Audric “JaCkz” Jug
#CS:GO #G2 Esports #Ancien 3DMAX, EnVyUs Academy, Epsilon France, beGenius…
Crédit Photo Une : HLTV
À la différence de nombreux pros, je n’avais pas vraiment le profil du petit geek accro aux jeux-vidéo quand j’étais enfant. Je préférais m’amuser dehors et jouer au foot avec mes amis.
Je découvrais d’une façon ponctuelle certains jeux comme Sonic, Diddy Kong Racing ou encore la série des Age of Empires. Cet univers, on me l’a un peu transmis de façon familiale par le biais de mon père et de mon grand frère. Je me souviens encore regarder mon papa jouer à Pac-Man avec mon petit pyjama rempli d’éléphants.
Puis est venue la découverte du jeu qui changerait ma vie : Counter-Strike 1.5.
J’avais seulement 9 ans quand je suis entré pour la première fois dans un cybercafé, sans vraiment accrocher au début, car le foot prenait toute la place dans ma vie. Mon frère qui n’était pas mauvais m’a fait venir assez souvent avec lui et j’ai commencé à avoir un niveau suffisant pour battre certains mecs bien plus âgés. C’est peut-être de voir ces gens rager et s’exciter contre le gosse que j’étais qui m’a fait aimer le jeu.
À partir de ce moment-là, j’étais complètement obsédé et j’essayais de jouer tout le temps. Ma mère voulait me couper internet le soir pour ne pas que je veille trop tard et je pleurais de déception, car je voulais continuer. J’avais d’ailleurs mis en place quelques astuces pour outrepasser ces règles, je fermais la porte de sa chambre quand elle était au lit pour retourner sur le PC et mettre mon casque sur une seule oreille afin de l’entendre arriver. Elle m’a surpris tellement de fois.
Chaque matin commençait par le visionnage d’une vidéo comme celle de AAA ou Only FR 2, ça me mettait la grinta pour la journée. J’ai naturellement commencé à avoir un bon niveau et j’ai voulu aller à mes premières LAN. Ce fut compliqué de convaincre ma mère d’aller dans ces compétitions à 13 ans, car l’école était sa priorité pour moi. Si mon frère m’avait mis au jeu, c’est grâce à un ami plus âgé, rencontré sur les serveurs, que j’ai pu commencer à toucher le haut-niveau. Guillaume Berrier alias RoCcA, avait 19 ans et était militaire. À force de discussions autour d’un café, il a pu convaincre ma mère de me laisser participer à ce genre d’événements.
À cette époque, j’avais déjà ma petite ambition, celle de faire partie de la meilleure équipe de Lorraine en gagnant les LAN du secteur. Et rapidement, j’ai voulu faire mes preuves au niveau national. Pour la petite histoire, j’ai fait partie d’une équipe avec Maj3r et SIXER. C’était ses débuts et il a ensuite explosé sur 1.6.
J’ai continué d’être super sérieux afin de progresser en prenant exemple sur certains modèles comme SpawN ou Kabal, mais j’étais principalement autodidacte. J’ai regardé tellement de VOD sur HLTV pour me former.
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CS:GO : LA CHANCE DE MA GÉNÉRATION POUR RÉALISER NOTRE RÊVE ET DEVENIR PRO
Puis est arrivé Global Offensive en 2012. J’avais pas mal de regrets de voir 1.6 mourir à petit feu, mais j’ai suivi le mouvement naturellement. Avec ce nouveau jeu, mon optique était clairement de devenir professionnel. J’étais déjà chez eXtensive! dans le top 5 français et ils avaient de grosses ambitions en fusionnant notre équipe et celle de Source, qui contenait des joueurs comme NpK ou KQLY.
Dans ces débuts un peu chaotiques où la scène CS:GO se mettait en place, je n’ai pas toujours pris les bonnes décisions. J’ai pu refuser une proposition d’apEX en lui demandant qui il était, car je ne suivais pas Source, mais aussi, car je voulais privilégier le projet dans lequel j’étais. Je me suis souvent dit que je pouvais faire aussi bien avec mes propres moyens plutôt que de rejoindre l’équipe d’un autre.
J’avais loupé le train de la future équipe LDLC avec Happy, et ça m’a vraiment dégouté. Pourtant, j’ai encore été naïf en voulant recommencer une nouvelle team de zéro et construire un empire. Tous les joueurs n’avaient pas forcément la même envie et hargne que moi.
