Rugby – Biarritz Bayonne (6-6) notes du plus grand derby de tous les temps

C’était un derby à la vie à la mort, un Biarritz Bayonne où un seul des deux pouvait rêver du Top 14. Le verdict de ce duel dans cet article, avec les notes des joueurs.
Biarritz Olympique

Pour en avoir connu, des derbies, on savait que l’on allait assister à un de ces matches qui restent dans la légende. On y a largement eu droit, dans des dimensions considérables, jusqu’au bout du bout. Le Biarritz Olympique et l’Aviron Bayonnais n’ont pas su faire basculer la rencontre pendant le temps réglementaire, dans une ambiance de feu à Aguiléra, alors ils se sont arrachés en prolongation. Avant cela, il n’y avait eu qu’une pénalité de chaque côté, malgré deux échecs du BO et des choix très discutables des joueurs de l’Aviron, mais surtout une intensité folle, rare, et une très grosse envie. Les Bayonnais ont cru toucher le succès du bout des doigts à la fin du temps réglementaire, si proche de l’en-but du BO, mais Armitage est venu gratter et envoyer tout le monde pour vingt minutes supplémentaires.

Mais c’est un peu comme si les Biarrots étaient liés à tout ce qui se passe au-delà de la 80e. Il y a deux semaines, c’est avec un essai après la sirène que le BO battait Vannes et accédait à la finale de Pro D2. Là, dès le coup d’envoi de la prolongation, les hommes de Shaun Sowerby mettaient plus de pression, obtenaient une pénalité qu’ils convertissaient. Avec la main sur le score en prolongation, c’est quand même plus confortable, mais alors que l’on voyait l’Aviron se précipiter un peu, il a remis du sens dans son jeu, et s’est approché de l’en-but d’un BO qui voyait ses joueurs sortir du terrain un à un, perclus de crampes. Et irrémédiablement, Bayonne a recollé, d’entrée de seconde mi-temps de prolongation.

Et ce match s’est départagé aux tirs au but. Le premier derby de l’histoire s’est achevé sur un score de 1-0, on pensait difficilement qu’on pouvait connaitre plus footballistique comme dénouement aujourd’hui. Dans des matches à enjeux, on n’avait plus connu tel scénario depuis la demie de HCup entre les Cardiff Blues et Leicester en 2009. Après plus de cent minutes de jeu, tout allait donc se jouer avec des hommes, seuls, un ballon, et des perches. Déroulé des tirs au but, que Bayonne a entamé : Germain convertit (1-0), Hart égalise (1-1), Ordas marque à son tour (2-1), Bosch recolle (2-2), Rouet ça passe (3-2), Barry revient (3-3), Costossèque marque (4-3), Couilloud aussi (4-4), Muscarditz également (5-4), Saili (5-5). Aymeric Luc, excellent cette saison, manqua la cible sur le sixième tir bayonnais. Steffon Armitage inscrit le coup de pied décisif dans une ambiance et une atmosphère indescriptible.

Bayonne était la semaine passée a quelques secondes de se maintenir en Top 14, il est aujourd’hui passé à un tir au but d’y rester. Biarritz retrouve l’élite qu’il a quitté il y a plusieurs saisons. Purement incroyable.   

LES NOTES DU BIARRITZ OLYMPIQUE

Biarritz Bayonne : Des avants solides jusqu’au bout

Yvan Watremez (4/10) : Il a été secoué en mêlée fermée, même si parfois cela s’est retourné en sa faveur car les poussées étaient de travers. Tout de même pénalisé pour s’être échappé face à son vis-à-vis avant la demi-heure (26e), dans son camp. Quelques fois, il a été utilisé en relais sur des mouvements offensifs, passant le ballon sans aller au contact. Sorti très rapidement après la mi-temps.

Lucas Peyresblanques (5,5/10) : D’abord propre en touche, il a complètement manqué son lancer avant la pause, soulignant bien la débauche d’énergie qu’il a fallu à tous dans le début de match. Il a moins porté le ballon que d’habitude, avec peut-être un peu moins de punch. Démarrage plus intéressant après un ballon porté après le retour des vestiaires (42e), avec une course de dix mètres. Très bon plaquage sur Monribot qui aide Dyer a gratter le ballon et obtenir pénalité (46e). Sorti comme Millar avant la cinquantième minute.   

