Alexandre “Zuper” Gillet – Manager
Counter-Strike Global Offensive : #Team Vitality #Ancien caster ESL France #Ancien Ubisoft, Riffle.tv
Les progamers ont beau être le coeur de l’esport , ils ne sont pas les seuls à faire rayonner nos disciplines préférées. Plongez dans les coulisses du sport électronique professionnel en découvrant les histoires de dirigeants, de coachs, du staff médical, des fans…
Alors que le Major CS GO bat son plein, le manager de l’équipe française Vitality se confie sur sa vision du projet porté par le leader NBK avant son arrivée et sur son nouveau rôle.(Crédit photo Une : Team Vitality).
Ma vision sur Vitality n’a pas vraiment changé depuis mon arrivée dans leurs rangs.
La plus grande structure esport en France et l’une des plus prestigieuses en Europe a toujours démontré cette ambition de vouloir faire bouger les choses dans notre milieu. Ils mettent l’esport à un niveau que l’on n’avait jamais vu dans l’hexagone.
Je n’étais donc pas étonné de leur investissement sur CS GO avec une line-up cohérente et quasiment approuvée de mon côté. Alors que j’étais encore caster chez ESL, j’avais quelques certitudes, mais aussi quelques doutes. Nathan (NBK) allait réussir dans son rôle de leader si ses coéquipiers l’écoutaient et lui faisaient confiance. Cédric (RpK) devait être cette frag machine, le tank, et irréprochable humainement. Dan (ApEX) amenait son envie débordante dans son rôle d’entry fragger. Et la pépite ZywOo (Mathieu) apparaissait comme la source sûre de l’équipe alors qu’il était le jeune joueur sans trop d’expérience de la scène, mais sans lui le projet n’aurait pas de telles ambitions.
Mon seul questionnement portait sur la présence d’Happy. Pourquoi un tel pari quand on sait qu’il ne peut fonctionner que dans certaines circonstances, dans un jeu où tout tournerait autour de sa vision. Pourtant chez Vitality, le but était clairement de mettre ZywOo dans les meilleures dispositions. La suite a finalement prouvé mes pensées d’avant mon arrivée.
Le potentiel était là, mais il ne fallait pas répéter les mêmes erreurs commises depuis deux ans par les équipes françaises comme EnVy ou G2. Il fallait un encadrement fort et je n’avais pas de doute qu’avec Vitality ce serait rapidement chose faite.
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FIER DE FAIRE PARTIE DE VITALITY
Quelques semaines après l’annonce et les premiers matchs de Vitality sur CSGO, j’ai rejoint l’équipe pour en devenir le manager.
Après avoir travaillé dans le milieu de la production de jeux-vidéo chez Ubisoft, monter ma boîte dans le milieu de l’entertainment (esport & Twitch) et avoir joué le rôle de caster chez ESL, un nouveau challenge excitant s’ouvrait à moi : travailler avec des joueurs qui m’avaient fait vibrer pendant des années et les aider à être le plus performant possible.
Il y a eu une sorte d’alignement des planètes, entre la migration de la production d’ESL France qui me rendait libre, et mon déménagement pour raisons personnelles à Singapour qui ne gênait pas dans l’exécution de ce nouveau rôle.
J’ai une fierté énorme de travailler désormais pour Vitality. Mon côté corpo et professionnel m’auraient peut-être fait dire la même chose si j’évoluais dans une autre structure, mais vous pouvez me passer au détecteur de mensonges aujourd’hui pour voir que c’est 100 % honnête. J’ai une vraie admiration pour Vitality, et notamment pour ces personnes en interne qui ont faim de croissance comme Neo ou Nicolas Maurer. On a cette impression qu’ils veulent littéralement révolutionner l’esport.
GRAND-PÈRE ZUPER
Même si ce rôle de manager est nouveau pour moi, il n’y a pas vraiment de surprise de ce que je pouvais voir de l’extérieur. La grande majorité de mes missions concernent la logistique : déplacements sur les événements ou en bootcamp, planning pour nos compétitions, relations avec les organisateurs, paperasse en tout genre…
Je n’ai pas l’ambition de révolutionner ce poste sur mes missions quotidiennes, mais par contre nous n’évoluons plus sur ce management par le bas comme il y a quelques années chez certaines équipes françaises.
