RUBEN AGUILAR : CHÔMAGE, DHR, CFA, UN PARCOURS QUI M’A FORMÉ POUR RÉUSSIR À MONTPELLIER

La vie sportive de Ruben Aguilar n’a pas été un long fleuve tranquille. Il nous raconte son parcours sinueux qui lui a permis d’être aujourd’hui un joueur de Ligue 1 au sein du club héraultais.
Ruben Aguilar
(c) MIDI LIBRE / R DE HULLESSENFOOTBALL / LIGUE 1 MONTPELLIER HSC / NIMES MHSC

Ruben Aguilar – Football

#Montpellier HSC #Ancien AJ Auxerre, Grenoble Foot 38, AS Saint-Étienne 

Crédit Photo Une : MIDI LIBRE / R DE HULLESSEN

24 Mai 2014.

FC Martigues – Grenoble Foot 38. 30ème et dernière journée du groupe C en CFA.

Une date anodine, mais qui a sans doute changé mon destin.

Je vais y revenir plus tard, débutons par le commencement.

Je suis né dans une famille d’amoureux du foot, mon père et mes trois frères étaient des vrais passionnés et des joueurs invétérés.

J’ai donc commencé le foot à 4 ans. Mon père amenait mes frères à l’entraînement, je n’avais qu’une envie, celle de les rejoindre sur le rectangle vert.

Comme beaucoup de jeunes, le foot ne s’arrêtait pas aux portes du club. Je jouais partout, à l’école pendant la récré, le soir ou les mercredis. Quand je n’avais pas école j’allais au city stade, le weekend n’était dédié qu’au ballon. C’était une passion débordante, difficile à expliquer, mais dont tant de personnes sont éprises.

Le fait de pouvoir y jouer partout, avec n’importe qui, renforce, je présume, cette sorte d’addiction. Et bien sûr pouvoir en regarder à la télé assez facilement est un élément en plus. Je me souviens du rituel du samedi soir avec mon père et mes frères, tous dans le canapé pour regarder Jour de foot. Sans compter les nombreux matchs que nous regardions chaque semaine.

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FOOTBALLEUR EST UN MÉTIER

Vous savez cette question qu’on vous pose tout au long du primaire et même après : que veux-tu faire quand tu seras plus grand ? Une seule réponse était envisageable dans ma tête, être footballeur professionnel. Et je pense que vous vous souvenez de la même réponse, peu importe le maître ou la maîtresse qui était en face, « ce n’est pas un métier, choisis autre chose ». J’écrivais donc « pompier » pour leur faire plaisir, mais à aucun moment au fond de moi je me suis dit que je ne deviendrais pas footballeur. Impossible.

D’un autre côté je comprends les adultes qui nous disent cela, nous sommes des milliers par génération à vouloir devenir footballeurs, pour seulement quelques dizaines de places. Me concernant, ce qui me confortait un peu plus dans mon rêve était que j’étais toujours surclassé d’une année jusqu’en U18. Je jouais d’ailleurs attaquant au départ, je suis descendu au fur et à mesure des années, pour finir arrière droit maintenant !

Mes parents ont aussi été d’un grand soutien. Ils n’ont jamais cassé mon rêve, au contraire. Ils m’amenaient trois fois par semaine aux entraînements plus au match le weekend. Tant que j’avais des notes correctes, que je ne faisais pas l’andouille à l’école ou à la maison, j’avais le feu vert. Plus on s’approche de la catégorie sénior et plus le rythme d’entraînements et matchs devient soutenu, il a donc quand même fallu faire un choix lorsque je finissais ma période au centre de formation de Grenoble à 18 ans. Là encore en voyant que cela se passait bien au niveau football pour moi, ils m’ont soutenu et m’ont laissé tenter ma chance.

Je regardais beaucoup de foot, encore aujourd’hui, mais une équipe a toujours eu mon admiration, le Real Madrid. Avec mes frères nous étions fans, alors que mon père supportait le Barça. Là encore plein de beaux souvenirs nous lient, lors des classicos notamment. Zidane était mon idole, et à un poste plus similaire au mien j’ai beaucoup admiré Sergio Ramos. Il jouait arrière droit à ses débuts au Real, c’est un joueur très complet et ce qui ressort sur chaque match est sa hargne, sa combativité, sa niaque. Il ne lâche rien, de la 1ère à la 90ème minute, de la 1ère journée à la 38ème. Un exemple.

Il faut s’inspirer de différents joueurs pour se perfectionner, regarder des vidéos analyser les gestes défensifs, offensifs, le placement, les anticipations, c’est très important. Je le conseille à tous les jeunes d’ailleurs, c’est comme faire ses devoirs pour un étudiant.

