Il ne pouvait assurément pas y avoir plus prestigieuse affiche comme finale de deuxième division. Douze titres de champion de France, trois finales européennes au compteur, mais surtout un standing à retrouver et une place en Top 14 à la clé. A Montpellier, l’USAP faisait figure de favori surtout grâce à sa saison régulière, qui a bien porté son nom puisque les Catalans l’ont passé en tête une bonne partie du temps. Un Perpignan premier face à un Biarritz Olympique troisième, qui avait du passer par un barrage à domicile contre Grenoble pour rallier le dernier carré, et créer l’exploit dans les ultimes instants sur la pelouse de Vannes. Ce caractère, et l’expérience des Basques, ajoutaient du piment à cette rencontre et équilibraient largement les débats à venir.
Perpignan Biarritz : L’USAP plus chirurgical en première période
Malgré une ambiance terne, mais qui avait le mérite d’exister (300 spectateurs pour chaque équipe), le terrain nous confirmait bien que l’on assistait à une finale. Les premières minutes furent brouillonnes, avec des fautes de main, et bien peu d’espaces. C’est sur le premier mouvement d’envergure que les joueurs de l’USAP ont fait craquer la défense biarrote. Des libérations rapides, et un surnombre bien exploité par les Catalans qui marquaient l’essai par l’intermédiaire de George Tilsley (10e). Biarritz a rapidement réagi, ouvrant aussi son compteur avec le pied de Hart (16e, 3-7), mais Perpignan est resté solide pour continuer à maitriser le score, menant à la pause grâce à la qualité de son buteur, Melvyn Jaminet (MT, 16-9).
En fait, si l’USAP a su garder cet avantage, c’est parce qu’il a presque marqué à chaque possession dans le camp du Biarritz Olympique, et même parfois quand il n’avait pas le ballon, comme lorsque le deuxième-ligne Dyer partait devant un coup de pied et offrait une bonne pénalité à Jaminet, avant la pause. Côté biarrot, il y avait aussi un tout petit peu trop de déchet dans les phases offensives, parce que les hommes de Shaun Sowerby parvenaient à gagner des mètres, mais pas toujours à scorer, la faute à des en-avants ou de bons contests catalans.
Le BO presque en perdition, l’USAP le sanctionne
Au retour des vestiaires, il subsistait tout de même beaucoup d’incertitudes. D’un côté, l’USAP menait sans pour autant être tranchant, et d’un autre, il y avait Biarritz en face, ce Biarritz capable de renverser la table à la Rabine en demie en fin de match. Mais il n’y eut vite plus qu’une équipe sur la pelouse du GGL Stadium. Les Catalans sanctionnèrent d’entrée leur adversaire avec trois nouveaux points, qui leur offrait un break d’avance. Et dans la foulée, acculés devant leur en-but, les Biarrots se mirent à la faute, avec un carton jaune de Saili. Il n’en fallait pas plus pour créer d’autres brèches, et ouvrir la porte à l’essai de Volavola, qui tuait quasiment le match (53e, 26-9).
Pourtant si tranchant offensivement cette saison, le BO n’a jamais su trouver de solutions. Les équipiers de Steffon Armitage auront pourtant porté le ballon, mais l’auront trop vite perdu et n’en auront pas fait grand-chose, toujours minés par des petites erreurs. Face à une équipe presque en perdition face à la pression de son rideau, l’USAP a sanctionné les errements biarrots en inscrivant un dernier essai, alors qu’il n’y avait déjà plus d’espoirs en terre basque. Jaminet, déjà auteur d’une grande partie des points, couronnait donc ce succès (74e, 33-9). La tête peut-être déjà au barrage, le BO franchissait la ligne dans les dernières secondes par Peyresblanques (79e, 33-14), sans conséquences au final.
Perpignan Biarritz – Evaluation des joueurs
L’USAP a pu s’appuyer sur des hommes clés à tous les postes ou presque. Quentin Walcker a fait un gros travail sur l’essai en début de match, le troisième ligne centre Genesis Lemalu, dévastateur en demie le week-end dernier, n’a pas été autant trouvé, ce qui ne l’a pas empêché de faire des différences. La charnière Deghmache-Volavola a donné le ton de la partie, n’a pas hésité à relancer de loin, et a profité des espaces en deuxième mi-temps notamment pour marquer un essai. George Tilsley n’a pas eu beaucoup de cartouches, mais a toujours gagné des mètres et fait reculer les adversaires avec sa puissance. Melvyn Jaminet s’est appliqué au pied et dans le jeu courant, avec des courses intéressantes.
Un homme déterminant de cette finale aura été Francis Saili. Le néo-zélandais du BO a été omniprésent sur les avancées biarrotes, propre sur les jeux au pied de pression, sur les percussions avec le ballon, et avec des passes après contact. Mais on retiendra surtout son intervention défensive, devant sa ligne, cet en-avant volontaire sanctionné d’un carton jaune, qui fait basculer la deuxième mi-temps. On retiendra chez les Basques le rendement défensif impressionnant de Steffon Armitage, toujours impérial au sol, le dynamisme habituel de Lucas Peyresblanques, récompensé d’un essai en toute fin de match mais aussi les prestations très ternes de François Vergnaud, très peu en vue et Henry Speight, bien souvent imprécis, au rendement indigne d’un international wallaby.
Deux saisons après sa très difficile dernière expérience en Top 14, l’USAP retrouve l’élite avec un effectif méritant, qui a su faire un mélange gagnant entre l’expérience (Acebes, Chouly, Faasalele, Tilsley, …) d’hommes qui ont connu la première division et la jeunesse qui s’est intégrée, à l’image de Jaminet. Alors qu’il s’est approché plus près que jamais d’un retour en Top 14, le Biarritz Olympique s’est heurté à une équipe qui avait largement dominé la saison. Mais le BO conserve une dernière chance de montée, la semaine prochaine, avec un barrage à la vie à la mort contre un adversaire bien connu. Ce sera la Section Paloise ou l’Aviron Bayonnais.
Mathéo RONDEAU