Les décisions qui influent sur le fonctionnement de l’équipe sont désormais dans les mains du staff et de l’IGL. Le remplacement d’Happy par ALEX est une décision qui vient de notre coach Rémy et moi, nous en prenons la responsabilité même si nous sommes forcément soutenus par nos joueurs.
D’un point de vue humain, j’ai un peu ce rôle de grand frère, voir de grand-père comme certains peuvent m’appeler. Malgré ce surnom, j’apporte une certaine fraîcheur selon eux. J’espère être un juste milieu entre les références Next et Niak, avec ma proximité envers mes collaborateurs et cette sensibilité qui me permet de percevoir leurs émotions et leurs problèmes, malgré ma rigueur pro et ce côté corporatiste.
Mais il ne faut pas se tromper, manager c’est un boulot ingrat où ce volet artistique n’existe pas. C’est presque impossible de dire quand un manager va faire la différence, tu vas éventuellement voir son bon travail quand l’équipe paraîtra stable notamment sur le plan émotionnel.
C’est tout simplement une activité de l’ombre.
Est-ce que vous connaissez un manager à l’étranger ? La réponse est dans la question.
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Voilà maintenant quelques mois que je (re) découvre mes joueurs. Et j’ai pu avoir quelques surprises dans leurs traits de caractère. Un apEX est exactement identique à la vision qu’ont les gens de lui, c’est une boule d’énergie qui saute dans tous les sens en dehors du jeu. RpK est cette force calme et une personne tellement gentille. C’est plus du côté de Nathan et Mathieu que j’ai pu être étonné. Je pensais que NBK était dans son coin, un peu solitaire, et j’ai pu voir quelqu’un de très populaire dans le groupe. ZywOo lui n’est pas le petit gars timide que vous croyez, il est le premier à vouloir rigoler.
Chez Vitality, j’ai aussi pu retrouver Rémy mon acolyte de la TV d’ESL. Je n’ai eu aucune surprise dans son rôle de coach. C’est d’ailleurs l’un de ses traits caractéristiques, tu sais exactement à quoi t’attendre avec lui et comment tout va se passer. Il est indispensable à notre équipe, avec sa capacité à s’imposer, prendre ses distances quand il le faut et aussi mettre quelques taquets quand les joueurs en ont besoin. Dans chaque team, il faut cette personne qui soit capable de recadrer les troupes et Rémy a toutes les qualités pour ça.
Pour Renaud, la situation est particulière, car aujourd’hui il travaille pour nous à distance. Mais encore une fois je n’ai aucune surprise sur la qualité de ses analyses, à l’image de ce qu’il pouvait faire chez ESL.
Leurs présences n’est pas dû à un piston ou une envie personnelle de travailler avec mes anciens collègues, mais tout simplement, car je connaissais leur sérieux et leur côté focus à 100 % sur le jeu. Ce sont des gens qui voulaient faire avancer les choses dans le CS GO français et qui étaient ultra-compétents dans leurs domaines.
UNE ANNÉE 2019 PLEINE DE PROMESSES
Le major est là et nous sommes prêts.
Nous connaissons nos forces et nos faiblesses et nous avons cette capacité à nous remotiver après une petite défaillance.
Une compétition comme ce Major ne se gagne pas pendant les rencontres, mais durant les semaines de préparation en amont. Le vainqueur est à 90 % déjà écrit.
Et bien la nôtre a été très bonne.
Après je ne dirais jamais qu’on vient là pour la victoire, seulement 2 ou 3 équipes ont pour moi le droit d’annoncer cet objectif. Mais comme les 24 équipes, qui y participent nous avons cette envie.
Nous ne sommes clairement pas dans l’optique de nous dire qu’après toutes ces qualifications réussies, notre premier major ce n’est que du bonus.
L’objectif est clair depuis le début : accéder au top 3 mondial et s’y installer durablement. Nous avons le potentiel pour le faire.
2018 était l’année du changement et du renouveau pour moi.
2019 ? V for Victory.
ZUPER