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MON SEUL OBJECTIF : JOUER AU FOOT

Ma carrière n’a pas été linéaire. Alors que j’étais au centre de formation de Grenoble, le club a dû déposer le bilan. Dans la foulée j’ai signé un contrat stagiaire pro avec l’AS Saint-Étienne. J’avais des étoiles plein les yeux, car c’est un des grands clubs français, je signais stagiaire pro, mes premiers mois se passaient à merveille donc j’avais vraiment tout pour y croire. Je m’entraînais régulièrement avec les pros et je jouais avec la réserve en CFA tous les weekends alors que j’étais encore dans la catégorie U19.

La deuxième année ne s’est pas aussi bien passée. Quand on est footballeur, on sent très bien si on n’est plus dans le bon wagon et qu’il va falloir faire ses valises en fin de saison. Je le savais et l’ASSE n’a pas prolongé mon contrat.

J’ai eu quelques touches, mais des histoires avec des agents, des droits de formations, des choses hors de mon ressort ont fait que je n’ai rien signé. Je suis retourné à Grenoble qui avait alors son équipe A en CFA. Je n’avais pas de contrat, et je signais pour l’équipe B, car le coach de l’équipe première, Olivier Saragaglia, avait déjà son groupe. Il m’avait dit cependant que je pouvais m’entraîner avec son équipe et que peut-être dans la saison il pourrait faire appel à moi si besoin.

Je jouais donc en DHR, j’étais au chômage, j’habitais en colocation, et pourtant je prenais le même plaisir à aller aux entraînements qu’il y a quelques mois plus tôt quand je m’entraînais avec les pros à Saint-Étienne. Je vous l’ai dit, le foot c’est ma passion. J’étais heureux, mais je me disais forcément dans un coin de ma tête que la situation était compliquée. Je voyais des joueurs de mon âge qui jouaient en Ligue 1, j’ai pensé à reprendre une formation pour aller travailler, car je ne voulais pas rester au chômage. Cependant je ne pouvais pas lâcher, c’était plus fort que moi, j’y croyais et là aussi j’avais le soutien de ma famille qui venait me voir jouer le weekend même en DHR.

J’ai commencé à jouer avec la CFA en novembre, et le coach m’a fait confiance le reste de la saison. La suite, elle a été complètement inattendue.

On jouait le dernier match de la saison à Martigues, j’étais titulaire, concentré sur mon match et sans savoir de quoi sera fait la saison prochaine. J’étais déjà revenu de loin, de la DHR à la CFA, c’était une année positive pour moi. À ce match, Jean-Luc Vannuchi, alors entraîneur de l’AJ Auxerre en Ligue 2, était venu observer Farès Hachi et Hamadi Ayari. À la fin du match, un agent est venu me voir en disant qu’Auxerre était très intéressé, très clairement je n’y croyais absolument pas.

Quelques semaines plus tard, je signais mon premier contrat pro avec l’AJA. Ça y est, j’y étais. Mon rêve, celui que j’avais depuis mes 4 ans, depuis ces premiers ballons tapés avec mes frères et mon père, mes premiers entraînements, tous ces matchs au city stade, il était devenu réalité. J’allais débuter en Ligue 2, mais tous les champs s’ouvraient à moi à présent.

Quelques années plus tard, en regardant mon parcours sinueux on peut dire, je peux en tirer quelques conclusions. C’est d’ailleurs ce que je réponds aux enfants qui me demandent comment j’ai fait pour devenir pro, mes premiers conseils sont clichés, mais tellement vrais, je n’ai jamais rien lâché. J’ai toujours eu cette envie, même pour aller le dimanche à 11 h pour jouer en DHR, j’étais motivé. La seule chose qui doit vous driver est la passion du foot et pas les à-côtés qui peuvent faire rêver lorsqu’on est jeune. Si ça avait été le cas pour moi je me serais sans doute perdu en DHR et je n’aurais pas eu la force de revenir.

Et ça en vaut la peine, j’ai tellement de beaux souvenirs depuis Auxerre. La première finale de coupe de France contre le PSG (perdu 1-0) en 2015, le match nul contre le PSG où on fait 0-0, mais qui avait la saveur d’une victoire et où je marquais Mbappé et le derby cette année contre Nîmes où on gagne 3-0 à La Mosson. Et j’espère que le meilleur est à venir, avec peut-être une qualification en coupe d’Europe avec Montpellier, c’est ce que je souhaite pour cette fin de saison, ce serait magique.

Jamais je ne me serais imaginé avoir ces souvenirs aujourd’hui lorsque je suis retourné à Grenoble il y a 6 ans. Je ne néglige pas le facteur chance, être là et performant au bon moment, moi c’était lors de ce match à Martigues, le 24 mai 2014.

RUBEN

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