Guy Millar (4,5/10) : Comme son équipier de la mêlée Watremez, il a pas mal subi dans l’exercice face à la première ligne de l’Aviron. Il n’avait pas été pénalisé en première mi-temps, mais l’a été dès le début de la seconde période. Il est resté longtemps sur la pelouse tout de même, pour continuer à défendre jusqu’au bout. Il était encore présent à la mi-temps de la prolongation.

Johan Aliouat (6,5/10) : On l’a retrouvé en plein dans son rôle durant la rencontre, lui qui était remplaçant la semaine passée à Montpellier, c’est-à-dire à genoux, du moins penché, à protéger le ballon et son porteur au sol, avec un gros travail de soutien mais également en défense, avec beaucoup de plaquages. C’est lui qui était à l’origine de tous les ballons portés du BO, pas toujours impériaux, souvent contrecarrés par les Bayonnais. Il est revenu en prolongation pour continuer son fabuleux abattage.

Dyer et Armitage héroïques

Johnny Dyer (7,5/10) : Son énergie n’a été que bénéfique aux Biarrots, notamment en début de match, où il a porté des ballons et résisté à ses adversaires pour avancer, mais également beaucoup défendu, avec des plaquages appuyés. Impérial au sol, dans ses 22 mètres, après une longue séquence bayonnaise, pour gratter le ballon des mains de Jean Monribot (46e). Il a remis ça une dizaine de minutes après, quand le BO souffrait beaucoup. Il est revenu à la fin après être sorti, pour reprendre à nouveau des ballons, et sortir une percée formidable tout en puissance pour s’extraire de son camp (77e). Il est pénalisé en prolongation devant son en-but pour un grattage illicite alors qu’il s’était bien installé sur le ballon.

Dave O’Callaghan (6,5/10) : Serein sur les prises de balle en touche, plus costaud que ses vis-à-vis bayonnais dans l’alignement en début de match. Complètement esseulé à la réception d’un coup de pied de renvoi, il est pénalisé dans son camp (34e), heureusement sans conséquence. Il a essayé d’apporter sa puissance, notamment dans les ballons portés, et il a continué le plus longtemps possible, sollicité aussi énormément en défense.

Tornike Jalagonia (5/10) : Si le géorgien n’a que très peu touché de ballons sur son début de match, c’est parce qu’il lui a toujours manqué un tout petit peu de feeling pour être parfaitement présent à la réception des passes après contact de Speight, qui l’a servi trois fois dans les vingt premières minutes. Comme O’Callaghan, il a été sollicité en touche. Important par moments sur ses relais ballon en main, avec des passes après contact. Plus visible défensivement en fin de match, il a mis la pression. Remplacé par Dyer.   

Steffon Armitage (7,5/10) : Beaucoup d’engagement dès après le coup d’envoi, avec quelques prises de balle lancé, tranchant, mais surtout son gros apport défensif qu’illustre son magnifique retour et grattage sur Ravouvou qui avait percé le rideau (13e). A nouveau récupérateur d’un ballon au sol (18e) qui a permis un contre express des siens et leur retour dans le camp adverse. Son surplus d’envie l’a parfois piégé, comme sur cet en-avant (43e) après la passe d’O’Callaghan. En preux chevalier, il s’est sacrifié pour gratter ce ballon si précieux devant sa ligne, à la sirène, pour décrocher la prolongation.  

Biarritz Bayonne : Des demis de mêlée défaillants

Barnabé Couilloud (4/10) : Dans un début de match très tendu où il fallait être serein, il a plus subi que donné de la confiance au BO. Beaucoup chargé sur ses sorties de balle, assez lent pour libérer, et fébrile au jeu au pied, souvent court ou alors imprécis, comme lorsqu’il trouva une touche directe (30e). Jusqu’à l’entrée de Hart dans les vingt dernières minutes, il n’a pas su se sortir de la pression bayonnaise et n’a pas su hausser son niveau, n’a pas créé de différence. Hart, qui l’a remplacé, a été complètement dépassé par l’évènement, à côté de ses chaussures en prolongation, avec des jeux au pied contrés, des passes très hasardeuses, …

Illian Perraux (X/10) : Sobre dans son entame de rencontre, avec des passes propres et pas de folies, il est sorti prématurément, touché par une épaule adverse en défense (15e), remplacé par Gilles Bosch (5/10). Ce dernier a manqué un tir au but dès son arrivée sur la pelouse, avant de se corriger dans la foulée en ouvrant la marque (33e). Avec un peu de champ dans son camp, il a distillé des coups de pied de pression très intéressants, et a bien dégagé. On l’a vu mettre la tête dans le regroupement quand le BO défendait à cinq mètres de sa ligne en fin de match (66e).

