ADELINE HÉCART : DESTIN ÉQUESTRE

Adeline Hécart poursuit la longue histoire de sa famille dans l’équitation. Après son père Michel (plusieurs fois champion d’Europe), sa mère Alexandrine (une référence dans le commerce des chevaux de sport) et sa sœur Marie qui s’illustre à haut niveau notamment en Équipe de France, la voie était presque tracée pour la benjamine. Elle vous fait découvrir la naissance de sa vocation de cavalière, son parcours ainsi que sa discipline fétiche : le saut d’obstacles.
Adeline Hécart
Ronan Caroff
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Adeline Hécart poursuit la longue histoire de sa famille dans l’équitation. Après son père Michel (vice-champion d’Europe par équipe), sa mère Alexandrine (une référence dans le commerce des chevaux de sport) et sa sœur Marie qui s’illustre à haut-niveau notamment en Équipe de France, la voie était presque tracée pour la benjamine. Elle vous fait découvrir la naissance de sa vocation de cavalière, son parcours ainsi que sa discipline fétiche : le saut d’obstacles.

Le destin fait parfois bien les choses. Me concernant, il m’a fait naître dans un milieu qui allait devenir ma passion…

Mon père est un cavalier, il a fait de la compétition au sein de l’Équipe de France et ma mère est également une grande passionnée d’équitation. Leur histoire a donc commencé il y a 24 ans, en 1994 en devenant partenaire dans la vie et au travail, ma maman apportant son expérience commerciale et mon père son expertise équestre. L’activité équestre commune via un haras* a donc commencé en 1996.

*Le haras est au final la structure professionnelle. Ici elle mêle l’élevage, mais aussi la valorisation et le commerce de chevaux. 

Mon père a commencé de zéro, il faisait les boxes, balayait la cour, et par la suite il a donné des cours et a bien sûr monté. Connaître son histoire m’a aidé et inspiré pour ne pas me reposer sur mes lauriers. Ma demi-sœur, Marie, est également une très bonne cavalière. Elle a fait partie de l’équipe de France, en revanche mon demi-frère n’est pas dans le milieu équestre.

Enfant je n’étais pas encore accroc et aussi passionnée que je le suis aujourd’hui. Je faisais du poney de temps en temps et j’étais d’ailleurs assez kamikaze : quand un poney était plus difficile à gérer, on me le donnait et je partais à fond avec ma bombe sans visière. Je ressemblais à un jockey c’était marrant. Je me suis vraiment prise au jeu par la suite à l’âge de 12 ans, lors d’un concours que j’avais pu voir avec des amis où l’ambiance était géniale. Malheureusement j’étais devenue beaucoup plus peureuse alors que parfois il faut un peu de folie pour passer des obstacles difficiles.

UNE VOCATION PRÉCOCE

Mes parents partaient en tournée en hiver, en Espagne ou au Portugal, pour former les jeunes chevaux et continuer à entraîner les autres. C’est durant mes années au lycée que j’ai commencé à partir avec eux en ratant pas mal de cours. C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’aimais vraiment l’équitation, j’étais épanouie et je savais que si je voulais me donner toutes les chances il ne fallait surtout pas attendre longtemps avant de se dédier à cette pratique.

Je n’ai jamais eu vraiment d’autres objectifs ou rêves pour mon avenir, j’aimais bien le théâtre, mais plus jeune je ne pensais pas trop à mon futur métier. Quand est venu le moment d’y penser, tout était déjà beaucoup plus clair et j’étais passionnée par le monde équestre. Pouvoir faire de sa passion son métier, c’est la plus belle chose qu’il pouvait m’arriver.

Depuis peu mes parents m’ont intégré dans la structure pour participer aux prises de décisions concernant le haras. Alors qu’avant j’étais plus concernée par mon travail dans les écuries, je les aide désormais sur la partie commerciale et organisationnelle.

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La transmission de mes parents a été exceptionnelle. Comme je le disais, naître dans un milieu comme celui-ci est idéal pour se développer en tant que cavalière. J’ai une infrastructure à disposition qui est magnifique, un père qui me transmet son savoir-faire en tant que cavalier pour apprendre à monter à cheval. Et apprendre la partie commerce et gestion avec ma mère me permet de diversifier mes compétences et m’aérer un peu la tête.

Travailler en famille bien sûr engendre des petites prises de bec de temps en temps, mais ça reste génial au quotidien.

On voyage pas mal, au Portugal deux mois par an, et ensuite un peu partout en Europe et sur les autres continents. Quelquefois, certains concours importants nous emmènent assez loin, comme aux Émirats l’année dernière. C’est un aspect que j’adore dans mon métier.

