je ne recherche pas la polémique comme certains peuvent le faire, par contre si j’ai quelque chose à dire, je n’hésite pas !

Concernant les réseaux sociaux, je n’utilise que Twitter qui est réellement fait pour le partage et c’est ce qui me plaît sur ce réseau. Sur Twitter, je discute avec tout le monde et je transmets à mon humble niveau des éléments positifs au maximum. J’essaye dans la mesure du possible de répondre à tout le monde, c’est ma façon de faire.

Je pense que le débat a toujours sa place, sur les réseaux ou sur un plateau, mais il faut que cela reste bienveillant. On ne sera jamais d’accord avec tout le monde, le but est d’expliquer son point de vue, entendre celui des autres personnes et d’avancer, c’est que je m’efforce de faire et je m’épanouis aujourd’hui dans ce rôle.

BRAHIM

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