Henry Speight (6/10) : De l’envie pour démarrer son match, avec une grosse percussion sur son deuxième ballon, mais une passe après contact pour personne (2e). Il était parvenu à nouveau à faire une petite différence sur son aile en fixant des défenseurs, mais sa passe n’a pas trouvé de preneur (11e). Il a mis une énorme pression défensive par moments, comme avec ce caramel sur un bayonnais en fin de première mi-temps, quand il était monté en pointe. Malgré tout, comme la semaine dernière, il a eu beaucoup de déchet, avec notamment cette passe sautée en-avant alors qu’il y avait de la place pour faire beaucoup mieux (62e). Il a débranché le cerveau sur sa percée, pleine balle, pour obtenir une pénalité que Hart s’est précipité à convertir, sans réussite.   

Francis Saili (4,5/10) : L’international néo-zélandais n’a pas fait beaucoup de passes, pas forcément une bonne chose pour un premier centre, mais il n’en a pas moins permis à son équipe de progresser. Tout le temps, il est allé vers l’avant, faisant fureur avec ses crochets, éliminant des défenseurs, sans forcément trouver des solutions après. Pénalisé pour un en-avant volontaire plus sévère que la semaine dernière. Globalement, on l’a trouvé avec moins d’opportunités que lors de la finale. Une grosse course en travers sans solution, sanctionné d’une perte du ballon.  

Vergnaud, un sauvetage si important

François Vergnaud (6/10) : C’était déjà le cas la semaine passée lors de la finale de Pro D2 face à l’USAP, Vergnaud a été le joueur des lignes arrières le moins visible du BO. Très très peu de ballons touchés, et donc surtout un jeu un peu invisible, avec des propositions, des courses, sans réussite. Il a mis de la pression défensivement, comme face à Zabalza qui devait relancer de ses 22 (69e). Un retour défensif superbe qui fait oublier son match timide, avec un plaquage vers la touche sur Aymeric Luc qui filait à l’essai en deuxième mi-temps de la prolongation (91e). Défensivement, il a largement fait son match.

Gavin Stark (6/10) : Il a mis du temps avant de toucher son premier ballon, et a profité d’un turnover pour montrer ses qualités de vitesse. A nouveau sollicité, mais cette fois en défense, pour faire un retour décisif sur Joe Ravouvou qui filait à l’essai, en contre (13e). Bien aidé par le pressing de Speight, il a parfaitement contesté le ballon à Germain dans ses 22, pour obtenir la pénalité qui a ouvert le compteur biarrot (33e). Un temps oublié, il a retrouvé quelques espaces en fin de match, avec quelques crochets pour gagner un peu de terrain. Toujours électrique, il a créé une différence mais Hart n’a pas capté sa passe après contact (97e).    

Romain Lonca (X/10) : Pas mal d’ambition dans les premiers instants, à l’image de cette touche rapidement jouée d’entrée (1e). Il a été séché par Ravouvou après une très bonne récupération aérienne (4e). Il a été à nouveau mis au sol après un quart d’heure, ce qui l’a poussé sur le banc, remplacé par Steeve Barry (5,5/10). Pas beaucoup de ballons à se mettre sous la dent dans un premier temps, mais une belle présence défensive quand Bayonne mettait beaucoup de pression. Un ballon d’attaque pas forcément bien négocié avec un jeu au pied en profondeur alors qu’il avait des équipiers sur l’aile (54e).   

LES NOTES DE L’AVIRON BAYONNAIS

Biarritz Bayonne : Germain en difficulté

Gaëtan Germain (3/10) : Plutôt bien positionné en début de match. Mais il a parfois été en difficulté sur ses relances et a concédé deux pénalités importantes, dont la deuxième amène l’ouverture du score adverse. Il loupe la seule pénalité à son actif dans cette première mi-temps à oublier. Remplacé par Costosseque (41e). Il re-rentre en prolongation pour égaliser (6-6, 114e). Sa chandelle sonne la charge ultime mais inutile.

Joe Ravouvou (6/10) : Un énorme démarrage sur son aile pour déposer deux biarrots, avant de se faire reprendre dans les 22 adverses et de concéder une pénalité. Il croit marquer le premier essai du match, mais refuse. Il a été beaucoup plus discret dans le second acte, beaucoup moins servi, victime d’une 2e mi-temps beaucoup plus crispée.