Ce fut le moment où j’ai dû me poser quelques questions sur mon avenir professionnel. Après un bac pro en système électronique, j’avais commencé puis arrêté un BTS IRIS, puis une fac AES pour enfin déboucher sur un BTS MUC où j’ai pu être libraire en alternance dans les comics et la BD.
Ma mère a commencé à me mettre un peu la pression, car elle voulait que je privilégie ma vie professionnelle, que j’ai une sécurité plutôt qu’un rêve qui paraissait inaccessible pour elle. On était en 2015 et je lui alors promis que je me consacrerais encore 1 an sur CS:GO pour me donner une dernière chance. Je suis parti de chez moi pour ne pas avoir à entendre ses commentaires négatifs quand je rentrais d’une LAN que j’avais encore perdu. C’était dur pour moi de ne pas être soutenu par ma mère alors que la communauté croyait en moi.
Je suis donc parti à Lyon chez MLK pendant ma période chez BeGenius et j’ai tryhard comme jamais. Pourtant, je n’ai pas réussi à trouver un contrat pro après cette fameuse année. J’ai reporté ma promesse d’une année supplémentaire, en me jurant que ce serait la dernière fois. Changement de ville et direction Toulouse chez l’ami HeUkA. J’étais motivé à 200 % et sûr de ma réussite.
Avec BeGenius, on est arrivé à faire quelques résultats comme cette finale lors de la DreamHack Valencia et j’occupais un rôle de starplayer. À seulement un mois de l’échéance, alors que je n’avais toujours pas trouvé de contrat pro, mes coéquipiers SVEN1 et madc décident d’arrêter. J’ai rejoint pour quelques tournois Millenium notamment pour faire la PGW avec Maj3r, davidp, Maniac et Youyou pour un résultat pas terrible. Cette succession d’échecs m’a permis contre toute attente d’être recruté par Epsilon. Je devenais pro pour la première fois de ma vie à 24 ans.
C’était un truc de fou pour moi, même si c’était que pour 800 euros par mois. Je découvrais la vie en gaming house. Et après seulement 2 mois chez eux, je suis recruté par Envyus Academy suite à une bonne Gamers Assembly devant les yeux de leur coach Malek. Le destin nous réunira beaucoup de fois, chez 3DMAX puis aujourd’hui avec G2.
Envyus a agi comme une formation accélérée du métier de pro avec cette organisation millimétrée, le suivi des joueurs, un planning d’entraînement… C’était un beau tremplin que j’aurais pu quitter plus d’une fois pour LDLC qui me proposait un meilleur salaire, des compétitions plus prestigieuses comme l’EPL, mais j’ai comme toujours refusé pour faire triompher le projet dans lequel j’étais.
Je n’ai jamais douté de moi et c’est quelque chose dont je peux être fier. Je pensais que je n’étais pas à ma place et j’avais raison.
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DE 3DMAX À G2 : ENFIN DANS LE TIER-1
L’aventure chez Envyus s’est terminée avec la fin programmée de son academy et j’ai rejoint 3DMAX qui venait de se qualifier au Minor. C’était encore une suite logique et surtout la première fois que j’allais vraiment de l’avant pour toucher des niveaux bien supérieurs après avoir refusé tant de projets plus ambitieux.
Même si ça n’a duré que 4 mois, j’ai vécu des moments tellement forts. Nous étions plus qu’une équipe, une famille. Il y avait en nous un feu sacré grâce à cette bonne alchimie.
Ce fut très dur pour moi de partir aussi vite de chez 3DMAX. J’ai même dit à Lucky que je ne rejoindrais G2 que s’il y allait aussi.
Mais G2 c’est la Champion’s League.
Une structure mondiale, invitée à tant d’événements, qui possédait des joueurs légendaires comme Richard et Kenny et qui nous permettrait de tout de suite nous battre contre les meilleures équipes du monde. J’allais enfin pouvoir savoir si je méritais ou non ma place dans ce Tier-1.
C’est donc avec le cœur lourd que nous sommes partis de 3DMAX, avec une qualification finale pour l’EPL acquise à Dallas en roulant sur tout le monde. C’était un beau cadeau de départ.
Je n’ai aucun regret et je suis tellement fier d’évoluer chez G2. J’étais tellement content d’annoncer à ma mère cette nouvelle aventure. Toutes les fois où elle a voulu que j’arrête… j’étais satisfait de lui prouver qu’elle avait tort, sans rancune, car mon rêve se réalisait pleinement. C’est la seule personne qui me faisait douter, mais ça a été une force donc je ne lui en veux pas. Je voulais tellement lui prouver, lui mettre ce contrat sous le nez.