SUIVRE LES TRACES DE MON PÈRE

Mon père est mon entraîneur, nous avons tous les deux un caractère fort, mais on se comprend très bien, on a la même vision des choses et on se connaît par cœur. Il avait d’ailleurs commencé à m’entraîner en étant encore compétiteur et petit à petit il s’est écarté du haut-niveau pour se dédier à sa nouvelle fonction. J’ai été chanceuse, car il m’avait notamment donné un de ses chevaux de tête. Il prépare également des chevaux d’avenir qu’il confie par la suite à des cavaliers renommés comme Julien Epaillard.

Lui succéder est un mélange de deux choses : une fierté, car c’est mon père et il est connu et reconnu dans le milieu, et en même temps une pression dans le sens où j’ai envie de le rendre fier et de faire aussi bien que lui.

J’ai choisi le CSO (Concours Saut d’Obstacles), car j’adore ça. Je suis moins fan du dressage pur, j’aime quand il y a un peu d’action et d’adrénaline. Le concours complet (CCE) est assez compliqué pour moi, car je ne suis pas assez téméraire et j’ai bien trop peur que mes chevaux se fassent mal.

J’ai également testé la course au galop et j’ai trouvé ça extraordinaire ! J’avais peur de le faire au début, mais vraiment c’était génial, par contre avec mon poids de 55Kg ça me paraît compliqué pour espérer en faire à haut-niveau.

LE SAUT D’OBSTACLES, UNE PRÉPARATION PARTICULIÈRE

Je vais donc rester concentrée sur le CSO et me perfectionner dans tous les domaines possibles, sans négliger un seul aspect. J’ai d’ailleurs un entraînement physique avec un petit peu de gym le matin, mais je pense qu’il faudrait que j’en fasse plus. J’ai également vu un préparateur mental à un moment de ma vie, car j’avais une période de doute, mais depuis tout va bien, et la préparation est propre à chacun. J’ai besoin d’extérioriser avant une épreuve et de m’isoler avant le départ.

Adeline durant la Coupe des Nations CSIO à Deauville

Concernant mes chevaux nous avons une piste de galops de 800m et j’aime bien les entraîner 3 ou 4 fois dessus pendant la semaine. Ça leur permet de garder un bon moral, car ils ne sont pas dans une carrière et je travaille leur cardio de manière à ce qu’ils aient une bonne condition physique. De plus c’est un terrain assez varié donc pour leurs tendons, pour leurs pattes c’est très bon, ça les solidifie plutôt que de travailler tout le temps sur le même terrain. Nous avons aussi un grand terrain en herbe au milieu de cette piste de galops, je les fais travailler également dessus sans oublier le travail de dressage qu’il faut entretenir pour consolider les bases.

Aujourd’hui j’ai une écurie avec 13 boxes et j’en monte 8 tous les jours. J’ai une jument de propriétaire et les 12 autres sont à moi et mes parents. Il y a des jeunes de 5 ou 6 ans qui feront de la compétition tout au long de l’année 2018 pour se former. Il faut savoir que le principe du métier de cavalier est de valoriser les chevaux. Qu’ils soient jeunes (entre 4 et 6 ans) ou non, le cavalier les monte chez lui et en compétition pour améliorer le potentiel de chacun et les commercialiser avec plus-value. Le cavalier a donc des propriétaires de chevaux qui lui font confiance pour cette mission.

Pour les compétitions on choisit les chevaux en fonction du circuit. Certains sont uniquement pour les jeunes chevaux de 4, 5 et 6 ans, pour les autres circuits j’amène les chevaux plus âgés en fonction des parcours. Il m’arrive souvent d’emmener un nouveau ou un peu moins expérimenté pour le former et deux autres chevaux avec plus d’expérience.

Concernant 2018, je n’ai pas vraiment d’objectif de très haut-niveau car j’ai un cheval vieillissant, donc il va falloir que je me concentre sur les jeunes chevaux pour les amener au plus haut niveau possible. J’espère continuer à me classer sur des concours labellisés 3 étoiles régulièrement et si mon cheval de tête va bien, pouvoir avoir accès à quelques bons concours avec lui.

Bien sûr avec ma famille nous choisissons les chevaux pour savoir lesquels pourront m’accompagner au haut niveau par la suite, avec pour objectif de réintégrer l’Équipe de France, gagnez des concours et peut-être participer aux prochains Jeux Olympiques. Tous les matins je me lève avec cette ambition et je mets tout en œuvre pour y arriver. Rendez-vous donc dans quelques années.

ADELINE

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