Peyo Muscarditz (5,5/10) : Il a été très actif dans les rucks tout au long de la première mi-temps. A l’image du reste de son équipe, beaucoup moins de ballons à exploiter dans le second acte.

Malietoa Hingano (5/10) : Sa passe allongée pour Ravouvou est sublime. Malheureusement auparavant, il avait récupéré le ballon devant Luc. Il a été sevré de ballons dans une deuxième mi-temps qui a plutot été à l’avantage des “gros”.

Biarritz Bayonne : Luc a tout tenté

Aymeric Luc (7,5/10) : Il casse un plaquage, avant de malheureusement servir devant Hingano, cause du refus de l’essai de Ravouvou. Son déboulé sur l’aile droite est à l’origine d’une grosse occasion bayonnaise. Moins servi dans le second acte, il s’est contenté de très bien fermer les ailes, contraignant Biarritz à repasser parfois dans l’axe. Il sauve son équipe (73e). Sur un coup de Trafalgar il est tout près d’inscrire un essai de filou, mais est repris proche de l’enbut (111e).

Maxime Lafage (5,5/10) : Peu en vue en première mi-temps. Il a disposé d’un peu plus de ballons dans le second acte. Il n’a pas tremblé à 40m pour égaliser. Il a disposé de quelques ballons en fin de match mais aurait dû prendre ses responsabilités et prendre le drop plus tôt.

Guillaume Rouet (6/10) : Une grosse activité sur les plaquages, qui se traduit par des ballons précieux récupérés. Moins inspiré sur ses ballons offensifs ! Remplacé par Zabalza (67e)

Afa Amosa (5,5/10) : Il a avancé sur les impacts, mais a parfois lâché quelques ballons. Il a assuré le travail défensif comme le reste des avants. Remplacé par Luamalu (47e)

Filimo Taofifenua (5,510) : Il s’est fait une grosse frayeur avec une blessure sans conséquence. Il a beaucoup (beaucoup) défendu tout au long de la rencontre. Il n’a pas eu beaucoup de ballons à se mettre sous la dent, mais il a fait le travail

Malgré le si bon match de Boniface

Jean Monribot (6/10) : Il a essayé de faire vivre les ballons Bayonnais, ce qui se traduit par un peu de déchet, mais quelques décalages provoqués. Il concède une pénalité pour ballon tenu (45e). Il a alterné le bon et le moins bon, abattant lui aussi un véritable travail de titan en défense, mais peut regretter de mauvaises utilisations de ballon, sur les situations d’attaque.

Konstantin Mikautdze (5/10) : Les mauls se sont structurés parfaitement autour de lui, dont celui sur l’action qui aurait pu amener l’essai. Il récupère un ballon précieux sur une tentative de maul adverse. Il a imposé sa puissance dans ce secteur, mais a été plus discret ailleurs

Mariano Galarza (5,5/10) : Il a essayé d’apporter son soutien à sa première ligne. Avec plus ou moins de succès. Comme la plupart de ses avants, il a abattu un gros travail défensif. Remplacé par Ducat (47e), avant de re-rentrer 10 minutes plus tard, et offrir une pénalité aux siens, avec l’aide de ce même Ducat.

Sam Nixon (4,5/10) : Chahuté sur les premières mêlées du match, avant de rectifier le tir, il n’a pas été en évidence sur ce match, il cède sa place à Mousset (56e)

John Ulugia (4/10) : En difficulté en touche tout au long de la première mi-temps. il n’a pas particulièrement brillé dans ce match. Son remplaçant Delonca a été plus efficace sur la touche, mais sa pénalité aurait pu donner l’occasion au BO de repasser devant (76e)

Ugo Boniface (7/10) : Chahuté en mêlée, avant de rectifier le tir. Un beau démarrage (29e), infructueux sur la suite. Son gros travail amène une pénalité (33e). En deuxième mi-temps il a pris l’ascendant sur la première ligne adverse. Et offre la pénalité pour l’égalisation (3-3). Il a récupéré un ballon tellement précieux, alors que le BO était à 5 m de la ligne (61e). Remplacé épuisé par Pelo (70e). Mais comme beaucoup il est re-rentré pour apporter son combat. Pelo, lui aussi a apporté beaucoup dans le combat, dans une véritable guerre d’avants.

Mathéo RONDEAU et Etienne GOURSAUD

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