J’ai préféré fuir sa réalité pour concrétiser mes rêves.
J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à l’humain et voir qu’on peut s’entendre aussi bien entre coéquipiers a aussi été fondamental pour moi. Je ne connaissais pas vraiment les joueurs les plus côtés, alors se faire des câlins avec Richard et Kenny comme si on se connaissait depuis toujours, c’était dingue.
Je suis également enfin dans la même équipe que mon Francis (AMANEK), avec qui je parlais d’évoluer ensemble depuis tant d’années. Et je n’oublie pas Alex (bodyy) qui est une crème et qui a prouvé qu’il avait encore un excellent niveau ces derniers mois dans son nouveau rôle d’ouvreur. J’espère de tout cœur qu’il trouvera la bonne équipe pour lui.
Aujourd’hui, nous partons sur une nouvelle histoire avec G2 avec trois joueurs qui peuvent représenter un certain renouveau. Mais j’essaie de ne pas trop y penser pour ne pas me mettre de pression par rapport aux mauvais résultats de la structure en 2018.
MA PLUS BELLE EXPÉRIENCE DE VIE : MON PREMIER MAJOR
Pour certains, leur expérience de vie c’est de faire le tour du monde. Pour moi c’était de participer à un Major.
C’était mon but ultime.
J’ai vraiment été pris dans une vague émotionnelle, mais j’ai essayé de faire abstraction par moment de ce trop-plein de sentiments. Je me souviens quand même de moments banals comme des actions en 2vs3 où Richard tue 2 ennemis et je crie comme si le round était plié alors que pas du tout. J’étais tellement à fond.
J’avais une telle excitation de jouer toutes ces grosses équipes comme NaVi, Fnatic, MiBR, ENCE… Sans grosse tête, j’avais maintenant la preuve que j’étais à ma place, que j’allais pouvoir démontrer mon vrai niveau.
Les gens ne s’imaginent pas que la différence entre le T1, T2 et T3 n’est pas si grande. Hormis Astralis, si les équipes classées dans le top 20 HLTV devaient se taper le goulag que sont les qualifications aux tournois, beaucoup d’entre elles se feraient éliminer avant d’arriver en closed qualifier. C’est tellement dur d’enchaîner tant de matchs, souvent sur des BO1.
Ma positivité m’aide à gérer cette nouvelle forme de pression qu’est le plus haut-niveau mondial. Il ne s’agit pas de se qualifier pour les tournois, mais d’y faire bonne figure désormais. Mais pourquoi je n’arriverais pas à faire ce que je fais sur internet en LAN, il suffit simplement que je sois dans ma bulle durant les matchs et que je fonce.
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MERCI À TOUS CEUX QUI M’ONT AIDÉ
Je n’ai rien à regretter de mon parcours. J’aurais peut-être pu percer plus tôt, mais serais-je chez G2 ? J’ai toujours eu cette confiance en mes teamates et cette envie de faire réussir mes projets. C’était peut-être une fuite avant que je ne me sente vraiment prêt à percer au plus haut niveau.
J’aimerais remercier certaines personnes sans qui je ne serais pas là. CUGI, un de mes meilleurs amis qui a toujours cru en moi. kalaN qui même si je n’ai plus de contact m’a poussé et m’a motivé en me disant sans cesse qu’il ne comprenait pas pourquoi j’errais encore dans le subtop. RoCcA sans qui rien n’aurait été possible. Je n’oublie pas HeUkA et MLK qui m’ont accueilli chez eux pendant presque deux ans pour me focus sur le jeu.
Et enfin ma copine Mélodie qui est devenue ma première supportrice à regarder tous mes matchs où qu’elle soit. C’est elle ma force. On dit souvent que derrière la réussite de chaque homme se cache une femme.
J’ai tellement cravaché pour me consacrer à CS:GO, à faire des petits jobs alimentaires. À travailler à Quick, à distribuer les journaux Metromatin à 7h du mat avec mon blouson rouge, hôte événementiel et rouler pour DELIVEROO chaque midi.
Je vis donc le moment présent sans trop me projeter dans le futur. Que j’arrive déjà à confirmer que je mérite sur la durée cette place chez G2. Ensuite nous verrons pour devenir l’un des meilleurs joueurs du monde.
JACKZ